L'inévitable
Je me réveille et m'extirpe des bras de mon frère comme je peux. Aïe ! Il me tenait tellement fort que j'en ai d'énormes marques sur les bras. Je sors de la chambre et entre dans la mienne. Nyo dort encore, tant pis je le lèverai quand je serai habillée. J'attrape une chemise, un short ainsi que des sous vêtements. Je cours dans la salle de bain où j'enfile le tout. Puis je coiffe mes cheveux et les laisse lâche. Ils ont encore poussés et m'arrivent presque aux genous. Je sors et vais réveiller Nyo. Je le secoue doucement.
- Allez, réveille toi !
Il marmone quelques trucs incompréhensibles et se tourne. Bon tant pis. Je monte sur le lit et prends appui sur le mur. Puis je place mes mains sur son torse et le pousse vers le sol. Il tombe par terre dans un bruit sourd.
- Aïe ! Mais t'es pas bien toi ?!
- C'est pas de ma faute si tu ne t'es pas réveillé quand je t'ai secoué ! Baka !
- En même temps, t'es tellement petite qu'on sent rien ! C'est quoi ces marques ?
- Oh, rien. Juste Yosuke en dormant.
- Vraiment ?
- Oui. D'ailleurs, c'était quoi hier ?
- Hier ?
- Oui, toi et mon frère. C'est presque si vous ne vous sautiez pas à la gorge. - Ton frère à peut-être vu mes yeux ? Je sais pas moi !
- Bon debout ! Et puis je vais avoir besoin d'aide.
Il se lève enfin et va se préparer dans la salle de bain. Quand il sort, je l'arrête et lui tends ma cravate.
- S'il te plaît ...
- Avance.
Je m'avance et il refait exactement les mêmes étapes qu'hier. Moi aussi d'ailleurs. Je suis redevenue toute rouge. Je lui fait un câlin pour le remercier. Il rit.
- Pourquoi tu ris ? Je te remercie et tu ris ? C'est quoi ces manières ?
- Je ris si je veux idiote !
Je lui tire la langue. Mon geste est peut-être immature mais je n'ai que 12 ans, zut ! Je le lâche et nous allons ensemble à l'Antique.
- Tu aimes le café Atsuy ?!
- Bien sûr ! Pourquoi ?
- Euh ... en général les humains commencent à en boire aux alentours de 15 ans ...
- J'en bois si je veux, baka !
J'entre dans le bâtiment, suivi de Nyo. Nous nous asseyons à une table et attendons patiemment qu'un serveur vienne. Tiens, celui qui vient nous voir est le garçon qui passe son temps avec les livres. Kaneki. Maintenant je m'en rappelle. Il était dans ma classe l'année dernière. Nous étions les deux plus discrets de la classe. Il ne doit pas se rappeler de moi. Trop sérieux, tous les deux.
- Un café corsé s'il vous plaît.
- Votre visage me dit quelque chose ...
- Oh, je ne pense pas.
Il se tourne vers Nyo.
- Pareil pour moi.
Une fois nos cafes terminés, nous sortons. Nyo me lance un regard sévère.
- Décidément, t'as le chic pour te mettre dans des situations improbables.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que cet endroit est infesté de goules.
- Bah je ne le savais pas ! Et même si je le sais maintenant, je reviendrai quand-même !
- Irrécupérable ...
- Pourquoi ? Parce que je vous admire ?
- Non. Surtout parce que tu es inconsciente.
Je ne lui réponds pas car mon téléphone sonne. Je décroche. C'est Eleven, ma seconde amie.
- Allô ? Eleven, c'est toi ?! Ça faisait tellement longtemps !
Le pauvre Nyo ne savait pas comment réagir alors il s'éloigna.
- Oui ! Alors, ça se passe bien dans ta classe ?
- Comme d'habitude j'ai envie de dire. Je suis toujours la meilleure de l'établissement.
- Ça ne m'étonne pas de toi Atsuy ! Et j'ai une bonne nouvelle pour toi ! Je vais emménager à Tokyo ! Maintenant on pourra se voir tous les jours !
- Sérieux ?!
- Bien sûr ! Bon je dois te laisser, les cours vont bientôt commencer.
- À bientôt Eleven !
- À bientôt ma petite Atsuy !
Elle raccroche. Elle va enfin revenir ! Cette jeune fille pleine de vie ! Oui, jeune fille parce qu'elle a 19 ans ! Je suis trop contente ! Nyo reviens à côté de moi.
- Alors ?
- Eleven revient !
- Tu sais que ... Non, elle te le dira elle même.
