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27. Luca

Merde. Ce fut le premier mot qui vînt à l'esprit de Luca. Pas très distingué, d'accord. Mais il fallait le comprendre. Il avait la nausée. Ça faisait plus d'une semaine qu'il était sous l'eau, à ne jamais réellement toucher le sol, et là, d'un seul coup, il se retrouvait écroulé sur un vrai sol. Avec des herbes et des petits cailloux. C'était tellement étrange ! Il avait commencé à s'habituer à nager en permanence. Et là, alors qu'il commençait à se sentir à l'aise dans l'eau, pouf ! Il revenait sur la terre ferme. C'était assez déstabilisant. Mais il y avait encore plus déstabilisant. En regardant autour de lui, il se rendit compte que l'endroit où ils avaient tous atterri n'était autre que la cour du lycée. La cour de récréation du lycée, sérieux ? Mais qu'est-ce qui était passé par la tête d'Aurore ? La cour du lycée ! Bon, pourquoi pas ? Après tout, hein, ce n'était que le lycée. Peut-être Aurore avait-elle pensé que l'endroit était sans danger. Et puis, à cette époque de l'année, surtout, il était vide.

Luca se tourna vers Raphaël, qui rampa à grand peine à quelques mètres et vomit dans un buisson.

Jordan avait le visage verdâtre, tout comme Axelle. Seul Merlin semblait plus à l'aise. Il s'était assis sur un des bancs pas loin d'eux. Quant à Céleste, elle était tout simplement inconsciente, et dans un sale état. Elle avait le corps entier couvert de blessures, dont une semblait être plus importante, sur le bras gauche. Luca aperçut l'os de la jeune fille à travers sa plaie béante. Il réprima un haut-le-cœur.

Il chercha Aurore du regard, et ne la trouva nulle part. Il se mit alors debout sur ses jambes, et chancela.

« La vache », pensa-t-il. « Ça fait combien que je ne me suis pas tenu debout sur mes deux jambes ? ».

Il s'appuya sur la table à pique-nique pas loin de lui, le temps de se stabiliser. Il entendit alors un sanglot étouffé, du côté des toilettes des filles, à quelques mètres des tables.

Il se dirigea vers l'endroit exact d'où venait le bruit, étant certain qu'il s'agissait d'Aurore. En plein milieu des vacances d'été, dans la cour de récréation du lycée, dans les toilettes des filles... C'était elle. Quant à savoir pourquoi elle pleurait, ça, il n'en savait rien. Il décida de s'approcher sans bruit.

Il entra et vit Aurore, debout face au miroir au-dessus des lavabos. Elle avait le visage ruisselant, et le robinet juste en-dessous d'elle était ouvert. L'eau coulait dans le lavabo et Aurore s'aspergea la figure.

Aurore : Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ?

Elle regarda son reflet dans le miroir.

Aurore : Regarde-toi ! Aurore ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

Le visage dans le miroir se mit à bouger, alors qu'Aurore ne bougeait pas. Il fit une grimace à Aurore, qui prit son visage entre ses mains et Luca retint un cri. Comment le reflet de son amie pouvait-il bouger seul ? Était-ce un effet de la magie d'Aurore ?

Aurore : Je deviens complètement folle ! J'en ai marre !

Elle releva la tête et s'aspergea d'eau une seconde fois.

Aurore : Ça suffit, reprends-toi ! Arrête de te lamenter sur ton sort ! Inquiète-toi plutôt pour tes amis ! Aucun d'eux n'avait demandé ça. Toi, c'était normal que tu te retrouves mêlée à ça. Ça a toujours fait partie de ta vie, c'est ton monde, ta famille, ton ex prince charmant. Mais eux... Ils sont en danger à cause de toi ! Et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est pleurer dans les toilettes ! Ils ont besoin de toi ! Et Axelle, Céleste, Jordan et Merlin aussi ! Tu les as transformés en humains ! Maintenant, il va falloir que tu les aides ! Ils vont avoir du mal à marcher et à s'habituer à la vie sur terre ! Alors ressaisis-toi !

Elle serra les poings et les abattit sur les bords du lavabo, qui se fissurèrent.

Aurore : Mince !

