Le lendemain, alors que la petite ancienne princesse dormait, les deux adultes se levèrent. Annaria demanda silencieusement à son amour de la suivre et de s'écarter un peu. Elle lui posa ensuite une main sur le cœur et le regarda avec amour en poussant une de ses propres mèches de cheveux de son autre main.

- Que devrons-nous faire ?

Le veilleur savait très bien de quoi elle parlait. Il ne put que souffler.

- Je ne sais que trop.

- Alors choisissons ensemble.

La jeune femme lui sourit et Gradguer lui rendit un petit sourire.

- Grad ? Tu as vu la colère que cette petite a en elle ? Que penses-tu de sa volonté de retourner à Daret, de devenir dragonnier et de se venger ? Qu'allons-nous faire ?

Il sentit que sa compagne était un peu paniquée. Aussi il vint poser une main chaleureuse sur son épaule.

- Paix Anna, paix. Si tu poses trop de questions je ne pourrai y répondre.

Elle rigola et s'excusa.

- Cette petite a tous les droits de régner sur Daret, mais je ne l'y ramènerai pas. Elle risque d'y être attaquée. Nous irons à Daret puis vous me laisserez et tu veilleras un temps sur elle, puis je vous rejoindrai.

- Je n'aime pas ça, où est-ce que nous nous cacherons ?

- Je ne sais pas encore, j'y réfléchirai. Quant à son dragon, c'est... délicat.

La femme haussa un sourcil avant de se serrer contre lui.

- Lui enseigneras-tu ?

- Oui, au moins le combat à l'épée, cela lui servira à se défendre. Par contre, pour les aspects de la culture des dragonniers, je n'en sais rien. Je l'empêcherai de se venger pour la même raison que je ne la mènerai pas à Daret.

Un sourire létal s'afficha sur ses lèvres.

- Mais si je tombe sur celui qui a fait ça, je le tuerai.

Anna s'écarta un peu de lui et le regarda soucieusement.

- Tu feras attention à toi, hein ? Je... Je ne veux pas te perdre, tu as déjà ta propre traque.

- Peut-être que les deux sont liés...

La femme fit la moue, ne sachant que trop comment répondre. Mais l'homme n'avait pas fini, il la saisit doucement par la taille.

- Pendant longtemps, j'ai risqué de perdre ce que j'ai le plus aimé dans le monde depuis longtemps. Toi. Et tout cela, non pas par vengeance, ni même par peur, mais par habitude. Celle d'être toujours seul, je suis profondément désolé.

Elle mit ses mains sur sa bouche tant elle était touchée. Puis elle lui fit un câlin.

- Je te remercie, nous resterons toujours ensemble.

La jeune fille se réveilla et s'étira, et Étincelle fit de même. La jeune fille, les yeux fatigués, chercha ses deux amis, elle se leva alors décidée à les trouver. Et elle les trouva, juste au moment où ils s'écartaient de leur étreinte.

- Gradgeur, Annaria !

Elle gambada gaiement vers eux.

- Bonjour, petite.

- Comment vas-tu, Léna ?

- J'ai bien dormi, merci.

En disant cela, la petite s'étira.

- Mais j'ai eu du mal à trouver le sommeil car je me demandais pourquoi tes yeux avaient des couleurs différentes. J'ai tant de questions.

Gradguer et la femme échangèrent un regard lourd de sens. La femme était amusée par l'enthousiasme de la petite tandis que l'homme, plus pragmatique, était plus proche de l'agacement.

Tandis que la barde alla ranger les affaires, le veilleur lui parla donc de lui et de sa caste. Au fur et à mesure de ses explications, la fille était de plus en plus admirative et sentait naître en elle un élan de fascination pour ce guerrier. Elle allait poursuivre ses questions mais l'homme l'arrêta.

- Je sais ce que tu vas dire et demander. Que ce soit clair, je suis doué mais je ne suis pas un héros, je t'apprendrai autant que je le pourrai le métier des armes mais ne t'imagine pas devenir une guerrière d'exception comme dans les légendes.

Un grand sourire illumina son visage.

- Merci, Gradguer, merci infiniment, je...

Il la coupa d'un geste de la main et d'un regard sévère.

- MAIS ! Je n'ai pas fini... Je ne te mènerai pas à Daret. Ceux qui ont cherché à te tuer voudront le refaire, il est certain qu'ils vivent encore, et qu'ils te cherchent encore. On voyagera donc ensemble, si tu le souhaites évidemment, vers NOTRE destination à Annaria et moi, et nous n'irons pas à Daret.

Voyant qu'elle voulait répondre, il reprit.

- Pas de contestation !

- D'accord, je vous suivrai.

La petite partit bouder et jouer avec Étincelle.

Anna s'approcha alors de son ami et amour.

- Tu as été dur, trop dur.

- Elle comprendra. Partons.

En réalité, en voyant la petite se lever, le veilleur avait senti un frisson glacial lui parcourir l'échine. Il avait un mauvais pressentiment...

Le groupe resta donc ici durant la journée qui était déjà bien avancée. Léna raconta toute l'histoire de sa fuite, à défaut de la prophétie, à ses camarades qui l'écoutèrent avec attention. Annaria et Gradguer profitèrent de moment seul à seul pour peaufiner le chemin vers Daret de façon à ce que Léna ne s'en rende pas compte.

Le soir, les deux filles se couchèrent sous la surveillance attentive du veilleur... Celui-ci avait besoin de réfléchir...

Le lendemain matin, après un repas fragile, Gradguer s'approcha de la jeune fille et lança à ses pieds une grossière épée en bois qu'il avait taillée toute la journée et fit tourner la sienne dans sa main, il esquissa même un petit sourire.

- Es-tu prête ?

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Chapitre un peu plus court pour une fois...

J'espère que ça plait toujours :D