Cris déchirants
J'attends, dans cette pièce que l'on m'a attribuée, en silence. La salle est insonorisé, je ne peux donc pas entendre ce que les deux à l'extérieur disent. Je regarde mes blessures. Mon épaule ne saigne plus pour l'instant, les bleus sont voyants mais la douleur qu'ils procurent est relativement faible et mon cou en revanche me fait souffrir. Je ressasse les événements dans ma tête : Enlevée pour fournir des informations, sinon torturée ou enfermée. Super ... Nyo avait raison. Je n'ai pas ma pareille pour me créer des ennuis ... Au moment où je baisse la tête, la porte s'ouvre brutalement sur Ayato. Il me toise d'un regard méprisant, j'en frissonne. Il referme la porte avec colère avant de s'accroupir face à moi.
- Ce n'est pas bien d'avoir désobéi. J'ai pour ordre de te faire parler.
Tout en disant cela, son visage affichait presque un sourire. Je ré-évalue vite fait la gravité des dégâts que j'ai subits. Oui, je peux encore me défendre un minimum, avec de la volonté bien sûr. J'évite son regard tandis qu'il me plaque contre le mur de sa main gauche contre mon épaule, juste au dessus de ma poitrine. Je lève enfin doucement mon regard vers lui.
- Tu comptes me faire quoi ?
- Hum ... commençons par la méthode douce.
- Je ne parlerai pas.
- Oh, mais la méthode douce n'est pas de la parlotte sans intérêt.
Il avait dit ça froidement et, comme pour appuyer ses propos, il descend sa main sans gêne le long de mon buste et l'arête sur ma cheville. Mon regard se perd. La méthode douce ? Ça ? Je ne comprends pas encore tout à fait où il veut en venir. Il s'impatiente.
- Alors ??
- Alors quoi ?
En guise de réponse il resserre ma cheville entre ses doigts, empêchant le sang de s'y renouveler. Je relève un sourcil intrigué et attends. Mon pied devient bleu et commence à fourmiller.
- Arrêtez !!
- Non.
- Si !!!
Il resserre encore, me donnant l'impression qu'il me broit les muscles. Je bouge ma jambe pour dégager mon pied. Comme je n'y parviens pas, je me laisse glisser sur le côté le long du mur et envoie mon pied libre vers sa tête. Ce qui a pour effet de le déconcentrer. J'en profite pour me libérer et passer derrière lui. Au moins, je ne suis plus collée au mur. C'est à ce moment là que son sourire s'élargit.
- Bien. Alors je laisse tomber la méthode douce.
- Ne m'approche pas !
Entre temps, je me suis relevée et ai enlevé ma cravate. C'était trop facile pour lui de m'attraper sinon. En une fraction de seconde, ses pupilles se colorent de rouge. Il me saute dessus et me renverse. Je me débats, du mieux que je peux, mais il est plus grand, plus vieux et plus fort. Il se tourne vers mes jambes et se penche dessus. Je crie. Faiblement d'abord. Puis crescendo avec la douleur. Il est en train de me dévorer la cuisse ! Je crie, je hurle, y mettant tous l'air de mes poumons. Je tente désespérément de le pousser, de le faire arrêter. Ce qu'il fait. Il me regarde froidement.
- Il ne faudrait pas que je t'abîme trop. Ne crois pas que j'ai une quelconque pitié envers toi, il n'en est rien. Maintenant, tu seras peut-être plus disposée à nous parler ?
Des larmes avaient coulées sans que je puisse les retenir. La douleur était atroce, je n'osais même pas regarder ce qu'il m'avait fait. Il attendait certainement une réponse mais je ne dis rien. Il se détourne de moi et la peur me reprend. J'arrive à articuler entre deux sanglots :
- Tu ... vas me laisser ... dans cet état ?
- Oui. C'est tout ce que tu mérites.
- Non ... s'il te plaît ...
