43. Luca
Hello les ptits loups ! Je sais je sais, cette histoire est un désastre quant à la publication super irrégulière. Cependant, j'ai une bonne nouvelle : une de mes résolutions pour 2020 est de terminer cette histoire, et je compte bien m'y tenir. Donc oui, Underwater sera bel et bien terminée avant le 31 décembre 2020, je bosse actuellement comme une forcenée pour ça. Bref, j'espère que vous aimerez ce chapitre !
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La petite Jade ressemblait trait pour trait à sa sœur, si on oubliait leur différence d'âge. Même yeux bleus, même chevelure blonde et bouclée, même nez fin et même bouche rose, le tout en version miniature. Du haut de ses huit ans, elle les dévisageait avec la même expression butée que son aînée, minuscule parmi tous ces adolescents bien plus vieux.
Aurore : Jade, est-ce que...
Sa sœur ne la laissa pas finir et la coupa d'un ton sec :
Jade : Ça va.
La faible lueur dans ses yeux contredisait ses mots, mais l'enfant se redressa bien vite. Elle ne manquait pas de courage, Luca en était certain, surtout pour une gamine de son âge. Lui-même n'en aurait pas mené large si, à l'âge de huit ans, une sœur depuis longtemps disparue avait débarqué avec ses amis armés pour lui rendre des souvenirs traumatisants. C'était peut-être pour cette raison qu'elle faisait plus âgée que ses huit petites années.
Avec un coup au cœur, Luca se rendit compte qu'Aurore aussi avait l'air plus âgée, depuis qu'elle avait mis les pieds dans cette guerre qui l'opposait à son ancien fiancé. Philippe de même, comment aurait-il pu en être autrement ? On ne prévoyait pas de détruire le monde à seize ans, généralement. Peut-être que c'était à cause du monde dans lequel ils vivaient tous les trois originellement, après tout, Luca ne connaissait pas grand chose de ce monde sous-marin. Il était possible que les enfants y soient forcés de grandir plus vite, comme au Moyen-Âge, où des filles de treize ans se retrouvaient mariées et mères de plusieurs enfants.
Imaginer Aurore mariée à Philippe, tenant la main de leurs enfants, lui donna la nausée, et Luca repoussa bien vite cette idée au fond de son esprit. Ce n'était ni l'endroit ni le moment de se triturer l'esprit pour des choses qui n'avaient et n'auraient jamais lieu. Tout compte fait, il valait mieux de ne plus y repenser du tout, l'image était bien trop désagréable.
Aurore : D'accord, dans ce cas, viens avec moi. Je vais te montrer où tu vas dormir.
Jade hocha la tête sans répondre. Elle n'avait pas spécialement l'air heureuse d'être là, ce que Luca pouvait aisément comprendre. Mais contrairement à eux, elle ne devrait pas se battre pour assurer la survie de deux mondes, elle.
Le garçon se gifla mentalement. Voilà qu'il en venait à agir comme un pauvre gosse pourri gâté et à jalouser une enfant de huit ans. Huit ans bon sang ! Elle avait l'âge de son propre petit frère !
Ce fut un deuxième choc pour Luca, plus violent que le premier. Se souvenir de son frère maintenant, c'était horrible et adorable à la fois. Cela lui rappelait qu'ils risquaient de ne pas survivre, ni lui, ni ses frères, ni ses parents, ni aucun de ceux qu'il aimait. Mais cela lui rappelait aussi ce pour quoi il luttait. Rien de mieux qu'une petite piqure de rappel pour motiver à se surpasser.
Luca : Je vais aller m'entraîner avec les autres.
Aurore hocha la tête avec un léger sourire, puis elle fit un mouvement vague du bras dans la direction de Jordan. Ce dernier, à l'autre bout de la cour, s'efforçait d'aider du mieux qu'il pouvait Pierre, Alissia, Justine, Thomas, Amélie, Clément, Tom et Lucas. Celui-ci avait l'air plutôt en forme, compte tenu de son état de la veille. La magie de Merlin avait encore fait des merveilles, et les mesures de Jordan avaient été réalisées sans faute car chacun tenait son arme entre des mains peu expertes. Peu importait, ils apprendraient vite, même s'ils n'auraient pas des capacités décuplées comme celles de Luca et Raphaël.
Aurore : Allez-y, je vous rejoins tout à l'heure.