- De quoi ?
- Tu verras.
Il redevenait sérieux. Ça m'énerve quand il est comme ça ! Je le tire par le poignet pour lui faire signe qu'il faut aller à l'université. Il avance avec moi en gardant le silence. Pour revenir à Eleven, c'est mon amie depuis 2 ans. Elle est chatain aux yeux verts, bien développée et d'assez grande taille. Je la trouvais magnifique. J'ai même un jour pensé qu'elle pouvait se mettre avec Nyo. Mais elle ne semblait pas intéressée. Nyo non plus d'ailleurs.
- Hé la rêveuse ! Tu dis quand t'avances !
- Oui oui !
Je le rattrape comme je peux avec mes petites jambes. Nous entrons ensemble dans l'université et marchons vers l'amphithéâtre.
- Nyo ?
- Oui ?
- On commence par quoi déjà ?
- Quoi ? Tu as oublié ? On a physique quantique.
- Oh ...
- Décidément ! J'ai l'impression qu'aucun cours ne te convient cette année !
- C'est vrai. Heureusement que tu es là ! Au moins, j'ai du divertissement !
Je ris en voyant la tête qu'il fait. C'est vraiment trop drôle. Un mélange d'incompréhension totale, de surprise avec une légère pointe d'indignement. À détailler son visage je ne peux m'empêcher de rire encore plus.
- Euh ... Il y a quoi de drôle ?
Je lui tends mon téléphone pour qu'il puisse voir son reflet. Une expression de grand étonnement prend possession de son visage. Ce qui me fait bien sûr avoir des crampes à force de rigoler. Ça m'apprendra !
- Bon ... on ... on dois aller affronter ... monsieur Akito.
- L'affronter ? T'es sérieuse Atsuy !
- Désolée, c'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit !
- Pfff ... idiote.
Je le tire dans la gigantesque salle. On s'asseoit à la cinquième rangée et le cours commence.
***
Nyo me porte sur son dos jusqu'à la cafétéria. Pourquoi ? À vrai dire, je ne sais pas. Ça lui a pris en sortant de cours. Il change tellement d'humeur en ce moment de toute façon ! Est ce parce que j'ai découvert son secret ? Peut-être. Enfin, revenons à la cafétéria. Une fois arrivé, on s'installe à une table et sort nos paniers repas. Contrairement à d'habitude, celui là n'était que peu rempli. Quelques crudités par-ci par-là et 2 ou 3 sushis qui traînaient au fond. Nyo, lui se forçait à faire semblant. C'est vrai que je ne l'avais jamais remarqué auparavant ...
- Alors tu as toujours fait semblant ?
- Oui. Je n'ai pas tellement le choix. C'est soit ça, soit je me fais tuer.
- Oui, c'est vrai. C'est dans ses moments là que je me dis que ma vie a toujours été un long fleuve tranquille ... enfin long, je ne sais pas encore.
- Disons que ton espérance de vie baisse à chaque fois que tu croises une goule.
- Je ne suis pas d'accord ! Je dirai qu'avec ton cas c'est plutôt l'inverse qui se passe.
- Non. La preuve, la première fois que je t'ai croisée, je me suis dit que tu me suffirais s'il me prenait une petite faim.
- Mais tu ne t'ai jamais jeté sur moi.
- Si rappelle toi. La première fois dans la ruelle.
- Ah ... ah oui.
Je ris de le voir aussi mal à l'aise rien qu'au fait d'en parler. Du coup, il se met à ronchonner dans son coin. Je vois une silouhette familière approcher de Nyo et poser ses mains sur les larges épaules de mon camarade. Il se retourne d'un coup. Je m'écrie de suite.
- Eleven !
- Oui, je suis arrivée plus tôt que prévu.
Elle nous sourit, magnifique avec ses cheveux bouclés tombants en cascade sur ses épaules et ses yeux pétillants.
- Alors la forme vous deux ?
- Demande ça à Atsuy.
- Ça ne va pas Nyo ?
- Au contraire, je vais beaucoup mieux depuis deux jours.
Elle n'avait pas l'air d'accepter la réponse de Nyo. Elle se retourne donc vers moi, m'envoyant des regards interrogatif.
- Et toi Atsuy ?
- Moi ? La forme, comme toujours.
Fis je en lui souriant. Elle me sourit et me prend dans ses bras.
- Je t'ai manqué Tsuy ?
- Oui, trop ... !
Nyo soupire. C'est vrai qu'il n'a jamais été très affectif ... mais il est très bien comme ça ! Eleven elle l'est peut-être trop. Elle sent mes cheveux. Nyo l'observe fixement à ce moment.
- Tu sens bon aujourd'hui.
- Eleven !
- Quoi, je n'ai pas ...
- Non.
Son ton était sec. Eleven souffle et s'éloigne de moi. Je crois qu'elle est vexée.
- Qu'est ce qu'il te prend Nyo ?!
- Atsuy, ne t'en mêle pas s'il te plaît.
Je me tait à contre cœur. Les cours vont recommencer dans peu de temps. Eleven part. Nyo aussi, en direction du cours de littérature. Je le suis mais il ne m'adresse pas un mot et va directement s'asseoir au quatrième rang. Je m'assieds à côté de lui.
- Il y a un problème Nyo ?
- Tu verras.
- Voir quoi ?
Il ne me répond pas et le professeur entre, instaurant le silence.
***
Je termine assez tard ce soir. Nyo me raccompagne comme désormais tout les soirs. Une ombre passe devant nous et Nyo se crispe.
- Nyo, que ...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que l'ombre repasse et m'emporte. Elle ne porte pas de masque mais il fait trop sombre pour que je vois qui c'est. Elle me pose par terre et m'arrache un morceau d'épaule de ses dents. Je crie. Ça fait tellement mal ! Puis j'entends Nyo.
- Je m'en doutais ! Elle n'a jamais été que de la nourriture pour toi ! T'es vraiment une ordure ! Tu crois vraiment que c'est comme ça qu'on va être acceptés ?!
L'autre se met à rire. Mais c'est le rire de ...
- Eleven ?!
-Tu comprends vite !
Je ne pensais pas que se faire mordre par une goule pouvait faire aussi mal. Encore plus si c'est une amie. Elle allait à nouveau se servir lorsqu'une énorme lame souple lui frôle la joue.
- Tu n'as pas le droit de la toucher !
- Tu la garde pour toi, c'est ça ? Toi aussi tu as l'impression qu'elle a bon goût ?
- Je ne la toucherai pas non plus ! Laisse la ! Elle en a assez bavé ses derniers jours !
Nyo. Je me demande toujours pourquoi il me protège. Je suis pourtant une proie facile.
- Qu'est ce que ça peut me faire ?! Je t'ai toujours dit qu'un jour je la boufferai !
- Et moi je t'ai toujours répondu que je t'en empêcherai !
- Je me fous de tes avertissements !
Les larmes me montent aux yeux.
- Arrêtez vous deux !
Je ne voulais pas qu'ils se disputent, pas à cause de moi, pas sous mes yeux alors que je ne peux rien faire. Ils font comme s'ils ne m'avaient pas entendu. Je crie alors plus fort.
- Stop !!!
Les deux se retournent sur moi. Je suis en pleurs. Je parviens à articuler entre deux sanglots.
- Arrêtez vous ... S'il vous plaît ...
Ma voix était tremblante, presque suppliante. Ils se regardent puis jettent un œil sur moi. Nyo semblait d'accord. Je regarde alors Eleven.
- Tu veux quoi gamine ?
- Que tout ça n'est été qu'un mauvais rêve ... et que tu n'ais pas joué la comédie depuis le début ...
- De quoi ?
Elle semblait s'attendre à une autre réponse de ma part. Elle devait au moins s'attendre à ce que je lui dise de m'épargner. Mais je ne veux pas faire ça. Je me traîne sur le sol jusqu'à elle et me redresse difficilement. Elle est comme choquée de mon action, j'en profite pour la serrer dans mes bras.
- Qu'est ce que tu fais ??!
- Eleven, je ne t'en veux pas.
- Mais qu'est ce que tu racontes ?
- Je ne t'en veux pas. Tu resteras mon amie peu importe tes actions passées.
Elle est dans une totale incompréhension. Ça se voit rien que dans son regard et sa façon d'être tétanisée. Nyo aussi s'en est aperçu même s'il est également étonné.
- Je fais quoi de vous deux moi ?
- Tu nous ramènes à la maison !
- Atsuy ...
- Quoi ?!
- Ce n'est pas une bonne idée ... Déjà que ton frère ...
- Je m'en fiche ! Elle vient !
- Comme tu voudras.
Une voix nous coupe.
- Et si je veux pas ?
- Toujours en train de provoquer ...
Je ne pensais pas que ça avait toujours été comme ça ... Ils jouaient si bien la comédie que je ne me suis même pas aperçue qu'ils se détestaient ... Je décide de me reprendre et tire Eleven par le poignet pour l'emmener chez moi.
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