Chapitre 2 : Un homme bourru
Les aulnes poussaient sur la rive d'un petit ruisseau dont la source était à quelques lieues de là et qui se jetait à quelques mètres dans un petit lac. En attendant que le feu prenne, il alla remplir ses outres d'eau.
L'écorce blanche des aulnes semblait luire dans le jour qui baissait ; l'ombre, sous leurs branches courbées, avait quelque chose de paisible et de sacré. Les feuilles prenaient des teintes de rouge et d'or, et l'odeur de la mousse couverte de rosée rafraîchissait l'air.
Il s'agenouilla près du ruisseau clapotant. L'eau était froide contre sa peau quand il y plongea ses poignets l'un après l'autre. Une fois remplies, les outres étaient lourdes, glissantes et difficiles à porter. Ses bottes écrasèrent l'herbe chargée de givre dans de petits bruits secs et craquants. Il s'arrêta sur un terrain plus herbeux près du lac. La poitrine droite, les épaules en arrière, il plongea le regard dans l'avenir. Il se perdit dans ses pensées en regardant son reflet dans l'eau du lac.
C'était un homme de grande taille avec la carrure des hommes d'armes.
Il portait un manteau brun limé et usé, mais toujours en bon état. Le cuir extérieur protégeait des coups tandis qu'à l'intérieur, la laine tenait chaud à son porteur. Il portait sur les épaules une cape de fourrure épaisse dont la collerette lui réchauffait la nuque. Son manteau descendait jusqu'à ses genoux et se fermait à l'aide de boutons argentés parfaitement alignés, pourtant, il le laissait souvent ouvert pour bouger plus facilement. Le manteau pouvait être retourné pour être mis à l'envers, cela devenait alors un manteau plutôt chic adapté aux grandes occasions, il était en plus suffisamment bien conçu pour ne pas le gêner même en situation de combat. L'aspect pratique de l'objet était amélioré par plusieurs poches facilement dissimulables.
Son visage aux traits légèrement burinés par trente hivers et tirés par la fatigue était inexpressif. Sous son nez légèrement aplati, peut-être une ancienne blessure, trônait une courte moustache aux bords tombant tandis qu'encore en dessous, sous ses lèvres rudes et gercées se trouvait une barbe. Celle-ci n'était pas très longue, c'était plus un collier qui remontait jusqu'aux oreilles, elle n'était pas très longue mais bien entretenue. Pourtant malgré cet entretien ses poils étaient secs et rigides et le démangeaient parfois. Ses yeux étaient d'un bleu très clair. Ses cheveux teints en argenté étaient plutôt long pour un homme puisque ceux-ci lui arrivaient aux épaules sans tomber sur celle-ci. À l'avant, ses cheveux étaient retenus par un bandeau noir qui lui enserrait le front cachant parfaitement la cicatrice qu'il avait. Celle-ci était le vestige de son troisième œil.
Les veilleurs d'éclats, la caste à laquelle il appartenait, s'encastraient lors de leur formation une gemme au milieu du front, il l'avait douloureusement retirée lorsqu'il avait quitté les veilleurs.
Il réfléchissait en se frottant son menton légèrement renfoncé. Quel dommage, un lieu si charmant, si idyllique, il ne se sentait pas à sa place, mais l'animal qu'il chassait l'était encore moins. Il dégaina lentement son épée, une lame d'une main et demie finement forgée d'un pouce et demi de largeur.
La lumière courut le long de la lame avant qu'il ne se retourne sèchement et ne tranche la tête d'un hurleur qui avançait lentement derrière lui. La gerbe de sang gicla sur l'herbe et l'eau du lac, mais l'homme avait souplement roulé sur le côté pour éviter d'être tâché.
Dans un bruit flasque et lourd, la tête du hurleur fut posée sur la table. Il s'en dégageait une odeur de sang rance et la puanteur de la chair morte commençait déjà à titiller les narines des deux personnes présentes : Gradguer et l'homme qui l'avait embauché pour tuer ce monstre et dont il ignorait le nom.
C'était un homme presque chauve, légèrement ventripotent au menton proéminent. Ses joues joufflues et son bouc donnaient, selon Gradguer, à cet homme un air bon vivant et gentillet. Pourtant, on lisait dans ses yeux bruns une intelligence non dissimulée.
