Duels
— Hey !
Jake se fige et serre les dents en m'observant de la tête aux pieds. J'avoue que j'ai perdu quelques forces en chemin. Je n'ai jamais eu peur de demander pardon avant. Après tout ce que j'ai fait, la seule personne que j'ai pu blesser était mon frère et je sais qu'il ne me lâchera jamais. Ça n'a même jamais été une question de pardon, mais plutôt d'attendre qu'il cesse de me fusiller du regard. Il m'a prouvé bien trop de fois qu'il sera toujours là pour moi et je regrette maintenant de lui avoir fait traverser tout ça.
Mais Jake ? Il n'a aucune raison de me pardonner. Ça vie ne va pas en être changée. Il ne m'a pas sur les épaules jusqu'à ma majorité comme Drew. Il n'est pas coincé avec moi. Il peut très bien ne plus vouloir voir ma tronche et je ne pourrai pas le lui reprocher. Alors, qu'il ne me mette pas directement son poing dans la gueule est déjà une victoire.
— Hey, réplique-t-il avant de vider sa bière.
Les mains dans les poches de mon jean, je me balance sur mes talons et soupire en cherchant mes mots. C'est ridicule, faut juste en finir.
— Je suis sincèrement désolé. Pour tout. Je suis un connard et ça n'excuse pas ce que je vous ai fait subir.
Jake dresse un sourcil, visiblement très surpris par mes paroles. J'avoue que j'en ai pas l'habitude non plus. Après un instant pour se remettre de ses émotions, il me fait signe de le suivre vers un coin plus tranquille dans le couloir. Avec un regard vers Sarah pour m'assurer qu'elle est toujours dans les parages, je le suis, prêts à recevoir la raclé du siècle. Mais une fois dans le corridor, Jake croise les bras et se plante devant moi, le regard curieux.
— Je me demandais combien de temps ça allait te prendre pour rassembler tes couilles et venir me parler.
Le coin de sa bouche tressaute, incapable de garder son sérieux trop longtemps. Il a bien plus de muscles qu'avant. Lui qui veut devenir pompier , je n'ai aucun doute qu'il sera capable de me peter le nez sans faire de gros efforts. Mais même face à cette évidence, je n'ai pas peur. Si je dois me faire démolir, autant que ce soit pas mon meilleur ami, non ? Je grimace et passe une main dans mes cheveux.
— À peu près autant de temps que toi pour trouver tes couilles chaque matin.
J'attends le coup, mais il ne vient pas. Un grondement remonte de sa gorge et un éclat de rire lui fait secouer la tête.
— Je t'emmerde, connard !
Je ris à mon tour et baisse la garde, le temps de laisser partir un nouveau poids de mes épaules.
— Je suis content de voir que t'es en vie et toujours aussi chiant.
Mon pote s'approche d'un pas et décroise les bras.
— Mon meilleur ami me manquait, avoue-t-il gêné.
— C'est Iris qui t'as obligé à le dire ?
Il lève les yeux au ciel et avec force, il passe ses bras autour de mes épaules et me serre contre lui.
— Va ta faire foutre, Kyle.
Son marmonnement se perd dans son rire alors que je le serre contre moi en retour. C'était si facile, peut-être même trop facile. Même si j'ai eu ma leçon et que je n'ai pas spécialement envie de souffrir physiquement à nouveau, je m'attendais quand même à ce qu'il me frappe ou me face ramper pour avoir son pardon. Je ne l'aurais pas fait, j'ai quand même ma fierté, mais c'était presque trop facile.
— Tu peux me frapper ?
Jake recule et me relâche pour croiser mon regard, l'air de me prendre pour un demeuré.
— Je ne compte pas le faire.
— S'il te plaît ? Rien de personnel.
Je lève les main pour lui montrer que je ne vais pas répliquer mais il secoue la tête.
— C'est une sorte de thérapie ? Tu veux que je te frappe pour que t'aille mieux ?
Je lance un regard par-dessus mon épaule et constate qu'Iris et Sarah nous observent depuis un coin du salon. Non seulement je me sentirai mieux, mais en plus je gagnerai mon pari.
— Oui et non. Ne cherche pas d'explication. Je veux juste que tu me frappes.
Jake jette un œil dans la même direction, vois certainement Iris et Sarah et fronce les sourcils. J'imagine que sa copine ne sera pas contente s'il me flanque son poing dans la gueule.
— Si je te frappe, Iris me tue.