Elle regarda ses poings, puis les bords fracturés du lavabo. Elle se massa le poing avec l'autre main, puis abattit les poings sur le lavabo une deuxième fois. Cette fois-ci, les bords ne résistèrent pas, et le lavabo se fendit entièrement avant de s'écrouler sur le sol.

Aurore : Pourquoi j'ai tant de force dans les poings, maintenant ? Je n'ai jamais fêlé un lavabo juste en cognant dessus... Alors pourquoi maintenant ? Je hais cette vie ! Je pouvais pas être simplement moi, Aurore ? Une fille normale, avec des amis normaux ? C'était pas possible ? Il fallait que je sois une sirène cachée dans ce monde, et qu'à cause de ça, je mette tous mes amis en danger !

Elle regarda son reflet dans le miroir et s'auto-fusilla du regard. Le miroir explosa, et des petits bouts de miroir tombèrent tout autour d'elle, et jusque sur la tête de Luca en lui lacérant le visage.

Luca : Aïe !

Luca mit sa main sur sa bouche tandis qu'Aurore se retournait vers lui dans un sursaut. Oups, il n'était pas censé se montrer, il devait être discret. Mais ces morceaux de miroir qui avaient plu sur sa tête lui avaient fait oublier le fait qu'il était là sans qu'Aurore ne le sache.

Il lui sourit du mieux qu'il put, mais il sentait du sang chaud couler sur sa joue. Il passa la main sur son front, et retira un bout de miroir enfoncé dans sa peau. Il le jeta par terre, sous le regard choqué d'Aurore.

Aurore : Qu'est-ce que tu fais là ?!

Luca leva la tête vers lui. Devait-il lui dire qu'il l'espionnait depuis un moment ?

Luca : Euh...

Aurore : Mais t'es blessé !

Elle se précipita vers lui sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.

Luca : Ça va, c'est bon, laisse. T'inquiètes pas pour moi !

Aurore eut un mouvement de recul, comme si Luca l'avait frappée.

Aurore : Mais qu'est-ce que tu faisais là ?

Ah. Devait-il avouer qu'il était là depuis un bout de temps, et qu'il avait entendu ses reproches ?

Luca : Ben, en fait... Euh... Je te cherchais...

Aurore : Et pourquoi ?

Luca la sentait un peu sur la défensive, aussi il décida de ne pas la brusquer. Personne n'était prêt à voir surgir une Aurore qui pleure des larmes de sang et qui démolit tout sur son passage, y compris ses amis.

Luca : Ben... Quand j'ai ouvert les yeux, on était tous dans la cour, mais t'étais pas là...

Aurore : Et comment tu m'as trouvée ?

Luca : Je... je t'ai entendue pleurer...

Aurore pointa la blessure du garçon en fronçant les sourcils et demanda :

Aurore : Comment tu t'es fait ça ? Pendant la bataille ?

Luca déglutit avec difficulté.

Luca : Euh... Pas vraiment...

Aurore : Alors comment ?

Luca : Je...

Il baissa les yeux pour fuir son regard et lança d'une toute petite voix :

Luca : ... me suis pris un éclat de miroir...

Le visage d'Aurore se décomposa lentement et elle bégaya :

Aurore : Luca, je... je suis désolée !

Luca haussa les épaules. Elle n'avait pas à l'être, c'était plutôt à lui de s'excuser de l'avoir espionnée sans rien dire.

Luca : Y a pas de problème. Mais sache que c'est pas ta faute.

Aurore : C'est moi qui ai fait exploser le miroir !

Luca secoua la tête. Elle n'avait pas compris le sous-entendu. Tant pis, il allait devoir le lui dire clairement.

Luca : Je ne te parle pas du miroir. Je te parle de ce que tu as dit avant de faire exploser le miroir. Avant même de fissurer le lavabo.

Aurore le fixa simplement, sans aucune expression. C'était d'autant plus déstabilisant que lorsque qu'elle vous fusillait du regard.

Luca déglutit avec peine.

Aurore : Sors.

Le garçon manqua de s'étrangler. Elle avait dit ce simple mot d'un ton tellement inexpressif, tellement dénué de chaleur humaine mais tout autant dénué de froideur !

