Je gambade dans Waterfall, venant du labo d'Alphys. Elle devrait pouvoir récupérer la plupart des parties de Mettaton. Elle va juste en chier pour refaire un corps et une tête, d'autant plus une qui ressemble à Mettaton.

Sur le chemin, je vois Papyrus arriver en vitesse, s'approchant de plus en plus de moi jusqu'à s'arrêter à environ un mètre et demi de moi. "HUMAINE! HUMAINE! MON FRÈRE EST INTROUVABLE ET LE GRILLBY'S EST EN FEU!"

J'essaye de procéder les informations. "...Quoi?"

"LE BAR DE GRILLBY EST EN FEU!"

Je ne perds pas plus de temps et me mets à sprinter à travers Waterfall, ne prenant guerre le temps d'admirer le lieu comme j'ai l'habitude de faire, mais restant à l'écoute des pas de Papyrus derrière moi, et puis je traverse Snowdin, ignorant les maisons, m'approchant de plus en plus d'une source de lumière et de chaleur, avant de voir le petit restaurant-bar en état de combustion.

Le barman est debout devant, sa tête entre ses deux mains. "C'est pas vrai!"

"Qu'est-ce qui s'est passé?"

"...Un imbécile m'a vidé une bouteille dessus de derrière moi, et j'ai à peine le temps de me tourner qu'il n'y a personne derrière, que Sans a disparu, et que mon..." Il tend les deux bras, paumes au ciel, vers ce qui était son lieu de travail il n'y a pas si longtemps. "Mon bar!" Il tombe à genoux. "Je suis ruiné..." Il baisse son regard et serre ses poings. "Si Sans payait sa foutue addition, j'aurai pu financer la reconstruction... Mais je suis foutu, foutu de chez foutu!" marmonne-t-il d'entre ses dents, où qu'elles soient dans ces flammes.

"Merde, je suis désolée. Tu sais où il est?"

"Il ne devrait pas être loin, il m'a confié qu'il ne peut pas se téléporter au-delà d'un rayon d'une paire ou deux de lieues."

"Je n'ai aucune idée de combien fait une lieue, mais je suppose que ça m'aidera. Merci."

Je me retourne pour dire à Papyrus qu'il faut le chercher, mais j'ai beau chercher, il n'y a pas de grand squelette en vue. "Merde, lui aussi il a disparu?"

"Qui?"

"Bah, Papyrus."

"Il n'est pas du genre à partir sans mots comme ça, d'après Sans. Il me l'a souvent répété."

"C'est rassurant." Je fais du mieux que je peux pour montrer mon sarcasme.

"Merci. J'ai un don." Il me répond du même ton.

"Je pars les chercher." Sans attendre de réponse, je repars courir à travers Snowdin. Je pousse un "Sans? Papyrus?" régulier du fond de ma poitrine, m'attendant à des réponses que je ne reçois pas.

J'arrive devant la maison des deux frères. La porte d'entrée est entrouverte. Elle ne l'était jamais auparavant. "Sans?" sors-je par réflexe, poussant la porte pour glisser ma tête dans la maison avant le corps. Rien n'est d'allumé. Je jette un coup d'œil à l'étage du dessus.

Les deux portes sont ouvertes.

"Sans?"

Sans ne laisse jamais sa porte ouverte lorsqu'il n'est pas dans sa chambre.

Tout d'un coup je fais le déclic et je me rends compte que Sans et Papyrus ne sont pas juste partis comme ça.

Je sors en courant de la maison. Un air glacial m'entoure, une petite brise soufflant depuis Waterfall. Je fonce aussi vite que je peux vers Grillby. Je le vois à distance, tourné vers moi, les mains sur les hanches.

J'arrive enfin assez près de lui pour dire que je suis à côté. "Tu les as trouvé?" demande-t-il. Il n'a pas l'air inquiet.

"J'ai un mauvais pressentiment." sors-je entre deux soupirs. Je vois son visage s'enfoncer sur lui-même. La brise devient un vent.

Je me retourne.

"Il est là!" suivi d'un claquement de porte, et la rue est vide.

Je vois sortir de la brume de l'autre côté de Snowdin une figure glaçante. Elle marche lentement, traînant deux autres silhouettes au sol.

J'ai un très mauvais pressentiment.

Le genre de pressentiment qu'on a quand...

Un meurtrier s'approche.

Traînant les corps inconscients de mes amis.

C'est Frisk. Et il a eu les deux frères.

Je recule un peu malgré le froid, jusqu'à manquer de tomber en arrière. Je vois Grillby dans ma vision périphérique. Frisk s'approche, l'air se refroidit, je ne sais pas comment. Frisk arrive, traînant ses pas, et les deux squelettes.

Frisk est là. Il laisse Papyrus tomber, et balance Sans jusqu'à moi.

"Écoute bien, Mélodie."

L'entendre dire mon nom, alors qu'on ne s'est jamais présenté l'un à l'autre, c'est...

"Si tu me donnes ton âme, j'épargnerai les monstres d'un deuxième génocide."

Je regarde Sans. Son crâne est craquelé. Son corps inerte git au sol. J'ai envie de me précipiter sur lui, prendre ses mains fines, lui dire de se réveiller. Je reste pourtant figée.

"Si tu ne me la donnes pas, je ne vais pas arrêter, jusqu'à ce que tu changes d'avis. Personne ne sera épargné." Son visage est caché par l'ombre de la capuche de la cape qu'il a mis lorsque je l'ai vu à Waterfall. Dans l'ombre, un petit sourire s'installe. "Je les tuerais encore, et encore, et encore..."

"Je ne te donnerais pas mon âme. Et t'en as besoin pour quoi, du reste?"

"Arrête d'être si égoïste. On a tous les deux le même but: briser la Barrière, et sortir de l'Underground." Frisk ne sourit plus. Il s'approche de moi, rapidement, les mains crispées. "Tu mets les monstres en danger pour garder ta petite vie précieuse. N'est-ce pas le contraire de ce que tu devais faire?" Frisk me tire par le col du t-shirt. Nous avons presque la même taille, il est juste un peu plus petit que moi.

Je n'ai jamais vu ses yeux de près. Ses yeux sont pleins d'un chaos insensé de rage et de folie. Chaque seconde où il me regarde, j'ai l'impression de perdre toutes mes chances contre lui.

Grillby prend le poignet de Frisk. "Pas si vite."

Frisk tourne sa tête vers Grillby. "Tiens, quelqu'un veut se battre on dirait."

"On sera deux contre toi. Tu n'as pas de chances de gagner." répond-t-il en retroussant ses manches et remettant ses lunettes en place.

"Plus les chiffres sont hauts, mieux je me porte." Frisk sort un grand couteau de cuisine familier de sa poche. Je me frotte le cou en le voyant.

Frisk bondit d'un coup vers moi, le couteau en premier. J'esquive son attaque, et m'apprête à lui mettre un coup de poing dans le ventre. Il se décale à temps sur le côté et essaye de me poignarder dans le dos, mais Grillby le prend par le cou à temps et le plaque au sol, se plaçant au dessus de l'humain.

 Frisk se débat, en vain puisque Grillby tient ses bras. Le barman lui met un gros coup dans le visage. Prenant avantage du fait que Grillby n'ait que deux bras, Frisk tire Grillby vers le sol sur le côté et l'utilise pour se relever. 

Sans réfléchir deux fois je fonce sur lui et utilise tout mon poids pour le repousser au sol. Il perd juste l'équilibre et essaye de tourner un couteau dans sa main pour pouvoir m'attaquer avec, avant de se rendre compte que son couteau est resté au sol un peu plus loin. On se lance un regard compétitif; le premier qui attrape le couteau survit. Je fonce vers l'arme en même temps que Frisk, mais avant qu'un de nous puisse le prendre, Grillby l'attrape et balance Frisk dans la neige, prêt à lui mettre le couteau dans la poitrine.

Frisk sort son âme de son torse sans l'aide de ses mains, juste à temps pour que celle-ci fasse bouclier entre le couteau et le torse. Frisk perd 33 HP sur...

33 HP sur 299...

"Grillby, je-"

La flamme de la main de l'homme de feu s'intensifie et en touchant simplement la cape de Frisk, elle s'enflamme. Frisk se relève en vitesse et enlève la cape en deux temps trois mouvements, tellement vite que en la tapant sur la neige, la flamme s'éteint. Frisk en profite pour utiliser la cape comme lasso et prend la tête de Grillby dans la capuche avant de tirer comme un malade. Grillby tombe face au sol. Frisk essaye de lui enfoncer le couteau dans le dos, mais Grillby se roule à temps pour l'éviter.

"GRILLBY, ATTENTION!"

Frisk bouge sa main de telle manière qu'il met un coup à Grillby, en travers du torse. Grillby perd 51 HP sur 550. Il se relève en vitesse et met une patate enflammée à Frisk dans le nez, qui crie de douleur sur le coup. Le barman prend l'humain déboussolé par le col du pull, et le soulève du sol à bout de bras.

Frisk lâche un tout, tout petit rire, et fait apparaître deux boutons devant lui. De son point de vue, il lirait "SAVE" et "LOAD". Je me rends compte de ce qu'il va faire, mais je ne suis pas assez rapide: Frisk a disparu en un claquement de doigts.

"On a un temps limité, il prépare un coup. Il faut s'occuper de Sans et Papyrus." annonces-je, les pensées allant plus vite que les va-et-viens de Frisk.

Grillby hoche la tête. Je m'avance un peu et hisse Sans sur mes épaules, le tenant par les bras. Je continue de marcher jusqu'à Papyrus, et j'attends devant lui, pour que Grillby le prenne. Je le trouve un peu lent. Je tourne la tête, et je vois le barman marcher calmement, et Frisk foncer derrière lui.

"DERRIÈRE! FAIS GAFFE!"

Grillby me jette un regard curieux, avant qu'une lame lui sorte du milieu de la poitrine. La lame ressort. Grillby, les mains crispées autour de sa plaie, tombe sur ses genoux. "Cours, Mélodie." Je n'ai pas le temps de m'élancer dans ma course qu'il n'est plus que poussière à moitié carbonisée et que Frisk essaye de m'attaquer. Je fais de mon mieux pour parer ses coups sans lâcher Sans. Frisk essaye de me faire tomber, j'essaye de même. Je n'arrive pas à me battre. Je tape deux fois du pied du mieux que je peux, et crie "FLOWEY, FLOWEY!" sans relâche. Flowey, pitié, dépêche toi...

Il ressort enfin à côté de moi. "Qu'est-ce que tu..." Il ne prend pas le temps de finir sa phrase avant de sortir une liane et plaquer Frisk au sol. Le meurtrier se débat au sol, essayant de couper la liane. Frisk est en position vulnérable. C'est le moment idéal pour...

"Mélodie, ne le tue pas maintenant. Tu ne pourra pas récupérer son âme si tu fais ça." Il regarde Sans sur mon dos et Papyrus au sol. "Il faut demander à Alphys de les soigner."

"Comment on les transporte?"

"Sous terre." Flowey enveloppe Papyrus et moi de ses lianes. je serre Sans plus fort, et aussitôt que je me sens descendre, je retiens ma respiration. Sous terre, Flowey nous balance, de liane en liane. Puis on remonte, devant le laboratoire d'Alphys, à Hotland.

Je marche jusqu'à la porte, qui s'ouvre. Alphys me regarde, et se rendant compte de ce qui s'est passé, se précipite vers moi pour m'aider à porter Sans.

"F-Flowey, j'ai des lits en bas, t-t-tu sais où."

La fleur envelope de ses lianes les deux frères et disparaît avec eux sous terre. Le sol se brise en morceaux pour les laisser passer, puis se reconstitue lorsqu'ils sont partis.

"Alphys, il faut en finir avec Frisk."