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Un bruit sourd me tira de mon sommeil, aussi bref qu'un coup de feu. Par réflexe, je fis jaillir mes lames et m'accroupis au sol. Les brumes de mon cauchemar subsistaient encore autour de moi, peuplant la pièce de cadavres indistincts.

Le volet claqua une deuxième fois contre le cadre de la fenêtre.

Le sang battait à mes oreilles, aussi assourdissant que le bruit des fusils.

Je laissai doucement se dissiper les dernières réminiscences de mes songes. Mes doigts glissèrent sur le manche de mes armes. Les lames se rétractèrent avec un sifflement mécontent. Je les posai doucement sur le sol.

Mes mains tremblaient. Je les observai un instant, l'esprit vide.

Et enfin, las, je me rassis et frottai mes yeux fatigués.

J'en avais plus qu'assez de ces cauchemars monstrueux qui mangeaient mes nuits. Quand trouverai-je enfin la paix ?

Je me levai sans bruit.

Accoudé à la fenêtre, frissonnant sous la caresse glacée du vent, j'observai longuement Londres, noyée dans l'ombre. Depuis le début des bombardements, nul n'osait plus faire briller de lumière la nuit, de peur de devenir une cible. Heureusement, les mauvaises conditions climatiques avaient, pour quelques jours, épargnées la cité. Mais ce n'était qu'un sursis...

Je laissai mon regard errer et se poser sur les Tours, blocs de ténèbres insondables. Mon esprit vagabonda, ramenant à ma mémoire quelques contes enfuis, de ceux qu'on racontait aux enfants ou qu'on chuchotait le soir avec un air de conspirateur. On disait que certaines Tours montaient si haut qu'elles quittaient la Terre. Qu'il y en avait une qui servait de demeure aux anges. Que certaines étaient hantés, ou maudites, et que ceux qui avaient essayé d'en atteindre le sommet avaient tous disparus.

Peut-être pourrais-je essayer, moi aussi. Grimper là-haut. Rejoindre le ciel. Et disparaître.

Qui cela dérangerait-il ?

Je jetai un coup d'œil dans mon dos, glissant sur les formes avachies de mes compagnons.

Qu'est-ce qui me retenait ici ? Ça faisait bien longtemps que je n'étais plus patriote. Pourquoi tant d'obstination de ma part ? Les complots, la Reine, la guerre, les ennemis invisibles, Lestrade, Gregson... En quoi cela me concernait-il finalement ?

Je me sentais vide. Si Holmes ne voulait plus de moi, j'étais complètement inutile.

J'enjambai la fenêtre.

Je remontai prudemment le toit en pente et m'y allongeai, cherchant dans le ciel d'encre quelques étoiles absentes.

Partir ?

Non. Non, bien sûr que non, mais qu'est-ce que je racontais ? Je n'abandonnerai personne ! Pas tant qu'on aura besoin de moi ! Et puis, j'avais beau ne plus être patriote, l'aventure me tendait les bras, je n'allais pas y renoncer aussi facilement !

Je souris en me traitant intérieurement d'idiot. Assez d'auto-apitoiement.

— Watson ?

Je sursautai et remontai un peu pour me fondre dans la pénombre.

Holmes franchit le cadre de la fenêtre, sa longue silhouette l'identifiant sans peine.

— Watson ? répéta-t-il un peu plus fort.

Emmitouflé dans une couverture, il me tournait le dos, scrutant les environs. Qu'est-ce qu'il me voulait encore ? Ne pouvait-on déprimer tranquillement dans cette ville ?

— Je suis là, répondis-je sans douceur.

Surpris, il se retourna brusquement, vacilla, et se rattrapa in extremis au rebord de la fenêtre. Par réflexe, je m'étais redressé pour l'aider, mais ma main tendue n'ayant plus d'utilité, je m'empressai de la faire disparaître.

— Que faites-vous ici ? grommelai-je. Vous devriez être en train de dormir. Ou de concocter un plan machiavélique qui nous sauvera tous. Pas de traîner sur les toits.

— Eh bien... commença-t-il, visiblement gêné. J'étais justement en train de réfléchir, lorsque je vous ai vu vous réveiller et sortir par la fenêtre...

— Et vous en avez conclu que je prenais la fuite, comme le lâche et le traître que je suis, c'est ça ? supposai-je, vexé.

— Quoi ? Non, pas du tout !

— Alors quoi ?

Il détourna le regard.

