37. Raphaël
Tout était allé beaucoup trop vite. Alors qu'Aurore et Luca dansaient, un des hommes présents à la soirée avait reconnu Raphaël, malgré son déguisement. Il n'avait même pas eu le temps d'appeler à l'aide, ou de demander à Aurore de retransformer son épée en véritable épée que déjà, il gisait assommé sur le sol. Et lorsqu'il avait ouvert les yeux, il s'était trouvé assis en compagnie d'Axelle et Céleste, dans une petite pièce sombre. Elles lui avaient alors expliqué qu'elles avaient menti aux gardes en prétendant qu'ils étaient les seuls envoyés ici, qu'Aurore et Luca étaient restés cachés.
Et maintenant qu'ils les avaient délivrés, maintenant qu'Aurore les avait téléportés jusqu'au lycée, voilà qu'ils se retrouvaient en plein cœur d'une nouvelle bataille.
Jordan : Les dieux soient loués, vous allez bien !
Il avait une estafilade sur la joue et un œil gonflé, mais il avait l'air plutôt bien en point. Ses shuriken à la main, il souriait aux nouveaux venus.
Jordan : On commençait à s'inquiéter de ne pas vous voir rentrer.
Il lança un shuriken qui atteint sa cible en plein dans le cou. L'homme s'écroula sur le sol avec un gargouillis monstrueux.
Aurore : Qu'est-ce qu'il se passe ? Comment Philippe a-t-il pu nous trouver ?
Jordan secoua la tête.
Jordan : Ce n'est pas Philippe, c'est son père ! Il a envoyé une partie de son armée ici pour nous détruire, d'après ce que j'ai compris.
Il lança un deuxième shuriken qui atteint lui-aussi sa cible. Un homme se jeta sur eux et, par réflexe, Raphaël voulut sortir son épée de son fourreau. Malheureusement, son arme était toujours miniaturisée dans sa poche, aussi il ne put que contempler, effrayé, la brute se jeter sur lui. Puis un coup de feu retentit et l'homme s'écroula, inerte. Derrière, Pierre tenait son fusil sur le bras. Ses cheveux blonds étaient sales et emmêlés, poissés du sang qui dégoulinait d'une plaie à la tête, mais il souriait.
Pierre : Content de vous voir !
Sans rien dire de plus, il repartit dans la bataille, faisant retentir des coups de feu dans la clameur de la nuit.
Raphaël : Aurore, nos armes !
Aussitôt, son amie secoua ses mains et de la fumée glissa jusqu'aux différentes armes miniaturisées, qui reprirent leur forme initiale.
La petite troupe se lança alors dans la bataille, Raphaël taillant dans le vif à l'aide de son épée. De tous les côtés, il entendait des flèches voler et des épées se croiser. Plus loin, au niveau de tables, Alissia se défendait tant bien que mal à l'aide de son épée nouvellement acquise. Pour quelqu'un qui avait commencé l'entraînement le jour-même, elle se débrouillait très bien, survie obligeait.
Raphaël transperça un premier homme tout en priant pour qu'on le pardonne. Il était devenu un meurtrier, à présent, et même s'il s'agissait de légitime défense, il n'en restait pas moins qu'il avait tué un humain... ou plutôt, un triton transformé en humain.
Se forçant à se concentrer dans la bataille qui faisait rage, Raphaël ferma son esprit aux accès de culpabilité. Les bruits ambiants disparurent également, il n'entendait plus que son souffle qui résonnait dans sa poitrine.
Donnant un autre coup d'épée à une énième personne, il poussa un cri de rage tout en se demandant comment Robert avait pu trouver leur cachette. Peut-être qu'Aurore n'avait pensé qu'à la cacher de Philippe ? Dans ce cas, il fallait qu'ils éliminent Robert, où ce dernier allait les vendre à son fils.
S'approchant d'Aurore tout en s'occupant des hommes et femmes qui la séparaient de lui, Raphaël cria :
Raphaël : Il faut trouver Robert ! S'il sait que nous sommes là, Philippe ne tardera pas à être au courant aussi, et il nous attaquera aussitôt !
