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J'imagine aisément le visage de mes potentiels lecteurs à ce moment du récit.

C'était un acte complètement fou, aux chances de survie extrêmement proches de zéro. En un mot, suicidaire.

Mais puisque j'en suis aux confidences, autant vous avouer que j'en avais pleinement conscience. Et cela me paraissait de si peu d'importance... La mort, je la connaissais bien. Nous étions devenus intimes, tous les deux, à force de se côtoyer. Une amie, en somme. On ne craint pas ses amis.

J'avais été engagé pour défendre Sherlock Holmes. C'est tout. Mon esprit, perdu dans les méandres de mes souvenirs de guerre, me poussait à faire mon devoir, même s'il impliquait de sauter. Même s'il impliquait de mourir.

Mais peut-être n'était-ce qu'une excuse. Peut-être avais-je simplement envie de protéger cet extraordinaire détective, comme je n'avais jamais su protéger personne. C'est si difficile de faire la part de ses émotions, surtout après tant d'années passées...

Si la situation se représentait aujourd'hui, sauterai-je ? Sûrement. Sans hésiter. Mais je n'aurais pas besoin de devoir pour m'excuser.

Quoi qu'il en soit, la chute me parut incroyablement longue.

Je tombai comme une masse, frôlant les ponts de verres, les balcons ouvragés et les véhicules aux couleurs chamarrées. Le vent fouettait ma peau, tirait mes cheveux et faisait claquer furieusement ma cape dans mon dos, comme pour me retenir, me freiner, m'envoler...

Je me sentais tout à la fois extrêmement mortel et extraordinairement puissant. L'adrénaline flambait dans mes veines, réanimant un bref instant tous ce qui était mort chez moi, tout ce que je n'arrivais plus à ressentir. À commencer par la rage de vivre.

L'image grossissante d'un dirigeable me ramena à la réalité. Je ne voyais plus Holmes. L'aéronef se rapprochait. De plus en plus vite.

Il allait falloir penser à atterrir.

Je me saisis de mes sabres. Le vent furieux faillit me les arracher, mais je m'y cramponnai comme si ma vie en dépendait. Ce qui, présentement, était le cas.

Le ciel, les nuages et l'horizon avaient disparus. Sous mes pieds, il n'y avait plus que la toile grise du dirigeable, coupée, dans sa longueur, d'une mince passerelle.

Je fis jaillir mes lames.

Il fallait faire vite.

J'allais bientôt percuter.

Dans trois secondes.

Moins.

Maintenant !

Je heurtai la toile de plein fouet, accusai d'un rebond, et retombai dessus de tout mon long.

Le bâtiment gémit lorsque mes lames lui transpercèrent la peau.

Je commençai à glisser, ouvrant dans mon sillage de longues cicatrices par lesquelles s'échappaient d'énormes bouffées d'hélium, comme la respiration d'un monstre mécontent.

J'approchai du vide. Vite. Trop vite.

J'allais tomber.

Je me crispai sur les poignées de mes armes. Encore quelques mètres et...

Le vide était là, à deux pas de moi, vertigineux, immuable.

Mes poignets heurtèrent soudain le squelette métallique du monstre, stoppant si net ma course que je faillis lâcher prise.

Faillis seulement.

Je m'appuyai sur mes bras pour m'asseoir sur la charpente du bâtiment, tentant d'ignorer au mieux l'hélium qui feulait en contournant mon corps.

Au-dessus de moi, une plaie béante courrait le long du ventre de l'aéronef qui commençait déjà, tout doucement, à perdre de l'altitude.

Mais ce n'était pas mon problème le plus urgent. Il fallait que je sache si Holmes avait atterrit sur le même dirigeable que moi et s'il était encore en vie. Le dernier point était fort peu probable, mais je m'accrochai à la possibilité qu'il ait survécu comme un noyé à une planche de salut. Il fallait qu'il soit encore vivant. Sinon, rien de ce que j'étais en train de faire n'avait plus aucun sens.

Il y avait une échelle de maintenance, à portée de main. Je me penchai pour l'atteindre et basculai prudemment mon poids sur les barreaux. C'eut été dommage de survivre à une chute pareille pour succomber à l'arrivée. J'étais peut-être suicidaire, mais il me restait un gramme de dignité !

Le dirigeable perdait de plus en plus d'altitude. J'espérai qu'une équipe de maintenance allait bientôt arriver.

Frissonnant, le bout des doigts engourdis par le froid, je commençai mon ascension. Le vent, fou de rage de me voir échapper à son emprise, me fouettait les joues et tirait sur ma cape, qui gonflait dans mon dos comme une voile de bateau. Combien de barreaux comportait cette fichue échelle ?

Enfin, j'aperçus la passerelle.

Dans un dernier sursaut, je me hissai jusqu'à la plateforme métallique et m'y étalai de tout mon long, haletant, en frottant mes mains l'une contre l'autre pour les réchauffer.