La jeune fille posa un regard attendri sur sa sœur, qui ne se rendit compte de rien. Bien sûr, il leur fallait un peu de temps à toutes les deux pour mettre quelques petites choses au clair. Luca prit donc Raphaël par le bras avant qu'il ne puisse protester et l'entraîna avec lui.
Luca : Allez viens, bouclettes !
Son ami leva les yeux au ciel et un sourire vint éclairer son visage.
Raphaël : Je te rappelle que tu as autant de boucles que moi !
Luca : Je sais, mais les miennes sont magnifiques tandis que les tiennes... on dirait juste un mouton.
Il secoua ses cheveux noirs d'un mouvement de tête digne d'une pub pour shampoing, faisant ricaner son meilleur ami.
Raphaël : Tu parles !
Luca : Si si, je te jure ! Tiens regarde !
Pour illustrer ses propos, il tira sur une mèche de ses cheveux qui s'étendit jusqu'à être plus raide qu'un piquet. Il était vrai qu'à côté des cheveux noirs et ondulés de Luca, ceux de Raphaël passaient pour une jolie toison. Ses boucles étaient beaucoup plus petites et resserrées, ses cheveux beaucoup plus courts aussi.
Raphaël poussa un soupir faussement outré, puis s'exclama d'un ton amusé :
Raphaël : Est-ce qu'on est vraiment en train de comparer nos cheveux, là, ou je rêve ? On devient des filles, mon gars !
Luca : On ne peut pas devenir des filles. On est des mecs, des vrais ! On est virils, on est le sexe fort !
Son ami s'esclaffa.
Raphaël : Espèce de macho !
Luca : Allons, tu sais bien que je n'en pense pas un mot !
Raphaël : C'est justement pour ça que je ris, crétin !
Il donna une tape sur le dos de Luca, qui se réjouit intérieurement de voir que sa relation avec Raphaël ne s'était pas détériorée. Après leur dispute concernant Aurore, il avait souvent eu peur que quelque chose ne se soit brisé entre eux, mais pourtant tout était redevenu comme avant. Enfin, si l'on excluait qu'ils allaient justement s'entraîner à manier des armes qu'ils n'auraient jamais dû ne serait-ce qu'approcher en temps normal.
Tout ne se passait pas exactement comme prévu au milieu de la cour. Jordan semblait dépassé par les évènements, et Aurore avait beau avoir laissé des mannequins pour les entraînements, ces derniers n'avaient visiblement pas suffi. Mais ce n'était pas le pire, non, ce titre revenait à Thomas et sa hache nouvellement acquise. Il s'en servait pour s'attaquer à un arbre, qui résistait beaucoup trop bien, et le garçon s'acharnait dessus sans aucune logique. Alissia et Amélie se défiaient à l'épée mais n'osaient pas s'approcher l'une de l'autre de peur de se blesser, Justine tenait son pistolet d'une main si tremblante que la sécurité de tous était menacée, Lucas n'avait pas meilleure allure, et Clément contemplait sa batte de baseball l'air de se demander quoi en faire. Les seuls à s'en sortir plutôt bien étaient Tom et Pierre, qui faisaient un concours de tirs avec respectivement leur carabine et leur fusil.
Un coup de feu retentit, qui fit sursauter Luca. Justine venait de tirer et, en entendant Jordan étouffer un gémissement, le garçon devina qu'elle avait manqué sa cible.
Jordan : Non, pas comme ça... Je t'ai déjà expliqué, tu dois viser avec un œil. Un seul œil, d'accord ?
Son ton avait beau être doux, on pouvait sentir une pointe d'agacement poindre, ce que Luca pouvait comprendre. Cependant, si Jordan perdait patience, qui pourrait former leurs amis afin d'assurer leur défense ?
Justine : D'accord.
La blonde donnait l'impression d'avoir entendu ce genre de conseil une bonne centaine de fois, pourtant on ne pouvait qu'admirer sa persévérance.
Jordan : Non, Thomas, tu vas la casser !
Deux millièmes de seconde plus tard, un grand fracas fit tourner les yeux à toutes les personnes présentes : le manche de la hache de Thomas venait de se briser.
Jordan se prit la tête entre les mains et s'approcha de Luca et Raphaël.
Jordan : C'est un désastre ! Je n'ai jamais autant eu envie de pleurer de toute ma vie !