Aurore hocha la tête, ses mains croisées devant sa poitrine. De la fumée colorée lui sortait par tous les doigts, se répandant vers les ennemis comme autant de serpents venimeux. Les uns tombaient, les autres suffoquaient, tous succombaient.
Raphaël repartit dans la bataille tandis qu'Aurore s'éloignait en direction de l'endroit d'où semblaient provenir les ordres, sans doute là où se tenait Robert. Cependant, il n'allait pas la laisser y aller seule. Elle avait déjà combattu Robert une fois, et il s'était échappé. Il fallait qu'il l'aide.
Apercevant au passage Luca à côté de lui, son arc bandé et l'air concentré, il attendit qu'il tire pour le héler :
Raphaël : Luca ! Viens avec moi, on va couvrir Aurore !
Luca tourna la tête des deux côtés, comme s'il cherchait leur amie. La voyant enfin, il hocha la tête et Raphaël sourit.
Luca : Mais, et les autres ? On ne peut pas les laisser se battre tous seuls !
Raphaël hocha la tête. Non, ils ne pouvaient pas, et ils ne les laissaient pas à proprement parler. Ils s'occupaient juste de finir cette bataille au plus vite. Et puis, de toute façon, ils se débrouillaient très bien tous seuls.
Raphaël : Bien sûr que non ! Mais si on aide Aurore à vaincre Robert, on aura un moyen de stopper cette bataille.
Luca hocha une nouvelle fois la tête.
Luca : Allons-y, alors.
Et, ensemble, ils se précipitèrent sur les pas de leur amie, tranchant dans le tas tandis qu'ils couraient.
Dans la nuit, il était plutôt difficile de distinguer qui était qui. Heureusement pour eux, les armes de leur groupe semblaient rayonner d'une faible lueur, comme si elles étaient phosphorescente. Était-ce naturel ou bien Aurore les avait-elle dotés de lumière pour les aider à distinguer les amis des ennemis ?
Un cri fit revenir le garçon sur terre. C'était Aurore qui criait, en direction de Robert :
Aurore : Tu n'as pas laissé assez de personnes mourir pour toi aujourd'hui ? Tu es un lâche ! Viens te battre toi-même !
En face d'elle, un groupe d'hommes armés s'écarta pour laisser passer un homme un peu plus grand. Il ne ressemblait pas au Grand Cavalier, mais plutôt à une version plus âgée de Philippe. Robert avait revêtu sa propre apparence.
Robert : Je t'ai battue une fois, je pourrais le faire une deuxième fois.
Raphaël s'approcha d'Aurore et se plaça à son côté. Luca fit de même.
Aurore : Je ne suis pas seule. Et de toute manière, tu as fui. C'est différent.
Robert haussa les épaules.
Robert : Je suis là, maintenant. Et je vais t'anéantir, comme j'aurais dû le faire depuis longtemps.
Il n'en fallut pas plus pour que Luca et Raphaël sortent leurs armes et se mettent en position de combat.
Robert : Voyez vous ça !
Il rit avec entrain, se tournant vers ses hommes pour qu'ils rient à leur tour.
Robert : Tu as armé tes misérables amis ! Comme c'est fascinant ! Vous pensez réellement avoir une chance, alors. Une chance face à moi, face à mon fils !
Aurore : Nous gagnerons. Nous sommes plus forts et plus intelligents que ce que tu penses, que ce que Philippe pense. Maintenant, prépare-toi à mourir ! Tu pourras toujours mettre en garde ton si cher fils depuis l'au-delà !
Sur ces mots, elle croisa les bras devant sa poitrine et de la fumée se déversa de ses doigts. Aussitôt, les hommes de Robert resserrèrent les rangs autour de ce dernier, comme pour le protéger. Mais rien ni personne ne pouvait contrer la magie, Raphaël le savait.
La fumée continua à avancer lentement vers le groupe ennemi, qui se défendait tant bien que mal. Mais les épées et les boucliers ne servaient à rien face à cette fumée colorée qui se répandait tel un poison.
Lorsqu'elle atteignit l'homme le plus proche, celui-ci s'écroula comme une poupée de chiffon, le visage bleu et les yeux fermés. On aurait presque pu croire qu'il dormait, tant son visage arborait une expression paisible.
