36. Aurore
Elle entendait la musique à travers les murs. Le bâtiment était grand, rempli à craquer de milliers de personnes. Elle avait peur de faire nunuche, avec sa robe à la Cendrillon, mais, en croisant le regard admiratif de Luca, elle se sentit mieux. Son ami était habillé d'un costume queue-de-pie gris perle, avec une chemise blanche et un nœud papillon bordeaux. Raphaël portait un costume classique noir, avec une chemise blanche et un nœud papillon noir. Céleste portait une robe sirène, qui lui rappelait le temps où elle en était une. Sa robe était rose fuchsia et avait du tulle rouge qui dépassait à partir des genoux. Elle avait des ballerines fuchsia et avait des gants rouges et un pendentif rose en forme de papillon. Axelle portait une robe plus courte, qui lui arrivait aux genoux. Elle était faite d'un haut rose pâle rattaché à un jupon violet pastel par une ceinture rose fuchsia. Elle avait des ballerines violettes, assorties à son jupon, et des gants roses fuchsia. Quant à Aurore, elle portait une robe bleue vaporeuse, avec des manchons. Le jupon de sa robe était d'un bleu très clair, et ses manchons étaient de la même couleur, terminés par de la dentelle bleue, plus foncée. Le haut était un bustier en cœur rattaché aux manchons, de la même couleur que la dentelle. Elle avait des gants du même bleu que la dentelle et son haut. Malgré leurs habits de fête, ils avaient tous leurs armes sur eux, grâce au sort de miniaturisation qu'avait effectué Aurore.
Cette dernière s'arrêta sur la pas de la porte et se tourna vers ses amis.
Aurore : Mais vous êtes sûrs que ça fait pas nunuche ?
Luca lui sourit gentiment.
Luca : Tu as l'air d'une princesse, c'est parfait.
Il eut l'air de réfléchir un instant, puis un sourire illumina son visage.
Luca : C'est ce que tu es, de toute façon. Tu portes tellement bien les robes comme ça que je suis sûr que si t'allais au lycée avec, personne ne remarquerait rien.
Aurore : T'exagères un peu, quand même.
Luca : C'est vrai, un peu.
Il haussa les épaules avec désinvolture avant d'ajouter, l'air fier de lui :
Luca : Mais pas tant que ça.
Aurore haussa les sourcils. Il se moquait d'elle ! Elle ne pouvait pas ne pas avoir l'air cruche dans une robe comme celle qu'elle portait, c'était impossible. Et bien sûr que si, si elle allait au lycée avec, tout le monde la remarquerait. Ils la prendraient même pour plus cinglée qu'ils ne la prenaient déjà. De toute façon, pour cela, il fallait qu'ils survivent et retournent un jour au lycée, et rien n'était moins sûr.
Luca : Je te promets. Tu portes vraiment très bien ce genre de robe, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Les trois quarts des filles que je connais auraient l'air bien cruches dans cette tenue, mais pas toi.
Aurore : Merci.
Elle lui sourit, et demanda :
Aurore : Bon... On y va ?
Comme toute la troupe hochait la tête, elle poussa la porte d'entrée. La première chose qu'elle remarqua fut la musique, trop forte à son goût. Elle mit ses mains sur ses oreilles, et vit Raphaël s'approcher d'elle. Il lui dit quelque chose, qu'elle n'entendit pas.
Aurore : Quoi ?
Raphaël répéta plus fort, mais Aurore n'entendit toujours pas. Elle cria :
Aurore : QUOI ?
Raphaël : Lâche-toi ! On fait la fête ce soir !
Il lui tendit sa main, et elle glissa la sienne dedans. Il l'entraîna alors vers la foule qui dansait. La musique était entraînante, et Aurore vit ses amis se laisser emporter. Elle tapa sur l'épaule de Raphaël, qui se retourna.
Raphaël : Quoi ?
Aurore se pencha vers lui pour éviter de crier.
Aurore : Il ne faut pas oublier qu'on est en mission. On doit surveiller nos arrières. Ne buvez ni ne mangez rien, compris ?
