18. Raphaël
Ok. Raphaël avait complètement perdu le contrôle de ses nerfs. D'abord, il avait appris que Luca et Aurore avait échangé des baisers. Comment ça, des baisers ? Ils en avaient échangé plusieurs ?
Ensuite, il était sûr qu'ils avaient fait plus que ça. Ils étaient quand même allongés dans le même lit, quand il était entré. Et ils s'étaient écartés l'un de l'autre tellement vite que ça les avait rendus coupables. Enfin... Il n'en était pas sûr, mais presque.
Et enfin, alors qu'il allait battre le dernier mannequin, comme il l'avait si bien fait avec les autres, Luca avait décoché une flèche et avait abattu le mannequin à sa place. Ça l'avait définitivement mis en rogne. De quel droit pouvait-il abattre les mannequins qui n'étaient pas les siens ? Surtout que Raphaël était passé pour un incapable face aux autres, et ça, il ne le digérait pas. Luca était son meilleur ami, mais depuis qu'ils étaient dans ce monde, tout était devenu bordélique. D'abord, Aurore avait failli le tuer. Ensuite, Luca et lui avaient failli s'entretuer. Ils étaient passés en quelques temps de meilleurs amis à pire ennemis. Mais il ne savait toujours pas s'il était encore ami avec Luca ou non. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il l'adorait tout en le détestant à la fois.
« Tu es amoureux d'Aurore, et tu penses que Luca et elle ont échangé plusieurs baisers » lui disait une petite voix dans sa tête. « C'est normal que tu détestes ton meilleur ami dans ce cas ».
Mais non, ce n'était pas normal du tout. Ce n'était pas normal qu'il déteste son meilleur ami parce qu'il avait juste échangé des baisers avec la fille dont il était amoureux. Au contraire, il aurait dû être content pour lui, même dans le cas où ils auraient fait plus qu'échanger des baisers.
Mais de toute façon, Raphaël n'était même pas sûr qu'Aurore et Luca avaient fait plus que s'échanger des baisers. Il n'avait aucune preuve concrète. Et heureusement pour tous, tout ça s'était plutôt bien fini, et il riait maintenant avec Luca.
Il lui lança un regard en coin. Le sang avait séché sur son menton, et la plaie était complètement refermée. Luca s'essuyait avec le bout de la robe d'Aurore et frottait pour faire partir le reste de sang sur son visage.
Jordan : Bon, allez ! Tout le monde retourne à son entraînement ! Luca, tu te débrouilles très bien tout seul, alors je te laisse ! Je vais voir comment s'en sort Raphaël !
Luca haussa les épaules, sourit et acquiesça d'un signe de tête.
Luca : Ok.
Il prit son arc et ses flèches et partit sur son terrain d'entraînement. Raphaël fit de même et sortit son épée de son fourreau.
Jordan s'approcha et lui fit signe.
Jordan : Voyons voir comment tu t'en sors ! Je vais lancer le niveau supérieur. Les mannequins se déplaceront plus rapidement. Pendant ce temps, je t'observerai depuis les gradins. C'est bon ?
Raphaël : Ouais.
Ce n'était pas vrai. Pas vrai du tout. Mais il devait faire comme si. Il n'était pas prêt, il avait encore le cœur qui battait la chamade à cause de sa bagarre avec Luca, mais il devait faire comme si de rien n'était.
Jordan : Prêt ? GO !
Jordan appuya sur l'interrupteur et les mannequins s'activèrent tous à la fois.
Le premier s'avança vers Raphaël. Il n'était pas plus rapide qu'au coup d'avant. Mais, alors que Raphaël allait lui asséner son épée sur le crâne, le mannequin esquiva et lui donna un coup de poing dans le ventre. Raphaël eut le souffle coupé. En fait, il n'était peut-être pas plus rapide, mais simplement plus intelligent.
Jordan cria :
Jordan : Allez ! Reprends-toi ! Allez !
Mais trop tard. Avant que Raphaël ait pu faire un seul mouvement, le mannequin se jeta sur lui et lui donna un deuxième coup de poing. Le mannequin prit l'épée des mains de Raphaël, et ce dernier ne put rien faire car il avait le souffle coupé.
Raphaël : Hé !
Il ne put la récupérer. Désormais, le mannequin le menaçait avec sa propre arme. Il sortit le poignard de son fourreau. Mais c'était stupide. Il ne pouvait pas se battre contre un mannequin qui avait une épée avec un simple poignard. Surtout que les autres mannequins commençaient à rappliquer.
Jordan, dans les gradins, ne faisait rien. Il observait la scène d'un œil attentif.
Le mannequin abaissa l'épée rapidement, mais il était tout de même assez lent pour que Raphaël puisse esquiver. L'épée lui écorcha le bras. Il poussa un cri de douleur tandis que son bras commençait à saigner abondement. C'est que ça faisait mal, un coup d'épée dans le bras ! Heureusement, l'os n'était pas touché, et le sort de guérison refermait la plaie petit à petit.
Au loin, il vit Céleste se tourner vers lui avec inquiétude, mais elle retourna bien vite à sa tâche lorsqu'un mannequin tenta de l'assommer.
Jordan, lui, ne faisait toujours rien. Il était assis dans les gradins et observait la scène sans rien dire. Il ne semblait même pas s'inquiéter.
Raphaël entendit alors une flèche voler à côté de son oreille. Juste derrière lui, il entendit un mannequin se désactiver. Luca lui fit un signe de main. À ce moment-là, Raphaël était content qu'il soit intervenu. Il n'avait ni vu ni entendu le mannequin derrière lui et aurait pu se faire tuer. Mais heureusement pour lui, Luca était intervenu. Cependant, il restait quand même les autres mannequins.
Il vit Céleste lancer quelque chose de toutes ses forces. La chose qu'elle venait de lancer traversa la bulle de protection et arriva à vitesse grand V sur le groupe de mannequin qui se précipitait vers Raphaël. Elle atterrit alors sur le mannequin du milieu, et tous les mannequins du groupe explosèrent dans un grand fracas. Une boule de feu grossit et finit de les désactiver.
Lorsque la fumée retomba, il ne restait plus que le mannequin à l'épée. Raphaël s'avança vers lui. Avec seulement son poignard, il avait l'air ridicule, et il savait qu'il n'avait aucune chance. Mais il n'eut pas le temps de se ridiculiser, un shuriken vint se planter dans le cou du mannequin, qui lâcha l'épée et se désactiva.
Raphaël se tourna vers les gradins. Jordan était debout, un shuriken à la main, une expression de triomphe figée sur le visage. Raphaël le héla :
Raphaël : Eh bien il était temps ! Je commençais à me demander si tu allais me venir en aide ou me laisser mourir !
Jordan lui sourit et le rejoint sur le terrain.
Jordan : Je vérifiais d'abord si tu valais la peine que je t'aide !
Raphaël : Ah...
Le garçon fit un signe à Luca, puis à Céleste, en criant :
Raphaël : Merci !
Jordan se mit à faire de grands mouvements et se mit à hurler :
Jordan : TEMPS MORT ! Venez tous ici !
Tout le monde s'arrêta et vint voir ce qu'il voulait.
Axelle : Quoi, qu'est-ce que tu veux ?
Jordan : Je veux juste vous voir pour vous expliquer deux trois choses.
Il vint se placer face au petit groupe.
Jordan : Comme vous avez sans doute pu le remarquer... Enfin, plutôt comme Raphaël a pu le remarquer... la coopération est importante. Pour le moment, nous nous entraînons chacun de notre côté avec chacun nos armes. Lorsque nous serons prêts, il faudra que l'on s'entraîne tous ensemble, avec tous les mannequins, archers, épéistes, la totale. Pour le moment, vous n'êtes pas au point, mis à part Merlin et moi. Et peut-être aussi Céleste, car ses mixtures sont très bien préparées. Mais je suis sûr que tu peux faire plus, Céleste ! Alors donnez tout de vous ! Mettez tout votre cœur et toute votre âme dans ces entraînements, pour qu'ensuite, lorsqu'on s'entraînera tous ensemble, et lors de la véritable bataille, nous soyons prêts. Allez, tout le monde ! Retournez à vos activités !
Il remonta s'assoir dans les gradins et tout le monde partit.
Jordan : Allez Raphaël ! Cette fois, tu dois te débrouiller tout seul ! Attention ! Trois ! Deux ! Un ! GO !
Les mannequins s'animèrent. Le premier se jeta sur Raphaël, qui le trancha en deux au niveau de la taille.
Raphaël se sentait confiant. Il savait qu'il ne risquait rien, que les autres l'aideraient s'il en avait besoin, alors rien ne pouvait lui faire peur.
Un deuxième mannequin se précipita vers lui, et il lui fit subir le même sort qu'au premier. Deux autres mannequins arrivèrent vers Raphaël. Il planta son épée dans le torse du premier, puis, en la ressortant, il transperça le deuxième. Il se retrouva alors encerclé par cinq mannequins. Lorsqu'ils resserrèrent le cercle, Raphaël sourit.
Raphaël : Ha, vous voulez jouer à ça ? Allons-y ! C'est parti !
Il tendit son épée droit devant lui et commença à tourner. Ça pouvait sembler idiot, et si quelqu'un le voyait tournoyer sur lui-même, il le prendrait pour un fou, mais ça marchait exactement comme il le voulait. Il tourna de plus en plus vite et fit deux, trois, quatre tours sur lui-même avant de s'arrêter. Les mannequins qui l'avaient encerclé étaient tous désactivés.
Raphaël : Hé hé !
Il se tourna vers un autre mannequin, qui semblait réfléchir au meilleur moyen de l'attaquer et de le réduire à néant.
Raphaël : Je vais te tuer !
Le mannequin ne sembla pas comprendre ni prendre compte de sa remarque. Il se jeta sur le garçon qui exécuta un geste parfait avec le poignet. Il décapita le mannequin en riant.
Un autre mannequin arriva derrière lui. Il ne l'aurait pas entendu, car il était discret. Mais depuis qu'il avait entendu un mannequin se désactiver derrière lui grâce à la flèche de Luca, il entendait tout ce qu'il se passait devant et derrière lui. Il ne se donna même pas la peine de se retourner, il envoya sa main par-dessus sa tête et ficha un coup d'épée dans le néant. Il entendit le déclic du mannequin se désactivant. Il se retourna et transperça d'un coup bien maîtrisé le dernier mannequin, à deux mètres de lui.
Dans les gradins, Jordan s'agitait.
Jordan : Très bien ! Magnifique ! Tu les as réduits en bouillie ! C'était vraiment super ! Bravo !
Raphaël exécuta une révérence en riant et répondit :
Raphaël : Merci !
Il rangea l'épée dans son fourreau et observa Luca. Il se battait bien. Avec son arc et ses flèches, il désactivait les mannequins alors qu'ils étaient à dix, vingt mètres de lui.
Axelle se battait bien aussi. Avec sa lance, elle plantait les mannequins un par un et les désactivait sans aucun effort apparent.
Céleste, elle, se servait de sa pochette en peau et fabriquait des armes chimiques. Elle mélangeait des produits qu'elle sortait de la pochette, et régulièrement, Raphaël voyait exploser ses boules chimiques dans des explosions de toutes les couleurs, dans sa bulle.
Quant à Aurore, elle manipulait les mannequins, tout simplement. Elle bougeait les mains vers les mannequins, et les faisait exploser de l'intérieur, les désactivait rien qu'avec ses pensées...
C'était vraiment effrayant, de voir tous ces gens qui, d'habitude, étaient simplement des ados normaux, et qui, là, étaient tous armés et se battaient avec des mannequins démoniaques. C'était effrayant.
Cela faisait maintenant trois heures qu'ils s'entraînaient sans relâche, et il n'était pas loin de midi. L'estomac de Raphaël commençait même à clamer famine. Le garçon avait l'impression d'avoir une bête dans le ventre qui grondait de plus en plus régulièrement.
Raphaël se tourna vers Jordan et le héla :
Raphaël : Hé Jordan !
Jordan, qui astiquait jusque là ses shuriken, leva les yeux vers lui.
Jordan : Ouais ?
Raphaël : Quand est-ce qu'on mange ? Je meurs de faim !
Jordan : Quand est-ce qu'on... Oh !
Il eut une expression mi-amusée mi-contrariée. Puis il descendit des gradins et vint se placer à côté de Raphaël.
Jordan : Ben oui, j'suis bête. J'ai pas vu l'heure passer. On va attendre que les autres aient fini leur session d'entraînement et on ira manger.
Raphaël : Ok.
À ce moment-là, un cri retentit dans toute la salle. Raphaël se tourna vers Aurore. Elle criait. Au début, il pensa qu'elle était en difficulté. Il sortit son épée et allait se précipiter vers elle quand il comprit enfin ce qu'elle disait :
Aurore : OUAIS ! Dans vos têtes ! Je vous ai tués ! Éclatés !
Raphaël stoppa son mouvement et rangea son épée. Apparemment, son amie n'avait pas besoin de lui. Aurore le rejoignit alors, bientôt suivie par les autres. Luca se tenait le ventre à deux mains, et, après avoir croisé le regard de Raphaël, il expliqua :
Luca : J'ai faim ! Quand c'est qu'on mange ?
Jordan : On va aller manger. Rangez vos armes et on remonte !
Tout le monde s'exécuta et ils remontèrent.
Jordan dressa la table et leur offrit des mets tous aussi délicieux les uns que les autres.
Une fois le repas terminé, Merlin lança :
Merlin : Je vais faire une sieste ! Entraînez-vous bien !
Il se leva en reculant sa chaise. Sean et Leo firent de même.
Sean : Leo et moi, on reste là. Vous n'avez pas besoin de nous dans les pattes. À tout à l'heure !
Et sans rien dire de plus, ils partirent tous les trois comme des exclus de la société. Cela ne semblait cependant pas perturber Jordan, qui lança d'un ton enjoué :
Jordan : Bien. On redescend ?
Raphaël et les autres hochèrent la tête. La perspective de s'entraîner tout l'après-midi ne semblait pas vraiment les réjouir, mis à part Jordan, mais ils n'avaient pas vraiment le choix.
Jordan : Allez ! On y va !
Il ouvrit la porte et descendit dans les escaliers ténébreux.
Ils arrivèrent en bas, et Jordan alluma la lumière, exactement comme le matin. Raphaël se précipita vers le coffre et en sortit son épée et son poignard. Il les passa chacun dans leur fourreau. Luca fit de même avec son arc et ses flèches. Aurore, Axelle et Céleste aussi, chacune avec leurs armes. Et ils se dirigèrent tous vers leur espace d'entraînement respectif.
Cette fois, Jordan n'était pas dans les gradins à côté de Raphaël. Il était partit observer Axelle. Raphaël activa donc les mannequins lui-même, en prenant soin de les mettre au niveau supérieur. Les mannequins étaient maintenant armés. Ils avaient chacun une épée en bois, ils ne risquaient donc pas de le décapiter, mais il avait tout de même intérêt à faire attention.
Une fois activés, les mannequins se précipitèrent vers Raphaël, qui ne perdit pas de temps et se jeta dans la bataille en souriant.
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