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— Watson, réveillez-vous, appela Holmes en me secouant gentiment l'épaule.

J'ouvris les yeux à contre-cœur et grognai lorsque la douleur de mon dos se rappela à mon souvenir. Mon épaule s'était calmé, heureusement, et les bleus qui naissaient sur mon ventre, quoique impressionnants à voir, étaient supportables.

Je sortis précautionneusement de la voiture, me crispant à chaque mouvement. Quelques mèches vinrent aussitôt se disputer devant mes yeux, bloquant ma vue. Je fouillai dans mes poches à la recherche de mes lunettes, miraculeusement indemnes, que je fixai sur mon front.

Holmes eut un mince sourire en avisant ma mine déconfite. Il semblait plein d'énergie, mais ses cernes me disaient qu'il n'avait pas ou peu dormi. Il avait enfilé sur son torse nu une veste légère, certainement trouvée dans la voiture, mais je doutais qu'elle soit très efficace contre le froid qui me gelait la peau, malgré ma cape.

J'en ressentis une vague culpabilité et un brin d'énervement. C'était ma faute s'il avait déchiré si cavalièrement sa chemise, mais le manque de considération qu'il avait envers sa propre santé – ne pas manger et ne pas dormir, entre autre – soulevait mon indignation de médecin et l'inquiétude de mon affection naissante.

Je secouai la tête pour chasser ses pensées et reportai mon attention sur le décor environnant.

Tout était silencieux. Anormalement silencieux.

Dans ce paysage sombre et dévasté, j'eus soudain l'impression que nous étions les dernières personnes vivantes sur terre. La surface me semblait bien trop lointaine pour exister. Tout avait sombré dans le silence et l'obscurité.

— Comment allons-nous remonter ? demandai-je enfin, effrayé par l'écho de mes propres paroles.

— Je ne sais pas encore, me répondit Holmes, la mine préoccupée. Pour le moment, contentons-nous de suivre l'itinéraire d'Aragon. Cette femme en rouge m'intrigue de plus en plus. Si aucune solution ne se présente d'ici là... Nous aviserons. De toute façon, nous ne pouvons pas emprunter la voix par laquelle nous sommes arrivés.

— À quelle profondeur sommes-nous, exactement ? Non, en fait, ne me dites rien, je préfère ne pas savoir.

Il haussa un sourcil.

— Quatre ou cinq kilomètres sous terre, je dirais.

— Je vous avais dit de ne pas me le dire !

— Vous étiez légèrement contradictoire, Watson. Sans vouloir vous vexer.

Du coffre ouvert, il sortit une vieille lampe à gaz.

— Allons-y, déclara-t-il en faisant naître la flamme. Inutile de nous attarder plus longtemps.

— Nous ne prenons pas la voiture ?

— Je préfère miser sur la discrétion. De plus, les rues me semblent dangereusement étroites, cela m'étonnerait que nous allions bien loin. Ça ira ?

— Ça ira, répondis-je d'un ton que j'espérai confiant.

Il m'adressa un regard indéchiffrable avant de se mettre en route. Je m'enfonçai à sa suite dans la ville silencieuse, vaguement rassuré par le poids de mes sabres, dans la poche de mon pantalon.

Les rues étaient vides.

Le halo de la lampe glissait lentement le long des façades mortes, butant contre une enseigne branlante, un volet éventré, parfois aspiré par le trou béant d'une porte disparue. À l'intérieur des demeures abandonnées, quelques meubles finissaient de s'effondrer, couvert d'un épais manteau de poussière. Les lampadaires, comme des gardiens immémoriaux, jalonnait notre lente progression.

Des traces du passé persistaient ici et là, trahissant une vie disparue. Un bout de journal déchiré, un jouet brisé, un chapeau perdu... Rien ne bougeait plus. Figée, la ville déserte ressemblait à un immense mausolée.

— Holmes, soufflai-je, n'y tenant plus. Que s'est-il passé ici ? Où sont les habitants ?

— Nul ne le sait, Watson, me répondit-il d'une voix normale. Les quartiers fantômes font partie des mystères de Londres. D'après les documents que j'ai pu consulter, Whitechapel descendait autrefois jusqu'à vingt étages. Mais, depuis quelques années, les paliers les plus profonds se dépeuplent mystérieusement. Du jour au lendemain, des quartiers entiers sont retrouvés déserts, les habitants disparus ou en fuite.