J'avais deviné. Je lève les yeux au ciel et songe au pari. Sarah en a tout autant envie que moi, alors, peut-être que j'ai pas besoin de me faire défoncer le gueule.
— OK, mais si je n'ai pas ce que je veux, c'est moi qui te frappe.
Jake fronce les sourcils, mais je ne lui laisse pas le temps de me demander des explications. Ce soir, c'est probablement la dernière fois que je vais pouvoir passer du temps avec Sarah avant sa prochaine séance de chimiothérapie et mon départ à l'université. Je ne vais pas gâcher un instant de plus.
Décidé, excité et déterminé, je vais d'un pas sûr jusqu'au salon et me plante devant ma lionne, ma déesse, ma femme et prends son visage entre mes mains pour lui donner le baiser qu'elle mérite et que je mérite après tous ces mois séparés.
Ma battante n'oppose aucune résistance. Bien au contraire, ses mains s'agrippent à ma chemise et ses lèvres s'écartent immédiatement pour me laisser envahir sa bouche. Sa langue, conquérante, me fait grogner d'impatience et mon corps se presse contre le sien. Ses courbes, moins rondes, se logent toujours aussi bien contre moi. Mes mains voyagent dans son cou, sur sa poitrine, son ventre, ses hanches. J'ai craqué l'allumette et elle n'a aucune chance de l'éteindre.
— Kyle, la chambre !
Sa plainte, un gémissement contre mes lèvres, mais je n'ai aucun mal à la comprendre. Le sourire à la bouche, j'enroule mes doigts autour des siens et ignore Iris qui nous juge clairement de son regard sombre, pour l'emmener vers les escaliers.
A l'étage, je pousse la première porte que je trouve et la referme juste derrière nous. Sarah est essoufflée, une main sur la poitrine, l'autre serrée autour de mes doigts.
— Ça va ?
— Donne-moi une minute.
Sa main lâche la mienne et elle se laisse tomber sur le lit. J'ignore à qui est cette chambre, probablement à Iris ou l'une de ses colocataires. Peu importe. Je m'approche de la table de chevet et allume la lumière qui diffuse un halo pâle dans la pièce.
— On est pas obligés.
Ça me tue de le dire, ma bite en est à l'agonie, mais je ne compte pas la forcer à faire quelque chose qu'elle n'a pas l'envie ou la force de faire.
— Tais toi, et retire tes fringues !
Son ton autoritaire me fait dresser un sourcil alors que Sarah porte déjà ses mains à ma chemise. Avec moins de force qu'elle ne le voudrait, ma déesse m'attire vers elle et commence à se battre avec les boutons.
— Du calme, on a toute la nuit.
Son regard sévère remonte vers moi et je me mord la langue.
— Tu sais que t'as un couvre-feu ?
— On s'en fiche.
— Pas du tout ! T'es irréprochable à partir de maintenant, Kyle ! Alors à poils !
J'éclate de rire, savourant le rose de ses joues que j'attrape entre mes paumes pour la remercier d'un baiser. Je veux la remercier de prendre soin de moi, de penser à moi, d'être aussi parfaite pour moi. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans elle, sans sa présence, même quand je me souvenais à peine de son nom.
— J'ai tellement envie de toi, Kyle !
Tout mon sang quitte mon cerveau et je la pousse sans ménagement sur le lit, me délectant de son rire. Elle est belle, putain ! Les mèches rousses de sa perruque s'étalent autour de son visage, sa gorge dégagée appelle mes lèvres. Comme un loup, je plonge sur ma brebis et lèche le parfum sucré de son cou, les frissons qui naissent sur sa peau. Je n'arrive pas à m'organiser, je pars dans tous les sens, caresse sa poitrine, embrasse le creux entre ses seins, mord son cou, repousse les bretelles de sa robe, embrasse ses lèvres, joue avec sa langue, et chacun de ses gémissements me font perdre un peu plus la raison.
— Je t'aime, putain !
Sarah se fige sous moi, ses doigts accrochées à ma chemise qu'elle a fini par ouvrir. Le souffle court, en appui au-dessus d'elle, je croise son regard rempli d'émotions que j'ai du mal à comprendre.
— Ne sois pas étonnée, je te le dis tout le temps.
Elle sourit et la larme qui roule sur sa joue me fait perdre les moyens. Figé, je ne sais pas quoi dire ou faire.
— Dis-le encore, souffle-t-elle la voix tremblante.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro