Sakura

Je sortais de la faculté en apercevant Sasuke garé sur le parking à m'attendre. J'avais fait le point sur mon existence et même si ce n'était pas évident de le dire, mon père avait bien raison sur une chose. Je n'avais rien fait de moi même et pour moi. A cet effet, j'avais repris les cours, et débuté un jour sur quatre en tant qu'interne dans un service neurologique. Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante qu'en étant ainsi utile. L'existence humaine ne se résume pas à ce qu'on aura vécu mais surtout à ce qu'on aura su apporter à ce qui nous entoure.

Il ne s'agit de suivre des jours qui passent tout en amassant un patrimoine, non le plus important était de se sentir important pour cette société. Sentir que l'on apportait quelque chose aux autres était l'essence même de la valeur d'une vie. C'est ce que j'avais retenu de l'expérience de Mme Mikoto. Plus que n'importe qui elle était consciente de son mal vu qu'elle vivait intérieurement, mais cela ne l'avait pas empêché de faire de ses derniers moments, des jours qui ont eu de la valeur et non pas seulement parce qu'ils précèderaient des aurevoirs sans doute déchirants.
Il fallait vivre, se donner les moyens d'avancer et ce tant que notre corps le pourra.

C'est bien trop facile de se résigner et de faiblir face à une maladie qui peut-être n'aura jamais raison de ce que vous êtes. Être malade ce n'est pas être limité, non c'est juste avoir moins de temps mais plus de chances de réaliser ce qui est important.

Ainsi, la nouvelle Sakura désirait vivre, faire tout ce que son corps lui permettrait dans les limites du raisonnable. L'heure de prendre mes médicaments ne me paraissait plus comme un rappel de mon insuffisance mais plutôt comme une nouvelle chance de me renforcer pour mieux affronter la suite. Et c'est là que je compris que le mal était avant tout psychologique. Par le simple fait de décider que je me sentais bien, je gagnais des forces.

Accepter qu'on est malade est une chose mais en faire le centre de notre vie en était une autre. Une chose a dans notre vie, l'importance qu'on aura nous même décidé de lui accorder. De ce fait, un problème n'en est pas un tant que l'on ne l'aura pas décidé. Par ces nouvelles résolutions, je souhaitais célébrer la vie du mieux que je le pouvais.

Avec Sasuke, ça n'avait pas été simple au début. Le deuil ça va, ça vient. La culpabilité du survivant était le plus dur à gérer. Cependant il ne m'avait plus jamais caché ses maux, et c'est ensemble qu'on essayait d'aller de l'avant à chaque fois.
Je m'installais à l'intérieur du bolide avant de lui embrasser la joue comme à l'accoutumée et sans même qu'il ne me l'ait demandé, je lui racontais ma journée qui n'avait absolument rien de passionnante.

« - On t'a déjà dit que tu étais pénible ? » dis le brun en s'arrêtant devant la petite maison en rénovation qui serait notre lieu de paradis.

« - Oui tu me le dis toujours. Les travaux sont sensés finir quand ? »

« - Dans 2 semaines. »

Sans plus tarder, je retirais ma ceinture avant de le rejoindre à l'extérieur.
Un jour sans trop de sérieux, j'avais émis l'idée de vouloir en permanence être avec lui. Celui-ci a concrétisé cette folie, en me faisant part un jour de son désir qu'on vive ensemble. Et s'en suivit une petite période de recherche du parfait nid d'amour. Les semaines d'après c'était déjà fait sauf qu'on avait jugé certains détails comme déplaisant d'où les rénovations. Et pour finir dans deux semaines nous aurons enfin un chez nous.

La réaction de mes parents au début avait été bien différente de ce à quoi je m'attendais. Ma mère sans surprise n'était pas réticente mais avait posé beaucoup de questions. Mon père par contre en avait fait tout un drame avant de capituler dun coup. D'abord heureux de me voir me reprendre en main, il n'avait pas trop chipoter devant mon élan d'émancipation.

« - C'est moi qui choisit tous les meubles. Ce n'est même pas à discuter. » l'informais je.

Sasuke ne prit même pas la peine de réagir. Conscient qu'il s'agira d'un long et inutile débat où il n'aura pas gain de cause.
Effectuant une énième visite des lieux, j'avais un sourire béat sur les lèvres. Ce n'était pas tant que la maison était énorme ou bien bâtie, non c'était juste une maison lambda, suffisante pour y vivre à deux et même plusieurs. La joie provenait seulement du fait que pour une fois dans ma vie, j'avais le sentiment d'avoir réalisé quelque chose de moi même pour moi même.

La visite s'était terminée dans un restaurant, histoire de trouver quelque chose à manger car avouons-le je ne suis toujours pas une fée du logis et de la cuisine.

« - Alors qu'est-ce que ça te fait d'être avec la femme de ta vie ? » lançais je à mon compagnon une fois installée en face de lui sur une table pour deux.

« - Pas grande chose. Je doute finalement que ce soit réellement la femme de ma vie. » me répondit il avec un sourire taquin que je trouvais tellement mignon mais ça je ne l'avouerais jamais.

« - Peut-être que tu réaliseras mieux son importance quand elle ne sera plus là. »

Je ne réalisais que trop tard que ma tentative d'humour était fortement ratée. Certes Sasuke se remettait progressivement du départ de sa mère mais c'était toujours un genre de sujet tabou. Par chance les commandes arrivèrent au moment même.

Naruto

Ces mois passés avait été assez difficile niveau relationnel. Déjà avec Sasuke, on se voyait à peine mais bien sûr je ne lui en voulais pas, l'intenable était ma relation avec Hinata qui avait clairement faillit voler en éclat. Un concours de circonstances toujours aussi désobligeante les unes plus que les autres, nous faisait enchaîner les moments de mésententes.
Ça avait commencé par la réticence de son père, ce dernier avait fait tout un drame à notre retour. La brune pas suffisamment rodée pour affronter son père pour de bon, s'était contentée de prendre ses distances pour ne pas s'attirer encore plus les foudres de son paternel. Sauf que c'était mal me connaître, frôlant le harcèlement, je ne manquais aucune occasion de la revoir, n'hésitant pas à provoquer son père qui avait une sainte horreur de ma présence. Ce vieillard frustré avait fini par arrêter de riposter quand bien même il ne m'appréciait toujours pas. C'était toujours un plaisir pour moi de le faire chier en sonnant chez eux, un grand sourire aux lèvres.
Puis on était entré dans une sorte de phase de décision. Les femmes comme à l'accoutumée cherchaient toujours à savoir où elles vont ou à mettre un nom sur ce qui se passait en terme de relation. Certes ça ne me dérangeait pas de la rassurer mais j'ai bloqué lorsqu'elle avait commencé à se projeter dans 5 voire 10 ans. Oui, c'était tout à fait normal de penser à demain et après demain mais au delà des deux jours suivants, j'aimais personnellement me laisser porter et vivre au jour le jour. De ce fait, faire des promesses dont je n'avais aucune idée était très peu pour moi. Chose que ma compagne avait très mal pris, me caractérisant de personnes non sérieuses.
Et enfin, quelques petites disputes, jalousies et prises de tête plus tard nous étions finalement ici aujourd'hui. Chez un bijoutier a choisir une bague, la situation m'avait clairement échappée et je ne saurais dire comment elle a su me traîner jusqu'ici.

Une chose était sûre, ce n'était pas un engagement, seulement un genre de promesses histoire d'apaiser un peu la demoiselle. Par moment, elle pouvait se montrer très persuasive avec l'un de ses regards. Une fois cela fait, je la raccompagnais chez elle, en effet son cousin Neji était de retour avec sa femme pour quelques temps histoire de régler certaines affaires.

J'avais eu le temps de parler avec Sakura. Dans trois semaines, elle organise un genre de fête pour présenter leur nouveau domicile à eux deux. J'appréciais cette fille sans trop la connaître juste pour ce qu'elle faisait de mon ami. C'était flagrant que Sasuke allait beaucoup mieux, on s'était plus ou moins éloigné ces temps-ci. Il avait beaucoup de mal à me parler mais je me contentais d'être là, silencieusement comme il le voulait.

On a pas forcément besoin d'en parler pour s'en libérer.

