Spiderman 3/3
Après plusieurs tests infructueux et après avoir revu une énième fois les calculs, je commence à perdre espoir. Ma tête entre mes mains, je me reproche à voix haute :
"Pourquoi lui ai-je dit que j'y arriverai ? Je ne suis clairement pas de taille pour ça...
— Ne t'en fais pas, tu vas y arriver. Je sais que tu en es capable. Garde confiance en toi, me réconforte Peter en posant sa main sur mon épaule."
Je souris face à ses encouragements. Je retiens mon souffle et verse une nouvelle fois une goutte sur une lame pour tester ce qui pourrait bien être l'antidote. J'observe la réaction du liquide et soupire de soulagement.
"Ça y est, ça fonctionne !" m'exclamé-je en sautant dans les bras de Peter.
Il répond à mon étreinte et nous mettons quelque temps à nous séparer. Sandra me jette un regard suspicieux que je feins de ne pas remarquer.
"Et maintenant, on fait quoi ? s'enquiert Steve.
— Pour que ça fonctionne, il va falloir lui injecter le produit, lui répond Sandra.
— Ce n'est pas trop dangereux de lui injecter ça ? m'inquiété-je, prise de remords. On ne sait pas comment son corps peut réagir, il y a peut-être des risques pour sa santé...
— À mon avis, pas plus que ce qu'elle a déjà entrepris de s'infliger, argumente Peter.
— C'est vrai... J'espère vraiment que ça va fonctionner.
— Et moi j'espère que Spiderman a réussi à la rattraper avant qu'elle ne fasse trop de mal, ajoute Sandra.
— En attendant d'avoir de ses nouvelles, je pense que nous avons tous mérité une pause, propose Peter.
— Je vais rester ici au cas où il reviendrait, vous pouvez aller vous reposer."
Sandra décide de rester aussi pour me tenir compagnie tandis que Steve et Peter s'éclipsent pour aller chercher à manger. A peine ont-ils quitté la pièce que Sandra m'interroge :
"Alors, toi et Peter, c'est depuis quand ?
— Tu te méprends, il n'y a rien entre nous, dis-je avec un petit rire.
— Je ne pense pas être la seule à avoir remarqué l'attraction qu'il y a entre vous. Et puis, je te comprends, il est beau garçon.
— Je ne vais pas te contredire là-dessus. Mais on ne se connaît pas encore assez, on ne s'est vus qu'une seule fois en dehors du labo.
— Vous avez déjà eu un rendez-vous et tu me dis qu'il n'y a rien ?
— Disons qu'avec l'enchaînement des derniers évènements, je n'ai pas vraiment eu le temps de me pencher sur la question."
Nous interrompons notre conversation quand Steve entre dans le labo.
"C'est la folie dehors, il y a un tas de voitures de police qui sont passées à toute vitesse avec les sirènes à fond. J'ai bien peur qu'elle n'ait fait d'autres dégâts...
— Et Peter ?
— Il m'a dit de ne pas l'attendre, qu'il allait nous rejoindre. Je ne sais pas trop ce qu'il est parti faire."
Spiderman fait son entrée par la fenêtre, restée ouverte depuis le début de la journée.
Il se râcle la gorge devant nos trois paires d'yeux qui le fixent.
"Bonsoir. Avez-vous réussi à préparer un antidote ?
— Oui, dis-je en désignant le flacon accompagné de seringues neuves.
— Très bien. Elle est actuellement à l'université où elle retient en otage des professeurs et des étudiants. Il va falloir que tu viennes avec moi, ajoute-t-il à mon intention.
— Comment ?"
Même si je pose la question, je me doute déjà de la réponse. Tout le monde sait que son moyen de transport favori n'est pas le métro.
"Accroche-toi bien." me conseille-t-il, une main sur ma hanche tandis que je place mes bras autour de son cou.
Il saute par la fenêtre et tire une toile pour nous balancer de bâtiment en bâtiment. C'est vertigineux. Je me fais la réflexion que son estomac doit être bien accroché pour faire ça tous les jours, en sentant le mien être secoué dans tous les sens. Heureusement, le chemin vers l'université est bien plus court par la voie des airs. Alors que nous approchons, je suis aveuglée par les gyrophares des voitures de police qui encerclent l'université. Il se pose sur le toit.
"Regarde, elle est dans cet amphi." signale-t-il en pointant du doigt une fenêtre.
Je l'aperçois debout sur l'estrade en train de parler à des étudiants et des enseignants qui semblent terrorisés.
"Il va falloir être rapide. Nous allons entrer par cette fenêtre. Tu couvriras ton visage car il risque d'y avoir des débris. Je vais l'attraper et la tenir pendant que tu lui injecteras le produit, ok ?
