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46. Luca

Hello everybody ! (cherchez pas à comprendre pourquoi je parle anglais, mon cerveau est fatigué de sa journée là). Je vous écris depuis le train Marseille-Paris dans lequel je me trouve (parce que le Marseill-Rouen a été supprimé à l'heure du départ), et je voulais vous annoncer que par ces mesures exceptionnelles prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19, j'ai actuellement un temps libre au niveau max et donc que j'ai plus ou moins fini d'écrire Underwater (il me reste la fin du dernier chapitre). Je poste donc ce chapitre aujourd'hui, et le reste arrivera dans les semaines arrivant. Bisous les ptits loups, et merci à ceux qui sont encore là après mes publications plus qu'irrégulières sur cette fiction ❤️

Update du 21 mars 2020 : je sais pas pourquoi ce chapitre ne s'est pas publié avant, je suis vraiment désolée !

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Luca vit Aurore s'écrouler sur le lit, effondrée. Sa plus grande peur venait de se réaliser sans qu'elle ne puisse rien y faire, et il ne doutait pas que c'était un choc, un coup qui lui minerait le moral pour la guerre à venir. Quant au fait que la fuite d'Alissia n'en était pas vraiment une... Au fond, ça ne l'étonnait pas tant que ça. Ils avaient passé une semaine à s'entraîner sans que rien ne vienne perturber leur quotidien, et Alissia disparaissait le jour même où Aurore était attaquée par Philippe pour une transmission de message ? Ce n'était pas une coïncidence, il n'y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard.

Aurore : Il faut qu'on barricade le lycée.

À partir de là, tout s'enchaîna très vite. Merlin, Aurore et son oncle combinèrent leur magie pour ériger un dôme d'énergie pure et protectrice autour du lycée, par-dessus les défenses déjà existantes de la veille. Jordan sortit ses shuriken et proposa à tout le monde de vite se préparer pour aller s'entraîner. Il devait sentir que tous étaient sur le qui-vive face à la menace d'un combat imminent. Alors tous s'exécutèrent, qui partant prendre une douche, qui petit-déjeunant simplement avant d'enfiler des habits propres.

Toute la semaine, Aurore avait pris soin de leur fournir des vêtements propres. Tous les matins, chacun trouvait une pile au pied de son lit, leurs habits habituels mais réparés et lavés grâce à la magie. Ce n'était pas grand-chose, un bermuda en jean pour les garçons, un short pour les filles, accompagné d'un t-shirt ou d'un débardeur blanc. L'avantage de cette couleur, c'est qu'on voyait immédiatement si quelqu'un était blessé, on pouvait donc agir en conséquence.

Il ne leur fallut qu'un quart d'heure pour se retrouver tous sur le terrain de sport, en tenue et prêt à en découdre. Chacun tenait son arme dans des mains maintenant expertes. Au fond, Luca se sentait prêt à affronter les hommes de Philippe, cependant il savait qu'il ne le serait jamais vraiment. Les troupes ennemies étaient beaucoup plus nombreuses, beaucoup mieux préparées. Ils n'avaient que de minces chances de les vaincre.

« Wow », pensa le garçon. « Je suis vraiment déprimant, dis donc ! »

Il s'asséna une claque mentale dans l'espoir de se redonner une contenance. L'effet fut immédiat : il décocha une flèche qui alla se planter dans la tête du mannequin en mouvement à l'autre bout de la cour.

Les mannequins avaient été multipliés et remis en service par Merlin, Aurore ne pouvant pas assurer la totalité des tâches magiques à elle seule. Quant à la magie d'Edward, elle servait à guérir ceux qui se blessaient éventuellement. Outre le fait qu'il était un très bon épéiste et avait par conséquent beaucoup aidé Alissia, Amélie et Raphaël avec leurs épées respectives, il s'était également révélé être un bon guérisseur.

Les seuls qui n'avaient pas le cœur à la tâche, ou plutôt moins que les autres, étaient Aurore et Pierre. Assis tous les deux sur un banc, ils parlaient à voix basse, l'air paniqué. La blonde faisait des efforts visibles pour se concentrer et retrouver Alissia grâce à sa magie, comme elle l'avait fait pour son oncle, mais rien ne semblait marcher. Elle était également incapable de localiser Philippe ou ses sbires, et Luca ressentait sa frustration et son angoisse même depuis là où il était. Ce silence, après les menaces du prince la veille, ne pouvait qu'être de mauvais augure.

