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17. Luca

    Luca ouvrit les yeux, se demandant où il était. Puis tout lui revint en mémoire, la journée de folie qu'ils avaient passé, et la nuit qui avait été tout aussi bizarre.

    Il se redressa dans le lit. À côté de lui, Aurore dormait profondément, et il entendait sa respiration. Il entendait aussi celle de Raphaël, qui dormait de l'autre côté, sur le canapé. Il avait débarqué à trois heures du matin, interrompant la discussion de Luca et d'Aurore. Il était venu parce que Merlin ronflait. Mais lui, il parlait dans son sommeil. C'est ce qu'avait découvert Luca. Lorsque Raphaël et Aurore s'étaient endormis, lui n'arrivait toujours pas à dormir. Et là, Raphaël s'était mis à parler.

Raphaël : Tu fais ce que tu veux... Non ! Non ! Non... Je l'aime... Je sais ! Ne me casse pas les pieds ! Tu ne l'aimes pas comme je l'aime !

    Puis il s'était calmé. Et, alors que Luca s'endormait enfin, il avait recommencé. Sauf qu'il n'avait cette fois juste cité deux noms :

Raphaël : Luca... Aurore...

    Il avait presque supplié les deux noms. Étrange. Puis Luca s'était endormi.

    Mais en ce moment, Luca avait vu des choses bien plus étranges, donc plus rien ne l'étonnait. On lui aurait dit que les dinosaures étaient encore vivants, au centre de la terre, et qu'il existait des dieux égyptiens, vikings, grecs et romains, il n'aurait pas été étonné. Plus rien ne pouvait l'étonner après qu'il ait vu des sirènes, des tritons, de la magie, des fantômes...

    Un bruit le ramena à la réalité. Aurore s'était réveillée, et était à présent assise bien droite dans son lit. Luca lui sourit.

Luca : Salut ! Bien dormi ?

Aurore : Ouais...

    Elle bâilla longuement et termina sa phrase :

Aurore : ... et toi ?

    Luca haussa les épaules.

Luca : Euh, ouais. Raphaël a un peu parlé pendant la nuit, mais sinon, ouais.

Raphaël : J'ai parlé ?!

    Luca se tourna vers lui. Il avait les cheveux en pétard, enfin plus que d'habitude, et semblait parfaitement serein.

Luca : Salut ! Et euh, ouais, t'as parlé. Tu t'es énervé, aussi. Je sais pas contre qui, mais t'as dit ''ne me casse pas les pieds !''. Après t'as parlé de quelqu'un que t'aimais, et t'as dit ''tu ne l'aimes pas comme je l'aime''.

    Raphaël vira au rouge betterave et se mit à bégayer :

Raphaël : Ah... Ah... Euh... Ben... Euh... Ah...

    Il sourit du mieux qu'il put, et Luca vit que ce n'était pas facile pour lui.

Raphaël : Je t'ai pas trop dérangé au moins ?

    Voilà qu'il changeait délibérément de sujet ! Il devait vraiment vouloir éviter de parler de ses rêves, et Luca le comprenait parfaitement. Personne n'aimait vraiment raconter ses rêves. Aussi, il se prêta au jeu et répondit en souriant :

Luca : Hein ? Non, pas du tout, t'inquiètes.

Aurore : Je me posais une question...

    Luca et Raphaël se tournèrent vers elle. Luca allait demander ce qu'elle voulait dire, mais Raphaël le devança :

Raphaël : Ouais ?

    Aurore avait l'air songeur. Elle avait les sourcils froncés et les yeux dans le vague, et elle leva la tête vers Raphaël.

Aurore : Pourquoi t'es pas venu avant, cette nuit ?

    Bonne question. Il était arrivé vers 3 heures du matin, mais pourquoi n'était-il pas venu avant ?

Luca : C'est vrai, pourquoi ?

    Raphaël les regarda l'un après l'autre. Puis il eut un sourire en coin et répondit :

Raphaël : J'étais... occupé.

    Aurore fronça les sourcils encore plus et Luca se demanda ce qu'il entendait par ''occupé''. Il avait insisté sur ce mot comme s'il avait une signification particulière.

Aurore : Occupé ?

    Raphaël la regarda sans ciller ni se départir de son sourire narquois.

Raphaël : Ouais. J'étais dans le couloir avec Axelle pendant tout ce temps. Et quand je suis rentré dans ma chambre, Merlin ronflait, alors je suis ressorti. J'ai demandé à Axelle si je pouvais dormir avec elle, mais elle m'a répondu que c'était impossible, parce qu'elle dormait déjà avec Céleste, et qu'à trois, on aurait pas eu la place. Alors elle m'a dit que je pouvais toujours aller dans votre chambre, parce que y a le canapé. J'aurais bien passé la nuit dans le couloir à la couvrir de baisers, mais à ce moment-là, Céleste est venue s'assurer que tout allait bien, et Axelle a dû retourner dans sa chambre.

    Luca tourna la tête vers Aurore. Elle semblait encaisser le coup sans broncher. Quant à Luca, il savait pertinemment que Raphaël mentait. Il le voyait dans ses yeux. Il décida cependant de ne rien dire. Aurore avait l'air assez blessée comme ça, alors si en plus elle apprenait que Raphaël mentait... Il ne voulait pas que l'épisode ''Aurore piquant sa crise et détruisant tout sur son passage'' recommence.

    Aurore se leva et s'avança vers Raphaël d'un air menaçant. Le sourire narquois du garçon disparut immédiatement de ses lèvres et il sembla alors inquiet.

Aurore : Eh bien, maintenant que tu as dormi ici, tu peux partir.

    Elle prit la couette et l'oreiller du garçon, ouvrit la porte et les jeta dans le couloir, où ils flottèrent jusqu'au mur d'en face, vers la porte de la chambre des filles.

Aurore : Au revoir et à bientôt !

    Elle le poussa dehors de toutes ses forces, sous le regard mi-amusé mi-inquiet de Luca, et claqua la porte au nez de Raphaël. Luca se sentit obligé d'intervenir.

Luca : Aurore...

    Elle se tourna violemment vers lui et fit un geste vague dans sa direction.

Aurore : Non ! Tais-toi !

Luca : D'accord, mais promets-moi que tu resteras calme et que tu ne le propulseras pas à dix mètres.

    Aurore lui adressa un faible sourire qui n'avait rien de réjoui.

Aurore : Non, ça n'arrivera plus, je te le promets.

    La porte s'ouvrit à la volée sur Jordan, qui était vêtu d'un bermuda en jean, un t-shirt orange et qui cria :

Jordan : Petit déjeuner !

    Il repartit comme il était venu pour se diriger vers la chambre de Merlin et de Raphaël, où il entra en criant :

Jordan : Petit déjeuner !

    Il ressortit et se retrouva seul dans le couloir. Comme personne ne semblait réagir, il hurla :

Jordan : Peeeetiiiiit dééééjeuneeeeer !

    Luca se tourna vers Aurore, qui semblait perdue dans ses pensées.

Luca : On y va ?

    Un instant, il eut peur qu'elle ne se défile et reste seule dans le chambre pour pleurer. Mais elle acquiesça d'un signe de tête et ajouta :

Aurore : Ouais. Je meurs de faim.

    Ils se dirigèrent vers la salle à manger, suivis par Céleste, Axelle, Merlin, et Raphaël, qui étaient eux-aussi sortis de leurs chambres respectives.

    Lorsqu'ils y arrivèrent, Luca ouvrit la bouche en grand et ne put la refermer. La table avait été dressée et était somptueuse. Des tas de choses se trouvaient dessus, toutes plus inhabituelles et magnifiques les unes que les autres. Mais Luca n'avait jamais vu aucune d'entre elles. Sans doute était-ce des mets 100% du fond des mers ?

    Il entendit une voix lui chuchoter d'un air amusé :

Aurore : Ferme-la bouche, Luca !

    Il s'exécuta avec effort et alla s'assoir sur une chaise que lui pointait Jordan. Ce dernier s'assit juste à côté. Quant à Aurore, elle s'assit à l'autre bout de la table, entre Céleste et Merlin.

Jordan : Régalez-vous ! Il faut que vous ayez des forces pour vous entraîner !

    Luca saisit une petite tarte posée devant lui. Il l'observa sous toutes les coutures. Elle avait une douce couleur rouge un peu rosée, et avait l'air vraiment appétissante. Mais, après l'expérience du thé et des gâteaux de Philippe, il préféra demander :

Luca : C'est quoi ?

    Jordan se tourna vers lui et, apercevant la tartelette dans les mains du garçon, lui sourit.

Jordan : Tarte à la merveilleuse !

Luca : La... la merveilleuse ?

    Jordan hocha la tête d'un air songeur.

Jordan : Oui. C'est un fruit qu'on trouve dans ce monde. Ça a un peu la couleur et la forme de vos fraises...

    Luca manqua s'étouffer avec sa propre salive. Il connaissait les fraises ?

Luca : Tu sais ce que c'est des fraises ?

Jordan : Bien sûr. Peut être que dans votre monde, vous ignorez tout de notre monde, mais dans le nôtre, on sait tout du vôtre !

    Ce n'était déjà pas rassurant de savoir qu'il existait un autre monde, un monde aquatique, mais ça l'était encore moins de savoir qu'ils connaissaient tout du monde humain sans que ces derniers ne sachent rien des sirènes et des tritons.

Luca : Ah.

    Il regarda sa tarte. Si c'était comme des fraises, il ne risquait rien. Il croqua et lâcha sa tarte, émerveillé.

Luca : C'est délicieux !

    Des milliers de goûts différents lui explosaient dans la bouche. Il n'aurait su en reconnaître aucun, à supposer qu'il en ait connu un seul d'entre eux, mais c'était vraiment délicieux.

    Il savoura cette délicieuse tarte à la merveilleuse. Le fruit méritait bien son nom !

    Après avoir avalé la dernière bouchée de sa tartelette, Luca prit une tasse remplie d'un liquide tirant vers le bleu turquoise et le violet. Il but le tout d'un trait, sans même se demander si c'était bon ou non. De toute façon, si c'était sur la table, c'était que ça devait avoir bon goût. Jordan n'irait pas leur servir quelque chose d'imbuvable après la tarte aux goûts merveilleux. Luca ne fut pas déçu, car le breuvage était tout aussi délicieux que la tarte. Le liquide avait un goût de bonbon, mélangé à de la cannelle et peut-être même un peu de vanille.

    Ils s'empiffrèrent tous jusqu'à ne plus avoir faim, et tous les aliments et boissons que goûta Luca était délicieux.

    Enfin, lorsqu'ils ne purent plus avaler quoi que ce soit, Jordan claqua des doigts et la table se débarrassa d'elle-même.

Jordan : Et voilà ! Maintenant venez, je vais vous faire visiter la salle d'entraînement !

    Il se leva et se dirigea vers une porte en fer au fond de la pièce. Luca resta un instant pantois, car il n'avait pas vu la porte jusque là. Comment était-ce possible ? Il aurait dû la voir, on ne voyait que ça !

    Jordan tapa un code et la porte de fer s'ouvrit, dévoilant un escalier qui plongeait dans les ténèbres. Il s'y engagea et disparut. Mais, se rendant sûrement compte que personne ne le suivait, il revint et s'écria :

Jordan : Venez !

    Il repartit, et cette fois, ils le suivirent. Ils descendirent pendant un certain temps, et se retrouvèrent dans le noir de l'escalier. Luca se demandait d'ailleurs pourquoi il y avait un escalier alors qu'ils nageaient, quand la voix de Jordan s'éleva, quelque part sur leur droite.

Jordan : Attendez deux minutes. Arrêtez-vous. Stop, stop stop ! Tout le monde s'est arrêté ?

    Luca entendit un déclic et tout s'alluma soudain. La pièce qui s'offrait à lui était immense. D'au moins la taille d'un terrain de foot, elle faisait à peu près huit mètres de haut, ce qui expliquait pourquoi ils étaient tant descendus. Le plafond, le sol et les murs étaient en béton armé, recouverts de plantes grimpantes, bouts de roches, et autres éléments pour les camoufler. Sur le mur du fond, juste en face d'eux, il pouvait voir, suspendus à des crochets et sur des étagères immenses, des armures, des armes, des boucliers... La salle avait été aménagé comme une vraie salle de combat. Il y avait des mannequins en bois et en fer qui traînaient un peu partout, certains décapités, d'autres éventrés, quelques uns encore en bon état. Ils semblaient être reliés au sol par des câbles. C'étaient sans doute des mannequins électriques. Il y avait même, dans un coin, une sorte d'accrobranche. Il y avait des lianes, des plateformes, tout comme dans un accrobranche, sauf qu'il n'y avait pas de quoi s'attacher. En même temps, dans l'eau, on ne risquait pas de chuter. Complètement à l'opposé, il y avait une sorte de machine comme celles qui distribuent les balles au tennis pour que les joueurs s'entraînent, sauf qu'elle était armée de flèches et de projectiles divers, qui avaient tous l'air aussi dangereux les uns que les autres. Il y avait aussi une sorte de forêt, et elle paraissait si dense que Luca n'avait aucune envie de s'y aventurer. Il faut dire qu'elle était si sombre qu'elle aurait pu contenir toutes sortes de bêtes, fausses, mais sans aucun doute féroces. Il y avait aussi des cibles, noir-rouge-blanc, pour le tir à l'arc, ainsi que d'autre équipements d'entraînement.

    Luca s'extasiait, et Raphaël semblait s'extasier aussi car il s'émerveilla :

Raphaël : Whoaaaaaaaaaaaaaaa !

    Ça ne voulait rien dire, mais cela décrivait parfaitement l'état dans lequel se trouvait Luca. Tout dans cette pièce était ''whoa''. N'importe quel enfant, et même adulte, ne pouvait que s'extasier sur l'immensité de la zone et la diversité des choses qui s'y trouvaient.

Luca : J'y crois pas ! C'est juste carrément immense ! Mais comment ça se fait ? Ta maison ne fait quand même pas cette taille ?

    Jordan rit doucement et secoua la tête.

Jordan : Non, bien sûr que non. J'ai creusé sous les maisons du village. Comme le plafond est en béton armé super résistant, personne ne peut le percer. C'est l'endroit où l'on est le plus en sécurité, encore plus que dans vos bunkers !

    Sous le regard ébahi de Luca, toujours incrédule quant au fait qu'ils connaissaient tout de son monde alors que lui-même ignorait encore auparavant l'existence du leur, il continua :

Jordan : L'endroit est protégé par de la magie. Personne ne peut le voir s'il n'y est pas invité. Personne ne peut descendre ici si je ne suis pas avec lui. Et bien sûr, personne n'est au courant de l'existence de cette salle d'entraînement ultra secrète. Enfin... Personne sauf vous, maintenant...

    Il se gratta le menton d'un air pensif, puis sourit.

Jordan : Vous allez donc pouvoir vous entraîner ! Et en toute sécurité ! En plus, si jamais vous vous blessez, cette salle vous guérira ! Elle ne vous ressuscitera pas si vous vous faites tuer, bien évidemment, mais elle vous guérira en cas de simples blessures. Il y a un sortilége de guérison qui est présent dans toute la pièce, sur les murs, sur le sol et le plafond, ainsi que sur tout ce qui se trouve dans cette pièce. C'est vraiment pratique, parce qu'autrement les mannequins pourraient nous tuer. Ils ne s'arrêtent plus, quand ils ont commencé. La seule manière de les désactiver, c'est de les tuer. C'est vraiment un bon entraînement !

    Luca ne répondit pas. Les mannequins ne s'arrêtaient plus ? Il fallait les tuer ? Et si le sort de guérison ne marchait pas et qu'il se fasse tuer par de simples mannequins ? Ce serait humiliant, tout de même, de mourir assassiné par de simples mannequins de bois !

    Raphaël avait l'air d'être arrivé à la même conclusion, à en croire ses sourcils froncés et la lueur inquiète dans son regard.

Jordan : Alors ? Vous êtes partant ?

    Luca ne répondit pas. D'un côté, il avait envie d'apprendre à se battre pour réduire ce fumier de Philippe à néant. D'un autre côté... La perspective de se battre contre des mannequins de fer et de bois, qui ne s'arrêtaient qu'une fois tués, ne l'enchantait pas trop.

Aurore : Oui, ça a l'air génial !

    Aurore était la seule à paraître réellement enthousiaste. Même Axelle, qui n'avait jusque là pas une fois montré un seul signe de faiblesse, semblait réserver son jugement.

Jordan : Mais avant, venez ! Il faut que je réalise certaines mesures sur vous tous pour savoir quel serait votre type d'arme idéal. Votre Altesse...

    Il fit signe à Aurore et elle s'approcha de lui. Il prit un ruban et commença à l'entourer autour de la taille de la jeune fille. Puis autour de son bras. De son poignet. Il l'enroula également à l'extrémité de la queue de la jeune fille, à la jonction avec la nageoire. Puis il se redressa, le ruban dans les mains, et s'exclama :

Jordan : Très bien ! Je vois que la magie vous convient parfaitement, Princesse ! Vous ne seriez pas à l'aise avec une arme autre que la magie, alors il faudra vous entraîner avec elle !

    Aurore avait l'air un peu perdue, mais elle acquiesça en souriant.

Aurore : D'accord.

    Jordan s'approcha alors de Raphaël, et lui fit subir le même sort qu'à Aurore, lui enroulant le ruban autour de la taille, des bras, des poignets, des chevilles... Il le regarda ensuite en souriant.

Jordan : Bien, bien... Tu as une vraie carrure d'épéiste. Il faudra t'en trouver une belle, qui tranche bien !

    Raphaël ne répondit pas. Le mot ''épéiste'' avait l'air de l'avoir scotché.

    Jordan se tourna alors vers Axelle, sans prêter plus d'attention à Raphaël. Il lui enroula le ruban, comme aux deux autres, et se mit à marmonner.

Jordan : Ah... Oui... Je vois... Une lance serait bien...

Axelle : Une... une lance ?

    Jordan releva la tête.

Jordan : Oui, une lance. Tu ne sais pas ce que c'est qu'une lance ?

    Le visage d'Axelle prit une couleur rouge soutenu et elle balbutia :

Axelle : Si si...

Jordan : Bon.

    Il se tourna alors vers Céleste et lui enroula le ruban autour de la taille, puis des poignets, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il se relève.

Jordan : Alors, Céleste... Bah, que dire ? Tu as plus la carrure d'une chimiste. Je te donnerai des boules de produits chimiques, ça t'ira très bien.

    Céleste n'avait pas l'air choquée. Au contraire, elle semblait même soulagée, comme si elle avait toujours voulu être chimiste et que son rêve se réalisait. Peut-être ne savait-elle pas manier une lance, une épée, ou même la magie ? Peut-être était-elle effrayée à l'idée de manier une lame ?

    Elle poussa un soupir de soulagement.

Céleste : Oui.

    Jordan s'avançait à présent vers Luca, qui n'était pas rassuré du tout. Il se laissa pourtant faire, et Jordan lui enroula le ruban autour des bras, des jambes, etc.

    Quand il eut fini, Jordan jeta le ruban sur une étagère et dit à Luca :

Jordan : C'est bien. C'est très bien. Mais c'est aussi très étrange...

    Luca n'aimait pas du tout le ton que prenait Jordan, aussi il demanda timidement :

Luca : Euh, qu'est-ce qui est bien mais très étrange ?

    Jordan leva les yeux vers lui, et Luca vit qu'il était préoccupé. Par quoi, restait encore à savoir.

Jordan : Eh bien... Tu as la carrure d'un archer, il n'y a pas de doute là-dessus, mais...

Luca : Quoi ?

    Luca ne supportait pas cette attente. S'il y avait un problème, autant le dire tout de suite !

Jordan : Il y a longtemps... il y avait dans ce royaume des archers. Et puis un jour, ils se sont éteints. Depuis des centaines d'années, plus personne n'a été archer, car plus personne n'en avait la carrure. Et puis, il existe aussi... une prophétie... une prophétie qui dit que le premier archer à revenir dans ce royaume... eh bien, que ce serait un étranger qui... qui tuerait le roi et... et prendrait sa place... Et tu es le premier à avoir une carrure d'archer depuis des centaines d'années...

    Luca regardait Jordan comme s'il venait de s'apercevoir qu'il était là. Comment était-ce possible que lui, Luca, tue le roi et prenne sa place ? Il ne pouvait tout de même pas tuer le père d'Aurore ? Et de toute façon, il ne voulait pas être roi ! Il voulait juste rentrer chez lui ! Alors cette prophétie ne devait sûrement pas s'appliquer à lui. Ou alors, elle était fausse. Ou alors, elle s'appliquait à une ancienne disparition d'archer, datant de trois mille ans avant. Ou encore, c'était une prophétie qui s'appliquait à la prochaine génération d'archer qui s'éteindrait. Mais en tout cas, une chose était sûre, cette prophétie ne le concernait pas lui, Luca. C'était impossible. Elle ne pouvait en aucun cas lui être destinée.

Luca : Ce n'est pas moi !

    Son cri ressemblait à un cri coupable, comme lorsque l'on prend un enfant la main dans le sac et qu'il crie que ce n'est pas lui. Aussi, il se força à respirer et reprit :

Luca : Cette prophétie. Ce n'est pas de moi qu'elle parle. Ça, je peux vous l'assurer à tous. Je n'ai aucune envie de tuer le roi, ni de prendre sa place. La seule personne que j'ai envie de tuer, c'est Philippe. Alors cette prophétie ne s'applique pas à moi.

    Jordan lui posa une main sur l'épaule.

Jordan : Un conseil. N'essaie pas d'interpréter une prophétie. Si tu essayes, tu vas te rendre fou. Les prophéties sont tellement complexes ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'elles se réalisent à chaque coup.

Luca : D'accord, je retiens. Mais je maintiens ce que je dit : ce n'est pas de moi que parle cette prophétie.

Jordan : Si tu le dis...

    Il n'avait pas l'air convaincu, et changea rapidement de sujet :

Jordan : Bon, sinon, il vous faut des armes. Venez ! On va au fond, c'est l'armurerie. Il faut trouver une épée, une lance, un arc... Ainsi que des armes de secours, au cas où.

    Il partit en direction du fond de la salle, suivi par les autres. Luca les suivit.

    Ils nagèrent pendant un peu de temps avant d'arriver au bout. Pour Luca et Raphaël, nager était plus compliqué que pour les autres, car ils n'avaient pas de queue de poisson. Ils arrivèrent donc en dernier au bout de la salle, à l'endroit où Luca avait vu les étagères remplies d'armes.

Jordan : Voilà ! On va commencer par les filles ! Axelle, si tu veux bien venir ! On va tâcher de te trouver une lance qui te convienne. Commence par celle-là.

    Il décrocha une lance avec la pointe en fer et la hampe en bois, et la lui tendit.

Axelle : Et je fais quoi avec ?

Jordan : Ben tu la lances sur un des mannequins !

    Luca se retint de rire. Ça semblait tellement logique pour Jordan, et tellement pas pour Axelle !

Axelle : D'accord.

    Elle s'exécuta. Elle dirigea la lance vers le mannequin le plus proche. Elle suivit sa trajectoire. Mais, d'un seul coup, au milieu de sa course, la lance explosa. Jordan poussa un soupir.

Jordan : Hum... Non...

    Jordan tendit à la sirène une autre lance, avec la hampe en argent et la pointe en or. Axelle s'en saisit et visa le mannequin le plus proche. Elle lança sa lance. L'effet fut immédiat. La lance partit à la vitesse de l'éclair et frappa le mannequin si fort qu'elle le fit exploser, sans d'abord exploser elle-même en chemin.

Jordan : Et voilà !

    Il se tourna vers Céleste, prit un sac en peau épaisse sur une des étagères et le lui tendit.

Jordan : Tes produits chimiques !

    Céleste prit le sac en souriant.

Céleste : Merci !

    Elle plongea la main dans son sac et en sortit une boule dorée. Il semblait y avoir un dessin sur le dessus, mais Luca n'arrivait pas à voir de quoi il s'agissait. Quant à Céleste, elle semblait avoir compris et s'exclama :

Céleste : Magma ?!

    La joie que l'on entendait dans sa voix faisait un peu peur. Quelle fille fallait-il être pour être heureuse d'avoir dans sa main une boule de magma ?

Jordan : Oui !

Céleste : C'est trop cool !

    Elle lança sa boule sur un mannequin. Aussitôt, celui-ci se retrouva engloutit sous du magma fumant qui se durcit aussitôt. Le mannequin se retrouva coincé sous du magma durci, et Céleste poussa un cri de victoire.

Jordan : Très bien !

    Il se tourna vers Raphaël.

Jordan : À toi, Raphaël !

    Il lui tendit une épée en fer. Raphaël la prit mais ne put la soulever. C'était comme si l'épée était aimantée vers le sol.

    Luca ne put se retenir et éclata de rire. Il savait qu'il n'aurait pas dû, mais c'était plus fort que lui.

Jordan : Hum, non, beaucoup trop lourd.

    Il lui tendit alors une épée en fer identique, mais qui avait l'air beaucoup moins lourde. Raphaël la prit, et cette fois, l'épée ne plongea pas vers le sol.

Raphaël : Et je fais comment ? Je fais comme ça ? Comme ça ?

    Il accompagna ses paroles par des mouvements avec l'épée, et Jordan leva les mains en signe d'impuissance.

Jordan : Tu fais comme tu veux, et tu vas décapiter ce mannequin !

    Raphaël hocha la tête, et, en passant devant Luca, lui adressa un regard noir. Il n'aurait vraiment pas dû rire ! Son meilleur ami semblait vraiment l'avoir mal pris.

Raphaël : D'accord !

    Il alla vers le mannequin, fit un mouvement mal assuré avec son épée et tenta dedécapiter le mannequin. Sans résultat. L'épée ricocha sur le bois et Raphaël faillit même se décapiter lui-même.

    Il posa son épée sur le sol sous le regard attentif de Jordan, qui décrocha une autre épée.

Jordan : Non plus. Essaie celle-là.

    Il lui tendit une épée avec une lame à double tranchant, dotée d'une poignée revêtue d'argent et d'une garde plate cloutée d'or. Elle était vraiment très belle. Raphaël la prit en souriant. Il se dirigea vers le mannequin et lui assena un coup d'épée sur la tête. La lame trancha comme dans du beurre, et la tête du mannequin se sépara en deux morceaux bien distincts.

Raphaël : Ha ! C'est mieux ! Beaucoup mieux !

Jordan : Vraiment mieux, oui !

    Il lui fit un grand sourire et se tourna vers Luca.

Jordan : À nous deux, archer !

    Luca s'avança vers lui, légèrement inquiet, et Jordan lui tendit un arc en bois et des flèches en bois avec les pointes en fer. Luca les prit. Il ne savait pas tirer à l'arc, mais il ne voulait pas passer pour un idiot. Il encocha sa flèche sur son arc et visa un mannequin à une dizaine de mètres. Il ne voulait pas commencer trop haut, il n'avait jamais tiré à l'arc de toute sa vie ! Il lâcha la corde de l'arc et la flèche vibra dans l'air. Elle alla se figer dans le mannequin, mais se brisa aussitôt.

    Jordan lui prit l'arc et le carquois des mains.

Jordan : Non. Essaie avec ça.

    Il lui tendit cette fois un arc en fer et des flèches assorties.

    Luca reprit sa position et décocha une flèche qui se planta pile entre les deux faux yeux du mannequin. La tête de celui-ci vola en éclats, il ne resta plus que le corps.

    Jordan poussa un véritable hurlement de triomphe.

Jordan : Très bien ! Très bien ! C'est ça ! Tu es très doué ! Et en plus, ton arme est de longue portée ! C'est génial !

    Il avait l'ai très excité. Il alla fouiller un coffre en fer et en sortit des shuriken. Très fier de lui, le sourire jusqu'aux oreilles, il expliqua :

Jordan :Et voilà pour moi !

    Il ferma les yeux et les lança à travers la pièce. Il se figèrent tous les deux dans le cou d'un mannequin, dont la tête se décrocha.

    Jordan rouvrit les yeux, et fronça les sourcils comme si quelque chose n'allait pas.

Jordan : Ah non, attendez !

    Il retourna aux étagères, se baissa vers le vieux coffre de fer d'où il avait sorti les shuriken, et en sortit deux épées ainsi que quatre poignards.

Jordan : Ce seront nos armes de secours. Céleste...

    Il lui tendit un poignard.

Jordan : Axelle...

    Il lui tendit le deuxième poignard.

Jordan : Raphaël...

    Il lui tendit le troisième poignard.

Jordan : Et vous, Princesse...

    Il lui tendit le quatrième et dernier poignard. Puis il se tourna vers Luca.

Jordan : Et voilà pour toi !

    Il lui tendit une des deux épées et passa la deuxième dans un fourreau accroché à sa ceinture.

    Luca prit l'épée avec précautions. On n'était jamais assez prudent avec ces choses-là.

Luca : Merci.

    Ils prirent tous une ceinture avec un fourreau et y glissèrent qui son épée qui son poignard. Seul Raphaël prit un deuxième fourreau pour y ranger son épée, en plus du poignard.

Jordan : Voilà, maintenant, on va enfin pouvoir commencer à s'entraîner.

Aurore : Super !

    Elle sautait presque sur place, c'était assez hilarant. Le plus drôle, d'après Luca, c'était de savoir que cette fille n'avait jamais été violente, ni même portée sur les combats, ni sur les sports physiques. Elle avait plutôt la carrure d'une danseuse. Alors savoir qu'elle était enthousiaste à l'idée de s'entraîner à se battre était un peu invraisemblable.

Jordan : Alors, Céleste, tu vas là-bas, tu vois ? Il y a une sorte de bulle, tu la vois ? C'est une bulle protectrice. Tu te mettras dedans pour t'entraîner, comme ça, tu pourras créer tes propres cocktails chimiques sans aucun danger pour les autres. Princesse, vous irez dans la bulle d'à côté, c'est aussi une bulle protectrice où vous pourrez expérimenter la magie sans danger pour les autres. Ensuite, Raphaël et Axelle, vous vous entraînerez là-bas, dans le petit espace réservé aux épées et aux lances. Quant à nous...

    Il regarda Luca avec insistance, comme s'il essayait de lui faire passer un message subliminal.

Jordan : ... nous nous entraînerons dans le plus grand espace, parce que les shuriken et l'arc sont des armes de longue portée. Voilà ! Ça convient à tout le monde ?

    Tout le monde répondit que oui, même si Aurore semblait un peu contrariée. Luca savait pourquoi. Elle ne voulait sûrement pas qu'Axelle et Raphaël se retrouvent seuls au même endroit.

    Il lui sourit alors d'un air rassurant. Elle lui rendit son sourire et, voyant que tout le monde allait de son côté, partit en direction de sa bulle.

    Luca se tourna vers Jordan.

Luca : On fait quoi ?

Jordan : Tu vas t'entraîner.

Luca : Et toi ?

    Jordan haussa les sourcils en souriant. Qu'avait dit Luca de drôle ?

Jordan : Moi ? J'ai pas besoin de m'entraîner.

    Sa réponse était plutôt déconcertante, et Luca ne trouva pas grand-chose à dire, si ce n'est :

Luca : Ah ?

Jordan : Je m'entraîne déjà tous les jours depuis des années. Je suis au plus haut de mon niveau !

    Comme pour souligner la bêtise de la chose, il haussa les épaules d'un mouvement désinvolte.

Luca : Ah.

    D'un autre côté, il était vrai qu'il avait décapité les mannequins en lançant ses shuriken les yeux fermés.

Jordan : Donc aujourd'hui, on va plutôt se concentrer sur ton entraînement à toi.

Luca : D'accord.

Jordan : Je vais aller mettre les mannequins en marche. Pour commencer, on va faire simple. Juste des mannequins qui bougent pas trop vite, non armés et que tu dois stopper. Ensuite on corsera un peu le jeu, petit à petit. Ça va ?

    Non, ça n'allait vraiment pas. Luca n'avait jamais tirer à l'arc, comment allait-il pouvoir s'en sortir ? Cependant, il répondit avec un sourire forcé :

Luca : Ouais, super.

    Il regarda Jordan se diriger vers un gros interrupteur on/off sur le mur. Le triton lui fit signe.

Jordan : Prêt ?

Luca : Euh, ouais !

    Il prit son arc et son carquois de flèches et se prépara.

    Il n'était pas prêt du tout lorsque Jordan abaissa l'interrupteur en criant :

Jordan : GO !

    Les mannequins en bois se mirent à bouger. Luca décocha une première flèche, mais elle ne vola que sur deux mètres avant de se figer dans le sol. De plus, les mannequins étaient en mouvement. C'était donc compliqué de les avoir.

    Il tira six autres flèches avant d'arriver enfin à désactiver un mannequin. En effet, la septième flèche fut la bonne. Il décocha sa flèche et celle-ci alla se figer dans le cou du mannequin qu'il avait visé. Le mannequin s'arrêta soudain de bouger et se désactiva.

    Jordan, dans les gradins, l'encourageait à continuer.

Jordan : Ouais !Vas-y ! c'est ça ! Encore !

    Luca décocha une énième flèche qui atteint un quatrième mannequin dans une partie qui aurait été sensible si ça avait été un véritable homme. Le mannequin se précipita vers lui, une flèche planté dans l'entrejambe. Luca n'hésita pas une seule seconde. Sa vie dépendait de sa capacité à réagir rapidement, alors il décocha une flèche qui se planta cette fois dans le cœur de fer du mannequin. L'homme de bois et de fer s'écroula.

    Mais avant que Luca ait pu crier victoire, un autre mannequin se jeta sur lui. Luca ne s'y attendait pas. Il ne s'y attendait tellement pas qu'il lâcha son arc. Le mannequin l'entraîna dans un corps à corps. Heureusement, le mannequin était sur le mode facile, il n'avait donc pas énormément de force. Et encore plus heureusement, Luca avait l'épée que Jordan lui avait donnée comme arme de secours. Il la sortit de son fourreau tant bien que mal, en essayant de ne pas se faire tuer par le mannequin, qui n'avait pas besoin d'arme pour le réduire en poussière.

    Il arriva finalement à tirer son épée de son fourreau et la brandit devant lui, comme un bouclier. Autant dire que pour un maniement de l'épée, ce n'était pas très glorieux. Il fit un premier mouvement qui écorcha un peu le mannequin. Puis il s'aperçut que, de sa bulle, Aurore l'observait. Un peu malgré lui, il bomba légèrement le torse et fit un mouvement violent avec son épée. La tête du mannequin voltigea à quelques mètres, et le mannequin se désactiva alors aussitôt.

    Luca voulait ramasser son arc, car ça n'aurait pas fait bonne impression à Aurore s'il avait perdu son arme. Malheureusement, un des mannequins avait en tête une toute autre idée. Il shoota dans l'arc de Luca, et l'arme fut projetée loin de son maître. Tant pis, il fallait faire avec, il allait devoir se battre avec l'épée. Il s'avança vers le mannequin, qui ne bougea pas. Il semblait le toiser, malgré l'absence d'yeux. Luca se sentit l'âme d'un héros, ou alors était-ce simplement parce qu'Aurore le regardait, et hurla :

Luca : Ben alors ? T'as peur, fesses de fer ? Allez viens, tronche de bois ! Je t'attends !

    Le mannequin le prit au mot et s'élança vers lui. Luca recula d'un bond, ce qui le propulsa vers le haut. Il commençait à s'habituer à être sous l'eau, et tentait de tourner les choses à son avantage. Il n'aurait jamais pu s'élever à quatre mètre de haut dans son monde, avec le poids, la gravité...

    Le mannequin s'éleva dans l'eau à son tour et s'approcha rapidement du garçon. Luca le taillada alors de tout les côtés, du mieux qu'il put. Avec son épée, il lui fit tellement de trous que le mannequin ressemblait à une passoire. Il se désactiva alors, et les deux derniers mannequins décidèrent de se jeter à deux sur Luca. Celui-ci se retrouva entre deux mannequins tueurs. Il donna un coup de pied à l'un, pendant qu'il coupait la tête à l'autre. Puis il se retourna vivement vers le dernier mannequin et lui planta l'épée dans le cœur. Le dernier mannequin se désactiva alors dans un léger bruit de ferraille.

    Luca poussa un cri de victoire. Il avait tué tous les mannequins ! Et ce n'était que la première fois qu'il essayait. Il était bien amoché, cependant. Il avait des coupures un peu partout, sa lèvre inférieure saignait, et il avait le bras endolori à force de tenir l'épée.Mais le sort de guérison de Jordan marchait vraiment bien, les plaies commençaient à se refermer et sa douleur refluait.

    Tout le monde vint le féliciter, sauf Raphaël, qui était trop occupé à se battre avec les mannequins de son espace d'entraînement. D'ailleurs, il ne semblait pas très en point. Le dernier mannequin semblait lui mener la vie dure, et Raphaël ne semblait pas gagner.

    Luca alla ramasser son arc et décocha une flèche qui désactiva le dernier mannequin contre lequel se battait Raphaël. Celui-ci posa son épée sur le sol et se précipita dans sa direction. Lui-aussi semblait avoir pris l'habitude de se déplacer dans l'eau, car il se déplaçait très vite, et il fut à côté de Luca en un rien de temps.

Raphaël : De quel droit oses-tu ? De quel droit oses-tu tuer mes mannequins ?

    Raphaël se jeta sur Luca, lui balançant un coup de poing dans les dents. Luca sentit une douleur fulgurant lui traverser la mâchoire et cracha du sang. Il s'apprêtait à se jeter sur Raphaël pour riposter quand Aurore se mit entre eux, une main tendue vers chacun d'eux.

Aurore : Mais arrêtez-vous ! Qu'est-ce qui vous prend, tous les deux ? Arrêtez ça tout de suite !

    Raphaël l'attrapa par les épaules, la repoussa violemment et se jeta sur Luca. Celui-ci se défendit et envoya un coup de pied qui toucha Raphaël dans le tibia. Il poussa un cri de douleur, et Luca le fusilla du regard. Il sentait le sang qui continuait à ruisseler le long de son menton. Grâce au sort de guérison, la blessure se refermait, mais elle y mettait le temps.

Aurore : ÇA SUFFIT ! ARRÊTEZ ÇA !

    Elle revint se placer entre les deux garçons. Raphaël la fusilla du regard. Alors, Aurore fit une chose à laquelle personne ne s'attendait. Elle gifla Raphaël. Elle le gifla si fort qu'il cligna des yeux et ouvrit la bouche en grand. Quant à Aurore, ses yeux lançaient des éclairs. Luca ne pouvait se détourner de la lueur meurtrière de son regard dur et froid.

Aurore : Tu est stupide ! Pourquoi tu as fait ca ? Pourquoi ?

    Raphaël ne répondit pas. Il avait l'air prêt à se précipiter à nouveau sur Luca et l'étrangler, malgré la gifle qu'il venait de se prendre.

    Il poussa Aurore une seconde fois, mais cette fois, Luca l'avait vu venir. Il lança :

Luca : Pourquoi tu lui as menti ?

    Raphaël stoppa son mouvement et le regarda, incrédule.

Raphaël : Pardon ?

    L'intervention de Luca semblait avoir fait son effet. Raphaël avait stoppé son mouvement en vol et ne semblait pas se rappeler qu'encore quelques secondes auparavant il rêvait de l'étrangler.

    Luca aurait pu s'arrêter là, mais il ne voulait pas. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'Aurore devait savoir la vérité. Alors il continua :

Luca : Pourquoi tu lui as menti ? À Aurore. Pourquoi tu lui as dit que t'avais passé le début de la nuit dans le couloir à embrasser Axelle ?

    La réaction de cette dernière ne se fit pas attendre.

Axelle : Quoi ?!

    Elle regarda Raphaël, puis Luca, sans doute en quête d'une explication. Quant à Raphaël, il semblait avoir perdu tous ses moyens.

    Il y eut un silence pesant, qu'Aurore brisa enfin :

Aurore : C'est quoi cette histoire ?

    Luca hocha la tête d'un air entendu et se tourna vers Raphaël. C'était le moment de vérité.

Luca : Vas-y, Raphaël, explique-lui. À moins que tu ne préfères que j'explique moi ?

    Raphaël serra les dents. L'envie d'étrangler Luca semblait lui revenir à vitesse éclair.

Raphaël : Tais-toi.Tais-toi. Tu ne sais rien. Tais-toi. TAIS-TOI !

    Il allait à nouveau frapper Luca mais Aurore lui donna une deuxième gifle.

    Raphaël passa sa main sur sa joue rougie tandis qu'Aurore le rabrouait :

Aurore : Espèce d'abruti ! Ça suffit ! Arrête de taper sur ton pote !

    Raphaël devint rouge de colère et s'emporta :

Raphaël : Ce n'est pas mon pote ! Ce... n'est pas... mon... POTE !

    Aurore s'emporta à son tour, devenant rouge comme une pivoine.

Aurore : Ah non ? Alors c'est qui ? Je croyais que t'étais intelligent, Raphaël ! Mais là, je ne comprends pas ! Qu'est-ce qui te prend ?

    Des larmes de rage coulaient de ses yeux, et elle semblait être sur le point d'exploser.

Raphaël : Ce qui me prend ? Mais t'es conne ou quoi, Aurore ? Ce qui me prend ?

    Aurore ne supporta sans doute pas le ''mais t'es conne ou quoi''. Ou alors elle ne supportait tout simplement plus l'énervement de Raphaël contre elle alors qu'elle essayait simplement de savoir la vérité.

    Elle se tourna vivement vers Luca, prit l'épée qu'il avait à ses côtés et se retourna vers Raphaël.

Aurore : Tais-toi ! Tais-toi ! Je te déteste ! Je te déteste ! Je te déteste, Raphaël ! Je te hais ! Tu me dégoutes !

    Elle fit un mouvement avec l'épée et Luca se mit à paniquer. Elle n'avait tout de même pas l'intention de le transpercer avec son épée, si ? Il cria :

Luca : Aurore, non !

    Mais la jeune fille ne transperça pas Raphaël, heureusement. Elle jeta l'épée à ses pieds et se mit à pleurer à chaudes larmes.

    Raphaël avait l'air soulagé et désarçonné à la fois. Peut être qu'il était soulagé de ne pas s'être fait transpercer mais que, d'un autre côté, il pensait qu'il l'aurait mérité.

    Il se tortilla, l'air mal à l'aise.

Aurore : Je... je te déteste ! Tu es trop méchant ! Je croyais que... que t'étais... mon ami... Je te déteste !

    Raphaël s'approcha d'elle. Il semblait au bord des larmes, lui qui ne pleurait jamais.

    Luca le regarda s'agenouiller à côté d'Aurore.

Raphaël : Je... je suis désolé, Aurore... Je... je sais pas ce qui m'a pris... je... je suis horrible, n'est-ce pas ? Tu as raison de me détester... je... je suis vraiment quelqu'un d'horrible... J'ai frappé mon meilleur ami... je t'ai poussée violemment... je t'ai dit des choses horribles... Je suis horrible... Pardon...

    Aurore leva la tête vers lui.

Aurore : Oh non, Raphaël, ne dis pas ça ! Je... je ne te déteste pas... Je me suis laissée emporter... Mais promets-moi de ne plus jamais frapper qui que ce soit si ce n'est pas quelqu'un contre qui on se bat !

    Raphaël hocha la tête, et Luca vit une larme couler sur sa joue. Mais très rapidement, Raphaël réussit à se contenir et les larmes disparurent de ses yeux.

Raphaël : Je te promets.

    Aurore le serra dans ses bras. Puis elle le lâcha et se tourna vers Luca.

    Elle s'approcha de lui doucement et arracha un bout de sa jolie robe violette. Elle essuya la lèvre de Luca avec, même si elle n'en avait pas besoin puisque le sortilège de guérison marchait très bien. Cependant, Luca la laissa faire. La tendresse de son regard était la plus belle chose qu'il avait jamais vue.

Aurore : Est-ce que ça va ?

    Luca lui adressa un sourire.

Luca : Ouais. J'ai encore toutes mes dents, je pourrais donc sans doute encore manger des pommes.

    Aurore se mit à rire, lâchant par la même occasion le bout de tissu. Luca sentit une vague de chaleur le traverser. Voir Aurore rire était une chose merveilleuse.

Aurore : T'es bête !

    Elle se leva et alla chercher l'épée. Elle la tendit à Luca, qui se releva lentement.

Aurore : Tiens.

    Luca prit l'épée et la glissa dans son fourreau.

Raphaël : Tu sais que j'ai vraiment cru que t'allais me transpercer ?

    Aurore se tourna vers lui et lui lança un regard mi-en colère mi-amusé.

Aurore : J'en avais l'intention, crois-moi ! Et puis j'ai pensé que je ne me battais pas avec mes amis, moi !

    Raphaël baissa piteusement la tête. Il ne semblait pas très à l'aise.

Raphaël : Ouais... Je suis désolé... Luca, Aurore... Je suis vraiment désolé...

    Luca se leva et lui tapa sur l'épaule. Il devait à tout prix dédramatiser la situation.

    N'ayant pas vraiment d'idées, il lança la première chose qui lui vint à l'esprit :

Luca : T'as de la chance qu'Aurore soit intervenue, sinon je t'aurais mis la pâtée !

    Raphaël lui sourit. Apparemment, il était content que Luca intervienne pour dédramatiser, et il répondit sur le même ton :

Raphaël : Nan, je t'aurais mis une raclée avant !

Les deux garçons éclatèrent de rire. Luca était content. Il avait eu peur un instant que son amitié avec Raphaël ne se dégrade vraiment après cet incident. Ça aurait été insupportable de savoir que son amitié avec Raphaël était partie en fumée. Et ça aurait sans doute été insupportable aussi pour Aurore. Et sans doute aussi pour Alissia, Pierre, Thomas et les autres, si bien sûr ils les revoyaient un jour. Rien n'était moins sûr. Il fallait d'abord qu'ils arrivent à vaincre Philippe et ses troupes. Et ça n'allait pas être une mince affaire, ça, Luca le savait. Il savait aussi qu'ils risquaient tous leur vie. Mais la survie de deux mondes était en jeu. Ça valait le coup d'essayer. Ils ne pouvaient pas abandonner, et ils devaient être plus unis que jamais s'ils voulaient y arriver.

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