- Tous mes remerciements, votre aide, bien que pragmatiquement et logiquement motivée par l'argent, a été très précieuse. Voulez-vous boire ?
Il hocha la tête et prit le verre qu'on lui tendait. Il en but une lampée avant de répondre. Le vin était légèrement sucré, un goût particulier mais pas mauvais.
- Qu'allez-vous en faire ? Demanda l'aventurier en fronçant les sourcils.
Il n'aimait pas la voix de ce type, trop réfléchie, trop pleine de sous-entendus.
- Ses yeux et ses glandes sont utiles pour une préparation que j'aimerais essayer. Je suis en plus certain que vous serez d'accord avec moi si je dis que les yeux peuvent receler de grands pouvoirs.
Le magicien souriait maintenant un air ravi posé de manière condescendante sur son visage. Gradguer se tendit, un filet de sueur froide coula le long de son dos. Ses yeux, justement, s'étirèrent de surprise. Il aimait de moins en moins ce mage et souhaitait maintenant partir au plus vite. Par reflexe, il repoussa un pan de son veston pour poser sa main sur la poigner de son épée. Elle pendait à sa ceinture contre sa hanche comme un poids aussi rassurant que familier.
Un jeune garçon déboula subitement. Tendu et croyant à un piège Gradguer faillit dégainer son arme. Il se ravisa vite lorsque le jeune homme s'inclina.
- Je suis messager, messires, vous êtes bien Gradguer ? L'intéressé ayant hoché la tête à l'affirmative, il continua. Votre ami Annaria résidant à Daret m'a donné une lettre pour vous. Et elle vous a décrit vous et votre bandeau pour que je vous trouve. Cela fait quatre jours que je suis à votre recherche et un paysan m'ayant indiqué votre entrée dans cette tour, me voici.
Gradguer prit la lettre qu'il lui tendait et l'ouvrit. Il avait appris à lire chez les veilleurs, et même s'il s'exerçait peu, il n'avait pas oublié. Il parcourut donc rapidement la missive avant de répondre au messager.
- Très bien, mais ne compte pas sur moi pour un pourboire, tu seras payé par je ne sais qui à ton retour à Daret.
Le jeune fit la moue, déçu, mais se retourna et partit. Gradguer lui aussi se retourna pour faire face au mage qui n'avait pu dissimuler un rictus de frustration lors de la discussion.
- Hum, l'argent maintenant.
Son humeur avait nettement changée et on percevait dans sa voix un soupçon d'énervement.
L'homme haussa un sourcil plus gêné qu'autre chose avant de lui tendre une boursette de pièces sonnantes et trébuchantes. Il la saisit et tourna prestement les talons pour descendre de la tour. Alors qu'il s'approchait de sa monture, il entendit des pas derrière lui et le mage l'interpeller.
- Nous devrions travailler ensemble guerrier ! Je pars bientôt pour Tirem vous regretterez cette opportunité !
Sans se retourner, il grimpa sur sa monture. Puis d'un coup de talon, il lui intima d'avancer. Puis seulement, il répondit.
- Cela reviendrait à partager les ressources. Non, les pertes seraient supérieures aux bénéfices de cette coopération...
Ne se retournant toujours pas, il ne connut pas la réaction de son interlocuteur. Il préférait continuer sa route.
Cela faisait maintenant trois heures qu'il avançait sur les sentiers caillouteux menant à Daret. Ou plutôt qu'il se faisait ballotter par sa bourrique. Il aimait bien les chevaux, ce n'était pas la question, mais cette fois, peut-être à cause du chemin, elle lui donnait mal au ventre et à la tête. Il se concentra donc plutôt sur le gazouillement des oiseaux autour de lui et la douce caresse du vent d'hiver. Il aimait la nature, son calme et sa tranquillité. Il suivait une piste de terre plus qu'une route en réalité, le chemin avait été créé par l'usure de centaines voire de milliers de bottes ou de sabots passant là depuis des centaines d'années, pourtant entre les mottes de terre on voyait encore de rare brins d'herbes essayant de résister.
Soudain, devant lui, la route se déforma, une crispation intense au niveau de l'abdomen le fit se courber en deux et après un hoquet, il tomba à bas de sa monture.
