Eggsy (Kingsman)
Vous connaissez sûrement le geek dans le fauteuil, mais peut-être ne vous en souvenez-vous pas. Vous savez, ce type qui travaille dans l'ombre du héros et sauve ses fesses des situations délicates dans lesquelles il prend un malin plaisir à se fourrer ?
Je suis ce geek dans le fauteuil. Et je suis aussi désespérément amoureuse de mon héros.
Nous travaillons ensemble depuis des années, pendant lesquelles j'ai eu l'occasion de le voir emballer un grand nombre de femmes. C'est pour le bien de la mission, m'assure-t-il. Je ne peux pas le nier, ça a pu nous aider plus d'une fois. Mais je me serais bien passée d'assister au spectacle.
"Nous formons une belle équipe !" ne cesse-t-il de répéter. Ou encore "Tu es ma plus chère amie". De belles et affectueuses paroles, qui me font pourtant cruellement souffrir et me convainquent que mes sentiments ne sont pas partagés. Voilà pourquoi je n'ai jamais osé me déclarer.
"Tu vois quelque chose ?" m'interpelle une voix dans mon casque.
Je me replace sur ma chaise de bureau et scrute mon ordinateur.
"Il y a 3 hommes qui arrivent sur ta droite.
— Ok."
À l'écran, je le vois maîtriser sans mal ses adversaires.
"Maintenant, prends la 3ème porte à gauche. Je te l'ai déverrouillée.
— Qu'est-ce que je ferais sans toi !
— Quand tu l'auras récupéré, l'alarme se déclenchera. Tu auras deux minutes avant que les gardes n'atteignent l'étage. Il faudra que tu empruntes l'issue de secours qui se trouve au bout du couloir.
— C'est noté."
Il s'empare de l'objet et un son strident se fait entendre. Au lieu de quitter les lieux comme prévu, l'espion en costume ne s'enfuit pas. Il semble être attiré par quelque chose d'autre dans la pièce.
"Egg, il faut que tu partes. Ils se rapprochent, magne-toi.
— Attends, je crois que j'ai trouvé un truc.
— Mais eux ils ne comptent pas attendre !"
C'est inutile de m'acharner, il n'a que faire de ce que je peux lui dire. Sachant combien il est têtu, je me mets en quête d'un autre échappatoire en réétudiant les plans du bâtiment. Un bruit sourd m'indique que les gardes ont pénétré dans la pièce en enfonçant la porte.
"Chouette, encore une bagarre ! se réjouit mon coéquipier dans mon casque.
— Non, pas chouette, soupiré-je en levant les yeux au ciel. Je sais que tu sais te battre et tu n'as rien à leur prouver.
— Je suis sûr qu'une petite démonstration ne leur fera pas de mal... Ok, peut-être un peu.
— Egg..."
Un second soupir m'échappe. S'il suivait plus souvent les plans définis à l'avance, les missions seraient beaucoup plus tranquilles. Mais monsieur n'en fait qu'à sa tête, comme toujours.
C'est en souriant qu'il entre dans mon bureau une trentaine de minutes plus tard, la manche de son costume presque arrachée.
"Nous avons encore fait du beau travail, partenaire ! déclare-t-il joyeusement.
— Ça aurait été plus simple si tu t'en étais tenu au plan et si tu avais écouté mes indications.
— Oh, je t'ai vexé ? Tu étais parfaite, j'ai juste voulu m'amuser un peu, dit-il en s'approchant de moi, faisant mine de vouloir me réconforter.
— Ne me touche pas, ta chemise est pleine de sang.
— C'est vrai, remarque-t-il en inspectant ses vêtements. Ça va encore être dur à ravoir."
Sans prévenir, il la retire et je me retrouve nez à nez avec ses abdominaux.
"Je croyais que les britanniques étaient pudiques, avancé-je en évitant de lorgner sur ses muscles que je sais bien dessinés.
— Comme si ça te dérangeait. Tu as déjà vu pire."
Je ne qualifierais pas forcément ça de "pire" mais oui, j'ai vu. Il fait bien évidemment référence aux missions impliquant une cible à séduire, où j'ai parfois malencontreusement dû assister à un début de partie de jambes en l'air.
"Merci de me remettre en tête des images que je tente en vain d'oublier.