— Sans explication ?

— Pas de leur part, en tout cas. J'ai mené une rapide investigation sur le sujet, il y a quelque temps. Les témoignages sont pour le moins incohérents. Il est question de murmures, d'ombres qui parlent, de silhouettes non humaines ou à demi humaines, de disparitions inexplicables...

— Vous... Vous avez une théorie ? demandai-je en me rapprochant imperceptiblement de lui.

— Ne prenez pas cet air terrorisé, Watson, s'amusa-t-il. Je vous aurais cru plus cartésien. Je pense tout simplement qu'à force de creuser la terre, les hommes ont libéré quelques poches de gaz hallucinogènes.

— Vous nous avez amené dans un endroit où l'air est empoisonné ?

— Oh, ne vous en faites pas, le gaz, si gaz il y eut, doit s'être évaporé depuis. Du moins, selon toute probabilité.

— Merci, Holmes, vous me rassurez grandement.

— Mais de rien, Watson...

J'allai ajouter quelque chose, mais il plaqua sa main sur ma bouche pour m'en empêcher.

— Écoutez, murmura-t-il en me libérant.

Je tendis l'oreille. Au début, je ne perçus rien, rien d'autre que ma respiration rapide et celle du détective, tout prêt de moi. Puis l'écho me parvint, si faible que je crus d'abord que mon esprit me jouait des tours.

Mais non, dans l'air persistait bien un tic-tac lent, régulier, comme une montre bien remontée.

Je me tournais vers Holmes, l'interrogeant du regard. Il secoua la tête lentement, me signifiant qu'il n'en savait pas plus. Je me crispai.

Le bruit se fit plus fort.

Quoi que ce soit, ça se déplaçait.

Ça se rapprochait.

Mes mains se nouèrent autour de mes armes, défenses dérisoires. Que peut l'acier contre une menace si intangible ?

Au tic-tac se mêla un autre son, régulier, répétitif. Un cliquetis métallique.

Je fouillai les ombres du regard, frissonnant à chaque fenêtre ouverte sur le néant, chaque ruelle mangée de ténèbre.

Ça se rapprochait encore.

Tic-tac. Cliquetis. Tic-tac. Cliquetis.

Ça venait de droite.

Tic-tac. Cliquetis. Tic-tac. Cliquetis.

Holmes brandit la lanterne vers une ruelle sombre, que la lumière atteignait à peine.

Tic-tac. Cliquetis. Tic-tac. Cliquetis.

Je me plaçai devant le détective, mes sabres au clair. Il posa une main sur mon épaule.

Tic-tac. Cliquetis. Tic-tac. Cliquetis.

La chose ne bougeait plus.

Elle était tout près.

Le cliquetis avait cessé.

J'abîmai mes yeux à fouiller l'obscurité, crispé sur les poignées de mes sabres.

Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac.

Puis mon regard s'habitua à la nuit, et je la vis.

Une forme, au milieu de la ruelle. Une silhouette humaine. Absolument immobile.

À cet instant, deux certitudes contradictoires se heurtèrent dans mon esprit. La première, c'était que cette chose nous observait. La seconde, c'est qu'aucun être vivant sur terre ne pouvait être aussi immobile. Les humains, comme les animaux, respirent, battent des cils, sont agités de mille mouvements imperceptibles que l'esprit reconnaît inconsciemment... Mais cette chose-là, dans la ruelle, cette silhouette humaine, n'était pas agité du moindre tremblement, de la moindre oscillation. Aussi figée qu'une statue. Impossiblement immobile.

Une vague glacée roula sur ma peau, tandis que mes mains se serraient plus fort, presque douloureusement, sur mes armes.

— Qui êtes-vous ? lançai-je à l'ombre qui me terrifiait.

Tic-tac. Cliquetis. Tic-tac. Cliquetis.

La chose s'avança, pénétrant dans le halo de lumière. Je retins mon souffle.

C'était une femme. Ou, du moins, ça ressemblait à une femme.

Son visage n'était qu'un masque métallique aux reflets cuivrés. Il lui sculptait des pommettes rondes, un nez fin, et une bouche aux lèvres pleines, recouvertes d'une couche de peinture écaillée. Son regard était incarné par deux billes rondes, entièrement noires. Je compris avec une tristesse diffuse que ces lèvres ne pourraient jamais s'ouvrir et ces yeux jamais se fermer.

