Prologue
Cet après-midi là, les cigales chantaient, le soleil dans le ciel bleu azur rayonnait plus que d'habitude sous une chaleur écrasante.
Il n'y avait point de vent, à l'ombre peu de fraîcheur se faisait ressentir et personne ne traînait dans les rues, pourtant d'ordinaire si animées, à Busan.
Les oiseaux étaient restés sous la douceur des cimes des arbres et les animaux ne sortaient pas de chez leurs propriétaires.
Mais ce jour-là, il avait eu ce jeune roux. Il passait dans la rue une sacoche accrochée à son épaule qu'il malmenait depuis tant de mois. Elle l'avait pourtant prévenu avec ses nombreux bleus et ses douleurs insupportables, mais il continuait le surménage, rien n'y faisait. Chaque jour il posait la lanière de son sac sur son épaule, et chaque jour il distribuait le courrier en se dirigeant à son énième travail de la journée.
Son petit corps épuisé menaçait de s'écrouler sous l'effort, mais il n'y faisait pas attention.
Son estomac commençait à lui donner des crampes tellement la faim le rongeait, mais il l'ignorait royalement.
Cela n'avait pas d'importance, il mangerait quand son travail serait terminé.
Il ne devait pas y songer et continuer de marcher sous ce soleil d'aplomb.
La rue descendait et il peinait à ralentir son corps aux risques de glisser ainsi que par la même occasion, tomber.
Il remit en place son sac et sortit une poignée de lettres de celui-ci.
Soigneusement il se mit à lire les adresses pour pouvoir finir de les distribuer rapidement.
Il s'activa en accélérant le pas alors que des gouttes de sueurs glissaient sur ses tempes, des mèches s'étaient même collées à son front tant la chaleur se faisait insupportable.
Sa main insèra une enveloppe dans une boîte aux lettres, puis il refit le même geste pour une autre maison, tout cela jusqu'à s'arrêter devant son dernier lieu de travail.
La supérette.
Il sortit toutes ses enveloppes en les comptant, alors que son épaule douloureuse poussait la porte vitrée.
Le tintement de la clochette, qui prévenait l'arrivée d'un client, résonna dans le combi vide.
Enfin pas totalement, il y avait son collègue à la caisse. Sa main soutenait son menton alors que des ventilateurs faisaient voler ses cheveux doucement.
Il avait les yeux clos jusqu'à ce qu'il entende la clochette.
Ce fut comme ci son visage venait d'être illuminé par une douche de projecteurs, puisqu'il retira promptement sa chemise de travail, disparaissant dans la réserve pour en ressortir avec des lunettes de soleil et une casquette en plus.
- Au revoir, souffla le roux en le voyant quitter la supérette presque en trottinant, n'accordant aucun intérêt à sa personne qui venait d'arriver.
Il retira nonchalamment sa sacoche en la passant au dessus de sa touffe orangeâtre.
Un râle sorti d'entre ses lèvres pulpeuses, puis il rentra dans la réserve pour accrocher son sac et récupérer une chemise portant son nom sur une fine étiquette.
Il l'enfila alors qu'il entendit la clochette sonner à nouveau. Des questions s'échouèrent dans sa tête comme l'écume des vagues, ça allait tellement vite qu'il dut se masser les tempes pour se calmer. Ça devait juste être un quelconque client, finit-il par conclure comme pour se rassurer.
Mais il tomba des nu en voyant deux hommes habillés en costard cravate, aux lunettes de soleil et aux oreillettes tels de grands vigils protégeant une célébrité.
Pourtant il ne vit qu'eux.
D'un pas incertain il se dirigea vers la caisse, d'où il finit d'ajuster sa chemise vert pomme.
Avec sa voix tremblante il leur demanda ce qu'ils voulaient exactement, mais ils se contentèrent d'avancer vers la caisse avec un regard inconnu par le roux.
Il ne voyait pas leurs yeux, pourtant il sentait leur regard jugeur et autoritaire.
Ça le mettait terriblement mal à l'aise, ses tempes se remirent à suinter alors que ses mains jointes devinrent moites.