Il revient enfin lentement vers moi, Aucune expression visible dans ses yeux noirs.
- Le sang dans lequel tu baignes est le tien. Réjouis toi que ce ne sois pas celui de tes soi-disant amis.
- Ayato ... je ... j'ai besoin ... Je voudrais ...
- Tu veux rien du tout ! Sauf si c'est pour nous donner des renseignements !
Ma vue commence à flancher. Je marmone peu avant de fermer les yeux, la douleur étant trop insupportable :
- De ... l'eau ...
Puis le néant.
***
Toujours le noir. Un noir profond, qui ne laisse transparaître aucune autre teinte. Je ne suis pas morte. Pas déjà. Je refuse d'y croire. Et puis ... si je pense ou rêve, c'est que je suis en vie. Pourtant, je ne sens rien des faits alentours. Je force, jusqu'à ouvrir imperceptiblement les yeux. Ayato râle en mettant quelque chose sur mon front. Je n'en distingue que quelques mots :
- ... trop fort ... faible ! Si ... prévenu, j'en ... là ! Tsss ... !
J'ai pas l'impression qu'il ait remarqué que je suis réveillée. Je tente de bouger : seul le bout de mes doigts répond, le reste est trop lourd. J'ouvre la bouche, mais pas un son ne sort. J'ai dû me casser la voix en criant comme je l'ai fait. J'ai maintenant les yeux bien ouverts et je regarde celui qui me soigne. Il a les sourcils froncés de colère et un seau d'eau ainsi qu'un peu de nourriture devant lui. Il reprend le linge qu'il m'a mis sur la tête, le trempe dans le seau et le remet en place. Je sens enfin le froid de l'eau couler le long de mes tempes. Ayato continue de râler.
- Cette fillette est vraiment une abrutie de première ! Si elle nous avait livré les renseignements, on en serait pas là non plus ! Maintenant il va falloir attendre son rétablissement et en plus, je vais être de garde jours et nuits ! Comme si j'avais que ça à faire.
Bon ... d'après le programme qu'il vient inconsciemment de m'exposer, mon évasion n'est pas prévue de si tôt. Je me détourne à grandes peines, dos à lui. Il soupire.
- Tu t'es réveillée ? Bien. Évites de bouger.
Je le regarde de travers. Je n'ai aucun ordre à recevoir de lui. Il me tend du pain que je refuse en regardant le mur en face de moi. Il attrape mon épaule et me tourne face à lui, me tendant à nouveau le pain. Je fronce les sourcils et tente de détourner la tête avec brio. Si j'avais pu, je l'aurais envoyé balader le plus loin possible mais je ne peux pas. Il attrape ma tête et me force à ouvrir la bouche avant de me mettre le pain entre les dents, me forçant à mordre dedans. Ma gorge est trop sèche, impossible d'avaler quoi que ce soit. Je m'étouffe et finis par me tourner vers lui et recracher le tout par terre. Je relève la tête et regarde fixement l'eau. Mais il ne comprend visiblement pas.
- Tu veux quoi ?
Toujours aussi froid. Je tente de murmurer le mot "eau" mais aucun son ne sort. Eto entre lançant un regard mécontent à Ayato. Je murmure à nouveau. Elle attrape le verre d'eau et me le verse entre les lèvres. J'avale le liquide et elle prend le pain des mains d'Ayato pour me le tendre. Je lève à grande peine ma main vers elle et l'attrape. Je le pose à côté, je ne mangerai rien de ce qu'ils comptent me donner. Les deux me fusillent du regard.
- Mange !
- ... eux ... as ...
Ce sont les seuls sons que j'arrive à sortir. Je les hais ! Ils ne comprennent rien en plus ! Tsss ... si seulement je pouvais parler ! Eto le reprend et me le tend à nouveau. Je ferme alors les yeux pour qu'elle s'en aille, ce qu'elle fait. Elle pose le morceau de pain et s'en va. Bien. Je garde les yeux fermés mais ne m'endors pas. J'écoute ce qu'il se passe à côté. Ayato râle encore et toujours. Il pose sa main sur mon front. Je bouge de sorte à ce qu'il se la garde. Non mais ! Il se prend pour qui ?! Il continue de ronchonner.