Sa chevelure ressemblait à celle des poupées de porcelaine. C'était une masse rigide, à la peinture sombre, écaillée par endroit, qui lui dessinait derrière chaque épaule une coulée d'encre inamovible.

Aucun habits ne recouvrait sa silhouette aux courbes abîmées par le temps. La rouille avait cruellement creusé ce corps de poupée, déchirant sur son ventre une longue ouverture, laissant apercevoir, sous sa peau cuivrée, des mouvements réguliers, semblables au balancier d'une horloge.

De chacune de ses articulations jaillissait un engrenage aux crans émoussés. Celui de son coude gauche était brisé.

— Comment est-ce possible ? souffla Holmes dans mon dos.

La chose pencha sa tête à droite, par à-coup, chaque cran laissant échapper un cliquetis métallique. Son regard fixe, sans pupille, sans iris, était dirigé vers le détective.

— Elle ne peut pas parler, comprit Holmes.

Je sentis la main sa main quitter mon épaule. L'instant d'après, il était devant moi, planté en face de la femme métallique.

— Holmes, faites attention !

Il tendit la main et, sans aucune gêne, palpa l'épaule de la chose, qui le laissa faire.

— « Absolument immobile », murmura-t-il. Fascinant...

— Holmes ! Écartez-vous ! On ne sait pas ce dont elle est capable !

Comme s'il ne m'avait pas entendu, il s'agenouilla pour examiner le trou dans le ventre du mannequin de métal. Je soupirai et baissai mes armes. Pour me consoler, je songeai que si la chose nous avait voulu du mal, elle serait certainement déjà passé à l'action.

— Incroyable, marmonna le détective. Un automate, comme Madame Hudson... Mais plus autonome... Jusqu'à quel point, je me demande ? Tesla en serait vert de jalousie... Regardez, Watson, ajouta-t-il sans élever la voix, assumant – à juste titre – que j'étais suspendue à ses lèvres. Son bras gauche est complètement rouillé, certainement inutilisable. Sa jambe gauche devrait lâcher aussi, dans pas longtemps. Je me demande quel âge il a. Quelle tristesse, vraiment... Je pourrais toujours le rapporter en haut pour l'étudier, peut-être le démonter...

Le tic-tac, auquel nous avions fini par ne plus porter attention, eut un raté. Nous levâmes des yeux stupéfaits vers le visage de l'automate, dont le regard dérangeant était baissé vers le détective qui, malgré tout son flegme, se releva et recula d'un pas.

— Elle comprend, murmura-t-il, l'air choqué. Elle comprend.

— Holmes, êtes-vous en train de me dire que c'est... quelqu'un ?

— Je ne sais pas, Watson, me répondit-il sans détourner son regard de la machine. Comment définit-on une personne ? Comprend-elle vraiment ce qui l'entoure, qui elle est, et où ? Si c'est le cas, pourquoi venir à nous ?

— Par pure curiosité, peut-être...

Je rangeai mes armes.

— Nous ne vous voulons pas de mal, dis-je au visage métallique, dont le regard obscur me semblait soudain habité. Nous ne vous forcerons à rien, je vous le promets. Pouvez-vous nous indiquer un chemin vers la surface ?

Son visage n'étant qu'un masque, il lui était impossible d'exprimer la moindre émotion, pour autant qu'elle en ait. Alors pourquoi – pourquoi ? – fus-je persuadé d'avoir capté dans ses yeux un sourire fugace ?

Elle se retourna en cinq cliquetis et se mit à marcher, ses jambes raides avalant efficacement la distance.

— Pourquoi lui avez-vous promis une telle chose ? me souffla Holmes, contrarié. Je l'aurais bien ramené avec moi... Et vous auriez pu lui demander des informations à propos de la femme, plutôt !

Je soupirai et lui adressait un regard interrogatif, la tête penchée vers l'automate qui s'éloignait. Il haussa les épaules et s'engagea à sa suite dans une ruelle étroite, dont la lampe qu'il portait ne parvenait pas à chasser toutes les ombres. Je m'engageai à sa suite, me rapprochant de lui jusqu'à ce que nos épaules se frôlent.

Dans ce monde d'automates immobiles, d'obscurité mouvante et de tic-tac lancinant, sa présence tangible me rassurait étrangement.

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