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Le front appuyé contre la vitre de l'ascenseur, j'observais les toits de Londres s'éloigner et rapetisser, pour ne former bientôt qu'un unique tissu à la texture changeante.

Le soleil déjà rougeoyant faisait luire les Tours. À moins que ce ne soit le reflet des incendies qui défiguraient la cité, laissant dans le paysage de monstrueuses cicatrices.

Des médecins avaient été dépêchés sur les lieux des sinistres. J'avais fini par leur laisser la place, sur le conseil d'un Holmes pour une fois compatissant.

J'avais fini par refaire au mieux les bandages qui me couvrait le dos. Je ne voulais pas tacher mes vêtements et ne voulais pas non plus que quelqu'un s'inquiète.

Le 221b étant sens-dessus, Lestrade nous avait invité chez lui, pour nous remettre de nos émotions et nous prêter les habits nécessaires à la soirée qui nous attendait. Sa charmante sœur nous avait accueillit à bras ouverts, visiblement soulagée de voir son aîné rentrer sain et sauf.

Apparemment, la famille Lestrade, autrefois prestigieuse, ne comptait plus qu'eux deux. Helen Lestrade m'avait expliqué, sans gêne aucune, que leur maison avait perdu fortune et pouvoir à la mort de ses parents, lorsqu'ils étaient enfants, ce qui les avait obligés à déménager dans les plus bas étages et poussé les autres branches de la famille à oublier leur existence. Mais, d'après elle, ils ne s'en portaient pas plus mal. Elle pouvait s'adonner à sa passion – elle était apparemment une excellente méca-horlogère – sans se préoccuper du jugement de ses pairs, et lui pouvait faire son travail sans craindre d'éventuelles retombées sur le prestige de son blason.

Je commençais à réellement apprécier l'inspecteur. J'étais d'ailleurs certain – et le suis toujours – que malgré ses incessantes rebuffades, Holmes aussi l'aimait bien.

Je jetai un regard en coin au détective perdu dans ses pensées. Fini, l'ermite mal léché en robe de chambre élimée : celui qui nous accompagnait était désormais un dandy raffiné, auquel chaque geste conférait une fascinante élégance. Captant mon attention, il haussa un sourcil interrogateur. Embarrassé, je reportai mon regard sur le paysage.

La nuit se coula sur le monde, plus froide que jamais. Mon reflet jaillit devant moi, sur les parois de la cabine. Il me dévisagea, un peu moqueur dans ses habits luxueux. Une part de moi criait à l'imposture. Une autre, plus ancienne, plus enfouie, se sentait à sa place.

Je recouvris mon visage du masque que m'avait donné Lestrade. Un de plus.

— Les trois-quarts des forces de police seront présentes ce soir, déclara soudain l'inspecteur.

Interloqué, je me retournai.

— Les trois-quarts ? Ne devraient-ils pas patrouiller, débusquer les chimères, apporter de l'aide aux victimes, ou que sais-je encore ?

— Certes, grinça-t-il, mais c'est un ordre direct de la Reine. Notre bien aimée souveraine est apparemment catastrophée à l'idée que les nobles de sa cour soient en danger. Son peuple, par contre...

Je ne pouvais pas lui reprocher la pointe de mépris qui perçait dans sa voix. Lorsqu'elle avait reprit le trône de ses parents assassinés, Elizabeth II avait sous sa couronne un peuple uni qui brûlait d'en découdre avec la Prusse. C'est durant cette période que je servis sur le front. Au cours de la deuxième année de son règne, toutefois, les choses avaient commencés à se dégrader. Il est apparu que la souveraine était plus attirée par les bals et les réceptions que la défense du monde libre. L'Angleterre adopta peu à peu une position passive face à l'ennemi, envoyant de moins en moins de soldats, abandonnant ses alliés les uns après les autres. La fissure, entre les classes sociales, devint un gouffre, les nobles s'octroyant de plus en plus de privilèges aux dépens de la surface, s'attirant une haine qu'ils rendaient par le mépris et l'indifférence. L'Angleterre n'avait jamais été aussi proche de la ruine.

— De toute façon, plaisanta Holmes, les policiers n'ont jamais été d'une grande utilité.

Étrangement, Lestrade ne trouva pas la remarque à son goût et se tut, plongeant la cabine dans un silence morne.

Une forme me fit lever les yeux. Au-dessus de nos têtes grandissait l'ombre monstrueuse de la Forteresse Volante.

En fait de forteresse, il s'agissait d'un énorme dirigeable créé lors de la Première Guerre mondiale. Il avait initialement pour but de devenir un nouveau Buckingham Palace, capable de se déplacer jusqu'aux champs de batailles, mais il était apparu peu après sa construction que les ingénieurs avaient vu trop grand, et qu'un tel bâtiment, si lent, faisait pour l'ennemi une cible de choix.

En désespoir de cause, il avait été converti en lieux de réception et de fête pour la haute société, qui en avait fait un symbole du faste de l'entre-deux guerres. Il errait depuis dans les plus hauts étages, comme un vaisseau fantôme que l'on faisait parfois brièvement revenir à la vie, le temps d'une soirée, puis qu'on oubliait. J'avais entendu dire que, les finances du royaume déclinant, le bâtiment allait bientôt être abandonné. Un monumental gâchis.

Notre cabine s'ouvrit, imitée par ses nombreuses voisines. Nous étions au même niveau que Buckingham Palace, le plus haut manoir de Londres, mais les Tours, elles, continuaient leur ascension, plongées dans la pénombre. Un tunnel aux dimensions faramineuses avait été monté pour l'occasion, depuis l'Ascenseur jusqu'à la passerelle du dirigeable. Les lumières du bal dansaient sur les parois de verre, scintillantes coulées d'or distordues par la distance.

Je découvris rapidement que si, de loin, la fête semblait endiablée, les sourires étaient plus que jamais factices. Derrière chaque parole polie grondait une récrimination. La Reine ne voyait-elle pas l'inconvenance d'une telle invitation ? Ne pensait-elle réellement qu'à s'amuser et dépenser l'argent de l'État au moment où il en avait le plus besoin ? Même pour les nobles, faire la fête le premier soir des bombardements, alors que Londres brûlait encore sous leurs pieds, avait quelque chose d'obscène, d'inconvenant. Certains marchaient à l'écart, le regard sombre, la mâchoire serrée, l'épaule recouverte de noir. Les dommages de cette première attaque ne s'étaient pas limités à la surface.

Et pourtant, songeai-je, soudain cynique, ils étaient venus. Dans la bonne société, on ne refusait pas une invitation royale. On ne risquait pas sa place à la cour pour une simple question de morale.

Enfin, nous pénétrâmes dans la grande salle. Bien entendu, personne n'annonça notre arrivée, et nous passâmes totalement inaperçus.

La magnificence de l'endroit me coupa le souffle.

À la place des murs, d'imposantes baies vitrés laissaient entrer la nuit, entrecoupées de larges colonnes métalliques. En levant les yeux pour estimer la hauteur du plafond, je rencontrai un lustre explosant de lumière, qui éclaboussa mes rétines de tâches persistantes.

La musique changea. Et, soudain, comme une seule entité, la foule nous engloutit, nous emportant dans l'élan d'une marée gigantesque, bousculés sans vergogne par ces silhouettes bigarrées qui allaient et venaient en vagues aussi lentes qu'inexorables, me lançant pêle-mêle au visage le bruit des conversations, le scintillement des tenus, la caresse des robes de soie et les parfums enivrants, entêtants jusqu'à la nausée. Le parquet poli et les baies vitrées renvoyaient en miroir ces ombres floues, mouvantes, fondues les unes dans les autres comme un énorme monstre aux écailles diaprées.

Parmi toutes cette débauche de couleur flottaient mille masques de porcelaines, dont la blancheur fantomatique tranchait l'incarnat. C'était une foule de sans visages.

Incongrus, des policiers circulaient parmi les invités, la face découverte, rappelant involontairement la menace qui pesait sur cette armée de fantômes.

Au fond de la salle, sur une petite estrade, le trône vide de la Reine jugeait la cour. Qui lui rendait allégrement la pareille.

— Watson, me souffla Holmes en me tirant à l'écart, ne vous déconcentrez pas.

— Mais, Holmes, bégayai-je en ajustant mon loup, comment voulez-vous retrouver notre femme dans une telle foule ?

— Lestrade, a quelle heure doit-elle chanter ?

— À la toute fin de la soirée, répondit le policier, vers minuit. Nous avons le temps.

— Non, le contredit Holmes, car elle pourrait très bien choisir de tuer ce soir, et si c'est le cas, elle frappera avant : son récital attirera l'attention sur elle, limitant ses mouvements. Nous devons la retrouver au plus vite.

— Ce qui est bien avec vous, Holmes, raillai-je, c'est que vous savez vous montrer encourageant.

— Lestrade, continua le détective en se tournant vers l'intéressé, tous les membres du gouvernement sont invités, n'est-ce pas ?

— En effet...

— Je parierais que notre victime est l'un de ceux-là.

— Pourquoi ? demandai-je, interloqué.

— Une petite théorie...

Le coin de sa bouche se releva en un sourire espiègle.

— Séparons-nous, conclut-il. Nous nous retrouverons dans une heure, à côté de l'estrade royale.

L'inspecteur fit un signe de tête et rejoignit les convives, se dirigeant d'emblée vers une tête blonde au sourire gracile qui lui faisait de l'œil depuis notre arrivé.

Lorsque je tournais la tête, Holmes aussi avait disparu.

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