— Je ne savais pas que je hantais tes nuits." plaisante-t-il.
S'il savait.
"Je suis traumatisée et ça te fait rire ?
— À ce point là ? Je ne pensais pas que ce corps si bien entretenu pouvait traumatiser les demoiselles."
Je fais mine d'être agacée par son égo démesuré mais réprime un sourire.
Après trois coups sur la porte, la nouvelle secrétaire entre et découvre l'agent torse-nu au milieu de mon bureau.
"Désolé, je ne voulais pas déranger, se méprend-elle. Je viens de vous envoyer les informations que vous m'aviez demandé, ajoute-t-elle en s'attardant sur les abdominaux de mon coéquipier.
— Très bien, merci beaucoup." réponds-je aimablement.
Un sourire amusé aux lèvres, Eggsy a bien évidemment repéré son manège et elle remporte un clin d'œil qui la fait rougir avant qu'elle ne quitte la pièce.
"Tu les feras donc toutes tomber, commenté-je.
— Que veux-tu, il semblerait que mon corps ne traumatise pas tout le monde."
J'ouvre la boîte mail et télécharge le dossier en pièce jointe. L'espion pose devant moi la clé qu'il vient de récupérer, ainsi qu'un porte document.
"C'est pour ça que tu nous as retardé ? Une vieille mallette avec de la paperasse ?
— Regarde à qui elle appartient."
Je lis le nom brodé en fil doré sur l'étiquette. C'est notre homme. Jones, l'acquéreur d'une arme bien trop dangereuse pour se trouver dans la nature. Nous ne somme pas encore sûrs de ce qu'il veut en faire, mais nous savons qu'elle pourrait faire bien trop de dégâts. Surtout entre les mains des méchants.
C'est lui qui détient la dernière pièce du puzzle. C'est à lui que nous allons l'extorquer. Mon coéquipier agite triomphalement l'agenda de la cible, qui nous indique notre programme de ce soir.
Cette fois-ci, je dois délaisser le confort de mon bureau pour cette petite camionnette tout aussi bien équipée. La soirée mondaine à laquelle Eggsy s'infiltre nous permettra d'obtenir la localisation de la cachette de l'objet mortel. Dès que nous aurons l'adresse qui nous intéresse, il faudra agir vite et nous y rendre avant notre ennemi qui doit déjà savoir que nous sommes en possession de sa précieuse clé.
"Zut !" juré-je alors que la portière arrière de ma planque d'acier s'ouvre brutalement.
J'ai le réflexe professionnel de verrouiller mon ordinateur. Dans mon casque, j'entends Eggsy qui m'appelle, probablement alerté par le bruit. Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'un homme baraqué m'attrape par le col et me sort violemment du véhicule.
"Où est-il ?" tonne-t-il en pressant ma joue contre la tôle.
Mon manque de réponse semble l'agacer, et il balance une nouvelle fois mon crâne contre l'alliage métallique. Ma tête encaisse le coup, et mes lèvres restent scellées.
"Je ne me répéterai pas une troisième fois, menace-t-il. Où est-il ?"
Je ne compte pas coopérer, et je le lui signifie par mon expression fermée. Il lève son poing puis s'effondre sur moi. Je repousse le cadavre en prenant soin de ne pas me tâcher.
"C'est moi qu'il cherchait ? s'enquiert l'auteur de la détonation fatale.
— Aucune idée, il n'était pas très précis dans sa requête. Tu as fini, on peut y aller ?"
Il me dicte l'adresse qu'il a récupéré auprès d'un homme sûrement bien amoché à l'heure qu'il est et nous nous mettons en route.
"Par contre Egg, on en a déjà parlé. Il faut que tu arrêtes de me balancer des cadavres dessus.
— T'es jamais contente. Tu voulais que je le laisse te frapper ?"
Je ne réponds pas et lève les yeux au ciel.
Quelques minutes plus tard, nous sommes en planque devant la bâtisse qui renferme l'arme. Je met en route mon arsenal de technologie pour étudier les lieux qui semblent bien gardés. Les données commencent à s'afficher sur mon ordinateur quand un paquet de chips apparaît sous mon nez.
"Tu veux des chips ?
— Hé, où t'as trouvé ça ?
— Dans ta réserve secrète. Pas très secrète, cela dit.
— Il faut bien que je m'occupe pendant que tu es sur le terrain.