Luca décocha une nouvelle flèche, puis encore une, et les deux se fichèrent dans le ventre et le front d'un autre mannequin, qui se désactiva alors. À force de tirer, tout au long des jours passés, ses doigts étaient endoloris. Il avait la chair à vif, parfois, à tel point qu'il fallait l'aide d'une bonne dose de magie pour refermer les plaies.

Raphaël : Des nouvelles d'Alissia ?

Luca sursauta et se tourna vers son ami, qui l'avait rejoint sans bruit et désignait Aurore du menton.

Luca : Rien. D'après Aurore, ça a l'air d'être comme si elle avait disparu de la surface de la terre. Philippe est introuvable aussi. Soit ils sont dans l'autre monde...

Il laissa sa phrase en suspens, phrase que le châtain compléta pour lui :

Raphaël : Soit le mage noir aux côtés de Philippe est assez puissant pour contrer les pouvoirs d'Aurore.

Ce qui n'était pas pour les rassurer, étant donné que la magie de leur amie était très importante. Quoi qu'il en soit, ils étaient lancés dans la dernière ligne droite avant le grand combat, le dénouement de cette guerre infernale.

Aurore : Je n'y arrive pas ! Je ne comprends pas pourquoi je...

Mais son cri fut noyé sous un vacarme assourdissant. La terre venait de se mettre à trembler, Luca entendait même les vitres des bâtiments tinter alors qu'ils étaient à plusieurs mètres de là.

Jordan : Rassemblez-vous !

Merlin : Les barrières !

Ces deux phrases combinées n'auguraient rien de bon, aussi le petit groupe obéit à Jordan et se resserra au centre de la cour.

Rien ne semblait pouvoir arrêter le tremblement de terre. Mais en était-ce vraiment un ? Luca avait de gros doutes sur la question.

Regardant autour de lui, le garçon s'aperçut qu'ils formaient une drôle de petite troupe, ainsi groupés et accoutrés sous les vibrations intenses du sol sous leurs pieds. Au centre de l'équipe, la petite Jade, que protégeaient les plus âgés. Un premier cercle était formé de Pierre, Thomas, Amélie, Justine, Tom, Clément et Lucas, tandis que les autres, plus expérimentés, formaient le deuxième cercle, plus exposé.

La terre s'était arrêtée de trembler, laissant quelques crevasses çà et là sur le sol. Elles n'étaient pas grandes, cinquante centimètres tout au plus, mais voir la cour du lycée traversée par ces fissures était inquiétant.

Clément : Qu'est-ce que c'était ?

La peur perçait dans sa voix, ce que Luca pouvait aisément comprendre. Lui-même avait peur de ce que signifiait ce tremblement de terre.

Aurore : Nous sommes attaqués.

Elle avait chuchoté sa réponse, si bien que seules les personnes les plus proches d'elle purent entendre les quelques mots prononcés. Cela confirmait la théorie de Luca comme quoi le tremblement de terre n'en était pas un, pas réellement en tout cas.

Raphaël : Je suis prêt.

Luca : Moi aussi.

Ils ne l'étaient ni l'un ni l'autre, c'était plus qu'évident, pourtant le regard de remerciements que leur adressa leur amie valait tout l'or du monde.

D'un même mouvement, le cercle extérieur leva les armes. Luca banda son arc, son épée de secours bien accrochée à son côté. Raphaël pointa sa propre épée devant lui, Axelle fit de même avec sa lance. Céleste sortit une boule aux effets inconnus de sa sacoche, Jordan s'empara de ses shuriken et les plaça devant son visage. L'oncle d'Aurore dégaina son épée. Quant à Merlin et Aurore, ils croisèrent leurs mains devant leur poitrine pour être prêts à utiliser leur magie.

Le deuxième cercle leva les armes à son tour, juste à temps pour voir débarquer les troupes ennemies.

Certains arrivaient par les airs, parachutés depuis dieu savait où, d'autres pénétraient dans le lycée en déchiquetant les clôtures avec leurs épées. C'était comme regarder un film d'action, sauf que là, c'était réel. La grande bataille venait de défoncer leur porte et de se jeter sur eux.

Aurore : Merlin, Edward, emmenez Jade ! Protégez-la au péril de votre propre vie !

La terreur dans la voix de la princesse menaçait de l'engloutir. Elle avait l'air d'avoir compris qu'elle ne pourrait pas protéger sa sœur pendant cette bataille.

Les deux hommes obéirent et, dans un flash de magie grise, ils disparurent. Alors la guerre commença.

Luca tira une flèche qui dégomma un homme. Dans d'autres circonstances, il aurait été répugné de tuer quelqu'un, mais pour le moment, il avait d'autres chats à fouetter. C'était soit lui soient eux.

Les bruits de coup de feu, de chocs d'épées et d'explosions retentissaient partout à présent. Les hommes de Philippe tombaient comme des mouches, ce qui laissait entrevoir un espoir au garçon. Luca n'en comptait pas tant que ça, ils allaient peut-être s'en sortir au final !

Il décocha une nouvelle flèche qui atteint sa cible en plein ventre. La femme touchée s'écroula, son épée glissa de ses mains et rebondit par terre.

Un avantage non négligeable qu'ils avaient sur leurs adversaires, c'étaient leurs armes à longue portée telles que pistolets, fusil, carabine et arc. Les troupes ennemies n'étant armées que d'épées, ils pouvaient en expulser une partie en enfer sans vraiment risquer leur vie.

Ils s'en sortaient bien, pour le moment. Luca restait en retrait, tirant ses flèches les unes après les autres. Il assurait également les arrières de ses amis, lorsqu'un ennemi s'approchait trop d'eux sans qu'ils ne le voient.

Raphaël et Amélie n'avaient pas trop de difficultés avec leurs épées. Tandis que la jeune fille taillait dans le tas aux côtés de son petit ami Thomas, qui donnait des coups de hache à l'aveuglette, Raphaël esquivait les attaques adverses en faisant de grands bons. Grâce au reste de magie qui coulait dans leurs veines, à Luca et lui, ils étaient capables de prouesses inimaginables en temps normal. Ça leur donnait un autre avantage dans cette bataille.

Plus loin, Aurore se tenait bien droite, les bras croisés sur sa poitrine et les doigts légèrement écartés. De la fumée colorée s'en échappait, s'étirant jusqu'aux ennemis en serpentant tel un brouillard mortel. À ses côtés, Justine se servait de son pistolet pour repousser leurs assaillants.

Presque malgré eux, ils avaient tous formés des petits groupes de deux pour assurer les arrières les uns des autres. Amélie et Thomas, Aurore et Justine, Tom et Lucas, Céleste et Axelle, Jordan et Clément... Jetant un coup d'oeil à son meilleur ami, Luca alla se placer aux côtés de Raphaël.

La présence de Philippe n'était détectable nulle part, ce qui inquiétait un peu Luca. Mais plongé dans la mêlée, il n'avait pas vraiment le temps de prêter attention aux détails. Peut-être le prince charmant pas si charmant se cachait-il un peu plus loin, prenant conscience de la dérouillée que se prenaient ses hommes.

Ils ne se débrouillaient vraiment pas si mal, pour un groupe de lycéens entraînés dans cette guerre à peine quelques semaines auparavant. Le soleil d'été leur tapait sur le crâne avec force, pourtant aucun d'entre eux ne se laissait démonter, tous se donnaient corps et âme dans la bataille, peut-être parce qu'ils savaient qu'ils n'avaient pas le choix pour survivre. C'est incroyable ce que l'adrénaline pouvait vous faire faire !

Luca décochait ses flèches à une vitesse incroyable, tapant toujours dans le mile ou presque. Plusieurs fois, il dut renvoyer une autre flèche pour achever son ennemi, mais l'erreur était humaine, non ? Tandis que le garçon s'occupait des adversaires qu'il voyait débarquer de loin, Raphaël assurait leur protection rapprochée à tous les deux, épée au poing et visage sévère.

Luca n'avait jamais compris l'expression d'ange vengeur utilisée dans certains livres ou films. Pourtant, à regarder son ami se battre comme un diable, ses bouclettes brunes lui retombant sur le front, il admit que la ressemblance avec un ange guerrier était saisissante. Il avait toujours cru que c'était plutôt le rôle de la fille amoureuse de comparer un garçon à une créature céleste, mais il était vraiment fier de ce qu'était devenu son meilleur ami. Il était fier de ce qu'ils étaient tous devenus, parce que leur vie morne d'adolescents avait été transformée, et ils se battaient aujourd'hui pour un monde meilleur.

Raphaël : Attention !

Luca tourna la tête vers son ami, ne comprenant pas pourquoi il criait. Tout s'expliqua quand une flèche noire se ficha entre ses pieds.

Luca : Qu'est-ce que...

Le garçon balaya du regard les alentours. Les sbires de Philippe n'étaient armés que d'épées, comment était-ce possible ? Puis il la vit.

Morgane, c'était son prénom s'il se souvenait bien. Elle était telle que l'avait décrite Aurore : de longs cheveux noirs et épais, des yeux marrons qu'il devinait furieux même de là où il était, petite et mince. Elle ne semblait pas avoir plus de treize ou quatorze ans, ce qui semblait logique étant donné qu'elle aurait dû épouser le prince Leo. Elle tenait un arc de bois sombre dans les mains, et à en juger par son rictus, c'était elle qui avait tiré.

Avait-elle raté volontairement son coup ? Dans ce cas, pourquoi ? Pour annoncer sa présence ? Pour menacer Luca ?

Contrairement à ce que dictait la logique, il n'était pas tant étonné de la voir sur le champ de bataille, même malgré son jeune âge. Après tout, le garçon se battait lui-même aux côtés d'une fille de treize ans, il s'était habitué à voir des enfants combattre dans cette guerre. À croire que, vraiment, ils murissaient plus vite dans le monde sous-marin que dans ce monde-ci.

Raphaël : C'était pas qu'une simple femme de chambre, normalement ? Qu'est-ce qu'elle fait là ?

Luca : J'en ai strictement aucune idée ! Mais ça complique les choses, elle peut nous attaquer de là où elle est.

Comme en réponse à cette affirmation, la voix d'Aurore se fit entendre dans sa tête.

« Soyez prudents, armée d'un arc elle est plus dangereuse que les autres. Je vous couvre du mieux que je peux, mais surveillez vos arrières quand même. On va y arriver, on n'a pas le choix. Si vous voyez Philippe, prévenez-moi, je dois m'occuper de lui. »

C'était toujours aussi étrange, d'entendre la princesse lui parler à l'intérieur même de sa propre tête. En tout cas, le message était clair, et au pronom utilisé, Luca devinait qu'il s'agissait d'une allocution commune.

Cependant, aucune trace de Philippe. Ses soldats tombaient comme des mouches, égratignant au passage certains de leurs amis, mais le prince adversaire n'apparaissait nulle part.

Pour une grande bataille de fin de guerre, Luca ne trouvait pas cela si impressionnant. D'accord, le lycée s'effondrait en partie à cause des explosions chimiques de Céleste, mais globalement, il avait craint pire. Il décochait ses flèches avec un calme olympien, et Aurore tenait sa promesse de les couvrir. Chaque fois que Morgane tirait, sa flèche explosait dans des gerbes colorées avant même d'atteindre sa cible.

Et puis tout bascula lorsque la terre se remit à trembler. D'un seul coup, rester debout devenait une prouesse d'équilibre, alors se battre ? Cela devint impossible, heureusement pour leurs adversaires aussi.

Aurore : Resserrez-vous !

Elle était au beau milieu de la cour, ce qui rendait l'exécution de son ordre plus difficile, mais ils y parvinrent à grand renfort de titubements.

Tom : Qu'est-ce qu'il se passe ?

Aurore secoua la tête.

Aurore : Je ne sais pas ! Il y a quelque chose qui... qui gêne ma magie ! C'est comme si...

Avant même la fin de la phrase, une explosion les souffla tous et les fit s'étaler au sol, tombant pêle-mêle les uns sur les autres. Par miracle, personne ne se blessa avec sa propre arme.

Levant les yeux, Luca s'aperçut que devant eux se tenaient trois personnes nouvellement arrivées. La première était un homme petit et robuste, entièrement vêtu de noir, aux cheveux et yeux de la même couleur. La deuxième était Philippe, à n'en pas douter. Ces cheveux châtains, ces yeux vert prairie, ces traits fins presque féminins... Aucun doute n'était possible. Quant à la troisième personne, elle n'était autre qu'Alissia, son épée au côté, les cheveux relevés en une queue-de-cheval haute lui tirant les traits en arrière dans une expression sévère.

Pierre : Alissia ? Qu'est-ce que...

