Le lendemain, je décidai d'aller voir Cassy; je voulais en finir rapidement, finalement laisser mon ancienne famille derrière moi et tourner la page.

- Hey, où tu vas si tôt le matin ? me demanda Frisk alors que je m'apprêtais à sortir. Tu devrais encore être au lit, tu es encore en convalescence !
- T'inquiète pas, je vais beaucoup mieux. rassurai-je avec un sourire forcé. De plus, j'ai été invitée à revoir ma soeur et ne veux pas remettre ça à plus tard...
- Oh, est-ce que je peux t'accompagner ? proposa-t-elle alors immédiatement. Je peux être ton support moral !
- Aww, c'est gentil Frisk... murmurai-je, très touchée. Mais tu es sûre que ça ne te dérange pas ?
- Mais pas du tout, tu es ma grande soeur, je te dois bien ça ! s'exclama-t-elle en me prenant la main.
- Frisk, tu ne me dois rien du tout. dis-je sérieusement. Je t'es déjà pardonnée, tu n'as pas besoin de venir si tu ne veux pas.
- Je veux, je veux ! assura Frisk, me tirant dehors. Allons-y !
- Haha, très bien alors. soufflai-je roulant des yeux.

Le chemin aurait pu être gênant et angoissant mais, avec Frisk à mes côtés, c'était comme quand on était encore dans l'Underground : une aventure, stressante mais amusante.

Je ne pense pas que j'aurais été d'une si bonne humeur sans elle pour me rassurer, ce qui au final fut ce qui m'a sauvé ce jour-là... Enfin, honnêtement, ce n'était pas moi qui a été sauvé, juste mon corps...
J'avais sonné et, quelques minutes après, Cassy nous a ouvert, le sourire aux lèvres.

- Ah, Chara, ça fait plaisir de te voir. s'exclama-t-elle d'un ton mielleux. Contente que tu aies pu prendre le temps de venir si vite.

Je ne savais toujours pas trop quoi lui dire, je ne savais même pas que j'avais une petite soeur avant le jour précédent et ne savais pas trop comment lui parler... Comme une grande soeur ? Ce serait bizarre, elle était plus âgée que moi... Comme une petite soeur ? Je n'étais quand même pas la petite soeur... Encore une fois, heureusement que Frisk était là, je pouvais donc commencer par là.

- Je trouvais que c'était plutôt important, donc me voilà. dis-je avec un sourire un peu forcé. Je suis accompagnée, j'espère que ça ne te dérange pas...
- Non, ce n'est pas du tout un problème ! s'exclama-t-elle, mais la vitesse de sa réponse semblait montrer le contraire. Qui est-ce, une amie à toi ?
- Oui, ma meilleure amie. répondis-je, souriant alors que je faisais signe à Frisk de s'approcher. Enfin, vu qu'elle a aussi été adoptée par la famille royale elle est aussi ma soeur...
- Enchantée madame Cassy, je suis Frisk, l'ambassadrice des monstres ! s'exclama Frisk avec un grand sourire. C'est un plaisir de vous rencontrer !
- Haha, quelle énergie ! rigola Cassy, nous tournant le dos pour rentrer dans le manoir. Entrer, prenons le thé ensemble.

Le manoir ne ressemblait pas à celui que je me rappelais, rien n'était pareille à part le parquet. Cassy semblait avoir tout redécoré et je comprenais bien pourquoi... Elle aussi avait probablement de mauvais souvenirs de nos parents et voulait mettre tout ça derrière elle, c'était sûrement pour ça qu'elle m'avait invité d'ailleurs.
On s'assit à la table et Cassy nous servit du thé aux raisins qu'elle avait fait maison - il était acide, mais ni moi ni Frisk n'avait osé le lui dire. Nous avons bu dans le silence, un silence de mort... C'était très gênant, mais il n'y avait rien à dire. Heureusement que Frisk parle sans réfléchir.

