Chapitre 5
Sakura se réveilla le lendemain matin de bonne heure car elle était de service à l'hôpital les jours de semaine où elle n'était pas en mission. Elle s'étira sur le canapé qui constituait son lit puisqu'elle avait passé le sien à Kakashi. Le Chûnin argenté était d'ailleurs toujours endormi dans la pièce d'à côté.
Elle prépara le petit déjeuner et après avoir bu un thé en vitesse, elle écrivit un petit mot qui l'avertissait de son départ. Elle enfila rapidement sa tenue de médecin ninja et fit un brin de toilette. Quelques instants après, elle prit soin de refermer sans bruit la porte derrière elle pour ne pas réveiller Kakashi, après avoir mis ses chaussures, et partit en direction de l'hôpital.
Kakashi se réveilla une heure après le départ de Sakura. Il resta quelques instants à contempler le plafond, les bras croisés derrière sa tête, laissant libre court à sa rêverie, avant de se lever.
Il se traina, encore mal réveillé, vers la table de la cuisine où était disposé le petit déjeuner. La pièce était vide et lorsqu'il vit un petit papier blanc sur la table, il comprit que Sakura était partie. Il abaissa son masque et s'empara de la lettre. Il bailla et lu le contenu. Elle l'informait de sa sortie et de son retour tard dans la soirée en raison de son travail, mais elle ne donnait aucun détail sur la nature de celui-ci. Il haussa les épaules en se disant que de toute façon, ça ne le concernait pas.
Son ventre gargouilla et il se dépêcha d'engloutir rapidement son petit déjeuner pour faire taire son estomac. Après avoir débarrassé la table, il partit se préparer. Il fit un brin de toilette, enfila sa tenue de ninja et indiqua dans un petit mot qu'il sortait en ville, avant de sortir de l'appartement en emportant son sabre court et son double des clefs.
Il partit donc se promener dans les rues du nouveau Konoha qui lui semblait avoir quelque peu changé. Beaucoup plus de monde affluait dans les rues et les habitants semblaient respirer une joie de vivre et une simplicité beaucoup plus marquante qu'à son époque, ce qui devait sûrement s'expliquer par le fait que la troisième guerre ninja ne rodait pas autour d'eux...
Il fit le tour de tous les quartiers de Konoha et croisa sans se montrer certains de ses anciens compagnons qui avaient son âge à son époque. Il vit Asuma et Kurenaï, beaucoup plus proches qu'avant visiblement... Ils étaient même en train de... ça ne le regardait pas !
Il fila en vitesse, le rouge aux joues, quand il s'aperçut qu'Asuma dévorait littéralement la bouche de la Kunoïchi aux yeux rouges.
Au coin d'une rue, il vit Ebisu, toujours affublé de ses lunettes noires, à la recherche d'un certain Konohamaru. Il rencontra par la suite Genma, Aoba et Raïdo en pleine conversation en se dirigeant visiblement vers le bureau de l'Hokage. Il passa ensuite devant Ichiraku ramen et vit que le restaurant s'était considérablement développé depuis sa création quand il était Genin. Le patron avait quelque peu changé et la petite Ayame était maintenant devenue une jeune femme.
Il continua son chemin lorsqu'un bruit le fit sursauter. Il se retourna rapidement et ne put voir qu'un éclair vert arriver sur lui qu'il esquiva de justesse. Il regarda à qui il avait à faire et agrandit ses yeux de surprise.
- Oi ! Je ne sais pas qui tu es mais je ne t'ai jamais vu au village ! Qui plus est, tu portes le bandeau de Konoha ! Tu me dois une explication ! asséna l'étrange individu.
- G...Gaï ? Non... Tu n'es pas Gaï...
- Tu connais Gaï Senseï petit ? Tu es un de ses amis ? lui demanda l'étrange sosie de Gaï.
- Euh...oui...on peut dire ça... Tu es ?
- Je m'appelle Lee, Rock Lee, et je suis le disciple de Gaï Maïto, mon Senseï bien aimé, lui répondit-il en faisant une pause « nice guy ».
- LEE !!!!!!! hurla un deuxième individu qui courait à toute allure dans leur direction.
Le fauve de jade stoppa net aux côtés de son disciple dans un petit nuage de poussière.
- Je t'avais dit de m'attendre !
- Pardonnez-moi Gaï Senseï, répondit Lee dans une courbette respectueuse.
- En guise de punition, tu devras me faire 100 tours du village à cloche-pied !
- Bien Gaï Senseï !
Ah oui... il reconnaissait tout à fait là Gaï et ses défis totalement extravagants...
- Qui es-tu petit ?