Une main fine se posa sur son épaule et Luca sursauta en pensant qu'il s'agissait d'Aurore. Il sursauta une deuxième fois lorsqu'il comprit que c'était Axelle, et qu'elle s'adressa au châtain d'une voix douce :
Axelle : Mais non, ne dis pas ça. Regarde-nous, tu nous as si bien formés ! Il n'y a pas de raison que ça ne marche pas, ils sont juste un peu plus nombreux. Mais on va t'aider.
Jamais Luca n'avait entendu un timbre si délicat dans la voix de la jeune fille. Il l'avait entendue se disputer violemment avec Aurore, mais être gentille avec quelqu'un, c'était une nouveauté.
Elle fit un mouvement de tête vers l'endroit où se trouvaient Thomas et sa hache ébréchée. Merlin venait de la réparer grâce à sa magie, et il expliquait quelques bases au garçon, qui observait attentivement. Quant à Céleste, elle aidait Alissia et Amélie avec leurs épées.
Luca : Bien sûr qu'on va t'aider.
Il soupira en poussant Raphaël vers Clément. Il était évidemment hors de question que Jordan se débrouille tout seul après tout ce qu'il avait fait pour eux.
Luca : Tiens, va t'occuper de notre boulet de meilleur ami, bouclettes numéro trois. Il va finir par taper sur sa propre tête avec sa batte.
Raphaël eut un rictus narquois, néanmoins il s'exécuta. Quant à Luca, il se tourna vers Jordan.
Luca : J'ai un peu d'expérience de chasse grâce à mon grand-père, je peux aider Pierre et Tom si tu veux.
Le garçon en face hocha la tête avec soulagement.
Axelle : Je m'occupe de Justine, dans ce cas. Tu n'auras qu'à aider Lucas.
De nouveau, Jordan eut l'air plus que soulagé. Il se passa une main derrière la nuque, gêné mais également reconnaissant.
Jordan : Merci.
Luca balaya les remerciements d'un geste de la main. Jordan n'avait pas besoin de remercier qui que ce soit, c'était plutôt le contraire à vrai dire. Aussi, le brun se dirigea vers Pierre et Tom, qui comparaient leurs résultats en se donnant des tapes sur le dos.
Luca : Alors les gars, comment ça se passe ?
Les deux garçons sursautèrent et se tournèrent vers lui.
Pierre : Plutôt pas mal, en fait. Ça m'a servi au final, les séances de chasse avec mon père.
Luca eut un sourire plein de nostalgie et se tourna vers Tom.
Luca : Toi aussi, tu pars à la chasse parfois ?
Tom : Absolument pas. J'ai juste un grand frère passionné d'armes à feu. Je me suis toujours moqué de lui pour ça, parce que je trouvais ça pas très utile si ce n'est de s'entraîner dans un centre de tir, mais au final je suis heureux qu'il m'ait emmené avec lui plus d'une fois. Jamais je n'aurais pensé que ça me servirait un jour !
Pierre : Parce que tu crois que je pensais me servir d'un fusil pour autre chose que la chasse, peut-être ?
Il se mit à rire tandis que Tom haussait les épaules avec désinvolture.
Luca : Vous avez déjà utilisé de telles armes avant, vous, au moins.
Sa réplique eut le don de faire mouche, ses deux interlocuteurs en restèrent sans voix.
Pierre : C'est vrai que tu te sers d'un arc.
Il soupira, les yeux dans le vague, et Tom s'esclaffa :
Tom : Plutôt cool, l'arc... surtout à notre époque moyenâgeuse.
Luca : C'est ça, moque-toi ! Il n'empêche que moi, je peux faire ça !
Conscient qu'il n'était qu'en train de frimer devant ses camarades, le garçon se concentra pour diriger toute son énergie dans ses jambes. Aussitôt, il se propulsa du sol dans l'espoir de faire un salto arrière, ce qu'il parvint plutôt bien à réaliser. Il réussit même à s'élever à quelques mètres du sol, laissant Pierre et Tom complètement muets de stupeur.
Tom : Comment t'as fait ça ?
Luca : J'ai mes petits secrets.
Pierre : Mec, c'est génial !
Depuis l'autre bout de la cour, où des yeux ébahis le dévisageaient, Raphaël cria :
Raphaël : Frimeur !
Luca lui adressa un signe de main moqueur, comme s'il saluait la foule en délire face à ses exploits. Évidemment, il n'avait aucun mérite pour ses incroyables capacités, étant donné qu'elles n'étaient que le résultat de son exposition prolongée au monde sous-marin.
Le garçon se tourna alors vers Tom et Pierre, qui l'observaient d'un œil attentif.
Pierre : Est-ce qu'on va apprendre à faire pareil ?
Luca secoua la tête.
Luca : Je regrette, mais non. Vous allez devoir vous contenter de vos armes.
Ses deux amis eurent un regard déçu mais ne dirent rien. Visiblement, ils s'attendaient à cette réponse. Tom secoua légèrement sa carabine.
Tom : Tant pis. Heureusement qu'on est pas mal doués, alors !
Luca rit mais sans entrain.
Luca : Ouais. Montrez-moi un peu ce que vous savez faire, tiens.
Les deux autres s'exécutèrent, visant leur cible ronde et rouge collée sur un arbre plus loin. Ils tirèrent chacun leur tour, et Luca put remarquer qu'en effet, ils n'étaient pas si incompétents que ça. Il leur faudrait juste un peu d'entraînement pour atteindre leur cible à chaque coup, mais globalement, ça allait.
Le garçon leur donna quelques conseils, se remémorant ceux que lui fournissait son propre grand-père lorsqu'il partaient en forêt aux côtés de ses grand-oncles pour chasser.
Ils passèrent près d'une heure à s'entraîner, jusqu'à ce que le déjeuner soit servi par Jordan et Merlin. Luca dévora son sandwich tout en songeant qu'Aurore n'avait toujours pas réapparu. Il s'approcha donc de Jordan pour lui poser la question.
Luca : Dis... Tu n'as pas vu Aurore ?
Son interlocuteur soupira.
Jordan : Elle est à l'intérieur, avec sa sœur. C'est compliqué, d'après ce que j'ai compris. La princesse Jade a du mal à se faire à l'idée d'être séparée de sa mère et son frère adoptifs.
Comme Luca faisait mine de se diriger vers la salle de classe réarrangée en dortoir des filles, Jordan le retint par le bras.
Jordan : Si j'étais toi, je lui laisserais du temps. Elles devraient rester un peu entre elles, elles en ont besoin toutes les deux.
Luca hocha la tête. Cela faisait sens, Aurore avait besoin de retrouver sa sœur dans le calme, sans que personne ne vienne se mettre au milieu. Ce devait déjà être assez compliqué comme ça.
Les sandwiches terminés, la petite troupe reprit son entraînement intensif. Luca se contentait de surveiller du coin de l'oeil Pierre et Tom. De ce qu'il pouvait voir de là où il était, Alissia et Amélie ne craignaient plus de s'embrocher à chaque mouvement. Thomas contrôlait pleinement sa hache, avec laquelle il coupait les branches dépassant des arbres à défaut de se battre contre des mannequins. Justine et Lucas ne tremblaient plus face à leur pistolet. Quant à Clément, il semblait ravi de ce que pouvait faire sa batte de baseball, bien plus puissante qu'une batte normale. Il en arrivait même à plier les poteaux en fer du grillage comme de la pâte à modeler, poteaux que Merlin remettait en place aussitôt.
L'après-midi sembla se dérouler en seulement quelques secondes, et lorsque l'heure du repas arriva, toute la troupe se réunit autour d'une des tables de pique-nique. Jordan leur servit un plat de pâtes en sauce, ce qui ravit absolument tout le monde, y compris la petite Jade.
Cette dernière se tenait bien droite à côté de sa sœur, l'air déterminée et pas le moins du monde effrayée. Elle avait de la sauce étalée autour de la bouche, ce qui faisait visiblement fondre les filles et amusait beaucoup Luca.
À être tous là réunis autour de cette table, on aurait presque cru qu'ils n'étaient qu'en période scolaire, partageant un repas avant de retourner en cours. C'était toujours aussi étrange de voir le lycée vidé de ses élèves, la cour et le terrain de sport transformés en zone d'entraînement.
Un mouvement à côté de lui le fit lever la tête. Aurore venait de passer ses jambes par-dessus le banc de bois et elle s'assit à côté du garçon en poussant un soupir.
Aurore : Bon appétit !
Elle adressa un signe de tête et un sourire à Raphaël, en face, avant de mettre une bouchée de pâtes dans sa bouche.
Aurore : Alors, est-ce que vous avez fait des progrès ?
Sa question s'adressant à tout le monde, le reste des gens présent levèrent la tête. Des réponses fusèrent les unes après les autres, que Luca n'entendit pas nettement par manque de concentration. Il se contenta de manger ce qu'il avait dans son assiette, la fatigue de la journée commençant à se faire sentir.
Le temps de finir leur repas, le soleil n'avait pas tardé à se coucher, parant le ciel de couleurs vives et chatoyantes. Visiblement, ils étaient tous fatigués, et rapidement tout le monde partit dormir. Seuls Aurore, Raphaël et Luca restèrent debout encore un peu.
Lorsque la blonde eut couché sa sœur, elle revint dans la cour et s'assit à même le sol, où les deux garçons l'attendaient. Luca ne put que remarquer à quel point elle semblait changée. Alors qu'avant elle était une jeune fille timide et réservée, beaucoup trop discrète malgré sa beauté et son caractère d'ange, voilà que maintenant elle donnait l'air d'être beaucoup plus assurée. Ses yeux ne se baissaient pas toutes les trois secondes, ses mains ne tremblaient plus. Elle avait le maintien royal qui allait à la princesse qu'elle était, ce mélange de grâce et de sévérité qu'elle portait à la perfection. Elle était une autre personne, pourtant cela ne l'en rendait que plus belle, plus admirable. Luca était on ne peut plus amoureux, et à en juger par le regard que lui lançait Raphaël, c'était le cas pour lui-aussi.
Comment allaient-ils se dépêtrer de cette situation ? Ils étaient prisonniers d'un triangle amoureux, et Luca savait qu'il serait difficile d'en sortir indemnes, voire d'en sortir tout court. Bien sûr, il ne forcerait jamais Aurore à choisir, et si son choix se portait sur son meilleur ami, alors il respecterait cela. Mais en irait-il de même si l'inverse se produisait ? Raphaël pourrait-il encore regarder Luca en face si Aurore le choisissait, lui ? Quoi qu'il se passe, l'un d'entre eux souffrirait. Et si l'un d'entre eux souffrait, ce serait les trois personnes qui en pâtiraient.
Raphaël : Alors ? Comment ça se passe avec ta sœur ?
Aurore poussa un long soupir alors que Luca ramenait ses esprits à l'instant présent.
Aurore : Je ne sais pas trop... Elle est adorable, bien sûr, mais... J'ai l'impression qu'elle m'en veut. Elle est froide et distante avec moi, et puis je ne l'ai pas vue depuis des années. Elle a vécu tout ce temps avec une autre famille, comment pourrais-je jamais rivaliser ?
Luca : Ne dis pas ça, Aurore. Il vous faut du temps, à l'une comme l'autre, c'est tout.
Aurore : Je sais, mais... Imagine qu'elle m'en veuille réellement ? Je l'ai séparée de la seule famille qu'elle ait jamais vraiment connue. Je ne peux pas la forcer à rester avec moi, pas quand tout sera fini en tout cas. Je n'ai même pas l'impression que c'est ma sœur !
La détresse dans sa voix rappela à Luca l'ancienne Aurore, la fille qu'elle était avant même le début des vacances, celle qui angoissait dès qu'elle posait ses fesses sur sa chaise, en classe. Il posa alors une main réconfortante sur son épaule.
Raphaël : Aurore, tu ne l'as pas vu depuis des lustres. C'est normal que tu sois perdue, et qu'elle le soit aussi. Laisse-vous le temps de faire connaissance, de trouver une complicité. Tout ira bien.
Aurore renifla et essuya une larme qui perlait sur sa joue. Elle posa sa tête sur l'épaule de Raphaël, ce qui provoqua une drôle de sensation dans le ventre de Luca. Cependant, il ne dit rien. Il n'avait rien à dire, surtout pas maintenant. Il devait se contenter d'être là pour son amie, parce que c'était fait pour ça les amis,non ?
Il pressa un peu plus fort l'épaule de la blonde, qui s'empara de sa main libre et en serra les doigts. Les trois se turent, parce qu'il n'y avait rien d'autre à dire. Ils se contentaient de se soutenir, comme de bons amis, et ils restèrent dans cette même position, presque soudés les uns aux autres, jusqu'à ce que la fatigue soit trop forte et qu'ils aillent se coucher.
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