— On ne peut pas essayer de négocier d'abord ? Elle acceptera peut-être de prendre elle-même l'antidote ?
— Tu sais, je te comprends. Si j'avais le choix, je choisirais aussi l'option non-violente. Mais dans son cas, je doute qu'elle coopère.
— D'accord. Je vais essayer alors, me résigné-je en préparant une seringue, peu sûre de moi.
— Fais quand même attention à toi, elle a beaucoup de force."
Il m'attrape par la taille et nous propulse à travers la fenêtre qui se brise sous le poids de son corps. Son costume est sacrément résistant, car aucun débris de verre ne semble l'avoir transpercé.
Face à notre entrée fracassante, des cris se font entendre parmi les étudiants. Rapide, la scientifique nous fait déjà face. Je serre la seringue dans ma main et me prépare à réagir.
Spiderman lui saute immédiatement dessus et elle le propulse contre un mur. Il encaisse le coup et se rattrape sans trop de difficulté.
"Il faut que je vous présente quelqu'un, dit-elle en me prenant une épaule, se tournant vers l'assemblée. Elle, elle a cru en moi. C'est grâce à elle que je suis comme ça aujourd'hui. C'est grâce à nous que la science va progresser. Vous tous qui me rabaissiez, vous ne méritez pas d'assister à cette victoire."
Du coin de l'œil, je vois Spiderman s'approcher d'elle. La salle retient son souffle.
Alors qu'elle s'apprête à se retourner, je tente de faire diversion :
"Pourquoi avoir fait ça ? Ce n'est pas ça qui fait de vous une grande scientifique. Cette ténacité dans vos recherches, cette certitude que vous alliez un jour réussir et que vos résultats allaient servir une grande cause. Puis enfin un jour les bons résultats qui tombent. Ça aurait pu être ça, votre victoire. Mais vous avez choisi...
—La vengeance, m'interrompt-elle. J'ai choisi la vengeance. Je ne le regrette pas, c'est si délicieux ! Regarde leur têtes. Avant, ils me prenaient de haut. Maintenant, ils me respectent !
—Je vous respectais bien plus avant."
Elle semble irritée par ma remarque et s'apprête à me répondre quand Spiderman l'attrape et la plaque au sol à l'aide de ses toiles. Hésitante, je m'avance et sors la seringue.
"Vas-y, me lance-t-il alors qu'elle se débat.
— Traîtresse ! hurle-t-elle de rage."
D'un coup de pied, elle me propulse violemment à l'autre bout de l'estrade, contre une vieille armoire qui s'effondre sur le coup. Un peu sonnée, je ne vois pas Spiderman récupérer habilement la seringue et lui injecter l'antidote. Je l'entends encore crier avant qu'elle ne se calme subitement.
Le danger maîtrisé, toutes les personnes retenues dans la pièce s'échappent en courant vers la sortie. L'homme-araignée envoie encore quelques toiles pour maintenir ses mains et ses jambes avant de s'approcher de moi. Il dégage une étagère qui m'empêchait de me relever.
"Ça va, tu es blessée ? s'inquiète-t-il.
— Je ne crois pas, dis-je en me dégageant des décombres.
— Tu saignes... dit-il en prenant mon bras.
— C'est juste une égratignure, je n'ai même pas mal ! Enfin, presque, précisé-je en grimaçant. Mais je crois que je ne suis pas si mal tombée, dis-je en remarquant une trousse de premiers secours tombée à côté de moi dans la chute de l'armoire. Ça devrait suffire."
J'entreprends alors de nettoyer et de bander ma plaie, sans grande habileté.
"Laisse-moi faire." propose-t-il en me voyant en difficulté.
Je frissonne au contact de sa main gantée avec ma peau.
"Je t'ai fait mal ?
— Non, ça va, tu gères bien mieux que moi." dis-je en relevant la tête vers lui.
Il s'applique et ne semble pas se rendre compte de notre proximité, contrairement à moi. Je peux observer les détails de son masque. Je tente d'apercevoir ses yeux mais je ne parviens pas à les distinguer. Je me demande comment il arrive à voir avec ce masque.
Le bandage fini, il lâche mon bras et se gratte l'arrière de la tête en regardant son œuvre. Mon cœur rate un battement. Il vient de reproduire exactement le même geste que j'ai vu des dizaines de fois ces derniers mois.
"Voilà, tu en penses quoi ? demande-t-il en redressant la tête.
— De ? dis-je sans assimiler les informations, nez à nez avec lui.
— De..." répète-t-il, semblant lui aussi perdre le fil de ses idées alors que nous nous fixons.
