8. Priorités
Je sentis d'abord un mal de tête sourd entre mes tempes.
En ouvrant les yeux, je ne reconnaissais pas l'endroit où j'étais. Il faisait noir, mais je pouvais apercevoir un pan de lumière du jour traverser les énorme rideaux de velours devant la fenêtre de la chambre.
Soudainement, les événements de la veille me revinrent en mémoire: le meeting avec Jenkins, la danse, la scène du couteau!
À cette pensée, je me redressai d'un trait.
Le lit dans lequel je me trouvais ne me disait rien. Il était énorme mais ce n'était rien comparé à la chambre dans laquelle je me trouvais. C'était pratiquement une suite d'hôtel!
Un cadran près du lit indiquait 16h10. Je ne pouvais avoir dormi aussi longtemps.
Je me redressai sur mes jambes molles, le corps lancinant, et dû me rattraper sur le bord du lit pour ne pas m'échouer sur le sol. C'est seulement là que je me rendis compte que j'étais complètement nue sous un long chandail noir qui m'arrivait sous les fesses. Un imprimé de rose avec une épée la traversant ornaient le chandail. La classe! Non vraiment pas.
La porte s'ouvrit brusquement et je levai un bras pour me protéger les yeux de la lumière vive.
- Il n'est pas trop tôt!
Il ne me fallu pas longtemps avant de mettre un nom sur cette voix sonore et virile.
- Où est-ce que je suis?
- Chez moi.
- Quoi?
- Après ta petite démonstration qui ne laissait aucuns doute sur la tournure de la soirée avec ta petite copine, j'ai dû te ramener à la maison.
- Mais comment..? Où est Leila?
- On l'a escortée jusque chez elle.
- Est-ce qu'elle va bien?
- À vrai dire oui, on a parlé à son agente aussi... Tout es réglé.
Je soupirai de soulagement, sachant qu'elle était rentrée saine et sauve. Mais en même temps, ça voulait dire qu'il savait que j'avais engagée une escorte et qu'elle n'était pas ma vraie petite amie.
- Elle est chez elle, mais je suis ici?
- Je dois avouer que je me suis senti très responsable qu'on vous ait droguées dans mon Club. Je me devais de m'assurer que tu serais en sécurité.
Il croisa les bras en s'adossant au cadre de la porte et m'observa.
- Tu attends que je te remercie? Quel genre de chef tu fais, même pas capable d'empêcher ta propre bande de droguer les jeunes filles innocentes dans ton bar.
Il se redressa vivement en s'approchant.
- Pas si innocentes que ça il me semble.
Ses allusions à la scène provocante sur la piste de danse étaient claires.
- Comme si c'était de ma faute. Si on ne nous avait pas droguées, nous n'aurions pas été jusque là.
- Ça, ça reste à prouver.
Énervée, je me redressai vivement et marchai jusqu'à la porte.
- Pousse-toi, Jenkins.
- Tu veux aller où comme ça?
- Chez moi. Allez, pousse-toi.
- Pas question!
Il me bloqua le passage en refermant la porte derrière lui dans un bruit sourd.
Là, dans la noirceur, nous étions isolés dans la pièce. C'était très malaisant. Si au moins on avait entendue une musique de fond, ça aurait été moins...disons intime.
Il s'approchait de moi alors que je reculais comme un réflexe. Mon instinct de survie était en alerte. Mes jambes arrêtèrent leur chemin coincées entre le lit et mon interlocuteur, me faisant m'assoir faute de pouvoir reculer davantage.
Jenkins déposa alors le sac en carton noir qu'il tenait, sur mes genoux.
- Prends ça.
- C'est quoi?
- Une robe.
- Pourquoi?
- Tu préfères sortir d'ici comme ça?
Mon regard se pencha sur le simple attirail qui me couvrait à peine les rondeurs.
Je sentis le rouge me monter au visage. Pour faire diversion, sans réfléchir, j'ouvris la boite, las. Mais je me renfrognai aussitôt devant ce que je vis.
- C'est quoi ça?
En relevant la tête, j'aperçus alors le sourire satisfait qui venait d'apparaître sur le visage du ninja.
- C'est ta tenue pour ce soir.
- Comment ça?
- Il y a une petite réception et je suis certain que tu ne voudrais pas manquer ça.
Je l'observai incrédule.
- De quoi tu parles?
- Tous les chefs des clans de la région et des hommes d'affaires influant sont invités ici même, ce soir. Tu vas m'accompagner, comme mon invitée toute spéciale. C'est ton jour de chance!
Je l'observai incrédule. Il voyait juste, pouvoir rencontrer toutes ces personnes influentes dans le coin était une perspective intéressante. C'était une chance inespérée de me montrer et ainsi envoyer le message que j'étais de retour et que je reprenais les rennes du domaine.
Mais mon esprit s'obscurcit lorsque la vision de Jenkins devant moi repris la surface de mes songes. Alors qu'il étirait un sourire des plus faux, songeuse, je l'observai en fronçant les sourcils. Il m'offrait la chance de marquer mon territoire de manière définitive et en plus, dans sa propre demeure. Ce qui le mettait dans l'eau chaude autant que moi. Une telle faveur de protection mise en évidence devant tous ne devait pas pouvoir tomber du ciel aussi simplement. Jenkins avait quelque chose derrière la tête.
- Pourquoi est-ce que tu prends le risque de montrer une alliance entre nous? Si je me souviens bien, je suis un paquet d'ennuis pour toi.
- Pas si tout le monde voit que tu es sous ma protection.
- Bien sur. Mais à quel prix?
Il prit un air outré.
- Quoi? Mais qui a parlé de prix?
- Ne me prends pas pour une idiote Jenkins, je sais très bien qu'il y a une raison pour laquelle tu fais tout ça. Ça ne peut pas être par grandeur d'âme.
J'étirai mon sourire sarcastique pour lui montrer que je ne prenais pas dans son jeu alors qu'il perdit le sien.
- Est-ce que je suis obligé d'avoir une idée derrière la tête pour inviter une charmante jeune femme à m'accompagner lors d'une soirée?
Je me redressai lentement pour lui faire face, les poings serrés.
- Pas n'importe quelle jeune femme, la fille de l'homme que ton père a tué. Dis-moi Aidan tu crois que je peux oublier aussi facilement ton nom de famille?
Il perdit son sourire instantanément.
De sa main, il me prit vigoureusement le visage pour que nos yeux soient face à face.
- Ça fait deux fois que tu évoques ça. Je crois, ma belle, que tu es mal informée.
- C'est plutôt toi qui est mal informé. Difficile d'oublier l'homme qui a tué son père devant ses propres yeux.
Jenkins eut un drôle de changement d'air. À cette distance, et sachant que je venais de le provoquer assez explicitement, tous mes sens étaient aux aguets. J'avalai difficilement ma salive, humidifiant nerveusement mes lèvres de ma langue dans un tic nerveux. Son attention se dirigea alors vers ma bouche et je sentis sa respiration rauque. Il était près de moi, je sentais mon corps réagir face à cette trop grande proximité. Je devais m'éloigner de lui.
D'un geste brusque, je repoussai ses bras. Mais il ne se laissa pas surprendre plus longtemps, il m'empoigna les deux bras, les passa au-dessus de ma tête et s'écrasa de tout son poids sur moi me renversant sur le lit.
Je sentis aussitôt son érection contre mon intimité. Je sentis la pointe de mes seins se gonfler sous la chaleur de son corps musclé. Mortifiée de la réaction de mon propre corps qui me trahissait de manière aussi évidente et comme si ça ne suffisait pas, son souffle vint me caresser le cou, envoyant une décharge électrique jusqu'à mon bas ventre. Mon corps s'était cambré, demandant tout et tout de suite. Mais comment mon corps pouvait-il autant réagir face à ce mec?
