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Nous croisâmes d'autres portes ouvertes, au cours de nos pérégrinations, mais je ne m'y arrêtai pas. Quelques fois, les lumières étaient allumées, à l'intérieur des pièces, et nous parvenaient des bruits de voix ou de pas. Dans la salle « Cyborg I », une radio grésillante repassait l'enregistrement d'un discours de Lizzy. Dans « Armes Explosives », une femme à la voix étranglée criait que les résultats avaient été faussés et qu'il faudrait tout refaire. Dans « Poison », un homme chantonnait une chanson d'amour populaire qui résonnait en se déformant dans le couloir. Nous nous reverrons, je ne sais quand, je ne sais quand, nous nous reverrons, un jour de printemps...

La musique s'évanouit et disparue au fur et à mesure que nous nous éloignons.

— Cet endroit est un véritable dédale, soufflai-je. Combien de temps allons-nous marcher encore ?

— Comment voulez-vous que je le sache ? répondit laconiquement Holmes.

Comme pour lui répondre, notre guide automate s'arrêta. Nous nous trouvions au fond d'un couloir, face à un mur vide. Une porte se trouvait de chaque côté. À droite, « Automates Simples ». À gauche, « Intelligence Artificielle ».

La porte d'« Automate Simple » était légèrement entrouverte. Celle d'« Intelligence Artificielle » était fermée par un boitier à chiffre, à hauteur de visage.

— Ça me rappelle notre première rencontre avec Lizzy, lâchai-je pour combler le silence que mes compagnons s'obstinaient à garder. Vous pensez que quelqu'un est retenu ici, Holmes ?

— Norton ? demanda immédiatement Philip.

— Difficile à dire, répondit le détective en soupirant. Et plus difficile encore d'entrer. Mon frère est trop intelligent pour ne pas changer régulièrement de code et laisser le moindre indice susceptible d'aider quiconque à le deviner.

— Pourtant, certaines touches sont plus usées que d'autres... remarquai-je en me penchant par-dessus son épaule.

— Certes, répondit Holmes, mais vous êtes en face de Mycroft, Watson, l'usure des touches n'est pas un élément assez fiable pour être pris en compte. Il l'a certainement prévu.

— Du bluff ?

— En quelque sorte...

— Mais s'il s'agissait de double-bluff, intervint Philip, que Mycroft savait que vous alliez venir et...

— Non, le coupa Holmes. Cessez de dire des âneries. Je m'attendais à une aide plus concrète de votre part.

Philip lui lança un regard stupéfait, que j'imitai assez bien.

— Vous avez testé la poignée ? répliqua le prince en poussant Holmes pour prendre sa place.

Sans laisser le temps au détective de répondre, il agrippa ladite poignée et appuya dessus d'un coup sec. Il y eut un craquement sourd. Puis il poussa la porte, sans effort apparent, et l'ouvrit en grand, libérant un flot de lumière crue.

Je retins un rire.

— Voilà où vous mène le génie, lançai-je à Holmes. Vous créez des codes d'une complexité inégalée et vous oubliez de verrouiller vos portes !

— Taisez-vous, Watson, et sortez vos armes. Qui sait ce que nous allons trouver là-dedans.

Je me le tins pour dit et pénétrait à sa suite dans la pièce.

Momentanément aveuglée par la lumière blanche, qui tranchait radicalement avec la pénombre bleutée des couloirs, je mis un instant avant de pouvoir observer les alentours. Un cri d'effrois se bloqua dans ma gorge.

Nous nous trouvions encerclé par une armée de pantins inachevés, dont les regards vides nous fixaient sans nous voir. Ils étaient des dizaines, des centaines peut-être, assis, allongés, debout, sur le sol ou contre les murs, désarticulés ou figés dans une posture dérangée. Ce n'étaient que des silhouettes anonymes, androgynes, au visage presque inexistant. Certains se réduisaient à des squelettes emplis de rouages, d'autres se voyaient partiellement couverts de plaques lisses, de jauges et de boitiers, et d'autres encore de ce qui ressemblait horriblement à de la peau, de la peau humaine.

Il y en avait tant qu'ils finissaient par s'entasser, formant ici et là des piles instables d'où émergeait un bras, une main, un pied. Un instant, terrible en tous, je songeai qu'il s'agissait peut-être de cadavres, et que nous nous trouvions au beau milieu d'un charnier. Mon ventre se tordit et ma bouche s'assécha. J'eus beau me répéter qu'il ne s'agissait que de machines, une fois né, le doute refusa de me lâcher.

Une sorte chemin avait été dégagé, au milieu de cette armée inanimée. Holmes l'emprunta en tête, suivit de Philip. Je pris leur suite, les doigts crispés sur mes armes. Au fur et à mesure que nous avancions, je sentais peser sur moi les regards morts de toute une assemblée, qui me jugeait en silence.

— Monsieur Holmes, lâcha une voix d'homme, vous êtes en avance ! Je n'ai pas terminé le prototype dont nous avions parl... Vous n'êtes pas Monsieur Holmes.

Je dépassai les derniers automates et m'avançai jusqu'au centre de la pièce, où se tenaient déjà Holmes et Philip. Un large espace avait été dégagé, de la même envergure, environ, que notre salon.

Au milieu, derrière une table d'opération supportant un humanoïde doré au ventre grand ouvert, un homme patientait. Une lumière aveuglante était fixée sur son front, nous empêchant de distinguer ses traits.

— Pas le Holmes que vous attendiez, en tout cas, confirma le détective.

— Et vous, vous n'êtes pas Norton, enchaîna Philip.

Holmes lui jeta un regard sévère, signifiant peu ou prou que c'était à lui de faire la conversation avec les scientifiques fous, dans cette équipe.

L'homme sembla hésiter un instant, puis éteignit sa lampe frontale, nous permettant de l'observer sans être aveuglé. Je retins un hoquet de stupeur.

Son visage n'était qu'un amalgame de plaques métalliques percées de deux grosses lentilles, semblables à des lunettes de protection. Les plaques se faisaient de plus en plus petites à mesure qu'elles s'approchaient de ses lèvres, comme des écailles, ce qui lui permettait de les mouvoir et de parler sans peine. Il était habillé d'un veston marron, bien coupé, sur une chemise blanche et un pantalon au pli impeccable. Mais les mains qui sortaient de ses manches étaient des assemblages de pistons, de fils et d'engrenages nus.

— Un automate ? soufflai-je.

— Un cyborg, me corrigea Holmes. Presque entièrement mécanisé. Fascinant.

— À qui ai-je l'honneur ? demanda ledit cyborg en se saisissant, l'air de rien, du fer à souder posé sur sa table de travail.

— Sherlock Holmes, détective consultant, répondit l'intéressé. Et vous êtes... ?

— Alan Turing, répondit le cyborg.

— Alan Turing ? répéta Holmes surprit. Nous nous sommes croisé une fois, il y a très longtemps. Je ne vous aurais jamais reconnus.

— Sherlock Holmes... Cela me dit quelque chose, en effet... C'est Tesla qui vous a présenté, n'est-ce pas ? Comment va-t-il ? Toujours plongé sur ses projets de rayon de la mort ?

— Toujours, répondit Holmes, mais les choses n'ont pas tourné très bien pour sa carrière. Il regrette beaucoup votre disparition.

— Je lui avais dit de ne pas faire confiance à cet Edison, répondit le cyborg d'un ton désolé.

— Comment avez-vous atterrit ici ? demandai-je en désignant d'un air éloquent les automates immobiles qui nous entouraient.

Turing reposa son fer à souder. C'était difficile à dire, sous son visage d'acier, mais il se dégageait de sa posture une certaine tristesse.