Un grognement nous ramène à la réalité. Il se tourne vers le docteur qui tente de se défaire de ses liens. Tandis qu'il la relève pour l'attacher solidement à une chaise, je cligne des yeux pour me remettre les idées en place. Peter ? Ce n'est pas possible, ce ne peut pas être lui. Il y a sûrement de nombreuses personnes qui ont cette même habitude.
"Que s'est-il passé ? nous interroge-t-elle.
— Vous ne vous souvenez de rien ? rétorque Spiderman.
— Je me suis administré le produit et... ça n'a pas fonctionné, c'est ça ?
— Peut-être un peu trop, commente-t-il.
— Ce n'est pas possible ! Je pensais l'avoir enfin trouvé..."
Je la fixe sans dire un mot. Je ne sais quoi répondre. Elle a l'air déçue et je ne peux m'empêcher de ressentir de la peine pour elle. Mais elle ignore tout des dommages dont elle a été l'auteur et je sais que les autorités ne vont pas tarder à venir la chercher.
Spiderman a dû remarquer mon expression, car il pose sa main sur mon épaule.
"Tu peux rentrer chez toi, si tu veux, je peux m'occuper d'elle, m'assure-t-il à voix basse.
— Ça ira, je vais rester. Tu ferais mieux d'y aller, il ne me semble pas que tu sois en très bons termes avec la police... Merci beaucoup pour ton aide, dis-je en lui prenant la main, tout en essayant de distinguer un quelconque indice qui pourrait affirmer ou contredire ma théorie sur son identité.
— Merci à toi, je n'y serais pas arrivé sans tes talents de chimiste.
— C'est aussi grâce à Peter, ajouté-je, guettant sa réaction. C'est le gars le plus intelligent que je connaisse.
— Et bien... Tu le remercieras aussi de ma part alors, répond-il, impassible. Au revoir." me salue-t-il avant de disparaître par la fenêtre brisée.
La police débarque peu après son départ et un officier me questionne sur les récents évènements et la raison de ma présence ici.
Quand Peter arrive, il me prend dans ses bras.
"Je suis soulagé que tu ailles bien.
— Tout le monde s'en est sorti indemne ?
— Oui, beau travail, ajoute-t-il.
— Spiderman a tout fait, je n'ai même pas réussi à lui injecter l'antidote...
— Je suis sûre que tu as été super. Si cet antidote a été créé, c'est surtout grâce à toi.
— Surtout grâce à toi, tu veux dire.
— Tu m'agaces presque, à ne pas reconnaître tout le travail que tu as fait."
Je souris. Son regard doux me trouble. Je crois que Sandra a raison, je l'apprécie plus que je ne veux me l'avouer.
Il propose de me raccompagner chez moi, ce que j'accepte sans hésiter. Arrivés en bas de mon immeuble, nous nous regardons en silence, comme si aucun de nous n'osait parler en premier. Machinalement, il se gratte l'arrière de la tête, réfléchissant sûrement à ce qu'il va dire. Cette fois-ci, je n'y tiens plus, il faut que j'en ai le cœur net.
"Peter...
— Oui ?
— Est-ce que... Non, je ne sais pas si je dois te demander ça, tu vas me trouver bizarre.
— Bien sûr que non. Tu peux me demander ce que tu veux, assure-t-il en fronçant légèrement les sourcils.
— C'est juste que je me demandais si toi, enfin tu... si tu étais Spiderman."
Il me fixe, interloqué. Je regrette immédiatement mes paroles.
"Voilà, j'étais sûre que tu allais me trouver folle !
— Non, je ne te trouves pas folle. C'est simplement que... Je me demande ce qui te fait penser ça.
— C'est cette habitude, que vous avez tous les deux. Vous vous grattez l'arrière de la tête quand vous vous concentrez.
— Tu as remarqué ça, toi ?
— Il faut dire que tu le faisait souvent, au labo.
— Tu m'espionnais ? réplique-t-il, taquin.
— Je... non, j'ai juste un bon sens de l'observation, tenté-je de me défendre.
— Vraiment ? dit-il en s'approchant de moi.
— Vraiment, dis-je en lui faisant face.
— Moi, je te regardais travailler, dit-il en s'avançant encore, le regard brûlant. Je connais la manière dont tu repositionnes tes lunettes sur ton nez après avoir utilisé le microscope. Je sais que tu as besoin d'attacher tes cheveux quand tu rencontres un problème plus coriace. Je sais..."
Je ne le laisse pas finir sa phrase et l'embrasse. Il répond à mon baiser et passe une main dans mes cheveux. Quand nos lèvres s'éloignent, il s'approche de mon oreille et murmure :
"Et, oui, je suis Spiderman. Mais ça, c'est un secret que tu vas devoir garder."
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