La garde rapprochée de Robert fut décimée si rapidement que Raphaël se serait demandé si elle avait vraiment existé, s'il n'y avait pas eu tous ces corps allongés sur le sol.
Robert : Comment as-tu... Tu... tu ne peux pas ! Comment est-ce possible ? Tu n'as même pas bougé !
Justement, c'était un des grands intérêt de la magie. On pouvait se battre à distance, surveiller ses arrières et ceux des autres.
Aurore : Ne comprends-tu donc pas ? Tu n'as aucune chance contre moi !
La fumée colorée d'Aurore atteint enfin Robert, qui se défendait vaillamment mais vainement. Mais, contre toute attente, elle ne le tua pas mais se contenta de s'enrouler autour de son cou, ses chevilles et ses poignets. Puis elle le souleva de terre et l'approcha d'Aurore. Raphaël pointa même son épée sous le menton de Robert.
Aurore : Tu as perdu.
Elle articulait clairement ses mots, comme lorsque l'on apprend à parler à un petit enfant, et elle se redressa fièrement.
Aurore : Ce soir, je vais faire ce que mon père n'a pas réussi à faire autrefois. Tu n'as pas ton magicien avec toi, il est avec ton fils. Tu ne pourras pas t'échapper cette fois, Robert. Tu es fini.
Un instant, l'homme eut l'air de paniquer, puis son regard se durcit à nouveau.
Robert : Tue-moi si tu en as le cran, imbécile !
Aussi vive qu'un éclair, Aurore se saisit du poignard rangé dans le fourreau de Raphaël et le planta sous la gorge de Robert. Elle le passa ensuite sur sa joue, et un léger filet de sang coula.
Aurore : Silence, traître !
Aussitôt, la fumée entoura la bouche de Robert et le réduisit au silence. Quant à Aurore, elle se tourna vers Raphaël et Luca et planta son regard dans le leur. Raphaël vit qu'elle était déterminée et qu'elle savait ce qu'elle faisait, aussi il la suivit.
Ils traversèrent la cour de la sorte, Aurore tenant Robert immobile grâce à sa magie, Luca et Raphaël sur ses pas. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, les hommes de Robert s'écartaient et se faisaient tuer par leur groupe de héros. Bientôt, il n'en resta plus que quelques uns, qui baissèrent les armes prudemment en s'inclinant devant leur souveraine en signe de paix.
Aurore monta alors sur une des tables et fit signe à Raphaël et Luca de ne pas la suivre. Raphaël la regarda alors faire monter Robert à ses côtés, avant de lever deux bras en signe de victoire.
Aurore : Ce soir, nous sommes forts. Ce soir, nous avons vaincu un traître. Et ce soir, ce même traître va recevoir le châtiment qu'il aurait dû avoir il y a des années.
Elle se tourna alors vers Robert. Dans la lueur de la lune et des réverbères du lycée, les yeux de la blonde luisaient d'un éclat dangereux.
Aurore : Robert Delacour, comme l'a fait autrefois mon père, je te déclare coupable de traîtrise envers le royaume. Tu as délibérément assassiné les deux princes, dont l'héritier de la couronne, pour que le royaume revienne entre tes mains, et entre celles de ton fils. As-tu une dernière chose à dire avant de mourir ?
Malheureusement, le bâillon magique marchait très bien, et le traître ne put qu'étouffer un râle.
Aurore : Oh, pardon, c'est vrai ! Tu ne peux pas parler. Eh bien, dans ce cas, je te condamne à mort, Robert Delacour.
Elle le fit s'agenouiller sur la table et cette fois, il ne put retenir une expression de terreur s'afficher sur ses traits. Il avait beau être un être exécrable, il avait peur de la mort. Comme quoi, même les plus grands tyrans de l'humanité et d'ailleurs avaient tous peur de passer l'arme à gauche.
Aurore tira son épée de son fourreau, épée qui semblait luire d'un éclat doré comme de l'or liquide.
Aurore : Fais tes prières, traître !
Raphaël s'attendait à ce qu'elle ferme les yeux ou détourne le regard, pourtant elle n'en fit rien. Elle se contenta d'abaisser son épée sur le cou de Robert, lui ôtant ainsi la vie. Il ne pourrait plus jamais faire de mal à personne.
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