
Chapitre 26 : L'étoile de Noël.
Ça me fait bizarre de revenir ici. La dernière fois, j'étais venu pour retrouver Samantha qui était accompagnée d'un collègue de travail. Maintenant que j'y pense, je finis par m'imaginer le pire. Ne suis-je pas dans mon droit ?
Devant Téo, j'évite de tenir la main à Leïla. Je sais, c'est peut-être stupide, mais je ne souhaite pas le perturber plus que ça. Leïla n'a pas l'air vexée bien au contraire ! Elle préfère lui prendre la sienne. Le contact, entre eux, s'est installé naturellement. On a l'impression qu'ils se connaissent depuis toujours.
Quand nous arrivons dans le marché, Leïla va tout de suite se rendre au chalet qui vend des étoiles de Noël. Téo est aux anges à ses côtés. J'aime le voir sourire comme ça.
— Papa, est-ce qu'on pourrait rencontrer le père Noël ?
— Téo, as-tu vu l'heure qu'il est ?
— Mais regarde ! Il y a de nombreux enfants qui attendent !
L'argument est de taille. Que puis-je répondre à ça ? J'accepte. Pourtant, je n'ai aucune envie de faire la queue pour voir le père Noël. J'ai l'impression de perdre mon temps, mais très vite, je ravale mes sombres pensées. J'entends Leïla m'affirmer au creux de mon oreille :
— C'est gentil de faire ça pour lui. Tous les pères ne sont pas ainsi.
— Pourquoi dis-tu cela ?
— Regarde ! Il n'y a que des mamans, ici. La plupart des pères consomment un verre de vin rouge sous le chalet à cent mètres devant toi.
En effet, je me sens bien isolé. Quand soudain, je perçois au loin Samantha qui tient la main à un homme. Et cet homme, je le reconnais. C'est le collègue qu'elle m'avait présenté la dernière fois. Que dois-je faire ? Aller la voir ? Que dois-je en conclure ? Dois-je me mettre en spectacle au beau milieu d'un marché de Noël ? Leïla remarque que je suis troublé. J'ai l'impression de revivre mon rêve qui se trouve à Pau, cette fois, et non à Orléans. Téo ne fait pas attention à nous. Il parle avec un enfant de son âge. Quand Leïla me demande ce que j'ai, j'essaye de ne pas lui répondre trop fort.
— Tu avais raison au sujet de Samantha.
— Comment ça ?
— Elle est dans le marché. Elle tient la main d'un homme près de la patinoire. Elle porte un manteau vert.
Quand Leïla pose son regard sur elle, son visage devient blême. Sans perdre une minute, elle s'agenouille vers Téo et lui déclare gentiment :
— Dis-moi, mon chéri. J'ai totalement oublié que pour aller voir le père Noël, il serait préférable que tu lui fasses ta liste dans une lettre. Tu l'as faite ?
— Non, dit Téo.
— Tu sais ce qu'on va faire ? Demain, quand tu auras terminé l'école, je t'aiderai à la faire avec ta maman et nous irons tous ensemble voir le père Noël. Qu'en penses-tu ?
— Oui, ce serait mieux.
— Alors, tu ne m'en veux pas si nous rentrons maintenant ?
— Tant que tu restes près de moi, ça me va, répond Téo.
Sans perdre une minute, je comprends par le regard de Leïla que nous devons quitter immédiatement le marché de Noël. Connait-elle Samantha ? J'ai dû rater un chapitre pour qu'elle agisse ainsi. D'un certain point de vue, je suis content de rentrer chez moi. J'ai horreur de toutes ces fêtes de fin d'année. Pourquoi devons-nous faire un effort pour retrouver les proches qui nous oublient le restant de l'année ?
Des questions s'imposent à mon esprit. Seigneur, pourquoi dois-je attendre de les poser loin de Téo ? J'ai conscience qu'il est de mon devoir de ne pas le perturber, mais j'ai tellement besoin de savoir.
Quand nous arrivons à la maison, je demande à Téo d'aller dans sa chambre. Je désire parler à Leïla. Il s'inquiète bien sûr. Il a peur que je me fâche avec elle. Mais, pour quelle raison ?
— Téo, tu as beau avoir huit ans, il y a certaines choses que tu ne dois pas entendre et certaines conversations qui doivent s'imposer entre adultes. Tu comprends ?
— Oui papa.
— Nous n'en avons pas pour longtemps. C'est juste l'histoire de cinq minutes.
— D'accord.
Téo file dans sa chambre et Leïla me suit dans le salon. Avant que je commence à lui poser ma question, elle m'attrape par le col de mon manteau et m'embrasse avec fougue.
— Pardonne-moi, me dit-elle. J'en avais trop besoin. Ça me rend folle de savoir que...
— Ce qui me rend fou, c'est d'admettre que tu avais raison au sujet de Samantha. Cependant, ça n'explique pas pourquoi tu as souhaité quitter le marché de Noël si brusquement.
— Ça va te paraître dingue, mais Samantha ignore complètement dans quoi elle s'embarque.
— Comment ça ?
— L'homme à qui elle tendait la main, c'est mon ex.
— De quoi ?
— Oui, c'est celui qui me harcèle ! En réalité, les gendarmes n'ont pas arrêté mon ex, mais son complice.
— Ton ex, c'est un infirmier ? Je demande ahuri.
— Qui t'a dit ça ? Loin de là. C'est un mec à emmerdes. Pardonne-moi du terme.
J'essaye de trouver une chaise pour m'asseoir. J'en ai cruellement besoin. Je n'arrive pas à croire ce qu'il se passe. Depuis combien de temps Samantha me ment ? Au lieu d'être à l'hôpital comme elle le prétend jusqu'à six heures du matin, elle va s'envoyer en l'air avec ce type qui ne m'inspirait guère confiance quand je l'avais croisé, autrefois. Pourquoi tous ces mensonges ? Qu'ai-je fait de si mal pour qu'elle puisse se comporter ainsi à mon égard ? Est-ce que je lui ai porté moins d'intention ces derniers temps ? Je sais que je passe beaucoup d'heures à écrire mes histoires, mais tout de même ! Je n'écris que le matin ou tard dans la soirée. J'essaye au mieux de m'organiser.
— