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— Holmes ? interrogea Lizzy, peu rassurée. Où nous emmenez-vous ?
Le détective se contenta de sourire et tourna brusquement, nous entrainant dans son sillage.
Il nous menait depuis plus d'une heure à travers les rues de Londres, selon un itinéraire si compliqué que même moi, qui estimait qu'il connaissait bien la cité, devait m'avouer complètement perdu. Tout ce que je savais, c'est que nous avions avaient quitté l'Est End. Pour le reste...
Holmes s'arrêta. Nous nous trouvions au fond d'une minuscule ruelle vide, devant une porte en bois décrépit. De l'autre côté du mur fissuré s'élevait une Tour aux parois d'acier, qui projetait sur nous une ombre si dense que la lampe qui brillait timidement, à côté de la porte, avait du mal à la déchirer.
— Ici, répondit-il à Lizzy, qui lui répondit d'un regard effaré.
Personne ne vivait dans les premiers étages des Tours. Les nobles étaient extrêmement hostiles à tous ceux qui osaient s'imaginer habiter dans le même bâtiment qu'eux et, au fil des années, une drôle de superstition s'était développé, faisant des premiers étages une sorte de no man's land entre la surface et le monde au-dessus des nuages.
Sans prendre en compte la moindre de ces considérations, Holmes plia les doigts et toqua sur la porte une série de coups longs et courts, que j'identifiai – trop tard – comme du morse.
Il y eut un bruit, une sorte de long grincement, et un judas apparut dans la porte, au niveau du visage.
— Sherlock Holmes ? s'exclama une voix.
La poignée frémit et le battant s'ouvrit, dévoilant, dans la pénombre, la longue silhouette d'un homme élégant au regard fiévreux, aux cheveux d'ébène et à la moustache parfaitement bien taillée, sous des joues légèrement creuses. Il était habillé d'un costard chic, quoique légèrement passé.
— Nikolas Tesla, salua le détective.
Je me crispai. Alors c'était lui ? C'était lui le méca-horloger qui avait envoyé sur le front des soldats « améliorés », des cyborgs uniquement conçus pour tuer ? C'était à lui qu'Holmes voulait demander de l'aide ? Il avait l'air simplement... humain. Je ne saurais dire quelle image je m'en étais fait, mais elle ne correspondait pas à celle de cet homme raffiné qui jetait sur notre compagnie un regard brûlant de curiosité.
— Que me vaut l'honneur de votre visite, Holmes ? reprit sarcastiquement l'objet de mes pensées. La dernière fois que nous nous sommes vu, vous avez remis en cause ma déontologie en utilisant quelques termes particulièrement blessant et avez juré sur vos grands dieux que vous n'aviez plus rien à faire avec moi. Vous comprenez que vous voir débarquer à ma porte, sans prévenir, en tête de toute une compagnie, me surprenne quelque peu.
— Il s'agit d'un cas de force majeure, soupira Holmes avant d'ajouter : nous avons besoin de votre aide.
Les sourcils de Tesla montèrent plusieurs degrés sous l'effet de la stupéfaction.
— Sherlock Holmes ? Le Sherlock Holmes, vient frapper à ma porte pour me demander de l'aide ? Mais c'est un jour historique ! Entrez, entrez, je vous prie ! ajouta-t-il en s'effaçant pour nous laisser passer.
Holmes arbora une mine légèrement vexée et, sans daigner l'honorer d'un commentaire, passa le premier. Je le suivis, amusé malgré moi. J'entendis mes amis m'emboiter le pas et une porte claqua, suivit d'une dizaine de cliquetis que j'associai à des verrous.
Nous nous trouvions dans un couloir sombre, dont je distinguai à peine les murs, extrêmement rapprochés.
— Par ici, lâcha Tesla en me dépassant pour reprendre la tête de la marque.
Il y eut un raclement, d'autres cliquetis de serrures, puis un carré de lumière blanche se dessina au bout du couloir, s'agrandissant au fur et à mesure qu'une autre porte était poussée, comme une invitation vers un monde éthéré.
J'avançais en clignant des yeux, légèrement méfiant, et m'arrêtai net, émerveillé.
L'atelier de Tesla était large et, surtout, extrêmement haut. Un escalier ouvragé grimpait en spirale le long des murs, couvrant ce qui devait correspondre à une dizaine d'étages. Du plafond était suspendue des dizaines de maquettes, squelettes et prototypes de machines inachevées, comme un peuple d'oiseaux figés. Une lumière blanche cascadait depuis un point invisible, bien au-dessus de nos têtes, offrant à la pièce aux murs immaculés l'aspect aérien d'un songe en suspend.
