12. Les Jumeaux
Loic déposa trois shooters à notre table.
- Vous venez du coin?
- On vient du Nord.
- Le Canada précise Adam.
- Montréal?
- C'est ça.
J'attendis la suite mais ils restèrent muets.
- Il y a cinq ans, on venait pour rencontrer le chef des Dark Riders pour du business, reprit Loic pour effacer le malaise.
- Le père de Aiden, Heirik?
- Ouais. Le vieux nous a accueillis grâcement.
- C'est pour ça qu'après sa disparition, on a aidé le petit.
- Aiden?
- ouais. En même temps il est malin. Et dieu sait ce qu'il a fait pour se rendre où il est. On ne le veut pas à dos celui-là.
Les jumeaux se firent un regard lourd de sous entendus.
- mais toi Jessica, la magnifique héritière Hoffman, raconte nous un peu pourquoi tu es de retour dans ce blaide perdu?
- Reprendre mon dû. Ma maison, mon territoire.
- Parait que tu cause des gros soucis avec tous nos clients.
- Je ne cherche pas les emmerdes, je veux juste mon oasis de paix.
- Ce qu'on ne comprend pas c'est pourquoi Jenkins est aussi flexible avec toi. Bon tu as certainement des atouts qui aident mais autrement il a coupé des têtes pour beaucoup moins.
- Ouais, on pense que tu devrais te méfier. Il a certainement quelque chose derrière la tête. La compassion, c'est pas son truc.
- vous vous inquiétez pour moi?
- Il y a de quoi. Tu es toute petite. Jenkins c'est le diable. Tu dois te méfier.
- et vous?
- On fait du business. Tant que le business est bon tout roule.
- vous ne faites pas partie de son gang? J'ai pas vu de patch?
Adam et Loic avaient tout des membres d'un gang de motards à l'exception du badge.
- On est des electrons libres.
- c'est ce à quoi j'aspire. Mais pour cela, je dois reprendre mon dû.
- en tout cas, en cas de pépin, tu nous appelle.
- ouais, on ne voudrait pas que personne n'abîme cette chevelure incandescente.
- Arrêtez les gars, vous allez me faire rougir.
Mon sarcasme ne les firent pas réagir.
- On est sérieux, et si tu veux expérimenter quelque chose de nouveau,
- ouais comme un trip à trois, tu peux compter sur nous.
J'avalai ma gorgée de travers en explosant de rire.
Les jumeaux étaient parfaits. Et j'avais certainement besoin de ce genre d'alliances ici.
Même si j'étais curieuse de savoir ce qui les amenait dans le coin, je ne poussai pas les questions. Chaque chose en son temps et je ne voulais surtout pas briser la confiance qui s'installait tranquillement.
- Bon, on se la fait cette partie de billard?
Les jumeaux ne se firent pas prier pour la suite.
La soirée était bien avancée lorsque je décidai de faire une pause et de me rendre aux toilettes.
Alors que je me soulageais tranquillement, je vis sous la porte de la cabine des bottes d'homme entrer dans la pièce.
Mon coeur se mit à débattre dans ma poitrine: Angoisse? Adrénaline? Peut-être bien les deux.
Je tirai la chasse d'eau, sortis le couteau volé chez Jenkins et ouvrit grand la porte de la cabine.
Je vis à peine la silhouette de forte taille toute de noir vêtue entourer un fil de fer autour de mon cou et tirer d'un coup sec. J'entendis simplement le cliquetis du câble se refermant autour de mon cou.
J'eus à peine le temps de mettre mes deux pouces entre le mince fil et ma gorge. Le couteau tomba sur le sol dans un bruit mat - il fallait prioriser - et mes pieds se débattirent sérieusement.
Le choc et le fait qu'on m'avait prise par surprise me firent perdre le contrôle.
Mourrir par strangulation n'avait rien d'original et j'aurais aimé quelque chose de plus digne. Mais ce n'était pas le temps de débattre du côté sexy ou non de la manière dont on voulait mettre fin à mes jours et je dû activer mes neurones malgré le manque d'air pour me sortir du pétrin.
Les pieds soulevés de terre, je battais l'air jusqu'à accrocher le distributeur de serviettes en plastique qui craqua puis se cassa sur le sol dans un vacarme.
Avec un peu de chance, quelqu'un viendrait à mon secours avant qu'il m'ait achevée. C'était rare que j'en venais là mais décidément, mon adversaire était un expert en crimes contre la personne. Il fallait être capable de reconnaitre ses qualités comme ses défauts et en ce moment, il ne manquait que quelques secondes avant que je ne m'effondre.
La violence était telle que je sentais le fil de fer s'enfoncer dans la chair de mes pouces. Seulement une personne qu'on payait pour tuer ne pouvait être aussi déterminée à m'achever aussi sauvagement. Les tueurs à gages étaient soit mes meilleurs amis, soit mes ennemis jurés. Personne ne voulait avoir sa tête à pari. Ces tueurs étaient des inconnus et il n'avaient aucune émotion sur le travail qu'ils effectuaient. Je devais donc me concentrer sérieusement, mais la douleur était insupportable. J'avais l'impression que mes deux pouces allaient être sciés en deux. Ce qui était probablement en train de se produire puisque je voyais coulisser le sang sur mes avants bras.
Lorsque les muscles sont coupés, on ne peut pas compter sur les os pour forcer. Alors que je n'avais plus d'air depuis un moment, je commençais à voir apparaître des petits points noirs. Le tout se déroula rapidement et même si la dernière image que je vis fut celle de Loic pointant son flingue devant le visage de mon violent agresseur, je savais que cette attaque allait porter ses cicatrices.
Un coup de feu retentit et siffla contre mon oreille droite. Le bruit fut tellement assourdissant que j'en perdis l'ouïe.
Bordel de merde.
Une traînée de sang m'éclaboussa le visage et je tombai à terre comme un bloc, entraînée par le corps mort derrière moi.
Durant un instant, je n'entendis rien ni ne vit ce qui se passait autour de moi. Ma vision se déforma et je sentis un haut le coeur remonter.
Mes mains étaient à plat contre le sol, couvertes de sang. Mes deux pouces étaient coupé jusqu'aux os. Ma bouche se mit à trembler dans un excès d'anxiété incontrôlable.
La vue de tout ce sang sur mes mains me ramena à cette fameuse nuit où mon père a été assassiné juste devant mes yeux. J'avais connu ce sentiment d'impuissance et de déchéance cinq ans plus tôt. J'eus quelques secondes de décontenance mais mon esprit se ressaisit: J'avais juré que plus jamais je ne serais une victime face aux hommes.
Alors je pris un moment pour retrouver mon calme. Je sentis des bras me redresser sur mes pieds.
Soudain tout se déroula rapidement. Adam me planta un pistolet dans les main. Il fit la grimace en constatant l'état de mes mains. Je tenais le fusil à deux main et d'un signe de tête, lui indiquant que ca allait.
Pour l'instant.
D'instinct, je m'assurai qu'il était chargé. Le son du cliquetis me fit comprendre que mon ouie était revenue. Bien.
Par contre, mon sang se déversait sur l'arme et j'avais peur que l'arme me glisse entre les mains.
Loic se tenait dans l'encadrement de la porte.
- Dépêchez-vous, on sort d'ici.
Nous traversâmes tous les trois le bar bondé, flingues sortis mais abaissés.
On ne voulait pas créer une émeute, en tout cas pas avant que l'on soit déguerpis.
Je ne détestais pas être escortée entre ces deux jumeaux géants.
Une fois sortis du bar, Loic composa un numéro sur son portable mais je n'entendis pas sa conversation.
Adam et moi nous rendîmes à nos bécanes.
J'enfilai mes gants de moto les mains tremblantes.
- Embarque avec moi.
Adam me fit signe de monter sur sa moto.
- Pas question!
Entendre ma vois me rassura mais le tremollo qui s'y inséra me frustra. Nous démarrâmes nos engins.
Je me repris, cette fois avec un ton sure et autoritaire.
- Allons chez moi. De toute manière je ne pourrai aller nulle part sans qu'on s'en prenne à moi.
Il n'était pas question de les amener chez Jo. c'était beaucoup trop risqué. Je ne voulais pas lui attirer plus d'ennuis. Ce soir nous irions dans la maison familiale. Au moins, de là, en terrain connu, on pourrait se défendre.
Nous démarions nos engins alors que Loic nous rejoignait, observant tout autour, méfiant.
- Allez on décampe.
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