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Viktor et Tesla furent les premiers à arriver. Ils avaient croisé Gregson dans les couloirs, et ce dernier leur avait fait passer en vitesse le cordon des agents de sécurité avant de repartir à la recherche de Lizzy et Philip.

Le méca-horloger lâcha un cri ravi en entrant dans la pièce et se laissa presque tomber devant le la fausse Reine, comme un croyant devant une idole.

— C'était vrai ! balbutia-t-il. C'était vrai ! Un automate autonome... Une machine semblable à l'homme...

Viktor se contentait de hocher la tête d'un air à la fois grave et stupéfait, comme un spectateur devant une pièce assez brillamment interprétée pour le rendre muet.

La porte s'ouvrit de nouveau, laissant la place à une femme voilée. Lizzy. Je fus pris d'un étrange sentiment de malaise en la voyant si semblable à celle qui gisait à nos pieds, le regard éteint.

Quelques minutes plus tard, il y eut un nouveau bruit de pas et Gregson ouvrit la porte pour Philip, qui blanchit en voyant la femme inanimée sur le sol.

— Vous l'avez tué, lâcha-t-il d'une voix choquée en se penchant au-dessus du trou noir qui béait sur sa poitrine. Vous l'avez tué, répéta-t-il, comme s'il le réalisait vraiment, en dévisageant Holmes, puis moi. Vous aviez dit que vous ne tueriez personne ! Protéger des gens, je veux bien, mais participer à un assassinat...

Je ne sus quoi lui répondre. Ce n'était pas moi qui avais pressé la gâchette, mais je me sentais plus meurtrier que jamais. S'il l'avait fallut, je l'aurais tué, durant notre combat, sans question et sans état d'âme. J'avais honte de moi.

— Ne dites pas de sottises, rétorqua Holmes. Ce n'était qu'une machine. Une machine ne souffre pas, ne vit pas et ne meurt pas.

Philip tendit une main tremblante vers les paupières de la fausse reine, qu'il ferma doucement. Il ne répondit rien, les épaules ployées, la même expression choquée sur les traits.

— Holmes a raison, lâcha Lizzy d'une voix dure. C'était une machine. Et même si ça ne l'était pas... Elle s'est introduite dans ma chambre, cette nuit-là, pour m'enlever. Elle fait partie de ceux qui m'ont enfermé et drogué. Elle a presque mené le pays à la ruine. Je l'aurais volontiers tué de mes propres mains.

— Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? souffla Philip en relevant vers elle des yeux légèrement luisant. Ne valez-vous vraiment pas mieux que ça ?

Elle lui rendit son regard sans parler, vibrante de fureur contenue.

— Ne versez pas dans la sensiblerie, râla Tesla. Nous nous trouvons en face de l'automate le plus évolué de notre siècle et vous ne pensez qu'à pleurnicher ! Pour une fois, je suis d'accord avec Holmes...

— Je ne suis pas certain que ce soit un honneur, grinça le détective.

Je posai une main sur l'épaule du prince, qui fixait toujours Lizzy.

— Je ne sais pas, dis-je lentement. Holmes, vous avez entendu, comme moi... Elle avait l'air de ressentir des choses, non ? De la fureur, au moins, et certainement de l'orgueil...

Philip passa ses mains sur son visage.

— Assez de jérémiades, s'exclama Lizzy, ce qui est fait est fait ! Nous n'allons pas gagner la guerre ainsi ! J'ai un pays à redresser, un ennemi à écraser ! Tesla, j'ai cru comprendre que vous aviez travaillé dans l'armée... Je vais avoir besoin d'un génie pour revoir notre armement.

— À votre service, Votre Majesté ! s'exclama Tesla, radieux.

— Il est temps que l'Angleterre retrouve un peu de sa gloire d'antan !

Mon ventre se serra. N'y avait-il pas d'autre moyen ? Fallait-il attiser encore plus les braises du conflit en se lançant dans une course à l'armement ? Elle parlait de gloire et je ne voyais que des champs de batailles couverts de cadavres. Mais avais-je réellement le droit de dire quoi que ce soit, moi qui m'étais si lâchement enfui du front ?

— Et c'est tout ? lâcha Philip. La gloire de l'Angleterre ?

— Pardon ? s'offusqua la Reine.

— La vérité, lâcha le prince, amer, c'est que vous ne voulez pas cesser la guerre.

— N'est-ce pas précisément ce que je viens de dire ? répliqua-t-elle sèchement.

Philip se rembrunit.

— Non, déclarai-je pour venir à son secours, honteux qu'un jeune homme de moins de vingt ans ait plus le courage de ses opinions que moi. Vous venez de dire que vous voulez écraserez vos ennemis, pas que vous voulez cesser le conflit. Ce n'est pas la même chose, de vouloir la victoire et de vouloir éviter le plus grand nombre de morts...

Lizzy me jeta un regard blessé, comme si je l'avais trahi. Je déglutis. Je me sentis mal et soudain seul, pris de l'angoisse aussi dévorante qu'absurde d'être rejeté par mes amis pour avoir parlé contre eux.

— Laissons ces considérations pour le moment, voulez-vous ? trancha Holmes. Il nous reste un peu plus d'une heure et demie avant la fin de la représentation. Je ne pense pas qu'Irène Adler tente quelque chose au beau milieu de l'Opéra Royal, mais je préfèrerais ne pas me trouver dans sa loge, en compagnie du corps de sa complice, au moment où elle reviendra.

J'acquiesçai avec ferveur. Affronter un automate était déjà bien assez pour une journée.

— Où allons-nous ? demandai-je.

— Eh bien, à Buckingham, bien sûr ! me répondit tout naturellement Holmes. Nous raccompagnons la Reine jusqu'à chez elle, cela me semble la moindre des choses. De toute façon, il faut que j'ai quelques mots avec mon frère et je suis plus ou moins certain de le trouver dans les parages.

— Mais comment justifier l'absence de la Reine ? s'inquiéta Philip. Lorsque je suis allé dans sa loge, tout à l'heure, elle venait de disparaître et sa suite était complètement paniquée. La seule chose qui les retient de sonner l'alerte générale, c'est la peur d'un mouvement de foule les empêchant de mener leurs recherches à bien.

— Je dirai que j'avais une rencontre à faire, répondit Lizzy en haussant les épaules, une réunion extrêmement importante pour l'avenir du pays. Je dirai que le trône de Grèce s'est décidé à mettre sa fortune au service de la liberté et que nous venons de signer un contrat en secret, pour déjouer les tentatives d'espionnage ou d'assassinat.

— Personne ne va croire une chose pareille, répondit Philip, qui arborait un air légèrement surprit.

— Peut-être pas, répondit la Reine avec un sourire en coin, mais personne n'osera me suggérer que je mens, je vous assure. Et demain, je leur donnerai autre chose à penser.

— C'est-à-dire ? m'inquiétai-je.

Lorsqu'elle se tourna vers moi, sa posture s'était faite encore plus droite, ses lèvres plus fermes et son menton plus haut. Je me surpris à songer que je devrais peut-être cesser de l'appeler « Lizzy » et opter pour un « Votre Majesté ».

— L'Angleterre ne peut plus se laisser faire par la Prusse. Je pense que nous sommes tous d'accord sur ce point. Demain, je contacterai tout ce que la capitale comporte de journalistes. Je suis certaine qu'en présentant correctement les faits, je pourrais construire un beau mythe romantique, la souveraine légitime injustement dépossédé de son trône après la tragique mort de ses parents, remplacée par une usurpatrice créée dans les laboratoires darwinistes, ou quelque chose de ce goût-là. Le peuple aimera, n'est-ce pas ? Mon père disait que les gens aimaient les histoires. Tant que l'histoire est bonne, ils sont presque toujours prêts à la croire.

J'acquiesçai silencieusement, songeant que mon propre père aurait tout à fait pu dire une chose semblable.

— Toutefois, reprit-elle, j'ai cruellement besoin d'information. Je suis resté enfermée trop longtemps à l'écart du monde. Philip, j'ai besoin que vous me racontiez tout ce que vous savez de la politique actuelle, en insistant sur tout ce qui concerne la guerre et ceux qui constituent mon gouvernement. Après cela, Gregson, nous aurons à parler. Ce que j'ai vu à la surface ne me plait pas beaucoup. J'ai besoin d'un homme de confiance pour m'aider à redresser la police. Je veux une équipe anti-chimère et des patrouilles d'aide aux citoyens atteints par les bombardements. Pour commencer.

— Majesté, déclara gravement l'inspecteur en s'inclinant, je serais honoré de vous servir.

— Holmes, Watson, continua-t-elle en adressant un geste au policier pour signifier qu'elle acceptait son allégeance, vous êtes désormais mandatés par le trône pour tirer définitivement au clair cette histoire d'automates. Je veux savoir d'où ils viennent, qui était ce Norton, ce qui lui est arrivé, et comment mettre hors d'état de nuire Irène Adler et d'autres de son espèce, s'il y en avait.

Je hochai la tête, effrayé de la trouver si dure, si froide, et, quelque part, si semblable l'automate que nous venions d'occire.

— C'était dans mes intentions, répondit sobrement Holmes, peu impressionné.

Elle se tourna vers Philip, le seul à ne pas s'être manifesté. Il semblait hésiter, les mains derrière le dos, son regard passant de la fausse reine, étendu sur le sol, à la vraie. Cette dernière ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais se retint au dernier moment et resta quelques instants silencieuse, une lueur anxieuse au fond du regard.

— S'il vous plait, souffla presque la jeune fille, j'ai vraiment besoin de quelqu'un de confiance pour rester à mes côtés.

L'intonation qu'elle mit dans ses mots comportait plus qu'une note d'excuse et ses yeux suppliaient presque. Lizzy n'avait pas disparue, sous le masque d'Elizabeth II. Elle était toujours là, toujours aussi effrayée que la nuit où je l'avais surprise, assise dans l'obscurité, sur une table de la morgue.

— Je resterai avec vous, abdiqua finalement Philip, et cela suffit à leur arracher un sourire partagé.

~

Finalement, nous rendre jusqu'à Buckingham fut beaucoup moins compliqué que ce à quoi je m'attendais. Les nobles acceptèrent sans broncher l'explication laconique de Lizzy concernant sa disparition et sa nouvelle suite. En fait, j'en vis même un ou deux arborer une mine déçue en la voyant réapparaitre. Lizzy les vit aussi, hélas pour eux.

En écoutant distraitement les conversations, dans la luxueuse cabine d'ascenseur qui nous mena jusqu'à Buckingam (« sans présenter vos respects à la grande cantatrice, Votre Majesté ? » « Je lui ai envoyé une carte, Sir Roderick »), je crus comprendre que ce n'était pas la première fois que la Reine s'absentait pour réapparaitre en compagnie d'inconnus. J'en fis part à Holmes, qui ne fit que hocher la tête, songeur.

Puis Lizzy nous abandonna aux mains d'une armée de serviteurs qui, en notre qualité d'hôtes royaux, se chargèrent de nous fournirent des appartements appropriés, dont le lit était si luxueux que je culpabilisai presque de m'y allonger.

Le sommeil mit longtemps à m'emporter, luttant contre les pensées qui tournaient en boucle dans mon esprit.

Dans mes rêves, j'étais poursuivi par une automate sans visage qui sanglotai en me suppliant de l'aider. J'avais ma trousse de médecin, mais ne pouvais bouger. Alors elle se recroquevillait sur elle-même et mourrait. Je restai là, seul, au milieu d'un champ de bataille peuplé d'humains, de monstres et de machines, à me demander qui était vivant et qui ne l'était plus.

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