Kakashi tiqua. Ça faisait quand même la deuxième fois qu'on le surnommait « petit ». Il n'était pas si petit que ça ! Il n'avait que 12 ans, mais faisait un bon mètre 65 ce qui était grand pour son âge. Franchement...
- Tu me rappelles quelqu'un... poursuivit le ninja loufoque en se penchant près de lui pour l'inspecter. On dirait Kakashi mais en plus jeune...
- Eh bien... commença le Chûnin argenté, un peu gêné par la proximité du visage de Gaï.
- Tu t'es fait passer pour lui ! C'est un outrage ! Tu ne t'en tireras pas comme ça ! Je t'emmène voir la Godaïme.
- Mais non. Je suis Kakashi Hatake, sauf que...
- Sauf que tu ne sais visiblement pas que Kakashi a 30 ans et non pas 10, imposteur !
- J'en ai 12...
- C'est du pareil au même ! Tu ne peux pas me berner ! Je connais Kakashi mieux que personne ! C'est mon éternel rival après tout ! poursuivit-il en adoptant une nouvelle pose « nice guy » que Kakashi ne connaissait pas encore.
- Gaï... Tu ne m'écoutes pas... tenta de s'expliquer Kakashi, excédé par l'attitude de son ami.
- Je n'écouterai pas les propos d'un usurpateur ! Je t'emmène chez Tsunade-sama. Suis-moi et sans faire de résistance, où tu auras à faire à ma puissance qui donne beaucoup de fil à retordre au véritable Kakashi ! le menaça-t-il.
Kakashi soupira, un peu désappointé. Il savait que Gaï n'était pas un expert, ni de ninjutsu, ni de taïjutsu, dans son époque. En fait, il n'était pas très doué tout court, mais le Gaï de 30 ans semblait être Jônin, avait des élèves et semblait bien lui tenir tête. Il imagina que Gaï exagérait par fierté quant au fait qu'il le mettait à mal lors de combat, et que son lui du futur devait avoir énormément progressé aussi, mais lui n'avait que 12 ans. S'il arrivait à battre sans problème le Gaï de son époque, il savait qu'il ne pourrait pas vaincre celui-ci.
Il n'opposa donc aucune résistance et se laissa accompagner jusque dans le bureau de la Godaïme.
Arrivés devant le bureau, le fauve de jade toqua à la porte et entra après en avoir été autorisé, suivi de Kakashi et de Lee qui fermait la marche.
- Eh bien, Gaï ? Que viens-tu faire ici ? Tu es déjà venu me faire ton rapport hier. Tu ne devais pas t'entrainer avec Ten Ten, Neji et Lee avant ton départ en mission ? demanda Tsunade tout en se détachant de la lecture d'un rapport.
- Tout à fait Hokage-sama. Mais j'ai surpris un individu suspect dans l'une des rues marchandes du village, près de chez Ichiraku ramen pour être exact, expliqua-t-il droit comme un i.
- Uh ? Un individu suspect dis-tu ?
Gaï hocha la tête vivement et demanda à Lee d'amener Kakashi, plus qu'affligé par la bêtise de son rival attitré. Quoi qu'il aurait trouvé ça bizarre aussi s'il avait été dans la même situation que le Jônin à la tunique verte.
- Kakashi ? s'étonna la Sanin aux couettes.
- C'est ce que j'ai cru aussi, mais il ne s'agit que d'un imposteur qui s'est fait passer pour Kakashi et en plus il s'est totalement trompé sur son âge. Kakashi n'a pas 10 ans !
- J'ai 12 ans ! s'agaça Kakashi en le fusillant du regard.
- Ça suffit vous deux, les coupa la Godaïme. Gaï, il s'agit bien là du véritable Kakashi Hatake.
- Comment ?!
- Tu ne pouvais pas le savoir, mais lors de la dernière mission de Naruto, Sakura, Saï et Yamato, un jutsu temporel a été activé. Naruto et Yamato sont allés dans le passé où ils ont rencontré notamment Kakashi à 12 ans. Lorsqu'ils en sont revenus, Kakashi a aussi effectué le voyage avec eux, contre son gré naturellement. Pour l'instant, il est bloqué dans notre époque, mais je cherche un moyen qui lui permettrait de le faire retourner dans son temps.
Gaï ouvrit la bouche de stupéfaction en découvrant qu'il avait bien à faire à son éternel rival, le fils du légendaire Sakumo Hatake, à savoir Kakashi Hatake en personne... mais miniaturisé.
- Ka...kashi ?
- S'il y a bien une chose qui n'a pas changé Gaï, c'est ta perspicacité. Toujours aussi lamentable... Et ne parlons pas de ton style... asséna-t-il avec un petit air supérieur pour se venger.
