Spiderman 2/3
Le lundi suivant, je me surprends à être déçue de ne pas retrouver Peter au labo. Il faut dire que nous formions un bon binôme. Mes observations de la semaine précédente nous ont encouragés et l'ambiance est très studieuse dans la pièce. Chacun est concentré sur sa tâche. Steve trie des données sur l'ordinateur tandis que Sandra et Marie sont penchées sur les derniers tests, mélangeant méticuleusement différents liquides. Quant à moi, j'ai encore le nez collé au microscope, le levant de temps en temps pour griffonner sur un carnet.
Le silence est troublé soudainement par le cri de Sandra. Steve et moi relevons immédiatement la tête, inquiets, avant de nous rendre compte qu'il s'agit d'un cri de joie. Un large sourire éclairant son visage, le docteur Marie nous fait signe de nous rapprocher.
"Enfin, ce que j'attendais depuis toutes ces années ! Les cellules fusionnent et conservent le meilleur de chacune, et tout ceci en l'espace de quelques secondes !
— C'est génial ! s'extasie Sandra. Dès que nous aurons déposé un brevet, ils verront enfin que vous aviez raison de poursuivre vos recherches !
— J'aimerai encore réaliser des tests... Les souris ont bien réagi, mais qu'en serait-il d'un être-humain ? réfléchit la scientifique. Nous pourrions réussir à guérir des maladies jusqu'ici incurables. Nous pourrions améliorer considérablement nos capacités !
— N'y a t-il pas trop de risques pour ce genre de test pour le moment ? l'interroge Steve.
— Je n'en peux plus d'attendre... Nous sommes si près du but, et nous devrions encore nous embarrasser avec des démarches superflues ?
— Je comprends, mais je doute vraiment que l'on obtienne l'autorisation de faire passer des tests sur l'Homme avant plusieurs mois voire plus d'un an, rétorque Sandra."
La chercheuse ne répond pas et se replonge dans ses résultats positifs. Je la sens frustrée. Malheureusement, ce que dit Sandra est vrai. Il est encore trop tôt pour le tester sur un être humain sans trop de risques, et les démarches s'avèrent souvent très longues. J'envoie un message à Peter pour le prévenir de ces nouvelles réjouissantes.
Le soir, je suis la dernière à rester au labo en compagnie du docteur car Steve et Sandra sont partis plus tôt. Voyant l'heure tardive, je prépare mes affaires et pars en saluant la chercheuse. Alors que je suis presque sortie du bâtiment, je m'aperçois que j'ai oublié mon badge, ce qui risque de me compliquer la tâche pour revenir le lendemain. Je soupire face à mon étourderie et fais demi-tour pour regagner le labo.
Quand j'entre, je trouve avec effroi le docteur allongée par terre, inconsciente. Affolée, je me précipite à ses côtés et appelle à l'aide. Malheureusement, les locaux sont vides à cette heure-ci et personne ne répond. Alors que je déverrouille mon téléphone pour composer le numéro des secours, elle semble se réveiller. Elle cligne des yeux.
"Vous allez bien ? Que s'est-il passé ?"
Elle se tient la tête et regarde autour d'elle. Elle semble désorientée. Je remarque une seringue sur le sol, à côté d'elle. C'est étrange, elle n'avait pas l'air d'être en train de réaliser une expérience, à en voir la table jonchée de feuilles.
Son corps est soudainement pris de spasmes. Inquiète, je demande :
"Voulez-vous que j'appelle les secours ?
— Non ! Non, surtout pas !" s'irrite-t-elle.
Voyant que ses tremblements ne se calment pas et que sa peau commence à pâlir de plus en plus, je saisis le téléphone fixe du labo, tape le numéro d'urgence et envoie l'appel. Elle m'arrache alors violemment l'appareil et l'écrase entre ses doigts. D'où lui vient une telle force ?
Surprise, je recule et assiste impuissante à sa transformation. Moins de deux minutes plus tard, elle se relève. Son corps a cessé de trembler mais s'est teinté d'une couleur grisâtre. Je n'arrive pas à expliquer ce changement de teint. Je n'ai jamais rien vu de tel.