Sakura

Trois semaines plus tard

Évidemment, j'avais eu gain de cause quant à la décoration. J'avais été cependant très raisonnable sur le rose ne voulant pas faire fuir Sasuke. La décoration était très épurée, chose qu'il avait étrangement apprécié.
Je posais une dernière fois le regard sur ma guirlande pour m'assurer que tout était parfait. Je soupirai en voyant Sasuke toujours en short en train de grignoter alors que les invités arriveront dans les prochaines minutes sûrement.

« - Ce n'est pas une soirée pyjama Sasuke. » lui dis-je en croisant les bras.

« - Dommage, j'aime bien jouer à la boîte aux secrets. »

Je lui balançais un coussin du canapé en riant de son flegme. Après un petit instant de dispute, monsieur daigne enfin se lever pour revenir ensuite beaucoup plus apprêté. Au même moment, la sonnerie se fit entendre et sans même attendre que je ne vienne ouvrir, Naruto se permit d'entrer avec Hinata derrière lui.

« - Mais ça ne se fait pas d'entrer chez les gens comme ça ! » lui intima Hinata.

« - J'ai sonné et qui plus est c'était ouvert. » répondit le blond en prenant place sans même tenir compte de moi.

« - Imagine ils étaient.. » commençais Hinata avant de se faire couper par Sasuke.

« - En train de s'envoyer en l'air ? Ne sois pas bête, tout le monde préfère le faire dans la cuisine qu'au salon. » termine Sasuke en souriant.

« - Et ça suffit maintenant ! Personne ne s'envoyait en l'air ici, et qui t'a permis d'entrer déjà ?? » toisais je le blond un peu trop à l'aise devant les amuse bouche.

« - Allez Sakura sois pas difficile, il risque d'en rester beaucoup après. Y'en a assez pour 4. » répondit il en goûtant un peu de tout.

Par chance, il se prit mon volatile en plein visage avant qu'il n'ait eu le temps d'enfoncer mes pastels dans sa bouche.

« - On ne sera pas que 4 idiot ! Nous avons d'autres invités. » fis je en lui servant une toute petite portion.

« - Quoi ? Sasuke a d'autres potes à part moi ? » rigole Naruto suivit de Hinata avant d'être arrêtés par un juron de son ami.

« - Pas grand monde, il y'aura Shikamaru et Temari qui ont promis passer vite fait, Neji et Tenten puis enfin Karui et Choji voilà tout. » listais je rapidement.

« - C'est vraiment une jolie maison sinon. Beau travail ! » me sourit Hinata en m'enlaçant.

« - Évidemment tout vient de moi. » dis je en souriant à Sasuke qui levais les yeux au ciel en allant ouvrir à ceux qui venaient de sonner à nouveau.

Je vis Sasuke revenir l'air fortement agacé, avec une petite touffe noire nichée dans ses bras qui n'arrêtait pas de babiller. S'en suivit Temari et Shikamaru qui je dois dire n'avait jamais paru aussi fatigué. Ils ne donnaient clairement pas envie d'avoir un gosse.

« - Salut ! » lançais les deux en même temps avec un flegme que je connaissais qu'à Shikamaru.

Sasuke s'empressa de poser le petit au sol avant de vérifier l'état de sa chemise éberlué.

« - Putin il bave ! » râle-t-il provoquant un rire général.

« - Oui il vomit, également, fait caca et hurle. Estime toi chanceux idiot. » rétorque Temari.

On rigolait une dernière fois avant de féliciter les nouveaux parents qui semblaient bien en baver devant l'agitation de leur fils.
Neji et Tenten fut les derniers à arriver avec beaucoup de retard. De ce fait, un certain blondinet avait déjà englouti tous les amuse bouche servis. Notre idée de vivre ensemble avait je pense influencer Naruto et Hinata qui avait promis y réfléchir sérieusement. La petite fête qui ne devait que durer l'après-midi s'était bien éternisée jusque tard le soir au moment où les garçons avaient ramené de l'alcool entraînant ainsi une ambiance complément décalée de ce qui était prévu initialement.
Le reste de mes guirlandes traînaient à terre tandis que certaines servaient d'écharpes à Naruto qui avait arraché en 2 secondes mes trois heures de décoration.

Ce que j'aurais retenu de toute cette histoire est qu'il ne faut jamais servir du rosé pamplemousse à des idiots.