Il avait subitement bien plus mal, trop pour que ce soit naturel. Il cracha les quelques feuilles qui lui collaient à la bouche et essaya de se relever. C'est alors qu'il vit un homme le charger en levant une hache. Par réflexe, il roula sur le côté au moment où la tête de la hache frappa le sol, laissant une marque profonde là où se trouvait son visage quelques secondes en arrière. Profitant de son mouvement, il roula à nouveau et dégaina son épée pour frapper l'arme de son adversaire et ainsi le désarmer. Mais il manqua lamentablement. Son adversaire combla rapidement la distance en criant, meurt saloperie !
Il eut juste le temps de parer. Tous deux ferraillaient maintenant. Gradguer était sur un genou et faiblissait rapidement. Pourquoi mes capacités ne s'activent pas bon sang pensa-t-il. Toute cette histoire sentait l'empoisonnement et le piège.
D'un coup particulièrement fort, porté à la verticale, son adversaire lui fit lâcher son arme.
Gradguer tomba donc au sol, mais poussa sur ses jambes pour percuter celles de son adversaire qui chuta à son tour. Tremblant et voyant flou, il rampa jusqu'à son cheval. Lorsque sa main attrapa un étrier, il sentit une douleur lancinante dans le flanc. Pourtant, il continua à se hisser. Mais il reçut un violent coup derrière la tête juste au-dessus de la nuque et tout devint noir.
Plic, ploc, plic. Le bruit entêtant d'un goute à goute le réveilla en sursaut. Il se redressa, ce qui lui arracha un râle, avant de retomber sur le dos. Il était sur un lit, il battit des paupières et regarda autour de lui. Une pièce sombre, seulement éclairée par trois bougies dispersées. Il sentit alors ses yeux s'habituer à la pénombre et remarqua un plafond humide, une table et trois chaises, un vieux tas de caisses en bois. On aurait dit une cave.
Il se redressa lentement et vit avec satisfaction qu'il n'était pas enchaîné. L'éclat de son arme posée non loin le questionna, il se souvenait de l'attaque, pourquoi se trouvait-il là, et où c'était « là » ?
Une silhouette descendit les marches de l'escalier au fond de la pièce. L'homme, s'en était indubitablement un, tenait une lanterne.
- Alors tu es réveillé, tu m'as fait une sacrée frousse et laisse-moi te dire que tu es un sacré veinard !
Gradguer se radoucit et fut rassuré lorsqu'il reconnut la voix de son mentor. Ce dernier lui tendit une tasse remplie d'un liquide brûlant sentant fort la menthe.
- Tu as vraiment une sacrée peau, que je sois dans cet avant-poste par hasard lorsque tu passes par la route qui se trouve à moins de trois kilomètres et que je sorte à ce moment afin de cueillir des herbes et chercher des champignons, sans cela, je n'aurais pas pu t'entendre et venir te sauver les miches. Tu aurais alors calanché comme un chat mon garçon.
Gradguer ne put s'empêcher de sourire. Personne d'autre que son vieux maître n'utilisait « chat » dans ce contexte. On disait souvent mourir comme un chien mais son maître, de par le respect et l'amitié qu'il avait pour eux, disait « chat », car contrairement aux chiens, il n'aimait pas les chats. Il se frotta la nuque avant d'avaler une gorgée brûlante de tisane.
- Tu ne m'avais pas appelé ainsi depuis longtemps...
- Comment donc ?
Gradguer regarda dans les yeux son maître.
- Mon garçon...
Le vieux maître partit dans un rire rauque et grave avant de répondre.
- Allons, allons, tu as peut-être quitté les veilleurs pour une raison avec laquelle je ne suis pas en accord, mais tout de même. Je t'ai entraîné durant près de six ans et me suis occupé de toi pendant dix ans encore avant. Je me considère comme ton père et je pensais que c'était ton cas aussi.
Gradguer sourit sérieusement cette fois.
- Je suis heureux que tu m'ais sauvé, et heureux de te revoir !
Son maître lui rendit son sourire en soupirant amusé.
- Cinq ans sans te voir et lorsque je te retrouve, c'est aux portes de la mort sacre bleu ! Explique-moi un peu, veux-tu !
Il lui conta donc l'histoire. Ce à quoi son mentor ne répondit que d'un « Oui-da, tu es dans une belle panade ». Gradguer se perdit dans ses pensées, son esprit allait à mille à l'heure. Qui lui avait tendu ce piège, comment avait-il été empoisonné. Ses premiers soupçons allèrent au mage, pourtant au cours de ses pérégrinations il s'était fait d'autres ennemis, était-ce une vengeance ? Ou simplement un brigand de grand chemin, son empoisonnement aurait pu être causé à distance? Par magie ? Probablement, même s'il ne s'y connaissait que peu, il savait que l'on pouvait tout faire par magie, raison pour laquelle il entretenait à son sujet une sérieuse aversion.
