15. Piégée
Je me réveillai en sursaut.
Il me fallut quelques secondes pour comprendre où j'étais. Lorsque mes yeux s'habituèrent à la noirceur, je sortis du lit d'un bond.
Le mouvement brusque me fit échapper une plainte. La douleur lancinante à l'abdomen était insupportable. Chaque respiration était souffrante.
Je me rendis compte que mon abdomen était bandé assez serré. Des bandages couvraient également largement mes pouces et la tête.
- Tu vas m'écouter maintenant, quand je te demande de ne pas faire de vagues?
Je fus si surprise d'entendre la voix que je poussai un cri en me reculant contre le mur.
Aidan était appuyé sur la commode dans son air nonchalant habituel. Il traversa la pièce et ouvrit les rideaux de la fenêtre derrière moi laissant les rayons du soleil traverser la pièce tout en m'aveuglant.
Il semblait énergique, reposé, frais comme une rose. Comment pouvait-il être aussi reposé alors que nous venions de passer une nuit blanche?
Ses cheveux étaient coiffés à la perfection, sa barbe, coupée slick, au centimètre près. Il sentait l'eau de cologne ce qui m'enivrait et me donnait mal à la tête.
Je retournai m'assoir dans le lit au grand soulagement de mon corps.
Il se rapprocha jusqu'à aller ajuster les oreillers derrière moi et s'assit sur le lit afin de trouver mon regard à égalité.
- Quelle heure est il?
- 17h
- Tu as dormi toute la journée. Dans mon lit.
Son sourire narquois me fit rouler les yeux au ciel. Je pris une longue respiration qui me fit très mal. Mais je ne laissai rien paraître de ma faiblesse. Du moins, j'essayai. Aidan ne semblait pas dupe.
Je réalisai alors que, malgré mes piètres manières et sans oublier le fait que je foutais le bordel avec grand B dans ses affaires, il continuait de m'aider et de me soigner.
- Merci.
Il fronça les sourcils.
- Pourquoi?
- Tout ça.
Je levai les mains en montrant les bandages.
- Et tu n'avais pas à prendre mon parti. J'imagine que ça va te coûter cher. À ton gang et à toi.
Il semblait réfléchir. Il se passa les doigts sur les lèvres et je ne manquait pas un détail de ses gestes, comme hypnotisée.
- D'ailleurs, depuis le début, tu aurais pu décider de me découper en morceaux et me jeter dans des sac à ordures dans le fond d'un canal et tu ne l'as pas fait. Alors merci pour ca aussi.
Il éclata de rire, dévoilant toutes ses dents droites et blanches. Il avait un magnifique sourire lorsqu'il le montrait.
- Pourquoi? Demandai-je.
Il se râcla la gorge.
- Jessica, même si tu es la fille la plus casse couille que je connaisse - au sens propre - tu restes la fille d'un membre fondateur. Je ne pouvais quand même pas t'accueillir de manière impolie.
- Mais tu n'etais pas obligé de me laisser bouger des morceaux de l'organisation.
Il fronca les sourcils, perdu dans ses réflexions.
- Pas plus que de me protéger quand ça tournerait mal.
Son regard sombre se posa directement dans le mien.
Je me doutais bien que ce chef de gang redouté
n'agissait par pas pur altruisme envers moi. Pas plus parce que j'étais la fille de mon père. Mais je voulais comprendre pourquoi il intervenait en ma faveur en continu.
- Les choses sont en train de changer. Depuis plusieurs mois, le gang des Predators présidé par Baril préparent quelque chose de pas net. Et même si, aux yeux de tous, Baril et moi entretenons une relation amicale, en vérité, il n'en est rien.
- Donc l'attitude de Royce envers moi dès le départ, l'attaque au bar et au domaine...
- Ne sont pas dues au hasard... Je ne pense pas que ces attaques t'étaient destinées. Au départ, oui. Parce que tu bouges tes blocs comme une gamine inexpérimenté. Mais j'ai réfléchi toute la journée et je crois que les attaques de cette nuit ont un lien avec mon gang.
- Tu veux dire toi?
- Je crois que Baril a remarqué le traitement disons courtois que je te réservais et je lui ai donné une arme à son jeu...
- Qu'est ce que tu veux dire?
- Cela fait des années qu'il convoite mon territoire. Il a saisit une opportunité pour entrer en guerre.
- Cette opportunitée c'est moi? Explique moi comment en m'agressant, je suis une opportunité?
- Ce n'est pas à toi qu'il s'en est pris. C'est à moi.
- Quoi?
Aidan tourna la tête vers moi et je pu lire la détermination dans son regard. J'en eu des frissons.
- Il s'est attaqué à quelque chose que je tiens.
Son regard me fixait avec intensité.
- Oh.
Ses doigts frôlèrent mon bras, traçant le chemin de la chair de poule sur son passage.
Je retirai mon bras. Sa main appuya sur le lit.
- Alors c'est pas juste de ma faute si tout a dégénéré?
- Pas complètement.
Il fit un sourire qui ne rejoignit pas ses yeux.
- J'ai éliminé son bras droit je ne regrette absolument pas. Cet enfoiré méritait bien pire que la mort, d'ailleurs, je me serait fait un plaisir de l'emprisonner pour le torturer un peu...
Un sourire d'amusement s'afficha sur son visage dur. Je dois avouer que cette perspective ne m'aurait pas fait un pli vu ses intentions malveillantes.
Aidan semblait de bonne humeur malgré la situation. Comme si les événements des derniers jours n'etaient que routine. C'est exactement ce qui me troublait chez lui.
Ça et le fait qu'il m'avait revendiquée moi, la non patchée, faisant passer ma vie devant celle du bras droit de son principal adversaire. Ça voulait dire qu'il avait ouvert la guerre contre son clan. Ce n'était plus une situation personnelle mais bien de bandes. Du sang serait inévitablement versé. beaucoup de têtes allaient tomber. Et je me retrouvais au milieu de ce beau merdier.
- Pourquoi l'avoir tué? Tu te serait évité bien des ennuis...
Aidan vira enragé noir.
Il approcha son visage du mien ses yeux dans les miens, tous ses traits exprimant une colère noire.
- Personne ne touche à ce qui m'appartient.
- Pfff. Tu parles de moi là?
Il renchérit sérieusement, ne laissant aucun doute dans son ton, d'une menace planante.
- Tu es à moi. Ta vie m'appartient. Ton nom, ton domaine, ton cul, tout!
Je me relevai sur mes jambes tremblantes non pas sans difficultés. J'avais besoin d'un peu d'air.
- Ouh là!
Je le pointai de doigt tout en m'avançant vers lui.
- Primo, je ne suis l'objet de personne. Deuzio personne ne me dicte quoi faire. Je ne t'appartiens pas. À personne. Jamais. T'es vraiment un putain de connard toi, un vrai emmerdeur...
Il se leva d'un coup, me déstabilisant. Mes jambes affaiblies n'arrivaient pas à encaisser le choc de sa stature imposante devant moi. Il se pencha, emprisonnant ma tête entre ses mains de tueur d'élite et sans crier gare, il plaqua ses lèvres contre les miennes. Surprise, je tentai de le repousser. Mes mes jambes lâchèrent et je fus complètement enivrée par son eau de cologne. C'est pas ma faute si j'ai un faible pour l'odeur de male alpha. C'est une faiblesse que ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam avant aujourd'hui. Je n'avais aucune chance, il embrassait véritablement comme un dieu. J'étais prise au piège. Si bien, que la fiévre monta en flèche. Mon corps émit un gémissement, trahissant mes émotions. J'étais en colère contre mon corps mais en même temps, je DEVAIS lui montrer ce que je valais. L'ego les amis, oui j'en avais moi aussi, un peu beaucoup. Je voulais lui montrer mais en même temps, il n'y avait rien de plus honteux qu'il pensa qu'il me faisait de l'effet. - Pas à moi, je veux dire, à mon corps. - Sa main ferme derrière mon cou m'empêchait de reculer. Son intensité me fit perdre mes moyens. Mes lèvres et ma langue répondirent aux siennes intensément, comme si j'étais le désert et lui l'eau. Il descendis une main énorme et ferme dans le creux de mon dos et je manquais de souffle. - Focus Jess, focus -. Quand son autre main prit ma cuisse fermement, mon corps chargea et je sautai dans ses bras.
Une douleur aigue vint de tétaniser. Nous nous arrêtâmes ainsi, immobiles, le coeur battant.
La douleur lancinante me traversait l'abdomen.
Lentement, il me dépose sur le lit.
Nous reprenions notre souffle et je n'osais le regarder dans les yeux.