Luca : Comment ?

Aurore continuait de le fixer avec des yeux vides de toute expression

Aurore : Sors. Tout de suite. Avant qu'il ne t'arrive plus grave qu'un bout de miroir dans le front.

Luca tenta de la résonner, mais face à son regard inexpressif, il ne put que bredouiller :

Luca : Mais...

Les yeux d'Aurore prirent une couleur d'orage et elle cria :

Aurore : Sors !

Luca fut soufflé par un courant d'air glacial et la porte se referma derrière lui, enfermant Aurore dans les toilettes.

Il entendit du bruit juste derrière lui, se retourna et se trouva nez-à-nez avec Raphaël.

Raphaël : Euh... Ça va ?

Luca haussa les épaules. Il venait de se faire éjecter des toilettes des filles par sa meilleure amie, qui avait brisé un miroir et se sentait responsable de la galère dans laquelle ils étaient, il ne pouvait aller mieux !

Luca : Ouais, pourquoi ?

Raphaël : Tu fais une drôle de tête, et tu viens de te faire expulser des WC des filles. Mais qu'est-ce que tu faisais dans les toilettes des filles ? T'es bien un mec, rassure-moi ?

Luca sourit face à Raphaël et son drôle d'humour, un peu lourd parfois. Mais maintenant, c'était plutôt cool de l'avoir. Surtout histoire de détendre un peu l'atmosphère ambiante, chargée électriquement.

Luca : Ouais, ne t'inquiètes pas pour ça, je suis bien un mec.

Raphaël : Bon. Je m'en doutais un peu, en fait. Mais qu'est-ce que tu faisais dans les toilettes des filles ?

Luca : Euh... Je suis allé voir Aurore et...

Les yeux de Raphaël s'agrandirent d'un seul coup. À voir l'expression de son visage, Luca devina immédiatement ce que son meilleur ami devait penser.

Raphaël : Quoi ?!

Luca : Calme-toi ! Elle pleurait, elle se reprochait de nous avoir mis en danger, et quand je suis rentré, elle a fait exploser le miroir et m'a demandé de ''sortir avant qu'il ne m'arrive plus grave qu'un bout de miroir dans le front'', et elle m'a expulsé. La porte s'est refermée juste derrière moi.

Raphaël poussa un soupir mêlant soulagement et consternation.

Raphaël : Eh ben, t'as pas essayé de re-rentrer ?

Luca haussa les sourcils.

Luca : Je te signale qu'Aurore m'a fichu à la porte en disant que si je ne sortais pas tout de suite, j'allais avoir affaire à elle. Alors je pense que je devrais pas rentrer.

Raphaël : Elle n'a rien contre moi ?

Luca : Euh... Pas que je sache...

Raphaël : Bon. Alors, pousse-toi.

Luca sursauta comme si on l'avait frappé.

Luca : Hein ?

Raphaël haussa les épaules, leva les yeux au ciel et lui répondit :

Raphaël : Ben si elle t'a expulsé et t'a menacé, mais qu'elle n'a rien contre moi, je vais entrer. T'es long à la détente, mec !

Luca : Ah, euh... Ok... Je t'en prie, vas-y.

Il se poussa en désignant la porte fermée des toilettes à Raphaël.

Raphaël : Merci.

Raphaël lui fit un clin d'œil et, sans prendre la peine de taper avant, il ouvrit la porte doucement.

Raphaël : Aurore ?

Il n'y eut aucune réponse, et Raphaël réitéra sa question :

Raphaël : Aurore ?

Toujours aucune réponse.

Raphaël : Bon. Aurore, j'entre.

Comme Aurore ne répondait toujours pas, Raphaël entra.

Raphaël : Aurore ? T'es là-dedans ?

Il frappa sur la deuxième porte, celle à l'intérieur.

Raphaël : Bon Aurore, j'entre !

Il ouvrit la porte en grand et poussa un cri. Luca entra en trombe dans les toilettes, paniqué.

Luca : Quoi ? Quoi ? Quoi, bon sang ? Il lui est arrivé quelque chose ?

Raphaël : Non.

Luca : Alors pourquoi tu as crié ?

Raphaël : Vois par toi-même.