Il termina goulûment le contenu qui restait dans son brock de tisane.
- Combien de temps ai-je dormi ?
- Deux jours et demi.
Il se gratta le menton, ce malin ne l'avais pas loupé. Il ressortit la lettre d'Annaria et la relut :
Mon cher ami.
Cela fait un temps que nous ne nous sommes pas parlé aussi tu dois te demander ce qu'est cette lettre. Je suis actuellement à Daret au service du seigneur Brannt. Et en ville il se passe des choses étranges et la garde locale peine à intervenir. Un homme d'arme de ta trempe externe à la cité pourrait enquêter pour sire Brannt. Et tu serais probablement grassement rémunéré. Je pourrais d'ailleurs t'aider si tu admets que mon aide te serait bénéfique.
J'ai envoyé ce messager te trouver sous quinzaine, sachant que tu travailles dans la région j'espère qu'il y sera parvenu.
J'espère te revoir prochainement, pour cette affaire ou une autre.
Annaria
Ps. J'ai besoin de ton aide.
Était-elle en danger ? Le messager l'avait cherché durant quatre jours, et Daret était à six jours, ajouté par les trois jours de coma... Treize jours, cela faisait au moins treize jours. Avait-elle inventé ses inquiétudes ou étaient-elles réelles ? Si elle avait envoyé un message, avait-on eut vent de son départ ? Peut-être que si elle avait demandé à un homme d'armes comme lui de la rejoindre cela avait inquiété certaines personnes. Et ces mêmes personnes avaient tenté de le tuer? Alors ne voyant pas leur tueur revenir, ils auraient pu s'inquiéter et s'en prendre à Annaria qui était tout de même sa seule amie.
Il se prit la tête dans les mains, désespéré et épuisé. Ses yeux devinrent gris-noirs signifiant une certaine angoisse et une inquiétude mêlée de colère.
Il faisait anciennement partie des Veilleurs d'Éclats. Cette caste était connue pour ses membres dotés d'une capacité unique : leurs yeux changeant de couleur en fonction des situations auxquelles ils faisaient face. Cette particularité mystique est liée à leur lien profond avec les énergies magiques du monde.
Les Veilleurs d'Éclats ont des yeux normaux au repos, mais lorsque la tension monte leurs yeux s'illuminent de teintes vives et variées. Chaque couleur représente une émotion ou une situation spécifique. Par exemple, le rouge peut signifier la colère, le bleu, la concentration, le vert, la loyauté, et ainsi de suite.
Cette capacité spéciale conférait aux Veilleurs d'Éclats un avantage tactique, car cela renforçait leurs capacités. Les yeux bleus de concentration permettaient de ralentir leur perception du temps et ainsi savoir comment agir en combat. Les yeux rouges de colère permettaient de renforcer leurs muscles. Les yeux verts loyauté permettaient une résistance aux effets psychologiques et aux manigances magiques. Cependant, cela les exposait également, car leurs émotions étaient à découvert et plus facilement visibles.
Le mentor fixait son ancien élève, il avait posé sa tête sur ses mains croisées et ses coudes étaient posés sur ses genoux. Il attendait que Gradguer lui parle.
- Comment m'as-tu soigné ? Lui demanda-t-il justement. De quel poison ai-je été affecté ?
- Eh bien... Il marqua une pause et se redressa. Déjà, souviens-toi que je ne suis ni expert en médecine ni en magie, mais, voilà ce que je pense savoir. Premièrement aucune trace d'absorption, il insista sur ce mot, pas de muqueuse sèche ou entravée, pas d'odeur, que ce soit au niveau de ta blessure du flanc, dans ton sang ou ta salive. Rien. Pourtant, il y a bien eu du poison dans ton sang. J'en ai prélevé une petite fiole, dans celui-ci j'ai trouvé des traces d'une drogue du nord dont le nom m'échappe ainsi que de la poussière de dimérite, ce métal qui annule la magie.
Gradguer le coupa.
- C'est pour cela que mes capacités de veilleur n'ont pas fonctionnées ?
Son maître hocha gravement la tête.
- C'est bien ce que je pensais. Oui, je pense que c'est ça. Mais ce métal était en quantité infime, c'est étrange, pour contrer un mage on en met généralement plus. Bref, je t'ai aussi soigné avec ce que l'on utilise contre le Venin Bleu, la Crispal et d'autre poison du genre puisque, assommé, tu ne pouvais pas me donner tes symptômes.
L'intéressé réfléchit un moment avant de répondre. C'était inquiétant, plus qu'il ne le pensait de prime abord.
- Ce serait donc un poison que j'aurais, ou avalé camouflé dans autre chose, ou respiré ou dont j'aurais été victime via un sort, et il est possible qu'il ait été spécifiquement préparé contre un veilleur, donc moi.
- C'est aussi ma conclusion, que vas-tu donc faire mon garçon ?
Son maître avait l'air soucieux plus que vraiment inquiet. Gradguer se leva lentement et récupéra son ceinturon et son arme qui y était accrochée. Lorsqu'il se tourna à nouveau vers son maître ses yeux brillaient d'argent et un éclat létal traversa ses yeux.
- Je pars pour Daret, j'ai une amie à retrouver et à aider, un travail à prendre et un fumier à trouver et exécuter.
Son maître, surpris par sa voix forte et vibrante de colère ne répondit pas immédiatement. Pourtant, lorsqu'il arriva à sa hauteur, il l'arrêta d'une main.
- Tu es trop têtu pour renoncer, mais laisse-moi t'accompagner quelques jours, le temps que tu te soignes.
Gradguer lui saisit les avant-bras en guise de remerciement et acquiesça avec respect.
Il ne leur fallut pas plus d'une heure pour préparer leurs deux montures. Ils partirent rapidement laissant l'avant-poste des veilleurs, en réalité guère plus qu'une vieille cabane, derrière eux.
Ils chevauchèrent un moment en silence avant que son maître ne lui adresse la parole.
- Que vas-tu faire exactement là-bas ?
- Voir si je peux aider le seigneur de la cité et en même temps me renseigner ou réfléchir sur qui aurait pu me tendre ce piège, et le tuer. C'est peut-être le magicien, mais ce n'est qu'un soupçon...
- Toujours aussi pragmatique hum ?
Son mentor souriait dans son épaisse barbe, il appréciait asticoter son ancien élève et ami et le faire réfléchir.
- À quoi bon penser différemment.
- Ne prendras-tu donc jamais parti pour autre que toi-même et tes intérêts ? Mon garçon, allez ! Tu as quitté les veilleurs, tu es fort, plus que beaucoup, tu pourrais en aider plus d'un !
- Les héros n'existent pas... Et pour ce qui est d'aider, ne l'ai-je pas fait en tuant ce hurleur?
- Tu l'as fait pour l'argent.
Il ne répondit à cette pique que par un haussement d'épaule et un petit sourire moqueur.
- Je sers mes intérêts, mais aussi ce qu'il me semble bon. Je ne prendrais pas réellement parti pour un seigneur par contre. Lorsque je l'ai fait dans le passé, à l'époque où j'ai rencontré Annaria par exemple, je n'ai pas combattu, je souhaitais juste leur or. À quoi bon qu'un tel arrive au pouvoir ou un autre ? Cela ne changera rien pour moi. Et puis, les paysans, seraient-ils plus en sécurité ? Les marchands payeraient moins de taxes ? L'éducation serait accessible à tous ? Non, tous les seigneurs sont les mêmes. Et si un jour je me trompe, qu'il arrive un homme qui changera tout cela, alors oui, je réfléchirai à me battre pour l'aider, en échange d'un paiement.
Son maître secoua la tête l'air amusé, quelle personne bornée, ce qu'il disait n'était pas dénué de sens, simplement de toute chaleur.
- Je vois mon garçon, tu as peut-être raison... Vis tel que tu l'entends, c'est le principal.
De son côté, Graduer était pensif, il avait toujours agi pour lui et avec logique, ou presque. Et aujourd'hui il allait à Daret principalement car son amie l'y attendait, il ne l'avait pas vue depuis son départ pour un contrat dans les Plaines Ardentes, il y a plus d'un an.
Il chassa ces pensées de son esprit en secouant énergiquement la tête. Il se concentra sur le rythme régulier de sa respiration et des pas de sa monture.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro