~ ° Chapitre 5 : Heartbreaking news ° ~
A l'entente de cette voix, Petra se figea. Terrifiée à l'idée de croiser le regard du caporal, elle se réfugia contre le torse d'Erd, tremblante.
« _Pourquoi vous pleurez, tous les deux ? demanda Livaï, sa voix froide et tendue. Il tourna la tête vers Hanji, remarquant les larmes qui roulaient sur ses joues. Hanji, pourquoi toi aussi ? »
Erd ouvrit la bouche pour répondre, mais Hanji l'interrompit, s'interposant entre lui et Livaï. Elle se redressa, prit une profonde inspiration et effectua le salut militaire.
« _Caporal... Je prendrai l'entière responsabilité des conséquences de cette discussion. Cette mission était sous ma supervision. »
Erwin, silencieux jusqu'à présent, s'avança à leurs côtés, croisant les bras sans un mot. Hanji reprit, la voix vibrante d'émotion :
« _Hanae Emi, soldate du Bataillon d'Exploration et participante à la mission d'aujourd'hui, a disparu alors que nous affrontions trois titans à l'extérieur de la base. Elle s'est battue avec courage, avec tout ce qu'elle avait, jusqu'à offrir son cœur à l'humanité. Nous n'avons pas retrouvé son corps. Comme cela arrive souvent en expédition, lorsque des disparus ne réapparaissent pas, nous supposons qu'elle est décédée. »
Hanji marqua une pause, son ton se radoucissant. Elle fixa ses yeux bruns dans ceux de Livaï, cherchant à briser l'armure invisible qu'il semblait porter.
« _C'était une femme exceptionnelle, talentueuse, douce et attentionnée. Elle a réussi là où personne ne pensait réussir... à faire tomber notre caporal sous son charme. Hanji déglutit, ses propres larmes menaçant de reprendre. Je sais que tu vas m'en vouloir, Livaï. Peut-être pour le reste de ta vie. Et je l'accepterai. »
Livaï restait immobile, le regard perdu, comme si ses pensées avaient quitté la pièce. Sa tête s'abaissa lentement, puis il la releva brusquement. Ses joues étaient striées de larmes, et ses sourcils se froncèrent dans une expression de rage pure.
Avant que quiconque ne puisse réagir, il frappa Hanji violemment au visage, l'envoyant au sol. Hanji, consciente de sa culpabilité, n'esquissa aucune défense. Elle resta prostrée, fixant le sol, ses épaules tremblant sous le poids de sa douleur.
Erwin attrapa Livaï avant qu'il ne puisse continuer, le retenant fermement.
« _Livaï, ça suffit ! » ordonna le major, sa voix grave emplie d'autorité.
Mais avant que la tension ne puisse éclater davantage, Petra s'interposa, s'avançant entre eux avec un regard sévère.
« _Arrêtez, caporal ! Ce n'est pas seulement de sa faute. Si vous devez en blâmer une, alors blâmez-moi ! C'était mon rôle de la protéger, et j'ai échoué. »
Erwin relâcha légèrement sa prise sur Livaï, tentant de ramener le calme.
« _Elle a fait tout ce qu'elle pouvait, déclara-t-il d'un ton plus posé. Emi a donné tout ce qu'elle avait. Et je crois qu'à cet instant précis, elle n'aimerait pas nous voir nous déchirer comme ça. Alors... je vous en prie... calmez-vous. »
Ce fut la première fois que le major utilisa une telle expression de supplication. Un silence lourd s'abattit sur le groupe. Peu à peu, la tension se dissipa, et Livaï, toujours figé sur place, sembla perdre toutes ses forces. Il tomba à genoux, comme si le poids de la réalité venait de l'écraser.
Il baissa la tête, laissant ses larmes couler librement, ses épaules secouées par de violents sanglots. La perte d'Emi était un choc brutal. Bien sûr, il connaissait les risques ; il savait à quel point leur monde était cruel et imprévisible. Mais il s'était permis de rêver, de se projeter dans un avenir où elle et lui pourraient trouver un semblant de paix.
Elle était partie, si soudainement, et il était à la fois détruit et reconnaissant. Détruit de ne plus la voir, mais reconnaissant d'avoir eu la chance de l'aimer.
Finalement, Livaï se redressa. D'un revers de manche, il essuya les traces de ses larmes, même si son regard restait dur et froid. Il lança un regard noir à chacun des soldats présents, puis, sans un mot, il tourna les talons et quitta la pièce.
Dans les couloirs, il marcha rapidement, bousculant quiconque se trouvait sur son chemin. Les soldats, intimidés par son expression, s'écartaient précipitamment. Mais Livaï ne voyait rien, n'entendait rien. Il n'était qu'une ombre, un homme vidé, dont les pensées étaient désormais perdues dans les souvenirs de celle qu'il aimait.