Comme dans l'atelier de Norton, ou celui du dirigeable, l'espace au sol était principalement occupé par des machines en constructions, des outils, des matériaux divers, des engrenages et des caisses étiquetés. Mais contrairement à ces ateliers, celui de Tesla semblait soigneusement rangé, ordonné selon un ordre qui m'échappait, mais dont l'influence se faisait sentir à travers chaque objet.
Au milieu de l'immense pièce, dont la superficie devait bien doubler celle du 221b, se trouvait une petite table en bois où patientait une bouteille de vin à moitié entamé et un verre vide, visiblement utilisé, à côté d'un repas abandonné.
— Pardonnez-moi, lâcha soudain Tesla, mais vous ne seriez pas...
Revenant à notre hôte, je m'aperçus qu'il regardait d'un air insistant en direction de Lizzy, Philip et Viktor. Gregson était penché sur un oiseau mécanique et Holmes semblait perdu dans ses pensées.
— Je suis la Reine d'Angleterre, répondit la jeune fille avec assurance.
— Et moi Napoléon, rétorqua négligemment l'autre. Je parlais de vous, s'expliqua-t-il en s'approchant de Viktor. Vous ne seriez pas...
Je m'attendais à une réplique théâtrale, suivit d'une présentation dramatique du médecin cyborg, mais, à ma grande surprise, n'obtint qu'un soupir las.
— Mais si ! s'excita Tesla. Vous êtes le Docteur Viktor Frankenstein ! Bon sang ! Je suis un fervent admirateur de vos travaux sur l'électricité ! Vous êtes un génie, monsieur, un visionnaire ! J'ai été absolument désolé d'apprendre votre disparition... Mais de vous à moi, je vous en prie, dites-moi : avez-vous réussi ? La grande expérience ? Ramener un mort à la vie ?
— Non, répondit Viktor d'une voix grave, plus grave que je ne lui avais jamais entendu.
— Mais...
— Le mort en question était mon fils de treize ans, assassiné à cause du manque de coopération de son père avec les darwinistes, et si mes expériences ont bien réveillé son corps, ce n'était plus lui qui l'habitait. Je vous enverrai bien mes travaux, mais ils ont brûlés dans l'incendie qui a emporté mon laboratoire. Et mon épouse. Et mon fils. Et la moitié de mon visage.
— Ah, fit le méca-horloger, déçu. Et vous n'avez pas...
— J'ai peur que non, répliqua le légiste. Mes recherches sont définitivement closes.
Voyant que Tesla ouvrait de nouveau la bouche pour parler, je m'approchai et me glissai entre lui et Viktor. Son passé n'appartenait qu'à lui.
— Nous sommes venus vous demander de nous aider à mettre hors d'état de nuire un automate autonome capable de prendre apparence humaine, lançai-je au méca-horloger.
Voilà qui eut au moins le mérite de détourner son attention.
— Pardon ?!
J'échangeai un regard avec Holmes, qui hocha la tête et m'envoya un regard que j'interprétai comme un « soyez bref ».
En quelques phrases, je résumai à Tesla, dont les yeux pétillaient assez pour s'enflammer, ce que nous savions de Norton et de ses créations. Lorsque j'eus terminé, il s'écarta et resta muet, un doigt tapant frénétiquement contre son menton, son regard perdu dans le vide.
— Norton... souffla-t-il. Norton...
Il releva la tête.
— Je n'ai jamais entendu parler de lui. Avez-vous au moins la moindre preuve de ce que vous avancez ?
— Eh bien, répondis-je, gêné, nous avons vu...
— Vous avez cru voir ! s'enflamma Tesla. Des automates autonomes ! Vous ne vous rendez pas compte ! C'est le rêve de tous les méca-horloger du monde, depuis des générations et des générations ! Des machines pensantes ! Des machines conscientes ! Ni Turing, ni moi n'en avons jamais approché, et vous venez me dire qu'un parfait inconnu aurait réussit, enterré six pieds sous terre, à créer l'être parfait ?!
— Je ne « crois » jamais voir, répliqua Holmes, légèrement cassant. Si je « croyais voir », Madame Hudson serait ici, et non au 221b.
— Vous êtes le créateur de Madame Hudson ? m'exclamai-je, surpris.
— Oh, vous avez vu cette beauté ? s'illumina Tesla. J'ai du la céder à Holmes en échange d'un petit service...
— Tel que vous innocenter d'une tentative de meurtre, vous évitant de justesse la potence.
— Est-ce ma faute si tous ceux qui connaissent Edison désirent l'assassiner ? Cette espèce de voleur, de tueur d'éléphant...
— Si vous acceptiez de vous concentrer sur l'affaire, le coupa Holmes, je vous en serai extrêmement reconnaissant. Vous avez parlé d'Allan Turing. Où est-il ? Cela fait des années que je n'ai pas eu de nouvelle de lui. Il pourrait nous être utile. Il était reconnu comme le plus grand expert en méca-horlogerie, la dernière fois que je l'ai rencontré.
