Léna et Gradguer, ainsi que Etincelle qui gambadait gaiment autour de sa maitresse, étaient maintenant assis autour d'un petit feu dans la cabane et discutaient.

Gradguer s'était remis de ses émotions et restait là à écouter Léna. Les flammes du feu crépitaient en éclairant doucement son visage.

- Et donc quand j'ai vu que les démons arrivaient j'ai repensé a la prophétie que la femme m'avait faite. Elle m'avait dit que les « étoiles de la vie », les champignons donc comme je l'ai compris, me sauveraient j'ai décidé de consommer ces champignons, je n'avais aucune chance de vaincre les dizaines de démons qui arrivaient, j'ai donc dis à Etincelle de se cacher. D'après la prophétie, une présence aimée, me sauverait, c'est ce qu'elle avait dit. Et je savais que tu étais sur mes traces donc j'ai eu un accès de confiance pour cette femme et ses dires. J'ai eu raison, tu as été la présence aimée qui m'a sauvé !

Essoufflée, elle arrêta de parler. Gradguer hochait la tête, les pièces s'emboitaient logiquement bien qu'il restait pour lui des zones d'ombres. Un silence s'installa durant un petit moment avant que Léna ne se décide à parler de nouveau.

- Et toi ? Que t'est-il arrivé ?

Le visage sombre du veilleur se crispa.

- Avant de te parler de cela... Quand a tu rencontré les démons pour la première fois ? Et à tu déjà rencontré un homme chauve un peu gros, un magicien nommé Ivan ?

Elle le regarda surprise avant de répondre très rapidement.

- Il y a moins d'une semaine, et je n'ai jamais vu cet homme.

Il poussa un soupir de contentement et de soulagement. Ivan lui avait donc menti et Léna n'avait jamais été infectée par magie ou par les démons. Tout cela n'était qu'un autre subterfuge. Un sourire létal lui étira les lèvres. Il se leva et s'agenouilla devant la jeune fille avant de la prendre une nouvelle fois dans ses bras avec douceur et affection.

- Je suis heureux de te retrouver. Je t'ai cherché si longtemps.

Elle lui rendit son étreinte.

- Moi aussi père... ou est Anna ?

Il poussa un long soupir avant de lui raconter sa défense de la taverne d'Argrir. Puis arriva la discussion avec le mage...

Le magicien s'avançait et le fixa.

- Ton choix Gradguer !

Il releva la tête et le fixa alors qu'un sourire étira ses lèvres. Sa poigne se resserra sur la garde de son épée.

- Mon choix, il est simple, très simple...

Les deux gardes du mage se mirent en position.

- Je vais te tuer, te tuer puis trouver Léna et la ramener avec moi car tu mens et elle n'est pas infecté, j'en suis sûr. Quand à Anna, j'irai la chercher après.

- Imbécile, Anna est loin dans les égouts, tu vas mourir puis ce sera elle.

Les yeux du veilleur devinrent rouges.

Gradguer, l'épée à la main se jeta sur le premier garde. D'un coup sec, il dévia une attaque avant de plonger sa lame dans la gorge de l'homme. Le garde s'effondra dans un gargouillis sanglant, son corps s'écrasant lourdement sur les tables et les chaises renversées. Le second garde, plus rapide, attaqua avec une fureur désespérée. Gradguer esquiva habilement, ses mouvements précis et mortels. Dans une danse létale, il se baissa, évita une attaque et riposta en enfonçant son épée dans le cœur de l'ennemi d'un violent coup de taille. Le garde s'effondra, les yeux écarquillés de surprise, une dernière expiration douloureuse s'échappant de ses lèvres.

Le magicien, désormais seul, leva une main ornée de bagues commença à murmurer des incantations. Une aura brillante l'entoura, et des éclairs de magie crépitèrent autour de lui. Gradguer se redressa, son regard fixé sur le magicien, une détermination glaciale dans ses yeux.

Les éclairs jaillirent des doigts du magicien, se dirigeant droit vers Gradguer. Avec une rapidité fulgurante, Gradguer se jeta de côté, évitant de justesse les attaques magiques. Il se redressa et, sans perdre une seconde, se précipita vers le magicien. Mais ce dernier avait plus d'un tour dans son sac. Une barrière de force invisible surgit, repoussant Gradguer en arrière, le projetant contre une table renversée et le sonnant.

Gradguer grogna en se relevant péniblement. Il observa le magicien, analysant ses mouvements, cherchant une faille. Le magicien, trop confiant dans ses pouvoirs, souriait d'un air narquois. Mais Gradguer ne se laissait pas impressionner. D'un geste brusque, il sortit une dague de sa ceinture et la lança avec précision. La dague traversa la barrière magique affaiblie par les efforts offensifs du magicien et se planta dans son épaule.

Le magicien hurla de douleur, son sortilège se dissipa. Saisissant l'opportunité, Gradguer bondit en avant, franchissant les derniers mètres qui le séparaient de son adversaire. Avec une violence calculée, il enfonça son épée dans le ventre du magicien. Les yeux du magicien s'écarquillèrent, sa bouche s'ouvrant en un cri silencieux. Il remonta sa lame avec violence pour éventrer cet homme qui lui avait causé tant de soucis.

Gradguer retira sa lame et recula, observant le magicien s'effondrer au sol, la vie quittant lentement son corps. Le silence retomba dans la taverne. Son regard fut attiré par une petite pièce brillante, il se pencha. La figure du magicien était gravée dessus. Il la fit sauter dans sa main. Cette babiole devait avoir son importance, il pourrait peut-être retrouver Annaria avant de partir à la recherche de Léna, non pas pour la tuer mais bien pour la sauver et la ramener avec eux.

Gradguer essuya sa lame ensanglantée sur le manteau du magicien avant de la rengainer. Il jeta un dernier regard aux cadavres autour de lui, puis se dirigea vers la sortie, son devoir accompli.

Une fois ce passage terminé il lui raconta sa visite des égouts et le sauvetage de la barde puis de son enquête. La discussion dura longtemps, lorsqu'elle prit fin le soleil se levait lentement dans le ciel.

Gradguer lui sourit.

- Léna, je te promets dorénavant de toujours rester avec toi, je ne te lâcherais plus... ma fille.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux tandis qu'Etincelle sautait de joie.

- Alors allons retrouver ta femme. Ma nouvelle mère je suppose. Il parait qu'elle est à Dumn ou à Altrouille d'après ce que tu as dit.

Elle éclata de rire et lui fit un clin d'œil amusée par son sourire.

Encore une fois ils devraient marcher...