Elle était tout.
Un petit squelette se tenant devant une tombe se remémorait son passé avec son épouse, maintenant décédée il y a 6 ans. Il ne s'en remettait pas. Après tout, qui pourrait se rétablir de la mort de celle que l'on avait aimé pendant toute une vie ? Du haut de ses 98 ans, Sans perdait pied. Le temps qui passait ne semblait plus l'importer. Il venait voir sa femme toutes les semaines et lui racontait les nouvelles. Avec une voix fatiguée, il honora sa "tradition".
- Salut, Jolie cœur.. Je t'ai manqué ? Heh. Désolé pour l'absence un peu plus longue, je devais rester aux côtés d'Alice. Tu sais, pour la naissance de son fils, je te l'avais dis non ? Enfin bref. Son fils est mi squelette mi chevreau et il est mignon ! Il a tes yeux.. Bleu comme le ciel. Tu serais si fière d'Alice.. Elle était très triste que tu ne sois pas là.. Mais bon, tu la connais, elle est forte et déterminée ! Je pense qu'elle tient ça de toi.
Sans se mit à regarder le ciel. Depuis combien de temps n'avait il pas regardé le ciel avec Frisk ? Sa voix se brisa un peu plus.
- Tu te rappelle lorsque tu es partie ? Ma promesse ? Je ne l'ai pas oublié tu sais. J'espère que tu ne m'oublie pas là haut.
Il ferma les yeux tandis que quelques larmes coulaient sur ses joues composées d'os.
...
"Bip.. bip.."
Le son de l'électrocardiogramme semblait combler le silence de mort qui reignait dans la pièce. Ils étaient tout les deux dans cette pièce, échangeant des regards, communiquant sans vraiment parler. Ils se tenaient la main pour la dernière fois. Des larmes cristallines roulaient sur les joues ridées de la vieille dame. Elle le savait, c'était le grand jour. La grande faucheuse allait bientôt venir l'arracher des bras de ses proches. Son mari, quant à lui, restait silencieux. Sa gorge était nouée et la vue de sa femme en train de partir loin de lui l'étouffait. Cependant, il avait quelque chose à lui dire.
- Jolie cœur.. Pourquoi le squelette n'oublie jamais ?
- Pour... Pourquoi.. ?
- Parce que ses souvenirs de ce qu'il aime lui sont gravés sous la peau. Promet moi que tu ne m'oublieras pas là-haut.
La prise sur la main de Sans se relâcha légèrement. L'esprit de Frisk se vidait peu à peu.
- Je le promet. Je.. t'ai.. me.. Sac d'os..
La main qui auparavant serrait si fort celle du son mari se détendit, démontrant à Sans que sa femme était désormais partie.
- Heh.. Moi aussi, je t'aime, Jolie cœur.
Il se pencha, tel un gentleman, et déposa un doux baiser sur la main de celle qu'il avait aimé durant plus de 60 ans.
C'était fini. L'électrocardiogramme s'apaisa, et les pics auparavant réguliers disparurent, laissant à leur place un son assourdissant. Sans s'affaissa sur le lit de sa défunte femme et laissa la tristesse l'envahir. La tempête d'événements venait de se déclencher et ne s'arrêtera que lorsqu'ils auront fait leur deuil. Sans ne le fera jamais.
- Frisk.. Reset.. Je te l'autorise pour cette fois, je t'en prie Reset tout.
Aucun signe, l'ambassadrice s'était éteinte.
...
Sans se releva et déposa le bouquet de fleurs dorées sur la grande tombe en hommage à la libératrice de tout un peuple. Après un soupir las, il s'éloigna du cimetière et rejoignit sa fille Alice à l'hôpital. Le père étant absent, Sans s'était proposé pour ramener sa fille à son appartement.
Il monta donc rapidement dans sa voiture, tourna la clé et se dirigea vers le centre hospitalier, toujours la tête pleine de pensée pour sa femme. Il attendait devant le grand établissement, les mains sur le volant.
"Quelle injustice. Pourquoi n'ai je pas le droit de vieillir avec toi ?"
Ses yeux se fermèrent à nouveau. Il réalisait cette action à chaque fois qu'il voulait voir le visage de Frisk, elle était gravée dans son esprit. Un bruit de portière l'arracha à ses pensées.
- Salut Papa !
Alice venait d'ouvrir la portière arrière était en train d'attacher le nouveau né sur la banquette arrière. sans l'observa une nouvelle fois. Le petit avait une fourrure blanche comme neige, des longues oreilles comme son père mais ses bras, ses mains, ses jambes et ses pieds étaient sans peau ni muscle, trait qu'il tenait de sa mère. Cette dernière repassa à l'avant et s'asseya à côté de son père. Elle était toujours aussi belle. Ses cheveux courts châtains, ses yeux (orbites) rouges, et son corps squelettique. Elle tenait presque tout de son père. Le seul trait qu'elle avait hérité de sa mère était son âme humaine: la détermination. Elle se pencha vers son père et déposa un léger baiser sur sa joue droite.
- Comment va maman, aujourd'hui ?
- Elle.. te félicite pour Noa.
- Aw~ Super !
Elle se mit à sourire. Une de ces habitudes chez elle qu'il aimait tant, son sourire ressemblait tellement à celui de Frisk.
- Papa..
- Je sais, je sais.. Pardon..
Il essuya les larmes qui avaient coulé.
- Ça ne te dérange pas que l'on aille lui rendre visite ? J'aimerai lui présenter Noa.
- Pas de problème, gamine.
Elle s'attacha et observa le paysage qui défilait devant ses yeux, toujours attentive à son fils qui s'était endormi dans sa coque. La grille du cimetière était toujours ouverte.
- Voilà..
Sans caressa doucement le bras de sa fille en signe de soutien. Elle descendit de la voiture et prit Noa dans ses bras. En s'approchant de l'entrée du cimetière, il entendit une voix familière. Alice s'était arrêtée également et tentait d'écouter. Une voix aiguë et déformée s'éleva. Flowey. Sans ne supportait pas de voir cette fleur près de la tombe de sa femme, alors qu'il s'apprêtait à intervenir, sa fille l'en empêcha.
- Laisse le. Il fait son deuil, lui aussi.
Digne de la nouvelle ambassadrice. Il acquiesça et se mit à écouter.
- Frisk. Il serait temps d'arrêter de faire semblant de dormir maintenant. Ça fait 6 ans jour pour jour et tu ne t'es pas dit que tu faisais souffrir tout le monde ? Réveille toi et vite.
Sans et Alice s'echangèrent un regard tandis que la voix aiguë de Flowey s'arrêtait. Il venait de partir. En s'avançant vers la tombe, l'expression de Sans se referma.
- Bonjour maman. Papa t'as parlé de Noa, non ? Je l'ai avec moi.
Le petit, qui jusque là était endormi, se mit à pleurer. Alice essaya de le calmer, sans succès.
- Hehe, on a encore du mal ? Je peux ?
Sans tendit les bras vers la maman. Cette dernière sourit et plaça l'enfant dans les bras de son grand père. Sans se mit à chantonner "Can't help falling in love" d'Elvis en le berçant doucement, chose qu'il réalisait lorsqu'il voulait calmer Alice. Noa s'arrêta de pleurer au bout de quelques minutes tandis qu'Alice semblait intriguée.
- Un problème ?
- Rien.. J'ai juste eu l'impression de sentir une présence quand tu t'es mis à chanter..
- Tu veux rentrer ?
- Oui.
Ils s'éloignèrent de la tombe doucement.
...
Un bruit de terre remuée. Un corps qui se débat sous un poids.
- S.. An.. S..
Alice et Sans se retournent et reculent sous l'effet de la surprise. Devant eux, un corps en difficulté. Un squelette était allongé sur l'abdomen et tentait tant bien que mal d'atteindre le blagueur.
- Papa..
Il se plaça devant sa fille afin de la protéger. La voix brisée et fatiguée retentit une nouvelle fois.
- Sa..ns..
Sans ne comprenait pas. Qui était ce monstre. Il ne l'avait jamais vu. Cependant, lorsque que ce dernier leva la main vers lui, il eut l'envie de l'attraper et de ne plus jamais la toucher. Son âme semblait lui dicter d'aller le voir, de l'aider et de ne plus jamais le lâcher. Il s'approcha du corps et s'accroupit.
- San..s..
- Je suis là. Qui es-tu ?
Il retourna le nouveau venu. Son âme lui fut enfin apparente. Une âme rouge vive, pleine de vie mais.. à l'envers. Une âme de monstre colorée ? Ce rouge.. L'âme se mit à résonner face au contact de la main de Sans.
- Papa ?
- Attend.
- A.. Li.. ce..
La créature souffla à nouveau. L'âme de Sans se détacha de son corps.
- Attendez une minute, je vais vous soigner.
Le père posa ses mains sur les côtes de l'inconnu et l'aida à se sentir mieux. Ce dernier sembla s'apaiser, ses paroles et sa voix furent bien plus limpides.
- Pourquoi le squelette n'oublie jamais ?
Cette voix, elle résonnait dans l'esprit du pauvre squelette. Il essayait tant bien que mal de résoudre le mystère de cet inconnu.
- Pourquoi ?
- Parce que les souvenirs de ce qu'il aime lui sont gravés sous la peau. Je ne t'ai pas oublié. Et toi ? Te souviens-tu de moi ?
Pourquoi n'y avait-il pas pensé avant ? C'était sa femme. Frisk. Son âme, comment avait-elle pu devenir celle d'un monstre ?
- Je ne t'ai pas oublié.
Il se pencha et posa son front contre celui de sa femme. Non, il ne l'avait pas oublié..
- Je ne t'ai pas oublié.. je ne t'ai jamais oublié..
Alice s'approcha et réalisa que sa génitrice, qu'elle n'avait pas vu depuis si longtemps, était à nouveau là et que désormais, leur famille n'était plus brisée. Frisk approcha sa main et caressa la joue de Noa avec un sourire, lui adressant ses félicitations.
------------------------
Alice:
SkeleFrisk:
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro