Sasuke.

Trouver l'endroit où Kisashi avait fait transférer Sakura était quelque chose de facile pour quelqu'un de ma profession. Qui plus est la liste était rapidement restreinte, elle se trouvait forcément dans un des hôpitaux les plus chers de la ville. J'avais rapidement accédé à cette information, grâce à certaines connaissances. J'étais sortie aux aurores ce matin pour me donner le temps de bien analyser les lieux et la situation. J'étais déjà minutieux de nature et mon boulot m'a rendu encore plus exigeant. Et à présent, j'étais garé dans le parking de l'hôpital, fixant le volant de ma voiture. Ladite voiture qui en passant serait totalement soldée avec l'argent de cette mission. En y réfléchissant bien, quelle attitude devrais-je adopter face à tout ça ? Et si Sakura me pardonnait devrais-je refuser la paie de son père ?

J'étais peut-être amoureux mais pas complètement dérangé non plus. Sakura elle-même saura comprendre qu'on ne puisse dire non à une somme pareille. Cela dit, je pense que ce n'est pas forcément un sujet à aborder avec elle. Jusqu'ici je n'avais encore aucune idée de ce que j'allais lui dire ni même faire. Elle était suffisamment mal actuellement. Physiquement comme psychologiquement et ce serait bien stupide d'en rajouter. Pour une fois, je devais tâcher de ne pas être maladroit.

Après avoir vu la voiture de Kisashi quittée le parking, je sortis rapidement de la mienne pour entrer dans l'hôpital. Hors de question de croiser ce vieux et de mettre Sakura dans une situation encore plus malaisante. Passé la réception, j'avais obtenu le numéro de sa chambre un peu trop facilement à mon goût.
Ce que je n'avais pas prévu, c'est le garde devant la chambre de Sakura. Ce vieillard était plus borné que ce que je pensais. Et pas besoin de savoir que l'intérêt de poster ce garde du corps devant cette porte était pour empêcher des nuisibles de voir Sakura. Entre autre, j'étais le principal nuisible. Sauf qu'il en fallait bien plus pour me faire rebrousser chemin.

Sakura

Cela faisait un bon moment que j'étais consciente sauf qu'ouvrir les yeux était encore un effort bien trop gros pour mes forces. Selon mon père, on était rentré au Japon quoique je ne me fierai pas à 100% à mon ouïe j'étais encore trop sonnée. J'avais été bourrée d'anesthésiant, de ce fait mon corps était plus qu'ankylosé, mes membres étaient lourds, ma bouche pâteuse, et j'avais l'impression que ma tête pesait plus que d'habitude. La sensation était vraiment malaisante. Je me sentais complètement figée, mon attelle au bras semblait peser une tonne. J'en avais pour au moins quelques semaines avant de sortir d'ici.
Mes yeux avaient fini par trouver la force de s'ouvrir. Je fixais le paravent de la fenêtre, je pensais à mon voyage qui venait d'être interrompu. Nul besoin de préciser que mon père ne me laisserait pas l'achever une fois sortie de l'hôpital. Les derniers événements avaient sonné comme la parfaite justification à ses refus devant ma pseudo émancipation. Je sentais déjà l'étouffante monotonie de ma vie pointée à nouveau. Ces derniers mois avaient été particulièrement incroyables. Et quand bien même la présence de Sasuke était motivée par un chèque, j'avais adoré passer du temps avec lui.

Une infirmière entrait dans la salle au moment où j'essayais de m'étirer doucement pour palier à mes courbatures. Après avoir vérifié mes mouvements vitaux, elle s'était occupée de prendre mes constantes et autre. Au même moment, un autre médecin était arrivé avec un charriot d'outils. J'avais dégluti, j'avais la phobie de tout ce qui était examen médical.
Je ne sais pas trop pourquoi mais l'infirmière était rapidement sortie. Alors que je me préparais mentalement à tout type d'injections, je vis ledit médecin retirer sa charlotte et le masque qu'il portait.
Ma conclusion était que j'étais vraiment addict à Sasuke pour le voir à travers un médecin lambda.

Sauf que mes sédatifs ne sont pas suffisamment puissants pour me donner cette illusion vu que Sasuke se tenait bien devant moi. Un léger cri de stupeur venait de m'échapper sans m'en rendre compte.

« - S'il te plaît ne cries pas. Le garde dehors risque d'être alerté. Me dit Le Brun le plus paisiblement possible.

Toujours muni de son même calme, il avait soulevé la chaise posée près de la fenêtre avant de la poser près de mon lit. Il prit place ensuite.

« - Comment te sens-tu Sakura ?» Reprit il.

J'étais éberluée devant le calme et le naturel de sa voix. La situation avait l'air tellement anodine ainsi vu, alors que c'était tout autre chose. Sa tentative désinvolte de noyer le poisson m'avait bien clairement mise en rogne.

« - Tu ne manques pas de zèle toi. » lançais je du ton le plus froid que je possédais.

Passant doucement sa main dans sa longue mèche, je te dis Sasuke soupirer.

« - Crois moi t'emporter te fera plus de mal qu'à moi actuellement. » déclara Sasuke d'une voix étrangement mal assurée.

Je venais tout d'un coup de comprendre. Sasuke ne perdait jamais de son assurance, mais sa dernière réplique sonnait comme l'alarme de la détresse de sa situation. Il était soit trop fier soit trop maladroit pour aborder le sujet, alors il croyait vraiment que parler de pluie et de beau temps ferait l'affaire. Un vrai con.

Sauf que j'étais bien décidée à le sortir de ses gonds comme il le faisait si bien avec moi.

« - Va-t-en ou j'alerte le garde devant la porte. » un garde dont il y'a quelques minutes je ne connaissais pas l'existence avant que Sasuke ne le mentionne.

« - Sakura permets moi au moins de pouvoir m'expliquer. » rencherit l'homme.

« - Tu as eu bien des mois pour le faire et ce ne sont pas les occasions qui ont manquées. »

« - Oui mais essaie de te mettre à ma place également. De base j'allais juste en mission, je n'avais à aucun moment prévu de tomber sur une femme aussi belle, encore moins de m'attacher à chacun de ses moments passés avec toi. Plus le temps passait, plus on se rapprochait et plus ça devenait difficile d'en parler. Là encore ce n'est pas une excuse mais le plus perché dans tout ça c'était moi. J'ai mis un temps énorme à réaliser combien je tenais à toi et nous y voilà aujourd'hui. »

Ce serait mentir de dire que ces mots ne m'avaient pas touché en plein cœur. J'étais tout de même amoureuse de cette andouille. Seulement, je me sentais quand même trahie.
Je vis les mains de Sasuke se frayer doucement un chemin vers la mienne toute perfusée. Il enlaça délicatement ma main entre les siennes.

« - Sakura, je suis sincèrement désolé. Oui j'ai perçu une coquette somme pour veiller sur toi, mais pour t'aimer je n'ai pas reçu un seul sou. » me dit Sasuke le plus sérieusement possible le regard encré dans le mien.

Je sentais ma lèvre inférieure trembler signe de mon émotion.
En une seule phrase, Sasuke venait de balayer mes craintes les plus enfouies. Notamment celle de ne jamais aimer et être aimé en retour. Inconsciemment j'avais enlacé nos doigts ne sachant pas quoi dire. Une voix intérieure me disait tout de même que c'était beaucoup trop simple qu'il puisse me calmer avec deux, trois mots comme ça. Sauf que j'étais comme ça, à toujours ressentir les choses avec intensité et dépourvue de rancune.

« - J'ai besoin de temps Sasuke. »

Naruto

« - Quoi ? Et tu es parti ? Simplement ? » cria Hinata à travers mon téléphone.

« - Calme toi deux secondes Hinata. » tentais Je de calmer la brune en lui reprenant mon téléphone.
Ca faisait en gros quelques minutes que j'avais une discussion avec Sasuke du moins j'essayais vu qu'on était interrompu toutes les deux secondes par Hinata qui le traitait d'idiot. La situation est toute bête, après que Sasuke ait enfin eu le courage de se déclarer a Sakura, celle-ci lui avait demandé en retour du temps. Histoire de faire le point. Ne sachant plus quoi ajouter le taciturne s'en était allé, chose qui avait mis en rogne Hinata. Elle caractérisait ça d'abandon et lui glissait une petite insulte entre deux interventions.

« - Quand elle te dit Sasuke j'ai besoin de temps, ça sonne tout bêtement comme un appel à faire tes preuves. Je te croyais vraiment futé mais c'est pas le cas. C'est le moment de sortir la totale, les fleurs, les attentions particulières. Elle doit sentir que son pardon compte pour toi ! » cria Hinata en m'arrachant le téléphone pour la énième fois.

J'entendis Sasuke soupirer grossièrement. Hinata ne pouvait même pas imaginer qu'elle demandait la lune à mon ami de cette façon.