Raphaël leva les yeux au ciel.
Raphaël : Oh, Aurore ! Ils ne vont pas empoisonner leurs invités !
Aurore : Tu ne sais pas.
Raphaël : Ce sont les troupes de Philippe. Il serait bête de les empoisonner !
D'accord, Philippe aurait été stupide d'empoisonner les troupes qui lui serviraient à anéantir les deux mondes, mais si jamais ils étaient reconnus malgré leur camouflage, il se pouvait très bien que quelqu'un glisse en douce quelque chose dans leur verre.
Aurore : Mais il est possible que l'on soit reconnus. Si c'est le cas, ils pourraient tenter de nous tuer. Restez vigilants !
Raphaël hocha la tête à contre cœur.
Raphaël : D'accord.
Il repartit danser, et Aurore se retrouva seule. Elle s'approcha de Luca, qui prenait un verre sur un plateau que tenait un serveur. Au moment où Luca portait le verre à ses lèvres, Aurore lui repoussa la main.
Aurore : Ne bois pas ça !
De surprise, Luca lâcha le verre, qui explosa sur le sol. Un serveur vint aussitôt nettoyer tandis que le garçon s'indignait :
Luca : Aurore ! Mais qu'est-ce qui t'a pris ?
Aurore soupira longuement et fusilla son ami du regard.
Aurore : On pourrait être repérés à tout moment, et les troupes de Philippe pourraient chercher à nous tuer. Vous ne devez rien manger et rien boire !
Elle se tourna vers le reste du petit groupe et les regarda tous longuement pour leur faire passer le message.
Aurore : C'est compris ?
Ils hochèrent la tête, l'air un peu dépités, mais il ne dirent rien.
Aurore : Bien.
Elle avait conscience de jouer les troubles fête, et elle comprenait qu'ils aient envie de s'amuser après tout ce temps à s'entraîner et se préparer à la guerre, mais leur sécurité passait avant tout. S'ils perdaient ne serait-ce qu'un seul guerrier, ils auraient bien du mal à gagner cette guerre.
Luca s'approcha d'elle et s'inclina en lui tendant la main.
Luca : M'accorderiez-vous cette danse, mademoiselle ?
Aurore lui sourit. Il était craquant, dans son costume gris. Pour une fois, ses cheveux étaient parfaitement peignés, parfaitement en place. C'était assez inhabituel, même si ce n'étaient pas ses véritables cheveux.
Elle fit une révérence et lui tendit sa main, qu'il prit dans la sienne.
Aurore : Avec plaisir !
La musique qui passait à cet instant précis était un slow. Un peu mouvementé, mais ça restait un slow. Aussi, Luca lui passa les mains autour de la taille, et Aurore passa ses bras autour du cou du garçon. Et ils commencèrent à danser, suivant la musique. Peu à peu, les gens sortirent de la piste de danse pour leur laisser la place. Aurore se sentait voler, comme dans un rêve. Jusqu'à ce qu'un cri retienne son attention.
Elle arrêta de danser, simultanément avec Luca. Ce cri... Elle n'aurait pas pu le jurer, mais il lui avait semblé que c'était la voix de Céleste. Une main se posa sur l'épaule de la jeune fille, qui fit un bond. C'était un des gardes qu'avait employé Philippe pour la soirée.
Le garde : Veuillez nous excuser. Nous avons trouvé des intrus dans la salle. Nous les avons capturés, vous pouvez continuer à danser.
Aurore sentit son sang se glacer. Comment ça, des intrus ? Est-ce qu'ils avaient repéré les autres ?
Aurore : Des... des intrus ?
L'homme hocha la tête et expliqua :
Le garde : Apparemment, il s'agirait des amis de l'ancienne princesse du royaume marin. Mais, d'après ce que j'ai compris, la princesse et un des garçons n'étaient pas avec eux. C'est ce que nous ont dit ceux que l'on a capturés. Ils nous ont aussi révélé les plans de la princesse.
De saisissement, la jeune fille se cramponna à l'avant-bras de Luca, qui écoutait toujours ce que disait le garde sans broncher.
Aurore : Ah bon ?
Le garde : Oui. Il paraît qu'elle compte attaquer notre Roi demain, et qu'elle a envoyé ses troupes en repérage. Bien sûr, elle ne prend pas le risque de venir elle-même. C'est lâche de sa part. Mais je vous en prie, continuez à danser. Vous n'avez pas à vous inquiéter, vous êtes en sécurité, nous sommes là pour vous protéger.
Il partit, et comme tout le monde les regardait, Aurore et Luca recommencèrent à danser pour passer inaperçus. Cependant, le cœur n'y était pas, et dès qu'elle fut sûre que personne ne les entendrait, Aurore s'exclama :
Aurore : Ils ont capturé nos amis, et nous, on danse !
Son ami hocha la tête, la faisant virevolter une fois de plus. Elle sentit que lui non plus n'avait pas la tête à danser, aussi elle comprit qu'il devait avoir un plan.
Luca : Ils ne nous ont pas encore repérés. Arrêter de danser serait nous condamner à mort. Dansons jusqu'à la fin de cette musique, puis débrouillons-nous pour retrouver les autres. Ils nous ont couvert, ce qui nous laisse une chance de les sauver. Ce serait bête de réduire leur travail à néant.
Aurore acquiesça à contre coeur. En effet, si elle réagissait maintenant, elle les condamnerait tous les deux, et les autres par la même occasion. Il fallait la jouer finement.
Elle continua de danser, souriant même comme si tout était merveilleux, jusqu'à ce qu'enfin la musique se termine. Elle prit alors fermement la main de Luca dans la sienne et l'entraîna hors de la piste de danse.
Aurore : Viens ! Trouvons les toilettes !
Elle le tira jusqu'à la petite pièce des sanitaires, où elle le fit entrer avant d'entrer à son tour et de fermer la porte à clef derrière elle.
Aurore : Bon. Il nous faut un plan.
Elle descendit la lunette des toilettes et s'assit dessus, froissant par la même occasion ses jupons. Mais elle n'en avait rien à faire, il y avait plus important que sa robe de bal, ses amis étaient en danger.
Elle se concentra alors pour faire sortir sa magie de ses mains et la diriger vers Luca et elle-même. Tous les deux reprirent leur apparence initiale, et l'arc de Luca se matérialisa dans sa main, de même que son carquois de flèche sur le dos. Au moins, la salle n'était pas immunisée contre la magie, contrairement au paquebot qu'ils avaient attaqué la veille.
Aurore : Je propose qu'on sorte de là et qu'on aille directement retrouver les autres.
Luca : On ne sait pas où ils se trouvent. Et puis, même si on le savait, il nous faudrait une diversion pour passer inaperçus. Nous sommes deux au milieu de toute une armée, on ne peut pas juste sortir et foncer dans le tas.
Il marquait un point, même deux. Aurore s'apprêtait à réfléchir à un meilleur plan quand quelqu'un tambourina à la porte. La jeune fille sursauta si fort qu'elle faillit glisser de son siège de fortune.
La personne qui venait de frapper glissa alors un morceau de papier par-dessous la porte. Mais quelle genre de personne faisait ça ? Quelqu'un les avait-il repérés ? Personne de sensé ne glissait un papier sous la porte pour une trop longue occupation des toilettes !
Luca se baissa et ramassa le papier. Aurore le vit froncer les sourcils tandis qu'il lisait, aussi elle demanda :
Aurore : Qu'est-ce que ça dit ?
Le garçon lui tendit la papier. Dessus, quelques lignes d'une écriture manuscrite plutôt élégante s'étalaient.
Aurore : Nous savons où sont vos amis. Troisième porte à droite au fond du couloir. Sortez quand la diversion aura commencé. Et c'est signé R., J-F., et S.
