Voyant que le visage de l'enfant virait au rouge, Sans ôta son pied de sa tête et cessa de tirer comme un forcené, sur la laisse de fer. Il avait eu assez d'amusement de toute manière, du moins, pour l'instant. Puis, il se pencha pour empoigner vigoureusement, de sa main osseuse, une touffe de cheveux d'Alex. Le forçant à d'abord redresser la tête, pourvoir l'expression de son visage et contempler la souffrance et la douleur, déformer ses traits enfantins.

ll jubilait, se délectant du spectacle qu'offrait cette succession de rictus qui se dessinait sur le visage de l'enfant, les uns après les autres, selon s'il tirait d'un côté ou de l'autre, suivant l'intensité du mouvement. Puis, il tira plus fort pour le relever, ce que fit l'enfant en grimaçant amèrement de douleur. Les plaintes et les gémissements du petit formaient un son fortement agréable pour le squelette, sonnant presque comme une douce mélodie qui accompagnait cette grotesque représentation.

-Ouah, l'en faut peu pour t'maîtriser gamin... J'en aurais presque l'souffle coupé hé hé...Raya Sans.

- Aie ! Tu me fais mal !

-Dommage, moi j'Sans rien hé hé hé...

-Aie, arrête s'il te plaît...

-Nope, ça me plaît... Hé hé hé hé hé...

Au bout de quelques minutes, le squelette finit par le lâcher, tandis qu'Alex, tout tremblant, se tenait la tête. Faisant tout son possible pour que Sans ne puisse pas voir les larmes couler le long de ses joues, l'enfant gardait la tête basse. Mais voulant contempler de nouveau son œuvre, ce visage déformé par la souffrance et les pleurs, le squelette lui prit le menton pour lui faire relever la tête. Plongeant profondément son regard écarlate, dans celui du pauvre enfant, où se lisait terreur et douleur. 

Le petit fit tout son possible pour détourner le regard ou fermer les yeux mais rien n'y fait. Tétanisé par cette même peur qui le paralysait, il ne put que regarder, à son tour, les orbites aux pupilles pourpre du squelette.On dit souvent que les yeux sont les portes de l'âme d'une personne, ceux de Sans, suintaient la haine... Néanmoins, pendant un bref instant, dans cette haine acre rubiconde, l'enfant su déceler, peut-être de par son innocence, une once d'amour. Au cœur d'un tourbillon de colère, de haine et de rancœur, battait faiblement un petit cœur craquelé blanc. Mais haine et amour ne sont-ils pas les sentiments les plus similaires de la création ? Troublé, le jeune garçon recula d'un pas et se libéra du squelette. Pouvait-il vraiment y avoir du bon en un être si malveillant ?

Ayant satisfait son plaisir, Sans ne chercha pas à réprimander une fois de plus l'enfant et se contenta de soupirer en rangeant ses mains dans ses poches. Quant à Alex, Le collier ceint autour du cou d'Alex lui empêchait tout mouvement et le résignait à attendre que son « maître » veuille bien se donner la peine de faire quelque chose. Ce qui ne tarda pas. Le squelette tira de nouveau sur la laisse du gamin qui manqua de trébucher sur une dalle de pierre.

-P'tain... c'que t'es maladroit gamin, ricana Sans.

Alex lança alors à Sans un regard noir... L'heure de la rébellion sonnait, ce que le squelette au regard de braise, n'apprécia pas du tout. Apprécions nous que les objets qui nous appartiennent nous résistent ? Une poignée de porte qui refuse de s'abaisser, ou bien, une machine à café quine remplit pas son rôle, ou encore, un chien qui n'écoute pas son maître ; à le don considérable de nous énerver, n'est-ce pas ? Nous nous sentons frustré, désœuvré par cette dissidence. Et bien pour Sans, c'est exactement le même sentiment qui le parcourait en cet instant.

Que son bien se révolte était tout à fait légitime et compréhensible, surtout au début. Néanmoins, il fallait le recaler rapidement, au risque d'en perdre définitivement le contrôle. Il leva son bras au-dessus de sa tête ; allait-il encore utiliser sa magie contre le garçon ? Son expression n'avait pourtant pas changé... Toujours ce sourire mesquin et malsain placardé sur sa face osseuse et son regard à l'effrayante lueur vermeille.

-Tu t'prends pour qui sale gosse?!