1. Retour au bercail
Je n'avais pas remis les pieds ici depuis plus, de cinq ans. La dernière fois que j'avais foulé ces terres, j'avais dû m'enfuir à l'autre bout du pays et rester cachée jusqu'à là, maintenant. La vérité c'était que j'avais une peur bleue de revenir en ville.
Je sortais de la route principale pour m'enfoncer sur un chemin de terre qui, vraisemblablement n'avait pas été nettoyé depuis tout ce temps. Des feuilles et des branches mortes le jonchaient.
Bien que plusieurs souvenirs refoulaient à mesure que j'avançais, ce que je découvris tout au bout du chemin me donna froid dans le dos. Ici, les arbres sinueux se dégageaient pour donner une vue sur un terrain immense où trônait une immense demeure blanche à la façade pourvue de longues colonnes comme dans la Grèce antique, jadis splendide. Ce qui était autrefois une vallée gazonnée tout autour de la résidence était devenu un champ de mauvaises herbes. Le lieu était complètement abandonné et inhabité. On aurait dit que la nature avait repris le dessus sur la propriété.
Je descendis de mon cafe racer en l'appuyant fermement sur son pied. En enlevant mon casque de moto, je m'étirai de tout mon long et le déposai sur le siège.
Mes bottes faisaient craquer les feuilles mortes et les débris sur le sol alors que je m'approchais lentement de la porte d'entrée. Je ne pus réprimer les souvenir affluant dans tous les sens dans ma tête, de ce lieu, autrefois, une demeure vivante, bien entretenue qui accueillait mon père et moi-même.
Tous mes souvenirs de jeunesse étaient enfermés ici, dans cette maison à l'allure lugubre. Un peu comme ces souvenirs douloureux que je réprimais et que je n'avais cessé de refouler au plus profond de mon âme.
Alors que j'approchais lentement de la porte, je sentis mon coeur tambouriner dans ma poitrine. J'avançais lentement et je ne pus empêcher ma main de se poser sur mon vieux holster camouflé sous mon jacket de cuir, juste au niveau de la taille. Il ne me quittait plus maintenant. Et même si je n'avais jamais eu à l'utiliser jusqu'à maintenant, je savais que je ne pouvais m'en départir et qu'un jour, il serait ma seule arme face au danger omniprésent qui faisait de l'ombre à ma vie.
Je fis le tour de la bâtisse et rencontrai une petite fenêtre sur le côté. En donnant un léger coup avec le manche de mon revolver, la vitre se brisa en morceaux me permettant de glisser ma main à l'intérieur pour déverrouiller le loquet. Je m'introduis doucement dans la maison.
Tout semblait intact, exactement comme ça avait été laissé. Mais il y avait de la poussière partout et chaque meuble était recouvert d'une toile blanche. L'effet faisait un peu glauque.
Je rangeai mon pistolet dans mon holster et me dirigeai instinctivement à l'étage. Je fis le tour des pièces, non pas sans un sentiment profond de tristesse en me remémorant les souvenirs heureux de ma famille et moi dans ce lieu.
J'entrais dans la chambre de mon père lorsqu'un mouvement furtif près de la fenêtre capta mon attention. Le coeur battant, je repris instinctivement mon Colt et pointai en direction de la pièce. J'attendis. Soudainement, un écureuil traversa la pièce et se faufila à l'extérieur par un trou dans la fenêtre cassée.
J'expirai de soulagement, le coeur battant à tout rompre.
Je rangeais à peine mon arme que je sentis un mouvement fluide et léger derrière moi. Un une fraction de seconde, je me ramassai emprisonnée à la gorge par un bras solide de cuir.
- Lâche moi!
Il ne répondit pas.
Mes mains se plaquèrent instantanément sur le bras de l'homme pour l'empêcher de me briser la nuque.
Rapide comme l'éclair, il me souleva de terre avant que j'ai le temps de crier. Me débattant dans tous les sens, mes longs cheveux bruns me cachèrent la vue. Mes pied rencontrèrent un mur, me permettant de m'appuyer et de pousser contre le torse de l'homme de toutes mes forces.
Il alla droit dans le mur sans me relâcher.
Je l'entendis jurer à voix haute.
Mes pieds rencontrèrent alors le plancher et je me pliai vers l'avant, l'envoyant rouler par-dessus moi sur le plancher. Malheureusement, il ne me lâcha toujours pas et le contre-coup me propulsa par-dessus lui mon dos toujours contre sa poitrine.
Nous faisions un énorme grabuge lorsqu'on entendis des coups de feu provenant du rez-de-chaussée mettant un terme à notre bataille.
L'homme se retourna contre moi, me lâcha enfin la gorge pour que je puisse respirer un grand coup et mit sa main gantée de cuir contre ma bouche. Comme s'il avait besoin de couvrir ma bouche! Je n'allais quand même pas me mettre à crier pour attirer l'intrus!
Il m'immobilisa sous lui de tout son corps. Je pouvais sentir son arme en métal me rentrer dans les côtes.
De toute évidence la personne qui se trouvait au rez-de-chaussée ne faisait pas partie de son clan. Mais je n'avais pas la curiosité de chercher à découvrir qui pouvait mener également mon agresseur à réagir ainsi non plus.
Il était temps, de déguerpir en vitesse.
Je le mordis de toute mes forces et il dégagea sa main aussitôt. Je fus vraiment surprise qu'il ne crie pas, mais ce n'était pas le moment de prendre le thé pour en discuter. Néanmoins, j'avais eu le temps de m'extirper de sa prise et de me reculer contre le mur.
On entendit un deuxième coup de feu, maintenant tout près de nous.
Mon agresseur me regardait de l'autre bout de la pièce. La première chose que je remarquai fut son regard noir me fixant. Il était grand et musclé mais tout en finesse. Sa beauté était flagrante. Mais le genre dangereux et bestiale. Un peu comme la panthère, oui, il me dévorait du regard comme un fauve et je sentais même la haine dans son expression. Il remonta une mèche de ses cheveux noirs comme le jais, la replaçant vers l'arrière de son crâne. Il devait avoir quoi, 30 ans? Il était tout vêtu de cuir noir et je vis dépasser de son jacket l'arme que j'avais sentie plus tôt contre mes côtes. Accroché à sa botte droite, je voyais dépasser un couteau dont le manche portait des gravures.
Je me sentis pâlir. Mais je n'eus pas plus de temps de le détailler plus que ça car la porte de la pièce s'ouvrait lentement sur un homme qui, clairement ne faisait pas partie ni de son équipe, ni de la mienne.
Advienne que pourra, l'ennemi de mon ennemi est aussi on ennemi.
Je donnai un coup contre la porte et me mis à courir vers la sortie aussitôt qu'il fut passé devant moi.
Il se retournait vers moi, son arme pointée dans la même direction lorsque mon premier agresseur ne le manqua pas d'une seule balle dans la tête.
Je restai pétrifiée sur place un moment puis repris ma course encore plus rapide.
Tout se passa comme au ralenti. Le fauve me poursuivait alors que je dévalais les marches deux par deux. Arrivée au rez-de-chaussée, des coups de fusil retentirent à quelques pouces de ma tête.
- Attention, un deuxième tireur!
Mais qu'est-ce qui me prenait d'avertir regard fauve? Si j'étais plus maline je les laisserais s'entretuer. Mes deux problèmes se règleraient alors dans un deux pour un. Mais que voulez-vous j'avais l'instinct de protection... des autres.
Je me baissai à nouveau tout en traversant le salon à vive allure vers la cuisine, les balles fracassant tout autour de moi. La vitre volait en éclat, le chandelier de l'entrée s'effondra sur le sol dans un vacarme épouvantable. Je m'enfargeai dans une chaise, et en tombant, je roulai à terre, des morceaux de porcelaine brisée me rentrant dans la paume des mains.
Ça y est, j'allais y passer.
Alors que je sentais mes espoirs vains, je sentis une main ferme me relever par la ceinture. Je me retrouvai sur mes deux jambes à courir sous la pluie de balles jusqu'à enfin atteindre la cuisine.
Je rêvais où il venait de me sauver la vie?
- Baisse-toi bordel!
Sa voix était rauque, autoritaire et elle n'entendait pas à rire.
J'obtempérai.
Un simple mur nous protégeait. Arme en main, il était accroupi devant moi comme un bouclier. Son regard sombre descendis vers mes pupilles, en relevant la tête vers ses yeux, je ne pus que le fixer en retour. Son intensité me troubla, j'étais paralysée sous son regard noir. Il devait être à deux pouces visage contre visage. Ses yeux descendirent vers mon bras, je vis son expression vaciller légèrement. Trouble? Frustration? Colère? Je ne pouvais le dire.
- Tu saignes.
- Quoi?
C'était la première et la seule réponse que j'arrivai à articuler.
La porte s'ouvrit sur un homme armé.
Regard sombre se retourna en un élan et visa son genoux droit. L'homme s'écroula sur le sol en se tenant la jambe.
L'inconnu se redressa du haut de son mètre quatre-vingt, appuya son pied sur la main de l'homme et se pencha au-dessus de lui, l'air mauvais.
Il approcha son flingue droit sur son visage et enfila à froid une balle entre ses deux yeux.
Je ne vis pas l'expression sur son regard. Mais une chose était claire: Cet homme n'en était pas à son premier barbecue, côté chasse-à-l'homme. Je me redressai et reculai lentement sans bruit, l'instinct de survie reprenant le dessus pendant qu'il retournait l'homme mort pour découvrir le sigle d'un gang de motards sur son blouson.
C'est là que mon regard bifurqua sur le dos du fauve et mon sang se figea. Comment avais-je pu ne pas remarquer plus tôt cet énorme faucon noir recouvrant le dos de son manteau avec l'effigie des redoutés Dark Riders?
Je m'empêchai de lâcher un cri.
Le dangereux inconnu se retourna alors et je pris mes jambes à mon cou. Je sortis par où j'étais entrée. Dehors, il y avait maintenant une voiture noire aux vitre tintées et une deuxième moto stationnée juste à côté de la mienne. Une Harley Davidson rutilante qui semblait avoir fait du kilométrage.
Je ne me laissai pas distraire plus longtemps, j'enfourchai ma bécane et d'un coup de gaz, je fonçai sur le chemin jusqu'à la route Principale. Je sentais la douleur dans mes paumes par les petits morceaux coupants de porcelaines toujours enfoncés dans ma chair, mais l'adrénaline m'empêchait de m'arrêter.
Pour un retour en ville, c'était réussi. Je venais en moins d'une heure de rencontrer mes ennemis et je savais que la nouvelle se répandrait assez vite.
Je savais que c'était une situation inévitable. Mais j'espérais avoir plus de temps avant de me faire remarquer de la sorte. Il me fallait trouver un coin tranquille pour souffler, ensuite je poursuivrais mon plan.
J'avais bel et bien l'intention de reprendre ce qui m'appartenait, quoiqu'il m'en coûte. Et si l'inconnu au regard sombre s'y opposait, alors il rencontrerait ma fougue. Cette fois, je ne me laisserais pas surprendre.
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Qu'avez-vous pensé de ce début?
Je sais qu'il y a beaucoup de descriptions dans ce premier chapitre, mais c'est simplement parce que c'est l'intro. Je vous promet que dans la suite, il y a pas mal plus de dialogues et moins de texte.
J'ai vraiment envie de garder une bonne dose d'action dans cette nouvelle histoire, mais il y aura évidement surtout pas mal de tension amoureuse passion/haine. :)
J'espère vraiment que vous avez apprécié,
Bonne lecture <3
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