Quand la douleur estompa, je levai la tête, encore un peu dans les vapes, un peu confuse.
Il m'observait, souriant et satisfait.
Perdue, troublée par ce qui venait de se passer, j'utilisai ma meilleure arme contre toute situation, argumenter.
- Je dois y aller.
- Tu n'iras nulle part.
Apparament, il pensait toujours décider pour moi.
- J'ai des choses à faire figure toi.
- Comme quoi?
- Comme plein de choses qu'on fait normalement dans la vie et qui n'impliquent pas de sang et de batailles avec des guns.
- Ramasser les dégâts, recommencer le boulot de reconstruire ma maison qui devait être retournée dans un état lamentable. -
- Pas dans cet état.
- Tu ne vas pas me garder ici contre mon gré.
- Effectivement ce serait peine perdue.
Satisfaite de sa réponse de sourit.
- Contente de voir que tu as compris!
Un sourire s'étala sur ses lèvres alors qu'il rajustait son chandail que j'avais tiré dans mon élan langoureux. Cela me fit froncer les sourcils.
Aidan avait la démarche d'une personne classe. Tout sur lui était placé finement: ses vêtements, ses cheveux, sa maison. Ça collait peu avec le type " motar ".
- Tous les tueurs à gages du coin ont ton portrait dans les mains à l'heure où on se parle. Je ne te donne pas dix minutes toute seule dans cette ville.
- De quoi tu parles? Tu n'as qu'à dire à tes gars de me fouttre la paix! Contrôle ton territoire bordel! C'est pas ta job justement? Ou est-ce que Monsieur le chef a perdu des plumes?
Il sourit de plus bel et je n'aimais pas la tournure de cette conversation.
- C'est justement ça le problème.
Il souriait maintenant de toutes ses dents et j'avais une boule qui se formait dans mon estomac.
- Quoi? De quoi tu parles?
- Mes gars comme tu dis, répondent à mes ordres et il n'y a rien qui se passe sur mon territoire dont je n'ai pas donné l'accord au préalable. J'ai les mains longues ma belle, et j'obtiens toujours tout ce que je veux.
Il était à deux pouces de mon visage et il ne rigolait plus. Putain de bordel de merde.
- Tu as... Ne me dis pas que tu as engagé un tueur à gages contre moi?
- Pas un mes DES. Si tu quittes cette demeure, tu te feras traquer jour et nuit.
Tout sourire, il se leva.
Mes bras tombèrent de chaque côté de mon mon corps.
- C'est une blague!?
- Non. Mon conseil: si tu décides de te faire bronzer dans la cour, ne t'aventures pas trop loin. On ne sait jamais.
Apparemment, il ne rigolais pas.
- attends, Tu ne penses pas que c'est un peu exagéré? Si tu veux me faire payer une dette quelconque, faisons cela de manière classique tu ne veux pas?
- au sujet de ta dette: elle est doublée.
J'avalai difficilement.
- mais qu'est ce que tu veux de moi bordel?
Il m'observa longuement le visage dur et sérieux.
Il me pointa du doigt.
- Tu restes ici le temps de guérir.
Je croisai les bras, boudeuse.
- pendant que tu boudes je vais retourner à mes affaires. Les jumeaux m'ont dit pour le bar, je vais me charger personnellement de trouver la personne qui a engagé ce tueur à gage et lui faire payer.
- il me semblait que tu controlais tout ce que se passe sur ton territoire..!
J'étais fachée et cette pique était pour le frustrer autant que je l'étais. Une vraie gamine!
Je me redressai soudain sur les coudes pour
Voir sa réaction mais mon cerveau fit des connexions au même moment.
- attends les jumeaux? Loic et Adam sont en vie?
Il m'observa incrédule.
- bien entendu qu'ils sont en vie. Les deux Mauviettes se sont effondrées sous leur vestes pare-balles.
Je me redressai sur mes pied un peu trop vite et me dirigeai vers la porte. Mais Aidan m'arrêta en me tirant pas les hanches.
- un instant.
Il pointa un sac sur la commode.
- commences par t'habiller ensuite tu iras les voir.
- d'accord.
Il ne bougea pas, inspirant et expirant dans mes cheveux.
- c'est bon?
- oui
- alors tu peux me lâcher?
Il retira enfin ses mains.
Sourire en coin, il referma à porte derrière lui.
J'expirai longuement. Un chef de gang. C'est non!
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