Il avait toujours eu le malheur de s'angoisser pour rien, son caractère de nature inquiète ne lui rendait pas service dans ces moments là.
- Vous êtes bien Park Jimin ? questionna finalement l'homme de gauche.
Sa voix était comme il l'avait imaginé, rauque, grave et autoritaire.
Personne ne pourrait mentir ou le contredire sous celle-ci, la supériorité présente dans son ton de voix était incroyable forte. Le roux se demandait si c'était possible d'avoir des cordes vocales comme les siennes.
- O-oui c'est bien moi. Que puis-je faire pour vous ?
Sa voix, elle, n'était pas du tout autoritaire, et il se frappa mentalement pour avoir laisser sa conscience le traiter de tapette aux cheveux décolorés.
Mais il ne flancha pas et observa les deux hommes en face de lui se regarder vivement entre eux, avant de planter une nouvelle fois leur regard sur un Jimin un peu perdu.
- Veillez nous suivre s'il vous plaît.
Cette fois c'était l'homme de droite qui avait parlé, tandis que l'autre s'était éclipsé alors que Jimin ne s'en était pas rendu compte.
L'homme avait une voix plus douce, toujours autant autoritaire et forte, mais moins grave.
Le roux se surprit à détailler leur voix, ou même leur physique, essayant de trouver la raison de leur venue.
Mais à part pour une séquestration dans un bâtiment où un homme fortuné le violerait, aucunes raisons rationnelles ne lui vint.
- I-il y a un problème ?
Il se demandait s'il était suicidaire ou s'il était juste fou. Dans les deux cas il voulait vraiment mourir.
Enfin c'était l'impression que dégageait l'homme en face de lui.
Alors il ne demanda pas plus d'explications sachant qu'il n'aurait pas de réponses et rentra dans la réserve pour quitter sa chemise.
Il vida son sac de ses enveloppes et fourra son téléphone dedans qui était auparavant dans sa poche.
Avant de sortir de la réserve, il tapota vivement un message à l'attention de sa sœur pour lui dire qu'il rentrerait sûrement tard et qu'il ne fallait pas l'attendre pour manger.
On ne savait jamais, s'il allait être réellement séquestrer dans un bâtiment, il ne fallait pas qu'il l'attende.
Jimin prenait toujours soin de sa sœur, il faisait tout pour elle. Mais l'inquiéter ne faisait pas parti de sa mission principale, même si des hommes en noir l'attendaient à quelques mètres de lui.
Il le mit dans une poche intérieure avant de sortir de la réserve encore plus anxieux qu'il y avait cinq minutes.
Jimin traversa la supérette en tenant fermement de ses petites mains son sac qu'il avait plaqué contre lui.
Les deux hommes se mirent entre lui, un devant lui ouvrit la porte tandis que l'autre surveillait qu'il ne s'échappe pas. Enfin c'était ce qu'il en avait conclu toujours pleins de questions sans réponses.
Quand il vit un véhicule noir en face de lui, il ne fut absolument pas surpris. C'était le cliché des vigils dans les films.
On lui ouvrit la porte, il remercia l'homme en montant dans la voiture toujours sans parler et parfois essayant de respirer normalement. Chose compliquée quand on a le cœur qui bat plus que la normale.
Ce fut lorsque la porte se referma, laissant son moyen de transport l'emmener bien loin de sa routine, qu'il se demandait ce qu'il faisait dans cette voiture.
Pourquoi lui ?
C'était un simple citoyen qui essayait de gagner sa vie aussi bien qu'il le pouvait, il ne comprenait pas pourquoi c'était lui qu'on venait chercher. Il avait toujours suivi les lois, il n'était pas de mèche avec la police.
Non vraiment, il ne comprenait pas.
Et pourtant le paysage défilait bien sous ses yeux, le paysage de sa ville qu'il connaissait que trop bien à force d'y distribuer le courrier.
Le temps défilait lui aussi, beaucoup plus lentement, et cette fois-ci, ce temps, il ne le connaissait pas à son plus grand désarroi.
[xxi.viii.xix]
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