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47. Raphaël

Mardi 24 mars 2020, 11h59. Cette date précise marque la fin d'une aventure qui aura duré plus de 4 ans et demi (4 ans, 8 mois, 6 jours,  14 heures et 15 minutes très exactement). Parce qu'aujourd'hui, à cette date précise, à cette heure précise, j'ai posé le dernier mot de Underwater. Bien sûr, il faudra que je le reprenne depuis le début pour y apporter quelques modifications, retoucher quelques détails et effacer les petites incohérences. Il faudra que j'harmonise le style, parce que je n'écris pas de la même manière aujourd'hui qu'il y a quatre ans. Mais oui, globalement, le plus dur est fait. Je poste les chapitres dès que je peux (il en reste 2 après celui-là plus l'épilogue), parce que c'est dur avec le confinement et les heures de cours que je dois dispenser aux deux enfants de 4 et 6 ans avec qui je suis confinée. Bref, j'espère que vous aimerez ce chapitre, pour ceux qui sont encore là. Vous n'imaginez pas à quel point cette histoire compte pour moi, c'est mon bébé, mon premier vrai projet d'écriture, et je suis heureuse de l'avoir terminé. Et heureuse de vous le présenter.

***************

Le choc fut violent. Raphaël vit Aurore s'écrouler en hurlant, le visage baigné de larmes roulant comme sans fin sur ses joues. Non loin de là, la plainte à demi étouffée de Pierre lui parvint également aux oreilles, et des larmes lui échappèrent à son tour.

Le corps sans vie d'Alissia glissa entre les doigts de l'oncle d'Aurore, qui récupéra son épée comme si de rien n'était. Il l'avait tuée. Après avoir avoué qu'il était l'auteur du sort utilisé pour la posséder, après avoir avoué que personne ne pouvait rien faire pour que la jeune fille redevienne elle-même, Edward l'avait tuée. Et lui, Raphaël, n'avait même pas pu l'en empêcher.

Il aurait dû le faire, il aurait pu le faire. Il était juste à côté, l'épée déjà dégainée. À partir du moment où Philippe l'avait accusé d'être un traître lui-aussi, Raphaël s'était préparé. Il avait vu du coin de l'oeil Luca faire de même, ce qui ne faisait que confirmer ses doutes : quelque chose clochait bel et bien. Mais aucun d'eux n'avait eu le temps d'intervenir avant que l'épée de l'oncle d'Aurore ne se plante dans les entrailles de leur amie à tous.

Et puis Aurore trouva la force de se lever alors que tous étaient figés d'horreur, les larmes ruisselant sur leurs visages. Même Axelle pleurait, elle qui avait toujours eu l'air bien trop inatteignable par les émotions humaines.

Avec un hurlement, la blonde saisit l'épée de secours pendue à son côté et la leva devant elle. Prenant son élan, elle s'élança en courant vers son oncle. Ce dernier se figea, comprenant que sa vie risquait de s'achever là.

Raphaël n'avait jamais vu cet air détruit à son amie. Il eut peur qu'elle n'arrive plus à contrôler ses pouvoirs et ne blesse quelqu'un, pourtant elle semblait maîtresse de sa magie.

Contrairement à ce qu'il avait pu penser, Aurore ne décapita pas son oncle. Non, elle continua sa course jusqu'à Philippe, sur lequel elle abattit son épée avec la force d'un ouragan. Toute la magie que contenait la jeune fille se libéra en même temps, aura colorée entourant son arme. Jamais le prince ne pourrait survivre face à une telle puissance destructrice.

L'épée de la princesse se heurta à un mur invisible, sûrement une barrière de magie érigée par le mage noir allié de Philippe. L'onde de choc magique libérée souffla tout sur son passage. Aurore voltigea quelques mètres plus loin, Philippe également. Raphaël lui-même fut renversé, tout comme ceux qui se tenaient non loin de l'impact.

Le seul encore debout était Pierre, qui, pleurant comme il n'avait sans doute jamais pleuré, se jeta à mains nues sur Edward, affalé non loin de lui.

Pierre : Je vais te tuer !

Dans sa fureur et son chagrin, il ressemblait plus que jamais à un animal en furie. Il s'attaquait à l'homme à l'aide de ses poings, de ses ongles, et Edward ne se défendit pas. Peut-être savait-il qu'il le méritait, mais méritait-on jamais vraiment un tel sort ?