Gaï, toujours sous le choc, ne répondit même pas à la désagréable remarque du Chûnin.
- Kakashi... Un mini Kakashi... dit-il enfin en le désignant du doigt, toujours « bloqué » sur la même information reçue.
- Quoi ?! Mini, moi ?! s'étrangla-t-il, outré.
Tsunade se mit à rire et Lee sourit devant la mine choquée du Senseï de Naruto. Kakashi continua à s'offusquer quand soudain Gaï sortit de sa torpeur car une idée avait germé dans son cerveau. Il se mit à rire diaboliquement, une main devant sa bouche, et son corps secoué de spasmes. Il pointa ensuite un doigt vers le Chûnin d'un air parfaitement sûr de lui.
- Kakashi !!!
- Qu'est-ce qu'il lui prend, maintenant, murmura le concerné en faisant un pas en arrière.
- Nous sommes rivaux depuis le début de notre existence ! Par conséquent, même si tu as 12 ans, nos défis continuent !
Le sourire diabolique de Gaï s'accentua encore. Il avait réalisé que puisqu'il n'avait pas l'original sous la main, il allait défier ce Kakashi ! D'autant plus que ses chances de gagner seraient ainsi beaucoup plus importantes contre le Kakashi de 12 ans que contre celui de 30 ! C'était l'occasion ou jamais de battre à plate couture son éternel rival ! Il allait s'en donner à cœur joie !
- C'est pas vrai... Même ici tu me poursuis avec tes défis...
- Eh eh eh...
Devant l'air victorieux du Jônin à la coupe au bol, Kakashi réalisa que sa remarque n'était pas anodine.
- Ne me dis pas que...
- On dirait que Gaï va profiter de ton jeune âge pour te battre une bonne fois pour toute Kakashi, se moqua Tsunade.
- Génial... souffla-t-il, avec un air consterné.
- Allez Kakashi ! ça va te permettre de progresser en plus !
- Ne te prends pas pour Minato Senseï, Gaï.
- Mina... répéta le ninja d'un air enjoué avant de perdre subitement son sourire.
La perte du Yondaïme avait été très cruelle pour le village, pour ses compagnons, pour lui et surtout pour Kakashi qui, une fois de plus, avait perdu un être cher. De tristes souvenirs affluèrent rapidement dans son esprit, notamment un où son ami aux cheveux argentés et lui en avaient parlé quelques semaines auparavant...
Flash-back :
Gaï avait parcouru Konoha de fond en comble pour soumettre à son rival de toujours un énième défi, mais il ne trouvait nulle part le ninja gris.
- Kakashi ! Montre-toi ! hurla-t-il tout en continuant à courir et en ignorant les regards affligés des habitants qui commençaient à bien connaitre ses habitudes.
Il se décida à prendre de la hauteur en montant sur la tête du Yondaïme Hokage pour réfléchir à l'endroit où il aurait pu trouver son ami.
- Hm... Il ne se trouve nulle part, alors qu'il est rentré de mission. Il n'est pas à son appartement puisque j'ai frappé, j'ai regardé par la fenêtre, mais il n'y avait personne. Il n'est pas sur le terrain d'entrainement avec Naruto, Sakura et Saï, ni avec Yamato. Il n'est pas non plus chez Ichiraku ramen, ni aux bains publics, ni sur l'une des têtes des cinq Hokage. Il n'y a donc qu'un seul dernier endroit... La stèle des héros.
Il se leva précipitamment et fonça en direction du monument aux morts espérant pouvoir y retrouver Kakashi.
A son plus grand bonheur, il retrouva le ninja devant la stèle, les yeux dans le vague, sûrement plongé dans ses souvenirs, en train de s'accabler de reproches.
- Salut Kakashi !
Le ninja argenté ne lui répondit pas tout de suite, et Gaï s'avança jusqu'à son niveau. Il savait que la réponse allait tarder mais il attendrait quelques instants avant de le relancer. Au bout de quelques minutes, alors que le silence régnait toujours et qu'une fine brise soufflait dans leurs cheveux, Gaï se tourna vers son ami pour lui adresser à nouveau la parole, mais il s'arrêta en plein élan quand il remarqua l'œil vitreux de Kakashi, comme embué de larmes qui refusaient de couler. Il abandonna temporairement son idée de défi et posa une main réconfortante sur son épaule.
- Kakashi... Tu devrais arrêter de te torturer l'esprit...
- ...
- Je sais que tu t'en veux encore et que tu t'en voudras toujours de n'avoir pas pu sauver Obito, Rin et Minato-sama...
- Si j'avais été plus fort... lui répondit-il en serrant les poings.
- Tu étais déjà très fort pour ton âge, Kakashi... On ne peut changer le passé avec des si. Si j'avais été plus fort, je serais devenu un maitre du Ninjutsu, et j'aurais pu empêcher la mort du Sandaïme Hokage et de Hayate par exemple. Ce qui est fait est fait Kakashi. Tu ne peux pas revenir dessus. La mort est présente partout dans notre métier... Elle nous prend sans cesse des êtres chers, et nous laisse la vie sauve, cette vie qui devient une réelle torture.
Kakashi le regarda, son œil visible remplis d'émotion en écoutant le discours de Gaï.
- Gaï...
- Tu n'es pas seul Kakashi... Tu as tes élèves, tes amis. Beaucoup de gens tiennent vraiment à toi. Tu ne peux pas te laisser abattre. Même si c'est difficile, il faut que tu ailles de l'avant, que tu t'ouvres à la vie et pas avec cette façade que tu arbores quotidiennement.
Kakashi baissa son regard sous celui réprobateur de son ami.
- Tu sais que... que j'ai peur... de ça, murmura-t-il.
- Ah la la... Si on m'avait dit un jour que le grand Kakashi au sharingan aurait peur d'une chose aussi banale, je lui aurais ri au nez !
Kakashi releva la tête et esquissa un petit sourire sous son masque. Gaï était vraiment un étrange individu, mais il était devenu un véritable ami au fur et à mesure des années. Il savait se montrer compréhensif et à l'écoute quand il le voulait.
- Sérieusement Kakashi... Tu t'écoutes un peu ? le réprimanda-t-il. Tu es déjà attaché à de nombreuses personnes ! Naruto et Sakura par exemple ! Tu ne peux pas t'enfermer totalement dans une bulle hermétique ! Sinon, il faudrait que tu deviennes Ermite... comme Jiraya-sama... poursuivit-il en réfléchissant.
- Je lui ressemble déjà un peu... lança le Jônin en riant légèrement, une main sur la nuque.
- Uh ?
- Les livres.
- Oh ! Oui, c'est sûr... rigola Gaï à son tour. Entre nous, je ne comprendrai jamais ta passion pour ces livres alors que plein de jeunes femmes rêveraient d'être dans tes bras.
- Ah ça... laissa-t-il en suspens, son regard perdu dans les nuages.
Gaï s'allongea dans l'herbe profitant de la brise qui chassait les petits nuages de coton du ciel de Konoha.
- Tu n'y as jamais pensé ?
- A quoi ? lui demanda-t-il en se tournant vers le fauve de jade.
- A te trouver une compagne.
Kakashi ne répondit pas et après quelques secondes, s'assit dans l'herbe à côté de son ami.
- Je ne sais pas... Je n'y ai jamais vraiment réfléchi...
- Tu es réputé pour être un plus fin menteur, Kakashi...
Le ninja argenté soupira et cueillit une petite fleur rose du sol. Il la regarda intensément, comme la chose la plus précieuse qu'il avait dans ce monde qui ne lui avait rien épargné, et la relâcha dans l'air où elle finit emportée par le vent, avant de retomber mollement quelques mètres plus loin.
- J'ai... J'ai bien quelqu'un en tête...
Gaï, qui avait fermé les yeux en savourant le vent chaud de l'été, les ouvrit précipitamment en attendant avec une certaine impatience, la confession de son ami.
- Mais je ne peux pas...
- Kakashi... soupira Gaï, excédé. Si ça continue, je vais vraiment penser que tu es masochiste...
Le Jônin à la coupe au bol appréciait beaucoup le ninja à la chevelure d'argent, mais il ne pouvait s'empêcher de le trouver insupportable quand il commençait à jouer les martyrs alors que la vie lui donnait une petite chance d'être enfin pleinement heureux. Il avait vraiment eu une vie difficile, il le savait, mais ce n'était pas la peine de la rendre encore plus complexe qu'elle ne l'était déjà !
- C'est un secret Gaï...
- Ah bon ? Pourquoi ça ? L'amour ne devrait pas être tenu secret... C'est le symbole de la fougue de la jeunesse !
- Je ne devrai pas ressentir ça envers cette personne...
- ...
- Je préfère taire ce sentiment que j'ai en moi...
Gaï se leva précipitamment sous le regard étonné de son ami et pointa un index dans sa direction, un air courroucé sur le visage.
- Et alors quoi ? Pour vivre malheureux toute ta vie ?! Pour te morfondre et méditer sur ta malchance, alors que pour une fois tu en as une ?! Que dirait Yondaïme-sama en te voyant te lamenter aussi misérablement ?!
L'œil visible de Kakashi s'agrandit sous le choc. Jamais Gaï ne lui avait parlé de cette manière. Il était toujours un peu loufoque, heureux, agacé par sa puissance, totalement extravagant en somme, mais jamais, au grand jamais il ne lui avait parlé sérieusement, aussi énervé.
- Gaï...
- Réponds-moi Kakashi ! Que dirait Minato Senseï s'il te voyait dans cet état ?!
Kakashi baissa la tête et posa une main tremblante sur son cœur, pulsant douloureusement contre sa poitrine, tiraillé par une foule de sentiments à la fois. Douleur, colère, remords, chagrin, peine, honte, amour. Tous ces mots à la fois résonnaient dans son esprit et il déglutit avec difficulté pour ravaler les larmes qui commençaient à monter. Ces larmes qu'il avait retenues si longtemps.
- Je... Je suppose qu'il m'aurait dit... qu'il m'aurait dit... murmura-t-il, une boule se formant dans sa gorge.
Kakashi marqua une pause. Son corps entier était parsemé de tremblements. Les visages de Rin, d'Obito et Minato défilèrent devant ses yeux. Des scènes de son enfance où tous étaient insouciants et heureux refirent lentement surface. S'en était trop. C'était si dur de ne pas pouvoir les revoir, de ne pas pouvoir rire avec eux comme dans ses rêves. C'était si dur de ne pas pouvoir vivre heureux, emprisonné par un passé trop lourd, si dur de ne pas pouvoir se laisser tenter naïvement par l'amour... Il aurait voulu crier, hurler sa peine au monde entier, hurler son désespoir, sa colère, sa souffrance qui le torturaient chaque jour, hurler à quel point tout ça était injuste. Pourquoi, mais pourquoi le sort s'acharnait-il donc contre lui ? Qu'avait-il fait pour mériter ça ?! N'avait-il pas toujours été un loyal shinobi au service de son village, prêt à sacrifier sa vie pour le bien des habitants à chaque mission ?! POURQUOI LUI BON SANG ?! POURQUOI SA VIE N'ETAIT-ELLE QU'UNE SERIE DE MORTS ?! POURQUOI LUI ENLEVAIT-ON TOUJOURS LES PERSONNES AUXQUELLES IL TENAIT LE PLUS ?! Pourquoi ne pouvait-il pas simplement goûter un petit peu au bonheur qui semblait entourer tellement de gens... ? Il était fatigué, si fatigué de cette vie odieuse qu'un Dieu sévère lui avait confiée.
Des larmes commencèrent à perler le long de son œil visible et couler le long de sa joue masquée, et il serra ses cuisses avec force, comme si elles étaient un soutien contre sa peine.
Gaï desserra les poings et regarda avec peine son ami. De toute sa vie, il n'avait presque jamais vu le Jônin pleurer. Celui-ci devait visiblement être épuisé psychologiquement pour laisser tomber temporairement la carapace qu'il s'était forgé depuis l'enfance. Il savait qu'il avait été dur, mais il ne pouvait le laisser s'emprisonner dans sa tristesse.
- Il m'aurait dit... de me relever... de garder la tête haute... de faire la paix avec mon passé... et d'aimer la personne que je désire au fond de mon cœur... sanglota le ninja à la chevelure d'argent.
Le fauve de jade se laissa tomber en soupirant et desserra avec une délicatesse rare les mains de son ami dont les jointures devenaient blanches. De longues minutes passèrent où les larmes de Kakashi évaporèrent lentement les angoisses et les doutes de l'esprit du Jônin qui l'étouffaient depuis de nombreuses années. Gaï ne lui sortit aucun mot réconfortant. Il savait que seul le silence et sa présence consolaient véritablement le ninja aux cheveux argentés.
- Est-ce que je peux t'en parler Gaï... ? demanda Kakashi quelques minutes après dans un murmure en séchant ses larmes, un peu gêné d'avoir craqué aussi facilement.
D'habitude il n'aimait pas se confier, préférant tout garder pour lui et surmonter les épreuves seul. Mais la vie lui avait appris qu'il était parfois important de se reposer quelque temps sur une épaule solide et fidèle.
- Tu sais bien que je suis toujours à ton écoute, le rassura Gaï avec un petit sourire sincère. Je ne suis pas ton éternel rival pour rien après tout.
Kakashi esquissa un maigre sourire et soulagea son cœur en livrant le secret qui l'empoisonnait depuis longtemps à l'oreille attentive du Jônin à la coupe au bol.
Fin du Flash-back
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