Hésitante, j'ose alors lui demander :
"Vous vous sentez bien ?
— Je ne me suis jamais sentie aussi bien !"
Le ton de sa voix a changé également, il a quelque chose de puissant et de caverneux.
"Qu'avez-vous fait ? dis-je, commençant à comprendre la cause de cette transformation en apercevant un flacon ouvert sur la table.
— Ce qu'il fallait faire. Ces recherches ont trop duré et je vais enfin parvenir à prouver leur efficacité et leur légitimité !"
Quelque chose d'autre a changé en elle. Je ne la reconnais pas, comme si sa personnalité avait été touchée. La situation me semble totalement irréelle.
"Il faut trouver de l'aide, vous ne pouvez pas rester comme ça. On ne connaît rien des effets que peut avoir ce produit...
— Je n'ai pas besoin d'aide. Tu ne vas rien faire. Je vais expérimenter l'entièreté de mes nouvelles capacités avant d'aller rendre visite aux personnes qui n'ont pas cru en moi ou qui ont qui m'ont mis des bâtons dans les roues. Il est enfin venu pour elles le temps de regretter."
Il est vrai que ses travaux de recherches sont loin d'avoir fait l'unanimité. Nombreux sont ceux qui n'y ont pas cru et qui ont refusé de les financer ou qui ont essayé de l'arrêter. Je me souviens du mail de menace qu'elle a reçu récemment de la part d'un grand laboratoire pharmaceutique. Elle a toujours voulu prouver qu'elle y arriverait, même sans aucun soutien.
Compte-t-elle se venger à présent ? Ses intentions m'inquiètent. Je ne peux pas l'interroger plus car elle a déjà quitté la pièce à une vitesse folle. Encore sous le choc, je ne sais pas comment réagir.
Le premier reflexe qui me vient est d'appeler Peter. Lui parler m'aidera sûrement à remettre de l'ordre dans mes idées et je ne porterai au moins plus le poids de ces évènements seule. J'essaie de paraître calme, mais des tremblements se font sentir malgré moi dans ma voix.
"Comment ça elle se l'est injecté ?! s'exclame-t-il à l'autre bout de la ligne.
— Je ne comprends pas ce qui lui a pris ! Elle est devenue super bizarre. On dirait qu'elle s'est transformée entièrement... La couleur de sa peau, sa voix, sa personnalité... Tu saurais expliquer ça ?
— Pas dans l'immédiat, mais elle devrait rester sous surveillance normalement.
— Sauf qu'elle est déjà partie... Et elle n'a pas l'air encline à coopérer.
— Elle a dit où elle allait ?
— Elle a parlé de tester ses capacités puis de rendre visite à ceux qui n'ont pas cru en ses recherches...
— Ok... Comment ça va, toi ?
— Ça va, je crois. Je ne réalise pas vraiment ce qu'il vient de se passer.
— Tu te sens de rentrer chez toi ? Je te rappelle plus tard.
— Oui, bien sûr."
En réalité, je ne suis sûre de rien. De retour chez moi, je me prépare machinalement à manger sans pour autant avoir faim, attendant l'appel de Peter. Quand il arrive enfin, le contenu de mon assiette est toujours intact mais désormais froid.
Après avoir pris de mes nouvelles, il m'informe qu'elle est chez elle.
"Tu es devant chez elle ? Fais attention à toi !
— Si elle est dans un esprit de vengeance comme tu l'as dit, je ne devrais rien avoir à craindre.
— Je doute quand même que ce soit une bonne idée de l'approcher. Si elle tente quoi que ce soit, il faudra alerter la police. Je pense que j'irai tout expliquer au directeur de l'institut demain matin.
— Bonne idée. En attendant, rien ne presse, on dirait qu'elle cherche surtout à comprendre ce dont elle est capable.
— Penses à te reposer aussi, Peter.
— Je vais essayer. On se tient au courant, annonce-t-il avant de raccrocher."