Aurore s'approcha de Pierre et le tira en arrière avec violence.

Aurore : Arrête, Pierre ! Ça n'en vaut pas la peine. On ne pouvait plus rien pour elle, et...

Pierre la coupa violemment en détachant chacune des syllabes de sa phrase :

Pierre : Il l'a tuée !

Aurore : Je sais ! Mais c'était elle ou nous, on ne pouvait pas la sauver !

Sa voix était tremblante, Raphaël n'avait pas besoin de deviner pourquoi. Elle s'en voulait, et elle s'en voudrait jusqu'à sa mort. Cependant, elle avait raison. Si son oncle n'était pas intervenu, Raphaël serait mort à l'heure qu'il était. Alissia n'aurait jamais pu dépasser ses capacités d'épéiste, mais la personne qu'il avait affrontée n'était pas son amie. C'était un démon à l'apparence amicale.

Pierre : Il l'a tuée, je vais le tuer !

Raphaël savait que ce n'étaient que la colère et le chagrin qui parlaient, pas leur ami. Pourtant ce dernier saisit une pierre à ses pieds et la lança de toutes ses forces.

La taille du cailloux et la force de lancée auraient pu être douloureuses, voire même mortelles, s'il avait été en capacité de viser correctement. Cependant, la pierre passa à côté d'Edward sans même le frôler, et Pierre s'écroula, genoux dans la terre.

Pierre : Je voudrais mourir !

Aurore posa sa main sur son épaule et Raphaël s'approcha d'eux pour faire de même.

Aurore : Ne dis pas ça...

Pierre : Si ! Je voudrais mourir !

Philippe : Ton souhait va être exaucé !

Sans bruit, le prince s'était approché d'eux, une épée dans les mains. Avec un bruit de fer, il l'abattit droit sur leurs têtes...

... et Edward s'interposa dans un bond.

Tout d'abord, Raphaël se demanda s'il n'avait pas rêvé, tant l'homme avait surgi rapidement dans son champ de vision. Pourtant, il s'était bel et bien jeté entre l'épée et eux, et il était maintenant allongé à leurs pieds, le torse lacéré de part en part.

Philippe : Eh bien, c'était pour le moins inattendu.

Il prononçait cela d'une telle manière, comme si l'homme n'était qu'une erreur sur son passage, comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid d'avoir presque tué quelqu'un. Visiblement, avec tout le sang qui s'écoulait de la plaie, Edward n'y survivrait pas.

Alors que Tom, Clément, Lucas et les autres se dirigeaient vers Pierre pour l'éloigner, Aurore et Raphaël se penchèrent sur l'oncle de la blonde.

Aurore : Edward... Pourquoi ?

L'homme esquissa un léger sourire, qui se transforma bien vite en une grimace de douleur.

Edward : Il vous aurait tués... Peut-être pas toi, mais ton ami. Je... je suis déjà responsable de la mort de sa petite copine, je n'allais pas le laisser mourir aussi...

Il fut prit d'une quinte de toux qui le plia en deux et cracha un filet de bave ensanglantée.

Aurore : Mais...

Edward : Aurore, je suis désolé. Je n'ai pas toujours fait les bons choix, mais celui-ci était sans doute le meilleur de toute ma vie. Dis... dis à Esperanza que je l'aime, et que Léo... Léo est la meilleure chose qui me soit arrivée. Dis-le leur, d'accord ?

Les larmes ruisselaient sur le visage de la jeune fille. Peut-être qu'Edward était un lâche qui avait d'abord refusé de se battre, peut-être qu'il était à l'origine du sortilège qui avait condamné Alissia, mais il était son oncle. Et il avait donné sa vie pour les protéger.

Aurore : Je... je leur dirai...

Elle serra brièvement la main de son oncle, qui sourit doucement.

Edward : Tout va bien se passer...

Aurore : Comment peux-tu dire une chose pareille ?

Une nouvelle quinte de toux força l'homme à s'interrompre, puis il reprit :

Edward : Je le sais parce que c'est toi qui les diriges tous. Je le sais parce que c'est toi qui règneras sur notre si beau royaume. Je le sais parce que...

Il ferma les yeux, et un instant Raphaël crut qu'il était mort sans jamais pouvoir terminer sa phrase. Pourtant il entendit distinctement quelques mots de plus prononcés dans un chuchotement.

Edward : ... j'ai confiance en toi.

Et comme s'il avait enfin accompli sa mission sur cette terre, il poussa un dernier soupir qui résonna dans le silence de la bulle qu'Aurore et Raphaël avaient créée autour de lui. Le garçon vit son amie lâcher la main de son oncle, qui retomba le long de son corps immobile.

Tremblante, les yeux rougis d'avoir pleuré et la figure constellée de tâches carmin, les lèvres serrées, Aurore se leva. Elle n'avait aucunement l'allure d'une héroïne, à cet instant. Dans les films, les protagonistes perdent des êtres aimés dans une guerre et restent photogéniques pour l'écran. Aurore ne semblait que plus détruite que jamais, ce qui la rendait plus humaine, plus belle encore que ces actrices qui versaient quelques larmes face à la caméra.

Aurore : Je ne te laisserai tuer personne d'autre !

Elle fusilla Philippe du regard et ramassa son épée au sol avant de la glisser dans son fourreau. Puis elle croisa les bras sur sa poitrine, dans un geste d'ultime défi. Elle semblait plus déterminée que jamais à se battre, quitte à en mourir.

Ramassant sa propre épée, Raphaël se plaça à côté d'elle, déterminé à en faire de même. Il fut suivi par Luca, qui encocha une flèche, puis par Céleste qui dégaina une boule de matière chimique inconnue, puis par Jordan, Axelle, Justine, Tom, Clément, Lucas, Thomas, Amélie et les jumeaux fantômes. Enfin, Pierre se plaça à leurs côtés à son tour, le visage toujours strié de larmes mais bien déterminé à se venger.

Aurore : On ne peut pas te toucher ? Parfait. Dans ce cas, on va se contenter d'anéantir ton armée et ton ami le mage noir, et quand il sera mort, tu n'auras plus que tes propres mains pour te défendre. Je t'égorgerai moi-même.

En face d'elle, Philippe ricana. À ses côtés se tenaient Morgane, armée de son arc, et le fameux mage noir inconnu. Il était tout de noir vêtu, avec une longue capuche rabattue qui lui cachait le visage.

Philippe : Et comment comptes-tu tous nous battre ?

Aurore ne répondit pas mais des volutes brumeuses et colorées s'élevèrent de ses doigts et s'étirèrent dans toutes les directions.

Aurore : Je ne suis pas seule. Nous sommes une équipe, nous comptons les uns pour les autres, nous comptons les uns sur les autres. Ensemble, nous allons t'anéantir. Nous sommes tous prêts à mourir pour cela.

C'était on ne pouvait plus vrai, Raphaël le sentait au fond de lui. Il savait, dans la perception des autres autour de lui, qu'ils étaient tous prêts à donner leur vie pour leur cause.

Philippe : Tu crois vraiment que des gamins comme vous peuvent me battre ?

Raphaël leva un sourcil. Des gamins, vraiment ?

Aurore : Des gamins ? Nous avons le même âge que toi. Nous allons te vaincre une bonne fois pour toutes.

Un bruissement les fit tous sursauter, et ils sursautèrent de nouveau lorsqu'un homme de petite taille aux cheveux et à la barbe blanche apparut comme par magie devant eux.

Aurore : Merlin ?! Mais qu'est-ce que... Qu'avez-vous fait de Jade ?

Merlin : Je l'ai mise en sécurité, comme vous me l'aviez demandé, Votre Altesse. Elle est avec sa mère.

Aurore hocha la tête, visiblement rassurée. Quant à Philippe, il tonna :

Philippe : Sa mère ? Elle est morte, sa mère, imbécile ! Tuée par mon propre père !

Se redressant encore plus qu'elle ne l'avait déjà fait, la blonde siffla :

Aurore : Tu ne connais rien aux vrais liens de la famille, Philippe !

Merlin : Et toi non plus, Cadell. J'aurais dû te tuer quand j'en avais encore l'occasion, même si nos parents ne me l'auraient jamais pardonné.

Les doigts de Raphaël se crispèrent sur son épée. De quoi parlait le magicien ?

Il comprit lorsque le mage noir aux côtés de Philippe rabattit sa capuche derrière sa tête, découvrant un visage plutôt familier.

Cadell : Tiens tiens, mon bien-aimé frère. Comme c'est... déplaisant de te revoir.

Évidemment, ils ne pouvaient qu'être frères. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, Merlin ayant simplement des cheveux et la barbe d'un blanc strié de gris contre un noir d'encre pour son frère.

Merlin : Je m'occupe de cette abomination, occupez-vous des autres.

Aurore : Très bien.

La jeune fille se tourna vers ses amis.

Aurore : Vous l'avez entendu.

Sans qu'elle n'ait besoin de dire un mot de plus, ils passèrent à l'attaque comme un seul homme. Tandis que Philippe et Morgane se retiraient, que Merlin s'attaquait à son frère, magie blanche contre magie noire, les troupes ennemies plongèrent dans la bataille à leur tour.

Raphaël oublia tout ce qu'il se passait autour de lui pour se concentrer sur sa propre survie. Il tailladait avec son épée, tranchant bras, jambes et ventres lorsqu'un adversaire s'approchait trop près. Il était sûrement un assassin, il en ferait sûrement des cauchemars pendant longtemps, mais à ce stade, l'instinct de survie prenait le dessus sur toute autre émotion. Il s'agissait de tuer ou d'être tué.

Il entendait vaguement les cris et les bruits de combat alentours, mais il n'y faisait pas attention. Tournant la tête pour éviter un coup mortel, il s'aperçut qu'Axelle n'avait pas eu autant de chance. Elle gisait à l'autre bout de la cour, sa lance brisée, les yeux grands ouverts sur un autre monde. Le garçon fut pris d'un haut-le-coeur, pourtant il ne put rendre ce qu'il avait dans l'estomac. Il ne pouvait pas se déconcentrer, même s'il venait de perdre une amie. C'était peut-être immoral, immonde, il s'écoeurait lui-même pour cela, mais il n'avait pas le choix.

Il donna un énième coup d'épée, dans le vide encore une fois. Il commençait à fatiguer malgré ses capacités boostées par la magie du monde sous-marin. Oseania, s'il ne se trompait pas. Il avait fini par croire que le royaume aquatique n'avait pas de nom, jusqu'à ce que Philippe le prononce peu de temps auparavant. C'était pourtant évident, qu'il devait avoir un nom. Tous les pays ont un nom, sur terre comme dans les fictions.

Ils ne pourraient jamais gagner. Ils avaient beau se battre de toutes leurs forces, ils commençaient à faiblir, et les troupes de Philippe semblaient sans cesse se renouveler. À croire que son armée était infinie, contrairement à leur petit groupe hétéroclite.

Raphaël rêvait de déposer les armes, de se laisser emporter à son tour, épuisé de ce combat acharné. Cela faisait à présent des heures qu'ils se battaient sans relâche, il avait envie d'abandonner. Tous ses muscles étaient endoloris, il saignait par plusieurs endroits même si Aurore s'efforçait de tous les guérir grâce à sa magie. Mais elle ne pourrait pas tenir longtemps, elle devait se protéger elle-même en simultané, elle ne pouvait pas tout faire à la fois, aussi puissante soit-elle.

Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit de baisser les bras, parce que s'il le faisait, alors d'autres suivraient, et un par un ils renonceraient tous, capitulant et laissant le monde entre les mains de cette pourriture de Philippe.

« C'est hors de question ! », se cria-t-il intérieurement pour se donner une claque et de l'énergie par la même occasion.

Il donna un coup d'épée à son ennemi, qui s'effondra mais fut bien vite remplacé par une autre personne. C'était sans fin.

De temps en temps, la terre tremblait tandis que les deux magiciens s'affrontaient. Leur combat ressemblait plus à l'idée que se faisait Raphaël d'un combat de titans que le sien. Ils s'étaient mis à l'écart, heureusement car des fissures s'ouvraient sous leurs pieds, menaçant de les engloutir. Les arbres alentours étaient déracinés, la terre retournée, le tout sous le bruit de dizaines d'explosions.

Un cri le fit sursauter. Il aurait reconnu cette voix entre mille, il l'avait entendue pendant trop longtemps pour s'y tromper. Aussi il se tourna stratégiquement vers la provenance du son, blessant un nouvel assaillant dans la foulée.

Un deuxième hurlement de douleur lui confirma ce qu'il savait déjà : Clément avait des problèmes. En effet, le garçon venait de perdre sa batte dans son combat, et son adversaire lui avait entaillé le bras assez profondément pour qu'un flot de sang s'échappe de la plaie.

Raphaël : Clément !

Trop tard. Avant même qu'il n'ait pu ramasser son arme pour se défendre, l'ennemi lui avait enfoncé son épée dans le dos. La pointe lui ressortait par le devant du t-shirt, lequel se teinta immédiatement d'un rouge écarlate. La bouche de Clément forma un rond parfait tandis que ses yeux se baissaient vers l'arme qui le transperçait.

Raphaël fit un bond de plusieurs mètres, se propulsant avec force pour atterrir à côté de son ami. De son épée, il décapita l'homme qui venait de s'attaquer à son meilleur ami. Mais il était déjà trop tard, il le savait pertinemment.

Raphaël : Clément...

Ce dernier se contenta d'un pauvre sourire, sourire qui se transforma en grimace.

Clément : Et merde...

Il tomba à genoux, l'épée toujours en travers de son corps, et leva ses yeux foncés vers Raphaël.

Clément : Désolé mec...

Raphaël : Non, ne... ne t'excuse pas ! Clément !

Il rattrapa son ami de justesse alors qu'il allait s'affaler dans la poussière. Mais alors qu'il essayait de le relever, Clément poussa un soupir rauque, un dernier râle déchirant sur lequel il ferma les yeux.

Raphaël : Clément !

Non, non, non ! Ce n'était pas possible. Pas lui, pas Clément. Il ne pouvait pas être mort, il ne pouvait pas ! C'était son meilleur ami, celui qui le connaissait le mieux avec Luca, le troisième membre de la Team Moutons, cette même équipe qu'ils formaient depuis l'école primaire. Il ne pouvait pas être mort !

Raphaël aurait voulu échanger sa place avec son ami. Il aurait aimé l'avoir protégé comme il l'aurait dû. Il aurait aimé le pleurer comme il le devait, parce que c'était son meilleur ami et qu'il ne pouvait pas le laisser là. Pourtant, un des hommes de Philippe se jeta sur lui et il fut forcé de retourner au combat, le moral dans les chaussettes et le cœur en miettes.

Il avait tenu son meilleur ami dans ses bras alors qu'il mourait. Ces images le hanteraient toute sa vie, il le savait déjà, et il s'en voulait terriblement. Aussi il se promit de tout faire pour tuer le plus d'ennemis avant qu'ils ne l'emportent dans la tombe à son tour. Raphaël se promit de venger la mort de Clément avec toute la force de son âme.

C'était presque comme s'il ne voyait plus ce qu'il faisait. Il donnait des coups d'épée avec toute la force qu'il avait, faisant de grands bonds pour éviter les assauts de ses adversaires. Il était passé en mode pilote automatique, ignorant jusqu'à la douleur de son corps et de son cœur meurtris.

Il exécuta un parfait moulinet d'épée, tranchant dans la taille de plusieurs hommes faisant cercle autour de lui, puis s'aidant de la propulsion de ses jambes, il sauta par-dessus les corps s'affalant au sol. Tout n'était que recommencement, il fallait battre, enjamber et battre de nouveau.

Raphaël se sentait pousser des ailes. Il avait l'impression d'être invincible, n'étant que peu atteint par les attaques adverses alors qu'il éliminait ses ennemis un par un. L'aide magique de l'autre monde lui était vraiment bénéfique, il commençait à s'inquiéter pour ses amis qui ne la possédaient pas. Pourtant, il n'avait pas le temps de se préoccuper des autres. C'était insupportable comme sentiment, de sentir qu'il ne pouvait pas s'intéresser à ses amis parce qu'il devait se concentrer sur sa propre survie, mais il ne pouvait pas en être autrement dans une telle situation.

Les hommes et femmes se succédaient en face de lui. Il n'était capable de les distinguer que parce que les femmes avaient une carrure plus menue, plus fine et légèrement plus petite, même si derrière leur armure, ils étaient globalement impossibles à différencier. S'il avait eu affaire à un homme de petite taille ou à une femme grande et forte, il n'aurait pas su le dire.

Un bruit écoeurant de succion le fit sursauter et il se tourna dans la direction du son. Un homme qu'il n'avait pas vu jusque là s'était approché de lui par derrière et regardait à présent la flèche fichée dans son bras. Levant les yeux, Raphaël aperçut Luca en pleine suspension dans les airs, son arc à la main. Il lui adressa un léger signe de tête avant d'atterrir un peu plus loin et de décocher une nouvelle flèche pour protéger Céleste.

Savoir que son meilleur ami les couvrait tous du mieux qu'il pouvait lui réchauffa le cœur, mais cela lui fit également penser à Clément et son cœur redevint lourd. Luca avait beau assurer les arrières de tout le monde, il n'était pas tout-puissant pour autant, et leur ami d'enfance était à présent mort.

Déconcentré, Raphaël ne vit l'individu se jeter sur lui qu'au dernier moment, et ils roulèrent au sol. Sans savoir comment, le garçon réussit à garder l'épée dans ses mains, et il tenta de l'asséner sur la tête de son ennemi. Autant dire que, allongé de la sorte par terre, cela se révéla compliqué et sa tentative échoua lamentablement. Le brun se contenta alors de repousser son assaillant de toutes ses forces, et grâce à la magie accumulée dans ses veines lors de son voyage dans le monde sous-marin, l'homme fut propulsé plusieurs mètres plus loin.

Raphaël profita des quelques secondes de répit qui lui furent accordées pour se relever et bien se camper sur ses deux jambes.

Raphaël : Allez vas-y, je t'attends !

L'homme le prit au mot et, brandissant son épée, il chargea. Mais le garçon était prêt et il para d'abord sa première attaque, puis la deuxième. À la troisième, il se servit de son arme pour bloquer celle de son adversaire et la lui arracher des mains. La lame ricocha sur le sol inégal dans un bruit de ferraille. Sans aucun état d'âme, Raphaël transperça l'ennemi de sa propre épée puis passa à l'attaquant suivant.

Il taillada un deuxième homme, puis un troisième. Un quatrième se présenta devant lui et il l'évita d'un grand bond. Se tournant vers son opposant, il leva son épée dans l'espoir de recommencer la même technique que précédemment. Cependant, lorsque les deux armes s'entrechoquèrent dans un tintement métallique, tout ne se passa pas comme prévu.

Plutôt que désarmer son rival, Raphaël fut lui-même désarmé et son épée lui glissa des mains. Elle retomba un peu plus loin, ne lui laissant plus que son poignard de secours pour se défendre. Tant pis, il ferait avec.

Il dégaina la petite lame et, sans même savoir comment, il bloqua l'épée ennemie avec. Le choc fit vibrer ses os jusque dans la moelle, résonnant dans tout son corps. Il vit sa vie défiler devant ses yeux, essayant tant bien que mal de repousser son adversaire de la pointe de son poignard. Cela ne suffirait pas, il en était conscient, pourtant il poussa un hurlement.

C'était comme si une vague contenant tout ce qu'il était venait de sortir de sa personne pour tout détruire sur son passage. L'homme fut soufflé par l'explosion de douleur et de rage que Raphaël venait de libérer. Il ne savait pas comment il avait fait, mais il l'avait fait. Mais il avait perdu sa deuxième arme dans la foulée.

Un souffle d'air chaud le fit se tourner. Son épée et son poignard se dirigeaient vers lui, soulevés par une brume colorée. Inutile de demander, il savait qu'il s'agissait de la magie d'Aurore. Au loin, la jeune fille lui adressa un signe de tête, mais avant qu'il ait pu la remercier, son visage se figea et elle hurla :

Aurore : Raphaël !

Il n'eut pas le temps de se retourner, ni même de bouger, il sentit quelque chose de dur et de froid lui lacérer les chairs du dos et s'enfoncer dans son corps entre deux côtes. Il sut que c'était grave quand une douleur aiguë au niveau du poumon gauche le força à se plier en deux. Tout devint noir devant ses yeux et avec un hurlement de douleur, il s'écroula.

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