— Après tout, pourquoi ne pas tout vous raconter ? abdiqua-t-il avec un soupir. Que fera Monsieur Holmes, lorsqu'il l'apprendra ? Il ne peut pas me tuer, et, de toute façon, cela fait longtemps que je ne sens plus la douleur. Suivez-moi.

Il fit volte face et se dirigea de l'autre extrémité du cercle d'automates, où se trouvait un deuxième couloir dégagé. J'échangeai un regard avec Holmes, qui hocha imperceptiblement la tête et prit la suite du cyborg. Je laissai passer Philip avant d'en faire de même, tentant vainement de ne croiser aucun des regards vides qui peuplaient l'espace.

Je remarquai ici et là, dans la salle gigantesque, la forme d'un établi abandonné, à moitié enfouis sous les prototypes inachevés, comme prisonniers d'une marée inexorable. Combien d'automates avaient été construits ici ? C'était proprement insensé.

Finalement, nous atteignîmes l'autre bout de la pièce. Sur le mur se découpait une porte sans battant. Turing y pénétra sans ralentir. La lumière s'alluma d'elle-même.

De l'autre côté se trouvait un petit salon confortable au sol couvert d'un épais tapis, au mur décoré d'un papier peint typiquement anglais et à la table dressée pour le thé. Un imposant fauteuil de cuir était posté dans un coin, à côté d'une bibliothèque débordant de livres et de documents. Une petite cuisine, surmontée d'étagères en bois, complétaient l'ameublement. Aucun lit. Je me demandai fugitivement si, en devenant cyborg, Turing n'avait pas perdu son besoin de sommeil. Ou peut-être sa capacité à dormir. Je me souvenais avoir lu un article dans le Lancet, à ce sujet, longtemps auparavant. Plus la mécanisation était avancé et moins les besoins physiques se faisaient sentir. Ainsi, certains cyborgs, au lieu de dormir et de manger, se désactivaient temporairement pour se recharger.

— Je ne sens plus vraiment le goût du thé, nous confia-t-il en se dirigeant vers sa petite cuisine, mais le rituel m'apaise. Vous boirez bien une tasse avec moi ? Asseyez-vous où vous voulez.

Il se saisit d'une bouilloire imposante et tourna un bouton, sur le couvercle. Nous nous assîmes par terre. Quelques instants plus tard, la bouilloire se mit à frémir, comblant le silence qui se faisait pesant.

— Heureusement, Monsieur Holmes amène parfois quelques amis à lui, reprit Turing. J'ai assez de tasses pour tous. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu autant de monde à la fois, toutefois...

Tout en parlant, il ouvrit un placard et en sortit plusieurs boites, duquel il extirpa des feuilles de thé et une théière de porcelaine délicatement peinte de motifs bleutés. Il ébouillanta la théière et les tasses, jeta l'eau, disposa les feuilles au fond de la théière, y versa un peu de liquide venue d'une carafe qui devait être froide, et, enfin, versa l'eau bouillante. Nous l'observâmes sans rien dire, pris d'un sentiment d'irréalité. Ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais lorsque Holmes parlait de s'infiltrer dans le laboratoire secret des Hommes de Lettres pour retrouver un scientifique misanthrope kidnappé des années plus tôt.

Un plateau supportant sa théière et ses trois tasses à la main, le cyborg s'assit sur le tapis, en face de nous.

— Malheureusement, nous confia-t-il sur un ton de regret, je n'ai plus de soucoupes. J'ai brisé la dernière il y a un mois et Monsieur Holmes ne m'en a toujours pas apporté de nouvelles.

— Ne vous en faites pas, répondis-je automatiquement en me saisissant de la tasse qu'il nous tendait.

Voyant que Holmes ne la portait pas à ses lèvres, je m'en abstins aussi et jetai à Philip un regard assez éloquent pour qu'il fasse de même.

— Et si vous nous expliquiez, déclara le détective en rivant son regard sur notre hôte, ce que vous faites ici et où se trouve Norton ?

Alan Turing soupira, porta plusieurs fois la tasse à ses lèvres, et commença à parler.

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