Finalement, je passe la première partie de la nuit à échanger des messages avec Peter avant de m'endormir de fatigue. Je ne sais pas s'il a passé la nuit entière à la surveiller, mais elle semblait inépuisable. Mon dernier message est resté sans réponse, il est sûrement allé se coucher.
Avant même d'arriver au labo, j'entends des éclats de voix et des bruits de casse depuis le couloir. Je me précipite vers la porte entrouverte, et découvre avec étonnement le docteur Marie en pleine bataille avec Spiderman, le super-héros qui protège la ville depuis plusieurs années. Je n'ai encore jamais eu l'occasion de le voir de près. Je ne sais pas comment il a eu vent de sa transformation, j'espère seulement que ce n'est pas parce qu'elle a déjà fait des victimes. J'entre au moment où elle s'enfuit par la fenêtre.
Au lieu de la poursuivre, Spiderman se dirige vers moi.
"Salut, tu travailles ici ?
— Oui, je suis en stage avec... euh... elle, dis-je en désignant la fenêtre ouverte. C'est elle qui dirige les recherches de ce labo.
— Ok. Si j'ai bien compris, elle est comme ça à cause de vos recherches ?
— Oui, elle s'est injectée un produit qu'on n'a pas encore testé.
— Est-ce que tu penses que tu arriverais à préparer une sorte d'antidote ? Ou au moins quelque chose qui pourrait la calmer ?
— Je doute d'en avoir les capacités... mais je connais quelqu'un qui pourrait m'aider !"
Je prends mon téléphone et sélectionne le contact de Peter. Comme il ne répond pas, je laisse un message sur son répondeur.
"Salut Peter, c'est moi... J'ai besoin de toi au labo. Si tu peux, viens dès que tu as ce message s'il-te-plaît. C'est assez urgent. A très vite."
"Bon, je te laisse gérer alors. Je vais essayer de la retrouver, déclare l'homme-araignée.
— Attends ! Je voudrais savoir si elle a...
— Fait des victimes ? termine-t-il ma phrase. Malheureusement, elle a agressé plusieurs personnes cette nuit, mais la plupart s'en sortiront.
— Quelle horreur... Il faut à tout prix l'arrêter.
— Sur ce coup, nous allons devoir faire équipe.
— Avec Peter, je suis sûre que l'on peut y arriver, déclaré-je en comptant sur mon ami.
— Très bien, lance-t-il en empruntant le même chemin que la chercheuse."
Je me mets à ranger un peu la pièce afin d'y voir plus clair. Je rassemble quelques feuilles volantes et les fioles qui n'ont pas été cassées. Je ne sais pas trop par où commencer, j'espère que Peter ne tardera pas.
La matinée est déjà bien entamée quand il arrive enfin. J'ai eu le temps de parler avec le responsable de l'institut avant qu'il ne s'enferme dans son bureau pour passer des appels téléphoniques. J'ai dû également expliquer la situation à Sandra et Steve qui se sont mis en quête de m'aider.
Je le remercie d'être venu et le met au courant de la requête de Spiderman. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter devant son air épuisé :
"Tu as pu te reposer un peu ?
— Oui, j'ai dormi un peu ce matin, ne t'en fait pas. Où en êtes-vous ?
— Difficile à dire... Ce n'est pas évident de trouver un antidote à ce qui a pris des années à être trouvé. Mais je crois que j'ai une piste avec ces calculs, regarde, dis-je en lui tendant une feuille couverte de formules."
Il parcourt la feuille en se grattant l'arrière de la tête. J'ai remarqué qu'il fait toujours ce geste quand il se concentre ou qu'il réfléchit.
— Tu as raison, ça pourrait marcher ! finit-il par conclure. Peut-être en ajoutant..."
Il ne termine pas sa phrase et se met à écrire des calculs en utilisant une formule que je ne connais pas.
"Ok, je pense qu'on tient quelque chose. Il n'y a plus qu'à tester avec ces quantités.
— T'es sûr qu'on suit les mêmes études ? Parce que j'ai l'impression que je ne pourrai jamais atteindre ton niveau !
— N'en soit pas si sûre, c'est toi qui a fait la plus grande partie du travail." répond-il modestement en cherchant une fiole.
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