Luca jeta un coup d'oeil dans les toilettes. Rien. Personne. Mais où était-elle passée ?

Luca : Elle est où ?

Raphaël secoua la tête d'un air contrarié.

Raphaël : Justement, je ne sais pas. Et il n'y a aucune autre sortie que cette porte. Et la bouche d'aération, mais elle fait moins de quinze centimètres de diamètre. Alors à moins qu'elle n'ait subitement rétréci, elle n'a pas pu passer par là.

Luca : C'est impossible...

Raphaël secoua négativement la tête. Apparemment, il ne semblait pas partager son avis.

Raphaël : Tu oublies que c'est une magicienne très puissante.

Aurore : Sortez de là, tous les deux. Tout de suite.

Les deux garçons sursautèrent et cherchèrent d'où venait la voix de leur amie.

Raphaël : Aurore ? T'es où ?

Aurore : Je suis là. Sortez !

Raphaël : Non ! On ne sortira pas !

Aurore : Raphaël...

Le prénom du garçon avait des intonations d'avertissement, mais avant que Luca n'ait pu dire à son ami d'obéir, celui-ci dit calmement :

Raphaël : J'en ai rien à faire, je ne sortirai pas.

Soudain, sortie de nulle part, la main d'Aurore claqua le visage de Raphaël, qui cria :

Raphaël : Hé !

Luca allait rajouter quelque chose, lorsqu'il vit la main d'Aurore. Mais seulement sa main. Elle flottait dans le vide. Et soudain, elle disparut, comme elle était apparue.

Luca prit Raphaël par le bras et le força à sortir.

Luca : Allez viens, Raphaël. Laissons-la tranquille. Elle reviendra quand elle sera prête.

Raphaël se débattit, mais Luca ne lâcha pas prise et l'entraîna vers la porte.

Raphaël : Non ! Je ne...

Luca : Tais-toi et fais ce que je te dis !

Ils sortirent, et Luca ferma la porte derrière eux. La voix d'Aurore leur parvint de l'intérieur.

Aurore : Merci. Maintenant, allez rejoindre les autres, et attendez-moi.

Luca : Ok.

Il entraîna Raphaël vers les tables de pique nique, où se trouvait le reste de la petite troupe.

Raphaël : Mais non ! Hé !

Luca le serra et le tira plus fort.

Luca : Allez viens.

Raphaël se laissa entraîner, pas assez fort pour résister.

Lorsqu'ils arrivèrent, Merlin était en train de soigner Céleste. Axelle était appuyée sur le banc, et avait les yeux fermés. Jordan était assis sur la table de pique nique la plus proche, la tête entre ses mains. Il semblait sur le point de vomir.

Raphaël se dirigea vers Axelle et lui mit une main sur l'épaule.

Raphaël : Ça va ?

Axelle ouvrit les yeux en sursautant et lui sourit vaguement. Elle semblait vraiment nauséeuse, et elle avait de grosses cernes sous les yeux.

Axelle : Ouais... C'est juste que... le voyage m'a donné mal au cœur, et avoir des jambes c'est... c'est si nouveau pour moi ! Ça a vraiment été compliqué de venir jusque là. Je n'ai pas été capable de me mettre debout. Il a fallu que je me traîne jusqu'ici, comme une je ne sais quoi.

Raphaël hocha la tête et prit un ton de voix que Luca ne lui connaissait pas.

Raphaël : Je comprends. Mais tu vas t'habituer, tu vas voir. Tu veux essayer ?

Luca observait. Raphaël était si gentil avec Axelle ! Ce n'était pas très naturel. Pas qu'il soit méchant d'ordinaire, mais il n'avait pas pour habitude d'être un ange. Il était plutôt un peu lourd au début. C'était en tout cas ce que disaient tous ceux qui l'avaient rencontré. Raphaël était lourd au début, mais attachant quand on le connaissait bien. C'était d'ailleurs pour cela que Luca l'avait en quelque sorte adopté comme meilleur ami. Et c'était sûrement pour ça qu'Aurore aimait tant Raphaël.

Ce dernier tendit la main à la jeune fille, qui semblait hésiter. Finalement, elle lui donna la sienne, et Raphaël la mit debout avec peine. Elle vacilla sur ses jambes nouvellement acquises.

Raphaël : Regarde, comme ça. Pied droit, pied gauche. À toi.

Joignant le geste à la parole, Raphaël leva le pied droit puis le pied gauche et les secoua pour qu'Axelle les voie bien. Celle-ci leva le pied droit et tenta de l'avancer.

Lorsqu'elle le posa, elle fut encore plus déstabilisée qu'avant et poussa un cri.

Axelle : Je vais me faire mal !

Raphaël raffermit sa prise sur elle, tandis qu'elle s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait. Ce qui était en quelque sorte le cas.

Raphaël : Mais non, je te tiens. Allez, l'autre pied.

Axelle releva le même pied que celui qu'elle avait levé précédemment.

Raphaël semblait s'impatienter, ayant du coup retrouvé son fameux caractère un peu lourdaud.

Raphaël : Non ! L'autre pied !

Axelle le regarda, perdue. Raphaël lui pointa du bout du pied son pied gauche tout en soupirant.

Raphaël : Celui-là. Allez, vas-y.

Axelle sembla faire un effort surhumain pour lever le deuxième pied. Lorsqu'elle y arriva, elle fit un sourire à Raphaël et demanda :

Axelle : Comme ça ?

Raphaël : Très bien. Allez, maintenant, pose ton pied plus loin que l'autre.

Axelle s'exécuta avec un sourire fier.

Axelle : Ça y est ! Ça marche ! C'est pas si compliqué, en fait.

Raphaël : Vas-y, essaye toute seule maintenant.

Il lâcha les mains d'Axelle, qui chancela et s'écroula.

Axelle : Aïe !

Raphaël se précipita pour l'aider.

Raphaël : Attends, je vais t'aider !

Il la remit sur pieds, puis lui prit une main et se plaça à côté d'elle.

Raphaël : On va commencer comme ça, juste avec une main. Allez. Pied droit, pied gauche. Pied droit, pied gauche. Pied droit, pied gauche.

À chaque fois, Axelle avançait le pied en question. Au bout de quelques mètres, Raphaël lui lâcha la main et se plaça devant elle, les deux mains tendues vers elle, comme un père qui apprend à marcher à sa jeune fille.

Raphaël : Allez, vas-y !

Axelle avança le pied droit, puis le gauche. Raphaël reculait petit à petit, tandis qu'Axelle avançait vers lui. À un moment, elle buta sur un cailloux et manqua de chavirer. Raphaël la rattrapa dans ses bras avant qu'elle ne tombe.

« Cette scène pourrait faire partie d'un bon film romantique ! », pensa Luca. « S'il n'y avait pas cette stupide guerre qui se prépare. ».

C'était déprimant de penser qu'ils allaient devoir se battre pour sauver le monde. Ils n'étaient pas des héros !

Axelle : Merci...

Luca se tourna vers le reste du groupe. Sean et Leo flottaient dans les airs. Quant à Merlin, il n'avait aucun mal à tenir debout, et semblait avoir fini de soigner Céleste. Jordan était toujours assis sur la table, la tête dans ses mains.

Luca se dirigea vers Céleste. La jeune fille semblait mal à l'aise.

Luca : Ça va ?

Céleste haussa les épaules.

Céleste : Ça peut aller. Merlin a cicatrisé mes plaies et réparé ma fracture, mais j'ai toujours une gêne dans le bras gauche.

Elle secoua légèrement le bras comme pour appuyer ses propos.

Luca : Bon... Tu as essayé de marcher ?

Céleste : Non, pas encore.

Elle pointa Axelle du doigt et fit une grimace.

Céleste : Ça a l'air tellement compliqué !

Luca : Mais non, tu vas voir ! Vas-y, essaye !

Céleste : T'es sûr ?

Luca haussa les épaules en souriant.

Luca : Bah de toute façon, il va falloir que tu marches, dans ce monde.

Céleste : C'est vrai...

Luca : Allez, vas-y.

Il aida Céleste à se redresser sur ses jambes. Une fois debout, il la lâcha. Céleste ne put tenir très longtemps sur ses jambes, elle manqua de s'écrouler. Heureusement pour elle, Luca la rattrapa juste à temps.

Luca : Hé ! Attends, je vais t'aider !

Il lui prit la main et la guida pas à pas. Il avait conscience qu'une personne non avertie pourrait penser qu'ils sortaient ensemble, surtout à la manière dont il tenait ses mains, mais pour lui, c'était comme s'il aidait une petite sœur à marcher. Une petite sœur qu'il n'avait jamais eu. C'était pas faute d'en avoir voulu, mais ses parents lui avaient donné trois frères, dont deux plus jeunes et un plus âgé. Bien sûr, il était heureux, il aimait beaucoup ses frères. Mais il avait toujours rêvé d'avoir une sœur.

Luca : Vas-y. Avance le pied gauche. Le pied gauche.

Voyant qu'elle bougeait le droit, il s'écria :

Luca : Non, l'autre gauche !

Céleste sursauta si fort qu'elle manqua de perdre l'équilibre. Elle s'agrippa à Luca, qui sentit les ongles de la jeune fille s'enfoncer dans sa chair. Retenant un cri de douleur, il parvint tout de même à articuler :

Luca : C'est bon, je te tiens. Vas-y, continue.

Elle se redressa et obéit. Elle continua à avancer, petit à petit, et finit enfin par y parvenir toute seule.

Luca l'encouragea :

Luca : Voilà ! C'est ça ! Super !

Céleste lui adressa un regard gêné. Ses joues qui rougissaient faisaient rappel à sa longue chevelure rousse, attachée en un chignon vite fait.

Céleste : Merci...

Puis elle se tourna vers Sean... ou Leo ? Luca était incapable de les différencier. Il savait par Aurore que Sean avait une cicatrice sur l'oeil gauche, mais Luca ne voyait aucune cicatrice ni sur l'oeil de l'un, ni sur l'oeil de l'autre. Peut-être que, parce que les deux étaient des fantômes, il ne voyait pas très bien les détails de leur corps.

Le fantôme s'approcha doucement de le jeune fille et fit mine de la prendre dans ses bras, avant de se raviser. À ce geste, Luca devina qu'il s'agissait de Sean, et non pas de Leo. C'était Sean qui devait épouser Céleste, Sean qui était amoureux d'elle, pas Leo.

Sean : Ça va ?

Céleste baissa les yeux, et Luca décida de s'éloigner un peu pour leur laisser de l'intimité. Malgré tout, il entendait leur conversation.

Céleste : Pas vraiment...

Sean : Comment ça ? Tu as toujours rêvé de voir ce monde, et maintenant, tu y es !

Céleste : Dois-je te rappeler pour quelles raisons ?

Sean : Céleste...

Son ton sonnait comme un avertissement, malgré la nuance de regret et de tristesse qui perçait dans sa voix.

Céleste : Et puis, de toute façon, je rêvais de voir ce monde, c'est vrai, mais avec toi.

Sean : Ben je suis là.

Il avait dit ça comme si cela relevait de l'évidence, mais Luca sentait qu'il n'y mettait pas réellement son cœur.

Céleste : Tu as très bien compris ce que je voulais dire. Avec toi vivant. Et maintenant tu es mort et... Oh, Sean ! Je voudrais tant être un fantôme moi-aussi !

Sean : Ne dis pas ça ! Tu as une longue vie qui t'attend ! Tu vas te marier, avoir des enfants ! Tu devrais être contente ! Ce ne sera pas avec moi, mais ce sera avec un garçon que tu aimeras et qui t'aimera aussi !

Céleste poussa un petit cri aigu.

Céleste : Mais je n'aime que toi, Sean ! C'est toi que je veux épouser ! C'est toi que je veux comme père pour mes enfants ! Je ne veux pas d'un autre !

Au ton de sa voix, Luca devina qu'elle pleurait, ou qu'elle était sur le point de fondre en larmes.

Sean : C'est impossible, Céleste, et tu le sais.

Céleste : Je t'aime, Sean ! Et j'en ai rien à faire de ce qui est possible ou impossible, je trouverai un moyen !

Ils furent interrompus par un claquement de porte, immédiatement suivi par la voix d'Aurore, qui les interpella depuis les toilettes :

Aurore : C'est très bien, mais pour le moment, on a autre chose à faire, vous ne croyez pas ? Comme par exemple chercher un endroit où on pourrait se cacher, pour reprendre des forces, dormir, et s'entraîner un peu. Vous savez à peine marcher, tous les trois...

Elle sortit des toilettes, l'air à l'aise, et désigna Jordan, Céleste et Axelle.

Aurore : ... il va donc falloir y remédier. Et on aura besoin d'un peu de temps. Quelqu'un a une idée de où nous pourrions aller ?

Personne ne répondit. Luca vit Jordan se lever tant bien que mal et s'avancer vers Aurore, qui se tenait maintenant debout dans l'encadrement de la porte.

Jordan : Princesse... Je crois que vous devriez voir ça...

Il pointait du doigt en direction de la table la plus proche.

Luca s'approcha, juste derrière Aurore, qui étouffa un cri de surprise. Sur la table, il y avait un téléphone. Pas n'importe quel téléphone, celui d'Aurore. Intact. Que faisait-il là ?

Aurore : Comment...

Jordan secoua la tête.

Jordan : Aucune idée. Mais il clignote depuis tout à l'heure. Il semblerait que vous ayez un message.

Aurore se saisit du téléphone en tremblant et le déverrouilla. Elle semblait lire quelque chose quand elle laissa tomber le téléphone, et s'assit sur le banc, l'air complètement abattue.

Luca ramassa le téléphone et lut le message à son tour.

Luca : Oh non...

Son ton sembla alerter Raphaël, qui s'approcha à son tour et demanda, l'air inquiet :

Raphaël : Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Aurore : C'est... c'est...

Les larmes lui étaient montées aux yeux, et Luca savait qu'elle ne serait pas capable de répondre. Aussi, il s'en chargea à sa place.

Luca : C'est Pierre. Et Alissia. Ils ont été capturés par Philippe. Ce message est d'Alissia, qui a réussi à cacher son téléphone je ne sais par quel moyen. Ils sont sur un bateau de croisière en plein milieu de la mer Méditerranée. Elle dit qu'elle a entendu une discussion entre les deux hommes qui les retenaient, et qu'ils parlaient de nous, mais aussi de plusieurs enlèvements prévus. Il paraîtrait que, par je ne sais quels moyens, ils aient réussi à obtenir une photo de nous au lycée, une photo qu'Aurore aurait gardée dans son sac, une photo où on serait dessus, Aurore, Raphaël et moi, mais aussi Alissia, Pierre, Thomas, Lucas, Justine, Amélie, Clément et Tom. Et, d'après Alissia, ils prévoyaient d'enlever toutes les personnes qui figuraient sur cette photo, pour obliger Aurore à coopérer. Il y a des chiffres à la fin, comme si elle avait commencé à écrire un numéro de téléphone mais qu'elle n'avait pas eu le temps.

Il y eut un blanc, que Céleste finit par rompre, une main sur la bouche.

Céleste : C'est affreux...

Leo : Qu'est-ce qu'on va faire ?

Aurore soupira et passa une main sur son visage pour sécher ses larmes.

Aurore : Il... il devait y avoir un autre exemplaire de la photo sur le bateau... la mienne... elle est chez Jordan... Le bateau a coulé et... les photos ont été entraînées sous l'eau, avec toutes les affaires, et Jordan a récupéré la mienne... L'autre a dû être récupérée par Philippe ou un de ses sbires...

Luca : Elle parle aussi d'une certaine Jade, que Philippe doit à tout prix retrouver. C'est ta sœur, il me semble ?

Aurore hocha tristement la tête, et Luca sentit son cœur se serrer. Il savait à quel point un frère ou une sœur était important. Et il comprenait qu'Aurore s'inquiète. Lui-même se serait inquiété si un de ses frères avait été en danger.

Aurore : Il faut que je les aide. Vous tous, vous restez ici. Je me charge d'aller chercher Pierre et Alissia. Ensuite, nous devrons trouver les autres et les emmener en lieu sûr.

Raphaël leva une main devant lui.

Raphaël : Attends... Comment ça, ''il faut que tu les aides'' ? Tu ne crois tout de même pas qu'on va te laisser aller seule là-bas, à la merci de Philippe et ses sbires, non ?

Luca poussa un léger soupir. Son meilleur ami pensait exactement la même chose que lui, voilà qui le rassurait.

Aurore : Philippe ne sait sûrement pas qu'Alissia a un téléphone en sa possession, ni qu'elle nous a contactés. Il faut que j'y aille seule, un gros groupe comme le nôtre attirerait trop l'attention.

Raphaël : Et tu penses sérieusement qu'on va te laisser y aller seule ?

Aurore : Eh bien...

Aurore semblait mal à l'aise, mais Luca était entièrement d'accord avec Raphaël.

Luca : Il est hors de question que tu y ailles seule.

Aurore : Mais il faut que j'aille les aider ! Je ne peux pas les laisser entre les mains de Philippe !

Luca se leva et se plaça face à elle, dans l'espoir qu'elle verrait qu'il ne la laisserait pas passer.

Luca : Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai simplement dit qu'il était hors de question que tu y ailles seule.

Son amie sembla comprendre et baissa les yeux.

Aurore : Oh... Tu veux dire...

Luca hocha la tête. Un plan venait de se former dans son esprit, et il se hâta de l'exposer au reste du groupe.

Luca : On va y aller. Pas tous. On va y aller, Raphaël, toi et moi. Comme ça, ça laissera le temps aux autres de se reposer un peu et surtout de s'habituer à la terre ferme. Enfin, si Raphaël est d'accord...

Luca jeta un regard vers son meilleur ami, qui souriait de toutes ses dents. Si la situation n'avait pas été si critique, Luca aurait souri aussi, mais Raphaël avait un humour un peu lourd, et parfois peu adapté à la situation.

Raphaël : Bien sûr !

Aurore haussa les épaules avec désinvolture.

Aurore : D'accord.

Luca : Bien. La question est réglée ! Il ne reste qu'à trouver un endroit où vous serez en sécurité, vous autres !

Il sourit au reste de la troupe.

Raphaël : Ouais, ben... Reste à savoir où, maintenant.

Aurore : Surtout pas dans nos familles. On risquerait de les mettre en danger. Non, il faut un endroit sûr, et où Philippe ne penserait jamais à chercher.

Luca eut alors une idée. Une idée qui aurait pu paraître extrêmement bizarre s'ils n'avaient pas été dans cette situation.

Luca : Dans ce cas-là, pourquoi ne resteraient-ils pas ici ?

Raphaël s'étrangla et Aurore leva un sourcil dans la direction de Luca.

Aurore : Tu veux dire, au lycée ?

Luca hocha la tête. Il avait conscience que son idée était pour le moins étrange, mais c'était la seule chose à laquelle il avait pensé.

Luca : Ben, oui. Avec ta magie, tu pourrais craquer le code de l'alarme des bâtiments. Philippe ne penserait jamais à venir nous chercher dans un lycée, n'est-ce pas ? C'est tellement à la vue de tous ! Il penserait plutôt que nous nous sommes cachés dans un endroit difficile d'accès, comme lorsqu'on était chez Jordan.

Jordan frappa son poing dans sa main en souriant.

Jordan : Bien sûr que oui ! C'est évident !

Aurore : Bon, eh bien je suppose que c'est la chose à faire, puisque de toute façon, je ne pense pas qu'il y ait un autre lieu sûr où vous puissiez aller... Ou du moins, pas pour le moment... Venez ! Je vais vous ouvrir.

Luca sourit et la regarda s'éloigner en direction de l'entrée, sa longue chevelure blonde flottant derrière elle. Il ne l'avait jamais trouvée aussi belle qu'en ce moment. Elle était pourtant habillée simplement, un short en jean et un débardeur. Mais la voir se préparer pour combattre la rendait ravissante aux yeux de Luca, allez savoir pourquoi. Et puis, qui pouvait savoir de quels tours elle allait encore les régaler, à la voir marcher ainsi ?

Les yeux de Luca s'attardèrent sur les cheveux d'Aurore puis descendirent vers ses hanches, qui bougeaient en rythme avec sa démarche. Oh oui, il était complètement amoureux d'elle !

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