Posant le papier sur le rebord du lavabo, Aurore se passa une main sous le menton, songeuse. R, J-F et S, ces initiales lui disaient quelque chose... R, J-F et S... Rosita, Jean-François et Solen !
Aurore : Mon dieu, je les aime ces gamins !
À côté d'elle, Luca sursauta et demanda :
Luca : Quoi ? Qui ça ?
Elle expliqua rapidement sa rencontre avec les trois adolescents dans le paquebot, ce qu'ils avaient fait et qu'il s'agissait d'un papier écrit par leurs soins.
Aurore : Leur diversion ne devrait pas tarder. Cependant, je me demande comment ils sont arrivés ici. Décidément, s'ils n'avaient pas été là, on se serait retrouvés dans la panade plus d'une fois !
D'abord pour s'échapper de la prison de Philippe, puis pour s'échapper du bateau de croisière, maintenant pour s'échapper de cette salle ! Heureusement qu'ils étaient là !
Soudain, un bruit d'explosion retentit, couvrant même la musique. S'ensuivit des cris, des bruits de pas précipités, et Aurore en profita pour ouvrir la porte. Dans la panique, personne ne les vit sortir, Luca et elle, et personne ne les vit courir en direction du couloir et de la porte derrière laquelle étaient leurs amis.
Il n'y avait aucun garde devant la porte, mais Aurore se doutait qu'il devait y en avoir à l'intérieur. Aussi, elle ouvrit la porte violemment et se jeta sur le garde le plus proche. Luca, quant à lui, tira son épée et engagea un combat avec le deuxième.
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les deux gardes gisaient au sol, inanimés, et leurs amis étaient délivrés.
Aurore : Il faut qu'on parte !
Mais, passant la tête par l'embrasure de la porte, elle s'aperçut que la panique était terminée.
Luca : Non ! On doit d'abord attendre l'annonce de leur plan !
Raphaël : Ça ne devrait pas tarder.
Il pointa du doigt plus loin, au milieu de la piste. Un homme qui semblait plutôt bien gradé venait de s'avancer sur l'estrade, micro en main.
L'homme : Bien. Nous sommes désolés pour ce petit incident, des fauteurs de trouble se sont invités, mais nous les avons fichus dehors. Il est l'heure, les amis. Philippe m'a confié la tâche de vous expliquer nos plans.
Il balaya l'assemblée du regard et reprit :
L'homme : L'ancienne princesse du royaume prend du pouvoir. Nous devons la vaincre, par la force ou par la ruse. Pour cela, nous allons la faire chanter. Et pour cela, nous allons enlever les gens qui lui sont chers. Philippe a trouvé une photo où figurent ses amis. Nous allons les enlever. Pour plus de détails, merci de vous diriger vers vos chefs de section, qui se sont chacun vu attribuer une mission.
Aurore retint un cri. Alors c'était ça, leur plan. Enlever tous ses amis pour la faire chanter. Grâce à la photo qui avait coulé avec le bateau, ils savaient qui ils étaient, à quoi ils ressemblaient. Il ne leur faudrait pas longtemps pour retrouver leur trace. Après ça... Ça ne faisait aucun doute qu'ils allaient les torturer, voire les tuer. Non, ça ne pouvait pas se passer comme ça. Elle ne pouvait pas laisser Philippe et ses sbires faire du mal à ses amis juste pour la faire chanter.
Aurore : On ne peut pas les laisser faire...
Axelle : Il faut qu'on sorte de là.
Elle n'avait pas tord. Mais comment traverser la foule d'un bout à l'autre sans se faire repérer ? C'était impossible.
Aurore : Accrochez-vous bien.
Fermant les yeux, elle se concentra sur le lycée. Le gravier, l'herbe, elle voyait tous les détails et elle projeta mentalement leur groupe là-bas. Elle sentit ses cheveux remuer, elle se sentit voler, puis ses pieds rencontrèrent le sol.
Elle ouvrit les yeux et manqua hurler. Jordan, Alissia, Pierre, Merlin et les deux fantômes étaient en plein milieu de la cour de récréation. Et ils étaient en plein combat.
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