— J'ai pensé que peut-être, comme je vous avais si sèchement renvoyé, vous aviez décidé de nous quitter...

— Vous voulez dire que vous êtes sorti pour... me rattraper ?

Je lui jetai un regard incrédule.

— Je croyais que vous ne vouliez pas de moi ?

Il soupira et détourna la tête.

— Vous savez à quel point j'excelle dans les relations humaines, Watson. Mais je voulais simplement... Je voulais...

Je ne l'avais jamais vu aussi incertain. Une étrange pensée me traversa l'esprit. Et si Holmes, lui aussi, avait peur d'être abandonné ? Non, c'était ridicule...

— Vous excuser ? tentai-je doucement.

— Oui, répondit-il avec un pauvre sourire. C'était injuste, de ma part, de vous dire des choses pareilles. Ce n'était pas vrai. Pas vrai du tout. Et puis, les plans que j'étais en train de concevoir vous impliquaient, donc...

— Donc vous m'avez rattrapé dans un souci purement stratégique, c'est cela ?

— Exactement.

Mais sa main tendue démentait ses paroles. Je la saisis avec joie et la serrait peut-être un peu plus longtemps que nécessaire. Il venait de chasser les dernières brumes de ma tristesse.

— Watson, dit-il en récupérant sa main, cessez de sourire bêtement !

Je fis un effort pour reprendre une attitude stoïque, mais le coin de mes lèvres se redressa aussitôt, indépendant de ma volonté. Il laissa échapper un petit rire silencieux, qui s'éteignit lorsqu'une bourrasque glacée nous arracha à tous les deux le même frisson. Il s'assit, emmitouflé dans sa couverture, et je pris place à côté de lui, enfermé dans l'étreinte de mes bras.

Il hésita un instant, puis ouvrit sa couverture et m'en offrit la moitié, que j'acceptai avec reconnaissance.

— Ainsi, dis-je au bout d'un moment, nous avons enlevé la Reine.

— Techniquement, me répondit-il, pince sans rire, elle nous a suivis de son plein gré. En fait, c'est plutôt elle qui ne nous a pas laissé le choix...

— Holmes, êtes-vous en train d'insinuer que nous nous sommes fait kidnapper par la Reine ?

— Vous avez raison, Watson, cette défense ne tiendra jamais la route.

J'étouffai le rire qui menaçait de sortir de ma gorge.

— Pourtant, repris-je, je suis certain que cette version des faits lui plairait bien !

— C'est vrai, répondit-il en souriant. Elle serait capable de dire qu'elle nous a maîtrisé à elle seule.

— Mais elle nous a maîtrisé à elle seule...

— Pas du tout... J'étais en train de gagner du temps. J'allais la désarmer d'un instant à l'autre.

Cette fois, je laissai échapper mon rire, qu'il étouffa aussitôt en mettant sa main sur ma bouche.

— Chut, Watson ! souffla-t-il en se retenant visiblement de m'imiter. Vous allez les réveiller !

Nous restâmes un instant silencieux, en essayant tant bien que mal de reprendre notre sérieux. Lorsqu'il fut à peu près sûr que je n'allais pas trahir notre position, il retira mon bâillon et je fis un effort surhumain pour rester calme.

— Mais tout de même, chuchotai-je, admettez qu'au début, au moins, elle vous a bien roulé.

— Mon cher Watson, votre manque de foi est tout à fait déplorable, répondit-il en faisant semblant de prendre la mouche.

Je lui souris, et il me sourit en retour.

J'allais ajouter quelque chose lorsqu'un bruit ténu me fit lever la tête. Une forme énorme nous survola paresseusement, laissant traîner dans son sillage une ombre menaçante.

— Un dirigeable ? soufflai-je. Si bas ? Holmes, vous croyez qu'ils sont là pour nous ?

— Non, je ne pense pas... Mais sait-on jamais.

Il se releva, toute trace d'amusement disparu de son visage.

— Allons réveiller les autres et partons. Rien ne sert de traîner ici.

J'acquiesçai et l'imitai aussitôt.

— L'aube ne devrait plus tarder, de toute façon, commenta-t-il en se pliant pour repasser par la fenêtre.

— Attendez, lançai-je au dernier moment en attrapant son bras.

Il leva un sourcil interrogatif.

— Donnez sa chance à Gregson. S'il vous plaît.

Il réfléchit un instant, puis capta mon regard suppliant et soupira d'un air résigné avant de se pencher pour rentrer à l'intérieur.

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