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God save the Queen, scanda sans ferveur la foule d'invités.

La Reine allait pénétrer dans la salle d'une minute à l'autre, et, à en croire les murmures qui bruissaient tout autour de moi, ce n'était pas pour plaire au plus grand nombre.

Mécontenter la surface, c'était une chose. Mais perdre l'appui de Londres-d'en-haut, voilà qui était plus inquiétant pour le trône. Il aurait fallu de peu, pourtant, pour s'assurer la loyauté de la noblesse. Leur offrir un bon accès aux vivres et une surveillance aérienne constantes aurait même permis à la Reine de récolter, ici et là, quelques donations bienvenues. Mais Élizabeth II ne semblait se soucier que de fêtes à donner et d'argent à dépenser en futilité. Le discours qu'elle allait proclamer en arrivant avait intérêt à être convainquant.

Cependant, pour être franc, le manque de jugement de notre souveraine n'était pas au centre de mes préoccupations. J'avais abandonné mon patriotisme quelque part en France, dans un champ de boue et de sang, une tombe à ciel ouvert où dormaient pour l'éternité deux corps jamais retrouvés.

Non, ce qui m'inquiétait réellement, c'était l'absence de Holmes. L'heure de notre rendez-vous était dépassée depuis dix bonnes minutes. Lestrade aussi était en retard, mais je n'avais pas tardé à comprendre pourquoi : il s'était fait alpagué par Gregson et discutait âprement avec lui dans un coin de la pièce, à côté d'un jeune homme d'aspect timide qui se demandait visiblement ce qu'il faisait là. De mon détective, nulle trace.

Quittant mon poste, à côté de l'estrade royale, je m'extirpai de la foule pour gagner l'ombre d'un pilier. De là, je scrutais la salle, m'arrêtant sur chaque chevelure noire, chaque silhouette qui aurait pu trahir la présence de mon compagnon. Une drôle de boule se forma dans mon estomac. Où était-il ? Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Et s'il m'avait abandonné pour continuer l'enquête seul, sans protection ? Et si Irène Adler l'avait trouvé, et...

J'essayai de chasser de mon esprit la vision abominable du détective gisant dans une mare de sang, sa longue silhouette brisé, son visage figé au milieu d'un appel muet...

Bon sang, Holmes, où êtes-vous ?

Un mouvement attira mon attention, de l'autre côté de la salle, non loin du trône. Une trait rouge au milieu des robes pastels, et à sa suite... Holmes ! J'eus à peine le temps de saisir sa silhouette avant qu'elle ne disparaisse, mangée par l'obscurité d'un couloir. Il avait bel et bien trouvé Irène Adler. À moins que ce ne soit l'inverse ? Qu'importe. Je n'allais pas le laisser s'en tirer aussi facilement.

Mes doigts effleurèrent les poignées de mes sabres, accrochés à mes avant-bras, dissimulés par l'ampleur des manches de ma chemise banche. Puis je me jetai dans la foule, bousculant sans vergogne les nobles outrés afin d'obtenir le chemin le plus direct possible.

Le destin, hélas, ne se montra pas si conciliant. Alors que j'arrivai au milieu de la salle, les rideaux rouges derrière le trône frémirent et s'ouvrirent, révélant l'altière silhouette de la Reine. J'allai continuer ma route lorsque mon regard croisa celui d'un policier, qui fronça les sourcils. Personne ne pouvait se permettre de se ruer en direction du trône au moment où la Reine entrait. Du moins, personne qui ne soit suspect. La mort dans l'âme, je me résolus à ralentir, mon regard tourné vers l'estrade, comme si je cherchai un meilleur angle de vue.

Elizabeth II était très jeune. Elle devait avoir seize ou dix-sept ans, à peine. J'avoue qu'une étincelle de curiosité me poussa à la dévisager, malgré l'urgence de la situation. Après tout, je ne savais même pas à quoi elle ressemblait ! Je fus déçu de m'apercevoir que son masque, au contraire des simples loups dont étaient affublés les invités, couvrait l'intégralité de son visage. Il représentait un ours stylisé, subtile référence au roi Arthur, mythique fondateur de la nation. Une façon comme une autre de réaffirmer son pouvoir légitime.

Elle aurait pu paraître fragile si sa silhouette ne se tenait pas si droite, engoncée dans une robe émeraude sans fioriture qui lui donnait un air altier, renforcé par l'autorité de son port de tête et la posture de ses épaules. Ses cheveux noirs formaient de chaque côté du masque blanc et vert quatre anglaises parfaites.

— Cher invités, déclara-t-elle d'une voix posée, merci d'être venu ce soir. Oubliez vos soucis et amusez-vous, c'est votre Reine qui vous l'ordonne !

Des soucis ? Elle appelait la guerre, les bombardements et les chimères des « soucis » ? Les vagues de murmures mécontents reprirent, plus fort. J'en vis un ou deux, le bras orné d'une brassière noire, tourner le dos au trône. Une telle chose ne serait jamais arrivé du temps du roi Georges.

Je bousculai une dame, cherchant à m'approcher du couloir où Holmes avait disparu, mais le policier qui m'avait repéré plus tôt fronça les sourcils et commença à marcher dans ma direction. Jurant et pestant dans ma barbe, je fis volte-face et partit dans l'autre sens, mes yeux fouillant la foule à la recherche d'une silhouette familière...

— Lestrade ! m'exclamai-je en esquivant un noble mécontent pour apparaître au côté du policier. Dieu soit loué !

Il sursauta et se tourna vers moi, visiblement surpris. Je fus légèrement déconfit d'apercevoir Gregson juste à côté, se tourner en même temps dans ma direction. Il était accompagné d'un jeune homme qui me semblait vaguement familier. Tant pis.

— Que se passe-t-il ? s'inquiéta Lestrade, un ton plus bas, car la Reine parlait toujours.

— J'ai vu Irène Adler attirer Holmes à l'écart, expliquai-je rapidement, mais je ne peux pas le rejoindre, à cause des policiers. Ils vous laisseront passer, vous. Mais il faut faire vite, s'il vous plait !

— Vous êtes toujours persuadé que c'est elle la meurtrière ? grimaça Lestrade, hésitant.

— Irène Adler ? intervint Gregson, railleur. La cantatrice ? Vous croyez quoi, qu'elle tue les gens en chantant ? Il me semble que si Holmes l'a attiré à l'écart, c'est elle qui est le plus en danger...

— Je vous en prie, insistai-je auprès de Lestrade, ignorant son collègue. Au pire, je me serai trompé, et je présenterai mes excuses à qui vous voudrez !

— Soit, abdiqua Lestrade. Par où sont-ils partis ?

— Le couloir près du trône !

— Près du trône ? s'inquiéta le jeune homme qui accompagnait Gregson. La Reine est-elle en danger ?

— Je ne sais pas, mais, pour l'amour de Dieu, dépêchons-nous ! explosai-je en attrapant le bras de Lestrade pour le tirer à travers la foule.

Il se dégagea et, l'air légèrement irrité, passa devant moi, son badge à la main. Un coup d'œil par-dessus mon épaule eu le déplaisir de m'apprendre que Gregson suivait, son compagnon sur les talons.

Cette fois, les policiers s'écartèrent, libérant l'entrée du couloir. Nous nous y engouffrâmes aussitôt, laissant la Reine, dans notre dos, poursuivre son discours.

Hors de la salle de bal, il devenait évident que la Forteresse Volante n'était pas habitée. Les murs étaient vides, le sol à peine recouvert d'un tapis usé. Des portes se découpaient à intervalle régulier, éclairées par la lumière hésitante des lampes-tempêtes fixées aux parois. Elles étaient toutes fermées.

Deux pas plus loin, le couloir se séparait en deux.

— Vous n'êtes pas obligé de nous suivre, lança sèchement Lestrade à son collègue. Ce n'est pas votre affaire.

— Tout ce qui me semble suspect relève de mon affaire, rétorqua l'autre sur le même ton. Et le comportement de Sherlock Holmes me semble foutrement suspect. Sans parler du vôtre...

— Par où sont-ils partis ? me demanda Lestrade sans le laisser terminer.

— Je ne sais pas ! répondis-je, une note de désespoir dans la voix, en inspectant fiévreusement les deux voies qui s'offraient à nous.

Pourvu qu'il ne soit pas trop tard. Bon Dieu, faites qu'il ne soit pas trop tard...

— On peut accéder aux appartements royaux, par là, intervint timidement le jeune homme en pointant du doigt le couloir de droite.

Je me tournai vers lui, soudain intéressé. Qui était-il ? Il ressemblait à un prince, ou un noble extrêmement bien nanti. Qu'importe. D'abord, retrouver Holmes.

Les sabres au clair, je m'engouffrai dans le passage désigné. Rien ne m'assurait qu'Irène Adler l'ait emprunté, mais Holmes n'avait-il pas mentionné que sa prochaine cible serait un membre du gouvernement ? Et si elle choisissait le membre le plus influent ? Ça ne m'aurait pas étonné que la Reine porte une plume entre l'index et le majeur.

— Attendez ! appela Lestrade, dans mon dos.

Sans l'écouter, j'accélérai le pas, me mettant à courir. J'avais l'impression que quelque chose d'abominable était sur le point de se produire et ce pressentiment m'oppressait affreusement.

— Holmes ! criai-je, en désespoir de cause.

Un cri de femme retentit, tranchant le silence. Je me précipitai en avant. Devant une porte entrouverte, d'où perçait un rai de lumière, deux gardes étaient allongés, inanimés. Je les enjambai pour ouvrir la porte, armes aux poings, prêt à tout.

Sauf à ça, peut-être.

Holmes était agenouillé sur le sol, les mains et les bras couverts de sang. Devant lui, un homme gisait, égorgé. Il le regardait avec des yeux vides, effaré.

— Holmes ? balbutiai-je.

Il releva la tête dans ma direction.

— Watson ! s'exclama-t-il d'une voix infiniment soulagée. Watson, il faut... Il faut que vous m'aidiez !