De cette peu glorieuse position, j'observai les environs.

L'aéronef était beaucoup plus petit que celui que je venais de quitter si cavalièrement et n'était pas encombré des mêmes constructions. Ce qui me permit d'apercevoir immédiatement la silhouette noire qui me tournait le dos, à quelques pas de moi.

À ses pieds se trouvait un homme inanimé, allongé sur le ventre. J'eus un sursaut.

— HOLMES ! hurlai-je en bondissant sur mes pieds.

Mon adversaire fit volte-face. Son visage était couvert d'un masque noir et d'une capuche qui ne laissaient apparaître que ses yeux, dont le bleu acier me transperça froidement.

Je voulus sortir mes armes, dans la vague idée de riposter, malgré l'état de fatigue dans lequel je me trouvais, mais l'autre ne m'en laissa pas le temps.

La pointe d'une lame se posa sur ma poitrine. Je m'immobilisai, impuissant.

Je voulus dire quelque chose, n'importe quoi qui puisse détourner son attention, mais un petit bruit sec me coupa dans mon élan. Un objet sphérique venait de heurter le sol. Il y eut un sifflement, et une épaisse fumée dévora avidement le monde.

Un violent coup dans la poitrine me déstabilisa. Je tentai vainement de reprendre mon équilibre avant de tomber en arrière, m'écrasant de tout mon long sur la plateforme métallique.

La fumée avait tout envahis, à présent.

Les yeux brûlants, la gorge douloureuse, je me traînai sur le sol jusqu'à rencontrer le corps toujours immobile de Holmes, dont je protégeai le visage du mieux que je pus.

La fatigue, la difficulté à respirer... Je sentis ma conscience fléchir, et craignis, un court instant, de tourner de l'œil. Mais je ne pouvais pas me le permettre. Pas encore.

Enfin, le vent mugissant dissipa la fumée, révélant à mes yeux mouillés de larmes acides une passerelle totalement vide.

Le détective laissa échapper un grognement.

— Holmes ! m'exclamai-je en voyant ses paupières papillonner. Dieu merci, vous êtes en vie ! Comment vous sentez-vous ? Non, surtout, ne bougez pas !

Ignorant mon avertissement, il tenta de se redresser et retomba en arrière avec une grimace de douleur.

— Je suis en vie... murmura-t-il en levant ses mains à la hauteur de son visage.

— Ça tient du miracle ! répondis-je en ouvrant avec précaution son veston et sa chemise pour l'examiner sommairement.

Je m'attendais à sentir sous mes doigts plusieurs os cassés, ou fêlés, au moins. Mais à mon immense stupéfaction, je ne rencontrai que d'énormes bosses, hématomes et coupures superficielles.

— Vous avez mal quelque part ?

— Un peu partout, bégaya-t-il, toujours aussi stupéfait. Je suis en vie... Je crois... Je crois qu'il a absorbé toute la violence de l'impact.

— C'est impossible, rétorquai-je avec autorité. Il était là il y a quelques minutes à peine, en pleine forme. Personne n'aurait survécu à une chute depuis cette hauteur. Encore moins si vous avez atterrit sur lui. Personne.

— Et pourtant, murmura-t-il, pensif, et pourtant...

Je soupirai.

Il prit appui sur mon épaule et je l'aidai doucement à s'asseoir. Je craignais encore quelques blessures internes, mais ne pouvais pas y faire grand-chose pour le moment, à part garder un œil sur mon patient.

— Je suis heureux que vous soyez en vie, dis-je finalement. Je ne vous ai rien trouvé de cassé, mais je vous en prie, soyez prudent, on ne sait jamais. Si la tête vous tourne, si vous ressentez des douleurs soudaines, ou si vous avez envie de vomir, prévenez-moi tout de suite.

— Merci docteur, répondit-il, sarcastique, en écartant la main que j'avais placée sur son épaule. Où est le tueur ? ajouta-t-il aussitôt en tournant la tête pour fouiller les environs. Vous l'avez laissé s'enfuir ?

— Au moins, il n'a pas eu le temps de vous ajouter à son tableau de chasse, rétorquai-je, un peu vexé.

— Vous l'avez vaincu ?

— Non, il s'est enfui. Mais je doute l'avoir effrayé.

Je l'aidai à se déplacer jusqu'au garde-fou, où il put s'adosser. Il m'adressa un regard reconnaissant.

— Merci, lâcha-t-il enfin, plus sincèrement que la première fois. Je n'aurais pas aimé finir ma carrière de façon aussi dramatique. Pas avant d'avoir résolu l'enquête, tout du moins...

J'allais ajouter quelque chose lorsqu'un bruit m'interrompit.

— Vous, là-bas ! cria quelqu'un.

Une dizaine de gaillards étaient en train de grimper sur la passerelle en traînant avec eux de longs morceaux de toile grise.

— C'est vous qui nous avez sabordé ? gronda le plus costaud en armant son poing.

— Je vous en prie, n'appelez pas Scotland Yard ! répliqua Holmes.

L'autre ouvrait la bouche pour crier quelque chose à ses comparses lorsque le détective l'interrompit une nouvelle fois.

— Et ne demandez surtout pas l'inspecteur Lestrade ! Ne lui dites pas que j'ai tué Sherlock Holmes !

Je jetai au détective un regard choqué. Il me renvoya un sourire moqueur.

~

— OÙ SONT-ILS ? rugit Lestrade en posant le pied sur la passerelle.

Il se précipita vers nous, écarta les hommes qui nous masquait à sa vue, et poussa un énorme soupir de soulagement en constatant que nous étions vivants, proprement ficelés, mais sains et saufs.

— Disparaissez, lança-t-il aux mécaniciens qui nous avaient fait prisonniers.

— Mais...

L'inspecteur lui jeta un regard peu amène, qui lui ramena aussitôt en mémoire une tâche qu'il avait à accomplir de l'autre côté du pont.

Maintenant seul en notre compagnie, l'homme du Yard s'accroupit pour se mettre à notre hauteur.

— Quelqu'un peut-il m'expliquer, commença-t-il, glacial, cette histoire de Sherlock Holmes assassiné ? Non pas que l'idée ne soit pas tentante, bien sûr...

— J'ai simplement pensé que c'était le moyen le plus rapide de vous faire venir ici, répondit Holmes en haussant les épaules. S'ils s'étaient seulement plaints d'une intrusion, j'aurais dû m'expliquer longuement à des agents de police et remplir de la paperasse à n'en plus finir. J'ai une enquête à mener. Pas de temps à perdre.

Je vis distinctement la mâchoire de l'inspecteur se contracter.

— J'ai parfois idée, Holmes, qu'un petit tour dans nos cellules vous remettrait les idées en place.

— Je m'évaderais.

— Vraiment ?

— Absolument.

— Vous voulez parier ?

— Je ne voudrais pas vous interrompre, intervins-je, mais je suggère de continuer cette importante conversation dans un endroit fermé. Et chauffé. S'il vous plaît.

Les mécaniciens n'y étaient pas allés de main morte, et mon bras tordu en arrière lançait dans ma blessure de guerre, à l'épaule, des piques de douleur réguliers.

— Certes, soupira le policier en sortant de sa poche un canif pour couper nos liens. Ne bougez pas. Et maintenant, reprit-il alors que j'aidais Holmes à se relever, si vous m'expliquiez comment vous avez atterri ici ? Ça fait une bonne heure que je ratisse le dirigeable, là-haut, à votre recherche !

— Utilisez votre imagination, Lestrade, répliqua sèchement le détective en s'appuyant sur moi. J'étais en haut et maintenant je suis en bas. Si vous suivez un raisonnement logique de cause à effet...

— Vous êtes tombé ? De là-haut ? Impossible.

— Et pourtant, inspecteur, et pourtant. L'assassin n'avait pas eu le temps de quitter les lieux du crime. Lorsque nous l'avons acculé, il a joué son vas-tout en me faisant basculer par-dessus bord. Mais il ne m'a pas tué, lorsqu'il en avait l'occasion. Me mettre hors d'état de nuire lui suffisait, apparemment. Dommage qu'il se soit enfuis.

Lestrade soupira et m'envoya un regard las, qui se changea aussitôt en perplexité.

— Et vous ? me lança-t-il. Vous êtes aussi tombé ? Il y avait un autre tueur ?

— Euh... Non, pas vraiment...

Holmes, qui, apparemment, n'avait pas réfléchi à la question – peut-être considérait-il déjà ma présence à ses côtés comme naturelle ? – ouvrit des yeux ronds.

— Vous avez sauté ! souffla-t-il.

— Présenté sous cet angle... Hors du contexte...

— Vous avez quoi ? répéta Lestrade.

— Eh bien... hem... sauté ?

— Des fous ! s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel. Seigneur, je suis entouré de fous !

— Je me suis dit que l'homme en noir avait certainement prévu sa fuite, arguai-je un peu maladroitement, comme si j'avais vraiment réfléchis à tout cela avant de plonger dans le vide. Il me suffisait de le suivre de près...

— Eh bien, Watson, vous aurez une prime de risque à la fin du moi ! conclut le détective.

Mais son regard, en se posant sur moi, se teinta d'une étrange tristesse.

— Encore faudrait-il qu'il arrive à la fin du mois, grommela Lestrade, toujours incrédule.

— Assez parlé, lança Holmes en faisant volte-face. Nous avons une enquête à mener.

Sur ces mots, il nous laissa en plan pour se diriger d'un pas presque assuré vers le dirigeable de la police.

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