Il le remarqua et empoigna mon sein sous le chandail. À mon grand effroi, je ne put réprimer un soupir de satisfaction, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de lui pour rapprocher nos sexes. Suite à ma réaction plus qu'évidente sur le niveau de mon désir, il m'embrassa dans le cou me faisant me cambrer encore plus. Mon corps était complètement ouvert pour lui mais ma tête, heureusement, fut encore là pour réagir. Écoeurée de ma propre réaction, dans un court instant de lucidité, je le repoussai de toute mes forces.
Je me retrouvai à califourchon sur lui, mes hanches prises dans ses grandes mains sures. Il prit cela pour un élan de désir, ses mains descendants sur mes cuisses puis mes fesse sans hésitation, comme s'il avait fait cela toute sa vie, c'était surement le cas. Mais je me dépêchai à m'éloigner de lui.
- Ne t'approche pas de moi. T'es qu'un salaud! Tu m'écoeures! Ton sang, c'est le même que celui qui a tué mon père!
Son regard de fauve, noir comme le jais, me foudroya.
Ses cheveux étaient ébouriffés et oui, je l'avoue, ça le rendait complètement irrésistible. Mais moi, Jessica Hoffman, je devais résister. Cet homme était un meurtrier, une menace, une très, très mauvaise personne. Il était dangereux, vicieux et sans pitié.
- Premièrement, tu es chez moi et je peux faire ce que je veux de toi.
- Trouves-toi une pute pour tes besoins.
- Bordel t'es vraiment buté pour une fille dans ton genre!
- T'es qu'un connard! Je ne vais jamais coucher avec toi!
- Sois t'es vraiment sure de toi pour me parler sur ce ton, sois t'es vraiment stupide!
- Si tu en avais l'intention, tu m'aurais déjà tuée!
Il s'approcha d'un pas décidé et je reculai dans le mur. Il donna un coup de poing dans le mur juste à côté de ma tempe.
- J'ai tué pour moins que ça. Tu vas changer de ton ma beauté.
- J'ai pas besoin que tu me rappelles quelle genre de brute que t'es!
La fureur s'empara de son regard. Mais je n'arrivais pas à déterminer si je l'avais vraiment mis en colère ou si c'était plutôt une envie féroce qui s'emparait du beau brun.
- J'en ai pas fini avec toi. Tu vas aller prendre ta douche et enfiler cette robe. Ensuite on va s'assurer que tu ne t'es pas fait tous les chefs de gangs ennemis et on verra après ça ce qu'on fait avec toi.
- J'ai pas besoin de toi pour ça!
- Oh je sais ma chérie, je sais.
Il se décolla enfin de moi, un sourire narquois aux lèvres, me laissant soupirer de soulagement. Il s'éloigna lentement en me pointant la salle de bain attenante à la chambre.
- N'oublie pas de barrer la porte derrière toi.
Le connard. Il savait, nous savions pertinemment que la seule menace pourquoi je devrais barrer la porte, c'était lui. Je vis ses lèvres frémir, comme s'il se jouait de moi, puis il quitta la pièce.
C'est seulement à ce moment que je me rendis compte à quel point mon coeur battait fort dans ma poitrine.
En entrant dans la salle de bain, je me rendis compte de la gueule de hangover que j'avais. Mon maquillage avait coulé sous mes yeux, mes cheveux étaient ébouriffés, j'avais une sale tête.
Je ne comprenais pas ce que me voulait le Ninja. Pourquoi m'avait-il récupérée après la soirée à son bar? Il pouvait se prendre n'importe quelle fille, il avait assez d'argent pour se payer n'importe quelle escorte, soumettre n'importe quelle fille de sa bande de dégénérés. Je me doutais qu'il n'en veuille pas qu'à mes beaux yeux. Et pourquoi n'avait-il rien répondu les deux fois où j'avais mentionné la mort de mon père? Il était pourtant bien placé pour connaître l'histoire. Croyait-il vraiment que son père n'avait rien à voir dans cette histoire?
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Bonsoir!
Rendue ici, j'aurais vraiment besoin de vos commentaires. Je suis ouverte à tout savoir ce que vous pensez de l'histoire jusqu'à maintenant. Ce que vous aimez le plus et ce que vous aimez moins. I need your feed! Cette histoire est pour vous. Alors n'hésitez pas! xxx
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