Il y a bien longtemps, au pays des songes, deux gardiens vivaient dans un château et celui qui gouvernait tout sur le trône ; n'était autre que mon adorable petit frère. Nous étions les princes de ce monde, doux et coloré, aux allures de contes de fée. La destinée nous divisa en deux rôles : confiés à veiller comme les gardiens, nous, les pitoyables jumeaux, sur l'Arbre des songes, notre mère bien aimée. « Quoiqu'il en soit, je te protégerai à jamais, alors reste en paix et continue de sourire... » T'avais-je dis un soir ; ce soir où je t'avais offert ce mantelet doré. Pour te protéger des ombres de la nuit. Toi, tu en riais gaiement avec tant innocence...

Simplement pour te protéger mon cher frère, j'en deviendrai moi-même possédé par le mal. Et c'est ce qui se produisit, en ce jour fatidique où la fatalité inébranlable de notre destinée frappa de nouveau. Nos destins n'étaient pas vraiment liés, ils n'ont fait qu'un temps se croiser...

Pourtant, il y avait de grandes attentes envers nous depuis que nous étions nés . Le son des cloches nous bénissait, tous nous acclamaient avec bonheur. Mais dès le début de nos vies, pour d'égoïstes raisons, notre futur fut déchiré en deux...

Bientôt notre royaume finira en ruines... Même si nous l'avions si bien mérité, nous serons submergés par le mépris. Et sûrement, en dépit de ça, tu continueras à défier pour moi tous ses visages remplis de haine à mon égard. Si j'étais proclamé comme le mal, nous n'en avons pas pour autant le même sang maléfique coulant dans nos veines.

On entendait un lointain écho, réminiscence du passé se mêlant aux vastes mers tableau philosophique, qui plaît au cœur de chagrins agités. Quand de ton sein par les vents tourmentés, quand des écueils et des grèves antiques. Sortent des bruits, des voix mélancoliques. L'âme attendrie en ses rêves se perd et s'égarant de pensée en pensée, comme les flots de murmure en murmure, elle se mêle à toute la nature. Avec les vents, dans le fond des déserts, elle gémit le long des bois sauvages. Sur l'Océan vole avec les orages, gronde en la foudre, et tonne dans les mers : les plus sincères regrets d'un frère désolé...

Debout, seul sur un quai, bien au loin de ce désastre que j'avais créé, je contemplais les flots oniriques. Mélancoliquement, une bouteille à la main que je lançai à la mer. Selon une croyance transmise au fil du temps, cette mer cacherait un secret. Si un vœu est inscrit sur un parchemin et ce dernier embouteillé, en le laissant dériver au grès du courant : votre souhait sera exaucé. Ainsi est emportée la bouteille de verre contenant le message de mon vœu. Silencieusement et graduellement, elle disparut derrière l'horizon.

Puis, il s'assit, contemplant l'astre des nuits, perçant des nuages épars, qui laisse dormir en paix ses longs et doux regards. Promène ses pâles solitudes au-dessus des solitudes sur la vaste et sombre, bien trop sombre étendue.

Malgré toutes les misères, tu as toujours été là, pour tout faire en sorte de mon bonheur. Néanmoins, je réalise que par mon égoïsme, je ne t'ai causé que des ennuis... Tu n'es désormais plus à mes côtés pour égailler tous les instants. Dès à présent, je devrai laisser à la mer la volonté qui m'est la plus chère...

Ainsi fut emporté mon ultime souhait, accompagné de larmes et de regrets. Inopportunément, je comprends et réalise mes fautes, mais cela implique qu'il est trop tard pour me pardonner...Si un jour il nous sera permis de nous rencontrer, j'aimerais qu'à nouveau nous puissions, juste une fois, contempler la voûte étoilée...

[Fin]