- Hey, c'est rigolo, vous avez le même style. remarqua-t-elle en pointant nos pulls du doigt. Vert à rayures jaunes.
- Nos parents étaient assez pauvres, ils m'habillaient avec les habits de Chara quand j'étais petite... expliqua Cassy, jouant avec la cuillère dans son thé. J'y suis devenue habituée, et j'ai continué à m'habiller comme ça depuis.
- Mais tu vis dans un grand manoir...? demanda Frisk, confuse. S'ils pouvaient payer un manoir, pourquoi pas des habits ?
- C'est de nos grand parents. mentis-je automatiquement, ne voulant pas que Frisk sache à quel point nos parents étaient horribles avec leurs enfants.
- Voilà ! dis Cassy avec un faux sourire. Donc à l'époque, je n'avais que ça à mettre.
- Tu voulais pas te reconstruire ? demandai-je, confuse. Trouver ton propre style ?
- Je pense que j'ai déjà réussi à faire ça, ne penses-tu pas ? demanda-t-elle avec un petit rictus. Je veux dire toi tu es plutôt couleurs vives ou pastel.
- C'est vrai, les couleurs ternes te vont bien. dis-je en hochant la tête. Ça te donne un air de femme mature, tu es très belle.
- Haha, c'est le genre de choses que je n'imaginais qu'une grande sœur dire. rigola Cassy, rougissant un peu. Merci, t'es chou.
- Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? demanda Frisk, ayant sûrement remarqué que cette conversation était finie et que le silence allait revenir.
- Hey, pas besoin de me vouvoyer, Frisk. dit Cassy avec un rire nerveux, visiblement gênée. Je veux dire, tu fais partie de la famille de Chara, donc on est pratiquement soeurs.
- Alors tu peux tout nous dire ! s'exclama Frisk, folle de joie. Tu fais quoi comme travail ? Tu es en couple ?
- Haha, et bien je travaille dans un bureau, rien d'intéressant, et je suis célibataire. répondit-elle, regardant le mur puis la tasse vide de Frisk et la mienne à moitié vide. Vous voulez plus de thé ?
- Non merci, même pas fini mon verre, j'ai plus soif. dis-je avec un sourire, trop polie pour dire la vraie raison.
- Moi je veux bien ! s'exclama Frisk avec un sourire - et je suis sûre que c'était une façade pour cacher à quelle point elle allait regretter cette décision.
- Okay, je vais chercher le thé. dit Cassy avec un sourire mielleux. Mais dites-moi, comment est vos vies à vous ?
- Oh pas gran-... commençai-je avant d'être coupée par Frisk.
- Et bien moi je suis ambassadrice et Chara est princesse des monstres ! s'exclama-t-elle, contente de pouvoir enfin parler. Je suis en couple avec Asriel, un vrai ange, et Chara a un crush sur son ami Sans.
- Oooh, et elle ne lui a pas encore dit ? demanda Cassy, apparemment très heureuse par la nouvelle - à l'époque j'étais confuse, mais maintenant je comprends. D'ailleurs Chara, tiens.

Elle posa alors une fleur dorée en papier à côté de ma tasse. Je la regarda avec confusion pendant quelques instants, mais ensuite je compris et souris - c'était une des fleurs en papier que j'aimais faire étant enfant !

- Je me suis dit que ça devait être important pour toi, alors je l'ai gardée. expliqua-t-elle avec un sourire. Je ne pensais pas que j'allais te rencontrer, mais je t'attendais.
- Aww... souffla Frisk avant de boire son thé acide.
- Est-ce que vous venez d'arriver dans le village ? demanda Cassy avec un rictus, supportant sa joue avec sa main.
- Oui, il n'y a pas longtemps. dis-je avec un sourire nostalgique. Ça fait pas longtemps qu'on a réussi à libérer les monstres.
- Oh jolie, princesse sauveuse des monstres, je prends note. rigola Cassy, regardant ses pieds. Tu es vraiment mille fois mieux que moi.
- Hey, tu es très bien comme tu es ! m'exclamai-je, gênée par le nombre de fois qu'elle avait fait ce genre de commentaire. Tu ne dois pas te comparer à moi, pas vrai Frisk ?
- Je dois aller aux toilettes, je vous laisse ! cria Frisk alors qu'elle courut dans la direction des toilettes. Mais elle a raison Cassy !

Je regardai alors la tasse de Frisk et vit qu'elle l'avait fini. J'étais honnêtement impressionnée; il faut être une battante pour finir deux tasses de ce truc. Je regardai ensuite Cassy en mordant ma lèvre; merde, sans Frisk on allait être dans un silence gênant jusqu'à la fin de la pause pipi... Quel cauchemar. Cassy semblait aussi être gênée par la situation, elle regardait ses pieds à nouveau, jouant même avec sa chaussure.

- Hey, euh... Si tu veux, on peut partir. soufflai-je, grattant ma joue. Je vois bien qu'on a pris assez de ton temps.
- Nan nan, reste grande soeur ! s'exclama Cassy avec un sourire, se levant soudainement. Enfin, je suis plus âgée maintenant... Alors, reste soeurette~
- Euh... Pourquoi tu te lèves...? demandai-je, soudainement anxieuse et confuse. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Comme réponse, je reçus un couteau dans la joue, et du me jeter au sol pour que ça n'aille pas plus loin. Mon coeur battait à la chamade et je me mis en position de défense; qu'est-ce qu'il se passait ?!

- Écoute petite soeur, j'ai attendu ce jour depuis que je suis toute petite, toute ma putain de vie ! dit-elle, pointant son couteau sur moi alors qu'elle s'approchait de moi. J'ai voulu te tuer toute ma vie, et que ton amie soit là ne va pas m'arrêter !
- Qu-quoi ?! demandai-je, abasourdie. M-mais pourquoi, qu'est-ce que je t'ai fait ?!
- Tu as pourri toute ma vie ! grogna-t-elle, me faisant une coupe au bras. Nos parents t'aimaient tellement qu'ils voulaient que je sois toi, j'ai passé toute ma vie à ne pas être assez bien comparé à toi !

Je lui donnai un coup de pied pour l'arrêter puis un autre pour l'envoyer loin de moi; je ne voulais pas utiliser de violence, pas pour l'instant, je voulais comprendre ce qu'il se passait.

- Je sais pas ce que nos parents t'ont dit, mais ils ne se sont pas intéressés une seule fois à moi avant ça, j'ai quitté la maison pour ça ! m'exclamai-je, essayant de la raisonner. Je ne suis pas ton ennemie, Cassy, je te comprends !
- Conneries, pourquoi tu m'as abandonnée seule avec eux alors ?! grogna-t-elle, esquivant mon coup de pied et me plaquant au sol - ce qui, au passage, me donna un coup de front en plein nez. Tu es une connasse, tu m'as volé ma vie, avoue-le !
- Bordel, je savais même pas que tu allais exister, qu'est-ce que tu voulais que je fasse ?! criai-je en me débattant. Frisk, à l'aide, Frisk !
- Oh, laisse tomber, le temps qu'elle revienne des toilettes tu sera déjà morte, je me suis entraînée tu sais. ricana Cassy, me plantant le couteau dans ma main pour que j'arrête de bouger. Oh, et que je suis contente que tu avais ce garçon que tu n'as pas dis que tu aimes, tu mourras misérable et sans amour, comme tu le mérites !

À ce moment là, toute ma panique et mon désespoir se sont mélanger pour former une seule détermination, celle que j'avais utilisée une fois à la fin du génocide : mon instinct de survie. En autopilote, j'attrapai le couteau avant elle et le retirai de ma main en un seul mouvement. Je ne voulais pas mourir, comme je ne voulais pas que Sans tue encore une fois Frisk, je devais me défendre ! Avant même de pouvoir m'en rendre compte, le couteau avait transpercé l'âme noire de Cassy... Cassy qui me regardait avec choc et horreur.

- Je... souffla-t-elle alors que son corps me tomba mollement dessus. J-j'imagine que tu tues aussi mieux que moi...

Je poussai le cadavre de côté pour pouvoir me lever, puis le regardai, n'ayant que très peu compris ce qu'il venait de se passer. Je ne sais pas si c'était parce que c'était de la légitime défense ou à cause du LOVE, mais je ne regrettais pas du tout ce que je venais de faire, j'étais juste... Juste prise d'un fou rire à m'en faire mal jusqu'aux boyaux.

Je ris tellement que je vis mes larmes s'entremêler avec mon sang et celui de Cassy, tellement que j'entendis à peine Frisk appeler les secours.

- Ça va aller, Chara... souffla-t-elle en me serrant dans ses bras. Une ambulance va arriver et je dirais à la police que tu t'es juste défendue.
- J-je l'ai tué... rigolai-je essayant d'essuyer mes larmes - je n'étais pas triste, je ne regrettais pas, alors pourquoi pleurais-je ?
- Et j'ai entendu qu'elle voulait te tuer et que tu essayais de la faire arrêter, alors ne t'inquiète pas... poursuivit Frisk d'une voix douce. Je suis désolée d'avoir pas pu venir plus tôt, d'avoir pas pu te défendre, je m'étais perdue...
- Ne t'en fais pas Frisk, ce n'est pas ta faute. dis-je doucement - c'était celle de Cassy ! Et puis, je suis vivante, c'est ce qui compte.

Elle hocha de tête et nous attendîmes l'ambulance ensemble et elle resta à mes côtés pendant environ une heure. J'avais dû rester à l'hôpital toute la journée pour qu'ils s'assurent qu'il ne m'était rien arrivé de grave, alors elle appela Sans pour la remplacer, pour s'assurer que j'étais en sécurité...
Mon cerveau au LOVE de 7 ne retint qu'une seule chose de tout ça : avoir tué Cassy m'avait permis d'être le centre du monde de Sans pendant des heures.