— Tu manges en me regardant bosser ? Tu t'es cru au cinéma ?
— Moi aussi je bosse je te ferai dire, protesté-je en tirant la langue.
— Range moi ça, c'est indécent.
— Parce que tu t'y connais en décence, toi ?"
J'effectue les derniers réglages. Nous allons devoir patienter avant de savoir à quoi nous avons à faire. Ensuite, nous préparerons un plan qu'Eggsy ne suivra probablement pas. Ce dernier est d'ailleurs d'humeur bavarde et curieuse, à en croire la question qui vient de me surprendre.
"Tu vois quelqu'un en ce moment ?
— Pourquoi ?
— Faut bien tuer le temps. Et puis, je me rends compte que ça fait un moment que tu ne m'as rien dit sur ta vie sentimentale.
— Parce qu'il n'y a rien à dire.
— Je suis persuadé que si.
— Non, vraiment rien."
Je sens mes joues changer de teinte alors que ma réponse est un peu trop virulente. Je peste intérieurement contre mon corps de me trahir si facilement.
"Je pense qu'il faudra agir quand Jones rentrera et lui prendre son badge d'accès, changé-je de sujet.
— Ah ah ! J'en étais sûr, il y a quelqu'un.
— Il n'y a personne.
— Dis-moi, qui est l'heureux élu ? Le gamin qui nous sert de nouvelle recrue ou le beau gosse coincé de la compta ?"
Je peine à garder mes moyens alors qu'il s'approche dangereusement de moi. Un sourire malin se dessine sur son visage et il plante ses yeux dans les miens.
"Dis-moi.
— Egg..." soufflé-je en fermant les yeux, incapable de lui demander de reculer.
Je me sens fiévreuse et je ne vois pas son regard changer. Quand je rouvre mes paupières, une étrange lueur brille dans ses pupilles. N'y tenant plus, je romps le maigre espace qui nous sépare et scelle nos lèvres.
Ses yeux s'agrandissent sous l'effet de la surprise, et je crains d'avoir fait une bêtise irréparable. Celle que je redoutais.
"Désolé, je... je n'aurais pas dû... je..." bégayé-je en m'écartant brusquement de lui.
Mais une main derrière ma nuque réunit nos lèvres une seconde fois. Cette fois-ci, ce n'est pas moi qui suis à l'initiative du baiser. Nos souffles brûlants se mélangent et je savoure cette étreinte sans m'embarrasser de questions. Je le sens sourire contre mes lèvres.
"Je croyais que je t'agaçais ?"
Je ne réponds rien et cache ma tête dans son cou. Comment ai-je pu céder si facilement ? Pourquoi m'a-t-il embrassé ? Est-ce un jeu, pour lui ? Toutes les questions qui menaçaient de parasiter mon esprit ressurgissent.
Je l'entends prononcer doucement mon nom, et toutes mes agitations se calment d'un coup.
"J'ai toujours pensé que je ne t'intéressais pas, que j'étais ce coéquipier exaspérant que tu étais obligé de te coltiner à chaque mission. Nourrirais-tu d'autres intentions ?
— Eggsy... Je... Je sais que c'est débile de ma part. Je veux dire, je sais que je ne suis rien de plus pour toi qu'une collègue, peut-être une amie. Et je suis bien loin d'être au niveau des femmes que tu fréquentes...
— Bien sûr que non, me coupe-t-il avant que je ne m'emmêle davantage. Tu es superbe. Si tu savais le nombre de fois où j'ai dû me retenir de te sauter dessus de peur que ce soit déplacé.
— C'est vrai ?
— Oh que oui. Crois moi, si j'avais su plus tôt que je ne t'étais pas si insupportable, j'aurais déjà tenté ma chance."
Ses paroles me font l'effet d'une explosion de chaleur dans ma poitrine. Mon espion préféré m'embrasse à nouveau alors que j'assimile encore ces révélations.
Malheureusement, le point rouge qui se met à clignoter sur l'écran, signe que notre cible est en approche, nous indique qu'il est temps de passer à l'action.
"Il semblerait que le devoir nous appelle. Je reviens vite, promet-il avec un clin d'œil.
— Tu as plutôt intérêt."
Je suis le geek dans le fauteuil, et je suis passionnément amoureuse de mon héros.
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