Aurore : Relâche-la !

La jeune fille se releva alors que la terre arrêtait de trembler et croisa les bras sur sa poitrine pour utiliser sa magie. Des volutes de fumée s'étirèrent vers Philippe...

...et furent aussitôt découpées par Alissia, qui avait dégainé son épée aussi vite que l'éclair.

Sa réaction fut accueillie par un concert d'exclamations choquées de la part de ses amis.

Alissia : Vous ne toucherez pas un cheveu de mon maître.

Luca manqua s'étrangler, et visiblement il n'était pas le seul car Aurore bafouilla :

Aurore : Ton... quoi ?!

Sans répondre, Alissia se tourna vers Philippe et lui tendit son épée, comme si elle lui était soumise. Mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Quoique, Luca commençait à avoir des doutes.

Philippe : N'est-ce pas magnifique ?

Il ricana, donnant une drôle d'allure à son visage.

Philippe : C'est douloureux, n'est-ce pas ? Cette sensation de trahison...

Aurore : Alissia ne nous aurait jamais trahis ! Tu... tu l'as ensorcelée, je le sens ! Relâche-la ou tu auras affaire à moi !

Philippe : Oh, Aurore... Je te croyais plus intelligente que ça, franchement ! Tu crois qu'après ce que tu m'as fait, après tout ce que ta famille m'a fait, je vais relâcher mon meilleur moyen de pression sur toi ?

Il soupira, de ce soupir théâtral qu'il maitrisait si bien pour rendre le tout un peu plus dramatique.

Philippe : Je te propose un marché. Toi et tes amis, vous laissez tomber cette histoire. Vous rentrez chez vous, ou plutôt, tes amis rentrent chez eux. Quant à toi, tu acceptes de m'épouser et de régner à mes côtés. Dans ce cas, et uniquement ce cas-là, je libère ton amie de l'emprise magique sous laquelle je l'ai placée. Si vous vous entêtez à vous mettre en travers de ma route... Eh bien, je suppose que je n'ai pas besoin de te faire un dessin ?

Luca vit son amie se raidir. Il savait que Philippe avait touché un point sensible. Elle avait toujours eu peur du danger qu'il représentait pour ses amis, c'était la raison pour laquelle elle avait décidé qu'il valait mieux les entraîner à se battre plutôt que les cacher. Cependant, ses pires craintes venaient de se réaliser, or elle ne voulait pas non plus laisser Philippe détruire les deux mondes.

Aurore : Je vais te tuer !

Auparavant, personne ne l'aurait prise au mot. Aurore n'aurait jamais fait de mal à une mouche, alors tuer quelqu'un ? Impossible. Mais elle avait changé, depuis le début de cette aventure. Elle avait vengé elle-même la mort de sa mère et de ses frères en tuant Robert, aussi Luca ne doutait pas qu'elle ferait de même avec le fils du traître.

Philippe : Soit.

Il n'avait pas l'air perturbé le moins du monde, et il rendit l'épée à Alissia avec un sourire mauvais.

Philippe : Tue-les.

Pendant un instant, Alissia eut l'air d'hésiter, comme si la véritable personne qu'elle était essayait de lutter à l'intérieur d'elle-même. Puis un éclair de fureur traversa ses yeux et son expression changea.

Luca ne la connaissait peut-être pas aussi bien et depuis aussi longtemps qu'Aurore, dont c'était la meilleure amie, pourtant il savait que cette allure guerrière et déterminée n'avait rien de normal chez la jeune fille. Comme Aurore, elle avait plutôt toujours été timide, réservée, sauf peut-être avec son petit ami. Personne ne se serait attendu à la voir lever son épée, le regard noir et les lèvres retroussées en un rictus presque inhumain.

Figés par l'incompréhension, aucun d'eux ne bougea tandis que la brune s'avançait vers leur petit groupe.

Aurore : Alissia... Ce n'est pas toi, je le sais, et tu le sais aussi. Reviens-nous ! Philippe te manipule, il...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car l'épée de sa propre meilleure amie s'abaissa sur elle. Horrifié, Luca ne put que regarder Alissia tenter d'assassiner son amie d'enfance.

Raphaël : Aurore !

La jeune fille ne dût sa survie qu'aux réflexes particulièrement rapides de leur ami. Avant même la fin de son cri, il avait dégainé son épée et contrait la tentative d'Alissia. Le choc du fer contre le fer résonna dans toute la cour et souffla les deux épéistes. Luca était prêt à parier qu'il y avait un peu de l'aura magique de Raphaël là-dessous.

Trop sidérés pour réagir, les membres de leur petit groupe ne purent que regarder les deux amis entamer un combat acharné. C'était presque magnifique, comme contempler un ballet parfaitement maîtrisé. C'était hypnotisant, envoûtant, et Luca sentait qu'il pourrait rester dans cette même position encore longtemps. Mais lorsque l'épée d'Alissia trancha dans la chair du bras de Raphaël, il sortit de sa torpeur et poussa un cri faisant écho à celui de son meilleur ami.

Ce n'était pas Alissia, en face d'eux. S'il restait une toute petite chance de la faire revenir à son état normal, elle venait d'être réduite à néant. Ses yeux avaient viré au noir corbeau, jamais elle n'aurait touché à un cheveu d'un ami en temps normal. Luca comprit, le cœur en miettes, que jamais leur amie ne redeviendrait comme avant. Il ne savait pas ce que Philippe lui avait fait, mais cela ne le rendait que plus détestable encore.

Aurore semblait en être venue à la même conclusion car de grosses larmes coulaient sur ses joues. À contrecœur, Luca le savait, elle s'écria :

Aurore : À l'attaque !

Ç'eut le mérite de faire réagir Philippe, qui tourna ses yeux trop verts vers son ancienne fiancée.

Philippe : Quoi ?

Aurore le dévisagea avec haine. Les larmes dans ses yeux ne les rendaient que plus beaux, plus dangereux. Elle n'était définitivement plus la même personne, quelque chose semblait s'être brisé au fond d'elle.

Aurore : Tu vas mourir pour ce que tu as causé, j'en fais la promesse.

Avec un cri de rage, elle plaça ses mains contre sa poitrine et les croisa. Des volutes de magie s'élevèrent et s'étirèrent vers leurs ennemis.

Suivant le mouvement, Luca souleva son arc et décocha une flèche qui alla se ficher dans le bras d'un adversaire. Raphaël reprit son combat avec Alissia, à contrecœur, Luca le savait. Quant aux autres, ils recommencèrent à tailler et tirer dans le tas, essayant d'éliminer le plus d'ennemis possible. La bataille reprit son cours.

Philippe s'éloigna en compagnie de Morgane, qui armait son arc. Visiblement, il n'avait aucun remord à laisser ses troupes se battre seules.

Les sbires de Philippe semblait à présent plus forts, plus vifs. Il émanait d'eux comme une aura noire, la même qui enveloppait Alissia. Était-ce dû au mage noir au côté du prince maléfique ?

À présent, c'était eux qui subissaient une dérouillée. Du coin de l'oeil, Luca voyait bien que ses amis étaient en mauvaise posture. Il essayait tant bien que mal de les couvrir à coups de flèches, mais il ne pouvait pas tous les protéger. Il commençait déjà à avoir du mal à se protéger lui-même, les ennemis gagnant du terrain malgré toutes ses flèches.

La situation ne tarderait pas à devenir critique. D'un autre côté, qu'avaient-ils espéré ? Pensaient-ils vraiment qu'un simple groupe d'adolescents à peine entraînés pourrait rivaliser face aux hommes lourdement armés de Philippe ? On n'apprenait pas à se battre en quelques semaines !

Un cri le fit sursauter. Il s'agissait de la voix de Raphaël, aussi Luca se tourna vivement vers la provenance du son. Son ami était tombé par terre, désarmé, et Alissia pointait son épée sur sa poitrine.

Luca se trouvait face à un choix trop difficile à faire. Il pouvait sauver son meilleur ami, évidemment, ce qui impliquait mettre la brune hors jeu. Cependant, il ne pouvait pas tirer sur Alissia, c'était son amie elle-aussi, et même si elle était possédée, il savait qu'il ne s'en remettrait jamais.

Ces quelques secondes d'hésitation permirent à la jeune fille de lever son épée et de l'abaisser avec violence vers Raphaël. Pour la deuxième fois en l'espace de quelques minutes, celle qui était la plus calme d'entre eux menaçait de tuer l'un de ses amis.

Son corps réagit avant lui. Il sentit ses bras bouger, encocher une flèche à son arc et tirer. Luca ne comprit ce qu'il avait fait que lorsqu'une flèche se figea dans le bras d'Alissia et qu'elle poussa un hurlement de douleur. Sa voix n'avait plus rien de ce qu'elle était autrefois.

Il s'en voudrait sûrement toute sa vie d'avoir tiré sur une amie, mais il ne l'avait pas tuée, alors tout irait bien, dans la limite du possible évidemment. Cependant, lui qui pensait avoir réussi à arrêter la jeune fille, il fut prit d'un haut-le-coeur lorsqu'elle arracha la flèche de sa chair et reprit sa tâche.

Incapable de tenter quoi que ce soit d'autre, Luca ferma les yeux et attendit l'inévitable, le cœur déchiré et l'âme hurlant de terreur et de chagrin. Le seul bruit qu'il entendit fut un léger claquement, comme une porte que l'on ferme au loin, puis plus rien. Le silence complet.

Il ouvrit les yeux lentement et retint son souffle. Un homme de grande taille se tenait entre Raphaël et Alissia, enserrant le cou de cette dernière entre ses doigts épais. De la lumière faisait briller leur peau à tous les deux, comme si de l'énergie traversait leurs deux corps.

Aurore : Edward !

L'oncle de la jeune fille ne détourna pas les yeux de celle qu'il tenait entre ses mains, le visage fermé. Il semblait concentré, comme s'il cherchait quelque chose.

Edward : Qu'est-ce que...

Il se tourna enfin, mais pas vers eux. Son regard se posa sur Philippe et il cracha :

Edward : Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Luca fut sidéré par son intonation. L'homme s'était toujours tenu un peu à l'écart dans leur petit groupe, n'adressant la parole aux autres que rarement lors des repas. Mais là, il avait un ton fâché, presque méchant, comme si on avait touché à l'un de ses proches.

Philippe : Tiens tiens tiens... Edward Bellefeuille, ça faisait longtemps ! Je te croyais mort, ou tout du moins trop lâche pour t'engager dans quoi que ce soit qui concerne la sécurité d'Oseania.

Oseania ? C'était bien la première fois que Luca entendait ce nom, et avec un sursaut il comprit qu'il s'agissait du nom du royaume sous-marin. À force, il avait pris pour argent comptant qu'il n'avait aucun nom, pourtant les faits venaient de le détromper.

Edward : Je suis là où est ma place, et tu aurais dû en faire de même. Maintenant, réponds à ma question !

Philippe s'avança en haussant les épaules.

Philippe : Que veux-tu que je te dise ? Tu sais déjà ce qu'il s'est passé, n'est-ce pas ?

Le sourire vicieux du prince ne disait rien qui vaille.

Aurore : Edward, de quoi parle-t-il ?

Edward : Je ne sais pas !

Mais il mentait très mal, Luca s'en rendait compte.

Philippe : Oh, comme c'est touchant. Tu n'as donc rien dit à ta nièce, Edward ?

Il se tourna vers Aurore et fit un signe à ses hommes. Aussitôt, ceux-ci se retirèrent, laissant les amis de Luca salement amochés mais heureusement tous vivants.

Philippe : Tu es décidément bien naïve, ma chère Aurore. Crois-tu vraiment que ton oncle se soucie de toi, de ton combat ? S'il est à tes côtés, c'est seulement parce qu'il sait qu'il a commis une erreur monumentale et qu'il essaie de se racheter. C'est tellement pitoyable !

Le cœur de Luca fit un saut périlleux dans sa poitrine, lui donnant un haut-le-coeur. De quoi parlait Philippe ? Quelle erreur avait commis l'oncle d'Aurore ?

Philippe : Car vois-tu, notre cher Edward ici présent nous a été bien utile, à mon père et moi. Qui, d'après toi, a inventé le sortilège pour se faire passer pour mort aux yeux de tous ? Qui aurait pu avoir une telle idée en tête, autre qu'un triton qui rêvait de partir dans le monde des humains ?

Fusillant le garçon de ses yeux si semblables à ceux de sa nièce, Edward hurla :

Edward : Et alors ? Tu n'aurais pas été prêt à tout, toi, si tu avais su que l'amour de ta vie était dans un autre monde ? N'as-tu pas fait chercher Aurore jusque dans ce monde ? Pourquoi me reproches-tu de faire ce que tu as toi-même fait ?

Philippe : Je ne te le reproche pas, imbécile. Je ne te reproche rien, ni l'invention de ce sort...

Il prit une pause, sûrement dans l'espoir de rendre le tout plus dramatique. Luca le trouvait insupportable, comme garçon. Même s'il n'avait pas eu mauvais fond, il l'aurait détesté pour surjouer de tout.

Philippe : ... ni l'invention de celui visant à transformer quelqu'un en son véritable pantin.

Edward : Je t'interdis de...

Philippe : Tu m'interdis de quoi ? Je ne fais que divulguer la vérité à ton sujet, Edward. Et puis, comment pourrais-tu m'interdire quoi que ce soit ? Regarde-toi, regarde-vous ! Vous êtes en train de perdre !

Aurore : Edward, de quoi est-ce qu'il parle bon sang ?

Luca sentait l'impatience dans la voix de son amie. Lui-même espérait avoir plus de détails. Peut-être Philippe était-il le méchant de l'histoire, mais à ce moment-là, il disait la vérité, le garçon en était certain.

Philippe : De quoi je parle ? Tu n'as toujours pas compris, toi qui te penses pourtant si perspicace ?

Le prince prit une inspiration, et Luca devina que la suite allait être terrible.

Philippe : C'est ton oncle qui a créé le sort qui a permis à mon... associé, disons, de prendre possession de ton amie. C'est lui qui a inventé ce sortilège capable d'annihiler toute volonté chez un être vivant, afin de lui apposer nos propres instructions. D'en faire notre pantin, si tu préfères, avec aucun retour en arrière possible. Mais surtout, c'est ton oncle qui a appris ces deux sorts à mon père, lui permettant de s'enfuir lors de sa mise à mort.

Aurore : Tu... tu mens !

La voix tremblante, la blonde tourna des yeux terrifiés vers son oncle. Derrière ce dernier, Raphaël s'était relevé et tenait son épée à deux mains, prêt à bondir au moindre signe de danger. Fier de son ami, Luca encocha une flèche à son tour. Si Philippe disait vrai, Edward n'était pas leur allié.

Philippe : Non, je ne mens pas. Demande donc à ton oncle.

Aurore supplia l'homme de démentir leur ennemi, pourtant il ne se contenta que de soupirer, réduisant ses espoirs à néant.

Aurore : Quoi ? Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Je te faisais confiance !

Edward : Écoute, Aurore... J'ai fait une erreur, j'en suis conscient. Mais à l'époque, je ne rêvais que de rejoindre Esperanza, et ton père... Il refusait de m'accorder ce privilège. J'avais besoin d'une solution, je devais à tout prix trouver quelque chose. Ce que j'ai fait, c'était mal, j'en ai entièrement conscience ! Mais je n'ai jamais eu le courage d'utiliser ce sort sur mon propre frère, même si je le haïssais pour m'interdire un bonheur que lui-même connaissait. Alors j'ai créé le deuxième sortilège, celui pour me faire passer pour mort. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, Robert est venu me trouver. Il m'a fait croire qu'il n'y était pour rien dans la mort de tes frères, il m'a fait croire tout un tas de choses qui étaient fausses. Il m'a supplié de l'aider, ce que j'ai fait. Je lui ai révélé mes deux sorts pour qu'il puisse s'en tirer, et je n'ai compris que plus tard à quel point j'avais été idiot. J'ai tout fait pour me racheter, aujourd'hui je suis même prêt à donner ma vie dans cette bataille s'il le faut !

Aurore : Mais Alissia...

Edward secoua la tête, l'air navré.

Edward : Je suis désolé. Une fois que le sort a été utilisé, aucun retour en arrière n'est possible. Une fois que la volonté propre de la personne est réduite à néant, il n'y a rien qu'on ne puisse faire. C'est cruel, je sais, mais nous ne pouvons rien changer.

Il soupira, resserrant un peu plus ses doigts autour du cou de la brune. Ce n'était pas de bon augure du tout, et avant que Luca ne puisse mettre en garde son amie, l'homme enchaîna :

Edward : C'est pourquoi j'espère que tu trouveras la force de me pardonner pour ce que je m'apprête à faire.

Aurore : Te pardonner ? Mais de quoi... Edward, non !

Trop tard. Edward avait dégainé son épée et l'avait plongée en plein dans le ventre d'Alissia, lui arrachant un cri inhumain à glacer le sang.

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