- Je dois voir si tu es malade. Comment je fais moi, si tu fais que bouger ?
- ... aisse ...
Dans ma tête c'était "laisse moi." Seulement dans ma tête ... car je suis toujours aussi incapable de parler. Mais il s'entête à recommencer alors je me mets face au sol, mes mains sous mon front pour éviter de me faire mal. Je sens son regard sur moi mais n'ai aucune envie de l'affronter. Il marmone encore rageusement puis sort de la pièce, ne me laissant pas le temps de protester. J'étais seule ... à nouveau. Et être seule dans une pièce aussi petite me faisait angoisser.
***
J'ai retrouvé quelques capacités motrices mais ma voix est toujours brisée. Je tente alors de m'asseoir en appuyant mon dos sur le mur. C'est douloureux, certes mais j'y arrive. Nyo et Yosuke me manquent ... j'ai froid ici, j'aimerais rentrer chez moi ...
Je cligne des yeux et tente de me reconditionner. Il ne faut pas que je faiblisse sinon ... je ne sais pas ce qu'il pourrait m'arriver. Je me reconcentre sur ma condition. Pour le moment, je suis seule, enfermée dans une salle médiocre sans autre sortie qu'une porte sûrement protégée. Ou fermée à double tour. C'est pas fameux, en effet.
Je vais essayer d'ouvrir la porte ... je n'ai plus rien à perdre de toute façon. J'appuis sur la poignée et entends un cliquetis métallique. Elle elle n'est pas fermée ! J'entrouvre cette dernière et jette un œil au dehors. Personne ! Serait-ce un piège ? Je ne sais pas mais je n'arriverai à rien si je ne tente rien.
Je glisse ma jambe valide dehors et m'extirpe douloureusement de cette pièce. Je suis libre ! J'entends des bruits venant des alentours, comme des bruits de combat. Des bruits de combat ? Bon sang, mais tout va me tomber dessus ! ... et en même temps ... c'est la meilleure chance que j'ai de m'échapper.
C'est décidé, j'y vais, tant pis pour les coups de feu ! Je cours mais traîne la patte. Ma cuisse me fais vraiment mal, c'est trop dur de faire abstraction. Ça me ralentit énormément du coup. Je continue pourtant d'avancer mais peu de temps après, ma jambe s'effondre entraînant le reste de mon corps. Je peste encore. C'est pas possible d'être aussi faible ! Je cours retenant mes cris de douleur. Malheureusement, au détour d'un couloir, je tombe sur Ayato. J'ouvre de grands yeux et me plaque derrière le coin. Il ne faut surtout pas qu'il me voit ! Mais avec le boucan que j'ai fait, ça m'étonnerais qu'il ne m'ait pas entendu. Je fais quelques pas en arrière mais me heurte à quelqu'un. Et à vrai dire, cette personne me semble un géant tellement elle est grande. Je veux me retourner mais pas moyen. Une main énorme se pose sur ma bouche en me couvrant la vue, m'empêchant évidemment de voir qui c'est. Il me fit avancer, visiblement dans le champ de vision d'Ayato puisque qu'il râle de nouveau :
- Oh non, il ne manquait plus que ça ... pardon Jason. J'aurais dû mieux la surveiller. Comment elle a pu sortir dans son état, rahhh ! On aurait jamais dû la laisser en vie !
L'autre homme est nettement moins sur les nerfs mais son ton doucereux me donne des frissons.
- Laisse, Ayato. Je vais m'en occuper. Elle sera sage après. C'est une humaine après tout !
Je l'entends rire. Ça n'augure rien de bon. Il commence à partir, m'emmenant avec lui, privée de ma vue et de ma voix.
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