Je rengainai mes sabres et fit le tour du corps pour m'approcher de lui. Il me regarda faire, toujours à genoux, ses mains rouges grandes ouvertes devant son visage, comme s'il ne savait qu'en faire, ou qu'il n'était plus très sûr d'en être le propriétaire.

— Holmes, dis-je lentement en m'accroupissant, retrouvant par réflexe le ton d'un médecin rassurant ses patients. Que s'est-il passé ?

— Elle... Elle m'a forcé à venir jusqu'ici, répondit-il, la voix un peu plus stable. Il y avait cet homme qui patientait... Elle lui a dit qu'elle avait apprit autre part tout ce qu'il pourrait lui dire. Et elle l'a tué. C'est allé incroyablement vite. Un instant, elle me tenait le poignet, et l'autre, elle était sur lui, un sabre à la main, et il criait... J'ai voulu stopper l'hémorragie, mais je n'ai pas...

Je jetai un coup d'œil au corps qui gisait à nos côtés. Son visage m'était très vaguement familier.

— Dieu du ciel ! s'exclama une voix.

Lestrade venait d'entrer dans la pièce. Un air choqué dansait sur son visage pâle, visiblement au bord de la nausée. Gregson le poussa pour pouvoir entrer à son tour.

— Bon sang... marmonna-t-il, ses yeux partant du corps pour s'arrêter sur le détective aux mains ensanglantées.

Je me tournai vers Holmes, attendant l'inévitable remarque qui allait nous sortir de ce pétrin. Mais, toujours aussi pâle, le détective se tînt coi. C'était la première fois que je le voyais si dépassé par la situation et ça n'eut pas l'heur de me rassurer.

— Vous êtes tous les deux en état d'arrestation ! s'exclama Gregson en sortant de sous sa veste un mousquet électrique qui commença aussitôt à grésiller. Ne faites plus le moindre geste !

— Attendez, plaida Lestrade. Gregson, il y a certainement une explication...

— Une explication ? s'étouffa l'autre. Il est seul, dans les appartements de la Reine, les mains pleines de sang, en compagnie d'un cadavre frais ! Je ne vois pas ce qu'il vous faudrait de plus !

— Elle a pris un passage secret, répliqua Holmes en se relevant enfin. Là-bas, derrière le tableau...

— Qui ? répliqua Gregson, à la fois railleur et accusateur. La cantatrice ?

— Ce n'est pas possible, intervint une voix, celle du jeune homme resté sur le pas de la porte. Écoutez.

Nous nous tûmes. L'écho d'applaudissements lointains nous parvint, depuis la salle de bal. Puis une note de musique, et, finalement, une voix claire, lumineuses, aux harmonies angéliques.

— Elle est retournée chanter, murmura Holmes, mi-effaré, mi-admiratif.

— Conneries, lâcha Gregson, son mousquet toujours menaçant. Levez les mains. Tous les deux.

J'obéis, la mort dans l'âme.

— Gregson, plaida Holmes, quelqu'un essaie de me piéger. Je ne pourrais jamais l'arrêter si vous m'envoyez en prison. Les meurtres continueront.

— Au nom de la loi...

— Attendez ! le coupa Lestrade. Pour l'amour du ciel, Gregson, écoutez... Holmes n'est pas un assassin. Il est beaucoup de choses, mais pas un assassin. Et il est certainement notre meilleure chance de l'arrêter ! Si nous...

— Inspecteur Gabriel Lestrade de Scotland Yard, le coupa l'autre à son tour, ça fait des années que je rêve de prononcer ces paroles : si vous faites obstacle à la justice, je me verrai dans l'obligation de vous arrêter séance tenante !

L'inspecteur sembla hésiter. Ses yeux passèrent du corps à Holmes, puis de Holmes à moi. Nous échangeâmes un regard désespéré.

Puis il lâcha un profond soupir et vint se placer entre nous et le policier.

— Il semble que vous vous soyez mis dans un sacré pétrin, Holmes, lança-t-il d'une voix résignée.

— Lestrade... commença le détective.

— Dépêchez-vous de disparaître ! le coupa l'autre. Je ne le retiendrai pas longtemps. Je compte sur vous pour prouver au plus tôt votre innocence et Watson, pour l'amour du ciel, empêchez-le de se faire tuer !

Puis il se jeta sur un Gregson sidéré et, d'un grand geste de la main, lui arracha son mousquet.

Holmes m'attrapa le bras et me tira vers le tableau qu'il avait désigné, deux minutes plus tôt. Son doigt enfonça une moulure. La paroi glissa sans un bruit, révélant un escalier plongé dans la pénombre.

Je jetai un dernier regard à l'inspecteur avant de le suivre à l'intérieur.

Plus tard, je regretterai cet adieu trop rapide. Nous aurions dû insister, l'empêcher de prendre notre défense, le forcer à nous suivre...

Mais, en toute honnêteté, personne n'aurait pu se douter de la manière dont les choses allaient tourner.

La paroi se referma dans notre dos. La dernière vision que j'emportai fut celle de Lestrade mettant son poing dans la figure de Gregson. Étrangement réconfortant.

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