« - Moi je comprends tout simplement qu'elle veut du temps, de l'espace. Déjà que je dois me faire pardonner, je ne vais pas en plus devoir déchiffrer chacun de ses mots. » réplique Sasuke blasé.

« - Je ne suis peut-être pas objectif mais je pense que Hinata a raison. » dis-je.

« - Exactement. Je vais te faire une liste de toutes les choses que Sakura apprécie. Et en ce qui concerne son père, crois moi si Sakura est vraiment éprise de toi, il te laissera faire. »
Propose Hinata.

Elle se saisit rapidement d'une feuille et d'un crayon avant de partir dans une liste interminable.

« - Déjà les fleurs, c'est le grand classique  tu peux lui offrir tout bonnement des fleurs de cerisiers en écrivant que ces fleurs te font évidemment penser à elle. » débute Hinata toute enjouée.

« - Attends, en plus d'acheter des fleurs, je dois également écrire ? » s'interroge Sasuke.

« - Eh bien oui tu dois signer ta carte. Et ensuite, le chocolat, Sakura déteste le chocolat noir mais elle en tolère jusqu'à 72% mais pas la peine d'acheter ça. Du chocolat au lait suffirait largement. » renchéris Hinata.

« - Elle est hospitalisée et se nourrit par intraveineuse. » râle Sasuke.

« - Mais c'est l'intention qui compte. Tu penses vraiment qu'elle fera quelque chose des fleurs ? »

« - Autant ne pas en acheter alors si c'est pour les laisser faner en deux jours. »

Sasuke était déjà au bout du rouleau en termes de relations humaines. Avec une femme c'était encore pire même si je trouvais que la brune lui en demandait un peu trop quand même.

« - Voila j'ai trouvé ! Un collier ! C'est ça la solution. » reprit Hinata.

« - Elle a le cou dans une sorte de minerve pour être humain, c'est la chose la plus absurde que tu pouvais suggérer. » tranchait Sasuke.

« - Allez Sasuke laisse toi un peu tenter. Ça part d'une bonne intention elle essaie tout de même de t'aider. Qui plus est elle connaît Sakura mieux que toi. » me décidais je a intervenir.

« - Il a peut-être raison sur ce coup. Ce n'est pas grave j'ai d'autres idées. Lui acheter une robe, dès chaussures, un ticket pour l'opéra » avoue Hinata 

« - Je ne peux pas tout simplement lui laisser de l'espace ? » Tenta Sasuke d'une voix calme.

« - Tu sais Sasuke, selon moi prendre une pause lorsqu'on est perdu est tout à fait justifié mais en contre partie ce que le temps fera de nos sentiments en ce moment la est complètement abstrait. Le temps guérit peut-être les blessures mais il altère aussi les souvenirs, réduit l'intensité des sentiments et installe la lassitude. A mon avis, ces cadeaux seront simplement pour Sakura un rappel de tes sentiments mais bien sûr tu as le droit d'avoir un point de vue différent du mien. » explique calmement Hinata.

S'en suivit d'une minute de silence de Sasuke qui dirait-on analysait les paroles de la demoiselle.

« - Je vois. » répond simplement Sasuke.

« - Okey reprenons. Je me disais qu'elle pourrait recevoir un cadeau chaque jour de son hospitalisation. Ça serait vraiment symbolique. » lanca Hinata.

J'entendais à nouveau Sasuke se plaindre derrière le combiné et je ne pus m'empêcher de rigoler devant toutes les réparties de Hinata qui était sacrément bien préparée.

« - La ça en fait trop. Non je ne vous suis plus. » se plaignit Sasuke.

« - Tu crois que c'est aussi facile que ça ? J'ai présenté des excuses et hop tout va bien ? Réveille toi et Uchiwa et sors ta carte bancaire sale radin. Et si jamais tout ça se termine bien, à l'avenir si tu oses la faire pleurer à nouveau, je lui chercherais personnellement un nouveau copain. » trancha Hinata d'une voix des plus menaçantes que je n'avais jamais connu chez elle.
J'avais dégluti, j'avais au moins un aperçu de ce qui m'attendrait si je faisais l'andouille.

J'imaginais Sasuke bien en rogne. Il avait une sainte horreur qu'on lui fasse la morale. Hinata ne l'avait clairement pas ménagé. Il avait fini par capituler et appliquer les décisions de la brune, achetant des choses dont je ne connaissais même pas l'utilité.