Arrivé à son bureau, Livaï claqua violemment la porte derrière lui. La pièce, plongée dans un silence pesant, semblait rétrécir autour de lui. Il s'avança lentement vers son bureau, s'y appuya, les mains crispées sur le bord du bois verni. Le corps penché en avant, la tête basse, il laissait ses pensées se noyer dans le tumulte de ses émotions.
Des gouttes salées s'écrasaient sur la surface lisse du bureau, témoins silencieux de la douleur qui le submergeait. Sa mâchoire était si serrée qu'elle semblait prête à se briser. Il tenta désespérément de contenir ses sanglots, mais le barrage céda. Ses genoux fléchirent, et il s'effondra, les mains toujours agrippées au bureau, comme s'il espérait y trouver un ancrage. La tristesse, la rage, l'amour... tout se mêlait en une tempête qu'il ne parvenait plus à maîtriser.
D'un geste brusque, il se redressa. Le regard noir et empli de désespoir, il laissa exploser sa douleur. Pour la première fois, il balaya d'un mouvement rageur tout ce qui encombrait son bureau. Les papiers, les encriers, les bibelots... tout vola dans un fracas retentissant. Mais cela ne suffisait pas. Il se tourna vers la bibliothèque et, d'un grand coup de bras, la renversa. Les livres s'éparpillèrent dans un désordre chaotique, à l'image de son esprit brisé.
Les larmes roulaient librement sur ses joues à mesure qu'il avançait, chaque pas chargé de colère et de douleur. Il entra dans sa chambre, son sanctuaire désormais empreint d'un vide insupportable. L'armoire qu'il partageait avec Emi était encore là, comme une cicatrice béante. Il ouvrit brutalement les portes et, dans une fureur incontrôlable, fit voler les vêtements à travers la pièce. Le lit fut défait dans un dernier accès de rage. À bout de souffle, il s'effondra au sol, recroquevillé sur lui-même, les épaules secouées par des sanglots silencieux.
Son regard se posa alors sur un objet, seul et immobile au milieu du chaos : un livre. Celui qu'Emi lisait encore deux jours plus tôt. Lentement, comme attiré par une force invisible, il se releva, traversa la pièce, et ramassa l'ouvrage. Il l'ouvrit à la page marquée par un signet, et son souffle se coupa. Sur le marque-page, écrit soigneusement à la plume, figurait un simple « Je t'aime ».
Un sourire triste se dessina sur ses lèvres. Il referma doucement le livre et le déposa sur le bureau désormais vide. Tout cela était arrivé si vite... Tellement vite. Les quelques mois qu'ils avaient partagés, les deux années où leurs chemins s'étaient croisés... Il ne s'était pas seulement attaché à elle. Il l'avait aimée.
Mais l'amour n'épargnait personne dans leur monde cruel.
De l'autre côté de la base, Erwin s'avança, suivi d'un groupe silencieux. À ses côtés marchaient Hanji, Petra, Erd et Moblit, tous affichant des visages graves. Le major, la tête basse, prit la direction du réfectoire. Les soldats s'arrêtèrent de parler en voyant leur chef, frappés par l'aura de tension qui émanait de lui. Les murmures s'éteignirent, laissant place à un silence presque oppressant.
Erwin gravit lentement l'estrade, le poids de ce qu'il s'apprêtait à dire semblant alourdir ses pas. Derrière lui, Hanji et Petra détournaient les yeux, tandis qu'Erd et Moblit affichaient des mines sombres.
Dans la foule, Auruo et Gunther échangèrent un regard inquiet. L'absence de leur camarade Emi n'avait pas échappé à leur attention, et leur cœur se serra à l'idée de ce qui allait être annoncé.
Le major leva enfin les yeux vers l'assemblée. Ses traits étaient marqués par une douleur qu'il tentait maladroitement de cacher. Puis il prit la parole, d'une voix lente et lourde de chagrin.
« _Soldats du Bataillon d'exploration, écoutez-moi.
Aujourd'hui, la mission n'a pas été une réussite. Une personne manque à l'appel. Hanae Emi... a disparu lors d'un affrontement contre trois titans. Elle s'est battue avec bravoure, jusqu'au bout, et a donné son cœur à l'humanité. C'était une de nos meilleures soldates, mais aussi une amie précieuse, douce et pleine d'attention. Nous partageons tous cette perte, mais l'un d'entre nous souffre plus que les autres. Vous savez de qui je parle. Je vous demande de respecter sa douleur et de lui laisser le temps qu'il lui faudra pour se reconstruire. Ne lui adressez la parole que s'il le souhaite.
Ceux qui se tiennent derrière moi sont aussi profondément affectés. Ils étaient présents lors de la mission. Ce soir, j'aimerais que chacun d'entre vous s'habille en noir, pour rendre hommage à cette âme disparue, ainsi qu'à tous nos camarades tombés au combat. Nous avons perdu tant de frères et de sœurs sans leur accorder les adieux qu'ils méritaient. Ce soir là leur sera dédié.
Sur ce... je vous dis à ce soir. »
Le major quitta l'estrade, la tête basse, et se dirigea d'un pas lourd vers son bureau. Derrière lui, Hanji, Petra, Erd et Moblit se regroupèrent en silence, rejoignant les autres membres de l'escouade du caporal.
Arrivant à leur hauteur, Petra vit Auruo, effondré, les larmes coulant abondamment sur ses joues. Elle le prit doucement dans ses bras, essayant de le consoler du mieux qu'elle pouvait, bien que sa propre voix tremblait, ses propres larmes menaçant de jaillir à tout instant.
« _Et le caporal ? Comment va-t-il ? demanda Gunther, inquiet.
_Il... il est sans doute retourné dans son bureau... murmura Petra, évitant son regard.
_Il m'a frappée, intervint Hanji d'une voix rauque. Quand je lui ai annoncé... mais je l'ai mérité. Je savais ce que ça allait provoquer.
_Ce n'est de la faute à personne, répliqua Gunther, alors qu'une larme solitaire glissa sur sa joue.
_On ferait mieux de se préparer, soupira Petra. Je vais essayer de prévenir le caporal. Peut-être acceptera-t-il de venir, au moins pour elle... »
Malgré ses mots, Petra elle-même était brisée. Cela s'entendait dans sa voix, se lisait dans ses yeux, vidés de toute expression positive. La perte d'Emi pesait sur son cœur comme un fardeau insurmontable. Elle avançait lentement, saluant mécaniquement chaque soldat qui lui adressait ses condoléances. Mais ces mots, répétés encore et encore, ne faisaient qu'accroître sa tristesse et sa culpabilité. À chaque « Toutes mes condoléances », elle se reprochait un peu plus de ne pas avoir été là pour Emi. Peut-être aurait-elle pu la sauver...
Arrivée devant le bureau du caporal, elle toqua trois fois, d'un geste lent et chargé de fatigue. Livaï, derrière la porte, reconnut immédiatement cette manière hésitante de frapper. Il s'approcha et ouvrit la porte. Ses yeux, rougis par les larmes, croisèrent ceux de Petra.
Elle entra doucement dans la pièce. Le désordre qui y régnait frappa immédiatement son regard : des papiers jonchaient le sol, des livres étaient éparpillés partout. La jeune femme baissa la tête, essayant de contenir ses propres larmes. Elle ne voulait pas pleurer devant lui, pas devant quelqu'un qui souffrait bien plus qu'elle.
« _Fais vite, Petra, dit-il d'une voix rauque, presque froide.
_Le major a... organisé une soirée en l'honneur d'Emi, osa-t-elle enfin. Je voudrais que vous veniez, juste cette fois... Après cela, on vous laissera tranquille.
_J'ai assez pleuré, répondit-il en serrant les dents. Mon cœur est déjà brisé. Si c'est pour écouter vos souvenirs ou vos discours larmoyants, je n'y vois aucun intérêt.
_Venez pour elle, seulement pour elle... supplia Petra, sa voix vacillante. Dites-lui au revoir une dernière fois.
_J'y réfléchirai. Maintenant... sors d'ici. »
Livaï se détourna, prêt à se diriger vers la fenêtre, mais il sentit soudain un poids contre son torse. Petra l'avait enlacé, ses bras tremblants entourant sa taille.
« _Petra, qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il, décontenancé.
_Je suis tellement désolée, sanglota-t-elle, sa voix étouffée contre lui. Tout est de ma faute... si elle a disparu...
_Ce n'est la faute de personne, murmura Livaï, sa voix adoucie malgré lui. Tu le sais très bien. Elle est partie, et on ne peut rien y faire. Mais je sais qu'elle n'aurait pas voulu te voir pleurer. Elle aurait voulu que tu continues de sourire... »
Les mots résonnèrent dans la pièce, simples mais sincères. Petra, tremblante, s'éloigna doucement, essuyant ses larmes d'un geste rapide. Elle s'excusa une dernière fois, sa voix brisée, avant de quitter la pièce pour rejoindre sa chambre.
Livaï resta seul, le regard perdu, dans le silence d'un bureau devenu un champ de bataille.
A suivre...
[CHAPITRE RÉÉCRIS]
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