— Oh, vous ne savez pas ? répondit Tesla, la voix soudain triste. Il a disparu.
Je vis distinctement l'étincelle d'intérêt s'allumer dans les yeux du détective.
— Disparu ? Quand ? Comment ?
— Un peu après le début de la guerre. Lorsque mon contrat avec l'armée s'est, disons, terminé, je suis rentré à Londres, mais ne l'ai trouvé nulle part. Son atelier était plein de poussière. Personne ne l'avait vu depuis des mois. La seule chose qui manquait était ses carnets de notes.
— Un peu après le début de la guerre... répéta Holmes.
Il ne termina pas, mais je me souviens qu'il s'agissait, d'après ses estimations, de la période où Norton avait été enlevé. Une plume bleue dansa dans mon esprit. Avaient-ils enlevé Turing aussi ? Je faillis poser la question à voix haute et l'aurait peut-être fait, si j'avais été seul avec Holmes.
J'aurais dû tout lui avouer la nuit dernière, sur le toit, ou chez Viktor, près du poêle. Tout aurait été plus simple. Mais comment gâcher de tels instants avec l'aveu de ma trahison ? Je savais que plus le temps passait et plus il me devenait difficile de confesser mon mensonge. Je crois qu'au fond, j'espérai qu'il découvre sans moi la vérité sur les Hommes de Lettre et ignore à tout jamais mon implication.
Il n'y a pas plus fou que celui qui se leurre lui-même.
— Il faut que vous nous aidiez, plaida Lizzy, me ramenant au présent. Il faut que vous nous fournissiez un moyen de la neutraliser... sans la tuer, ajouta-t-elle après un regard en direction de Philip.
Le méca-horloger paru réfléchir, ses doigts dansants frénétiquement dans l'air une valse invisible. Puis il se tourna vers Holmes et acquiesça, le front déjà plissé, comme prêt à absorber n'importe quelle donnée.
— Dites-moi tout ce que vous savez sur ce soi-disant automate.
Holmes commença aussitôt à lui décrire l'atelier de Norton et P-29, avec un tel luxe de détails que je me désintéressai vite de la conversation. Mes jambes commençaient à fatiguer, lasse de me faire traverser Londres en long et en large, alourdies par deux nuits d'insomnies. Délaissant mes amis, qui discutaient avec exaltation d'un sujet que je n'essayai même pas d'identifier, je me laissai tomber sur une caisse fermée adossée à un mur.
Mes paupières tombèrent d'elles-mêmes. À quelques mètres de moi, Holmes continuait de parler. Ses mots se fondirent progressivement les uns dans les autres, ne laissant que le timbre de sa voix douce, légèrement grave, me bercer.
Le sommeil m'attira gentiment dans ses bras. Je m'y abandonnai sans y penser, presque sans faire exprès. Le monde s'effaça.
~
— Watson ?
Je battis des paupières, tentant d'identifier l'identité de cette voix familière.
Holmes se tenait accroupit devant moi, sa main sur mon épaule. Me voyant m'éveiller, il la retira et me sourit.
— Bien dormit ?
— Surprenamment, oui, répondis-je d'une voix pâteuse en me redressant.
Quelqu'un m'avait recouvert d'une couverture.
— Je suis désolé, je ne voulais pas m'endormir. Quelle heure est-il ?
— Ne vous excusez pas, vous n'avez rien raté d'important et vous aviez l'air d'en avoir grandement besoin. Il est presque dix-huit heures trente.
— Tesla...
L'intéressé apparu dans mon champ de vision, l'air ravit. Il brandissait une sorte de fusil, aussi long que son bras, auquel avait été fixé un mélange hétéroclite de fils, de jauges et de boitiers.
— Il n'a assez de charge pour tirer qu'une seule fois, regretta-t-il. Visez bien et, surtout, faites attention à ne pas vous trouver sur un sol conducteur à ce moment-là. N'importe quelle machine touchée se trouvera aussitôt court-circuitée.
— Mais comment allons-nous faire pour l'atteindre ? demandai-je en me levant, étirant précautionneusement mes courbatures.
La blessure qui me barrait le dos était encore légèrement douloureuse, quoique supportable. Pourvu qu'elle se referme sans s'infecter !
— Il est de notoriété publique, intervint Philip, sur ma droite, que la Reine assiste à tous les concerts d'Irène Adler, qu'elle va souvent féliciter en privée, après, dans sa loge.
— Nous n'avons qu'à nous introduire dans la loge en question, nous arranger pour qu'Adler soit prise ailleurs, attirer la fausse Reine et la maîtriser, conclut Holmes, visiblement satisfait.
— Si ce n'est que cela, ironisai-je. Mais pourquoi ne pas se concentrer directement sur Adler ? C'est elle qui pourfends des gens, il me semble...
— Si la Reine est de son côté, répondit Holmes, nous seront traqués, arrêtés et exécutés avec un procès extrêmement bâclé. Il nous faut d'abord remettre la véritable Reine sur le trône, afin d'avoir une protection en haut-lieux.
— Et sauver l'Angleterre en lui rendant sa légitime souveraine, intervint Lizzy, légèrement grinçante.
— Bien sûr, bien sûr, confirma négligemment le détective. Après, nous pourrons nous occuper d'Adler sans craindre la police et essayer de percer une fois pour toutes le mystère de Norton et de ses automates.
— Un charmant programme, n'est-ce pas ? ironisa Gregson, un verre de vin à la main. Holmes nous a sortit un plan si infaillible que j'ai presque envie de parier sur nos chances d'en sortir en vie.
Le détective lui jeta un regard assassin et, jugeant certainement qu'il ne méritait pas mieux, l'ignora pour se retourner vers moi.
— Philip nous fera passer pour sa suite, reprit-il à mon intention, vous, Lizzy, Gregson et moi. En tant que prince et réfugié, il possède en permanence une loge attitrée à l'Opéra Royal. Tesla et Viktor se mêleront à la foule.
— Je connais personnellement tous les ouvreurs des opéras de Londres ! précisa le cyborg. Je suis déjà allé écouter dix ou douze fois Irène Adler chanter. Elle a une voix... Une voix... Les anges eux-mêmes doivent se taire pour l'écouter ! J'avais réservé deux places pour ce soir, pour Gabriel et moi...
Le visage de Lestrade dansa un instant dans ma mémoire, comme un fantôme persistant, furieux d'avoir été oublié. Mon cœur se serra. Nous étions toujours sans nouvelles de lui, et nul n'osa dire à voix haute ce que tous pensaient tout bas : Irène Adler avait fait son œuvre.
— Viktor et Tesla se mêleront au public, reprit Holmes en se raclant la gorge. Ils ne devraient pas intervenir, normalement. Vers la fin du premier entracte, Philip ira porter un message à la Reine, l'informant qu'Irène Adler l'attend dans sa loge. Normalement, vous n'aurez pas de mal à vous approcher d'elle, puisqu'elle vous a déjà reçu plusieurs fois. Il faudra trouver une excuse à votre rôle de messager. Vous pouvez peut-être le lier à votre brutale disparition, une aventure galante, que sais-je...
— Je me débrouillerai, répondit Philip, l'air sombre.
— Vous n'êtes pas obligé, intervins-je, m'attirant de Holmes un regard courroucé.
Il me sourit tristement.
— Je sais. Mais à part fuir de chez moi, je n'ai pas accompli grand-chose de ma vie, jusqu'ici. Autant faire preuve d'un peu de courage, pour changer...
Gregson s'approcha et lui donna une claque dans le dos, que l'autre accepta avec un petit cri étranglé.
— Pendant ce temps, reprit Holmes, que ces interruptions à répétitions commençaient visiblement à agacer, nous nous rendront, vous, Gregson et moi, dans la loge d'Adler. Une insigne de Scotland Yard devrait suffire à nous en approcher. Gregson, vous monterez la garde. Si Irène Adler essaie de rejoindre sa loge durant l'entracte, utilisez votre autorité pour l'en empêcher et l'attirer ailleurs, sous le prétexte d'une enquête, d'une menace sur sa vie, ou tout ce que vous voulez. En public, elle sera bien obligée de vous obéir. Watson et moi attendront la fausse Reine dans la loge.
Sur ces derniers mots, il tapota le fusil de Tesla.
— Elle n'essayera peut-être pas de vous tuer, tempéra Philip. Après tout, ce n'est pas elle qui a assassiné tous ses gens...
— Elle en a peut-être assassinée d'autres, pour autant que nous sachions, le corrigea Holmes sans état d'âme. N'oubliez pas qu'elle est la complice d'Adler et qu'elle l'a aidé à kidnapper Lizzy.
— Oui, j'aimerais que nous n'oubliions pas ce point, intervint la Reine en croisant les bras.
— Dans le meilleur des cas, finit Holmes, elle connaissait les crimes d'Adler et l'a laissé faire, ce qui est déjà assez grave pour être arrêté. Dans le pire des cas, elle l'a aidé.
Philip acquiesça silencieusement, comme s'il essayait de se faire à l'idée. Il fallait avouer qu'il était difficile d'imaginer une jeune femme de dix-sept ans assassiner sauvagement qui que ce soit, fut-elle à l'image de Lizzy.
— J'ai quelques costumes qui devrait vous aller ! reprit Tesla. Vous n'alliez tout de même pas vous rendre à l'opéra habillé comme cela ?
Holmes et moi échangeâmes un regard. Il fit la grimace et j'explosai de rire.
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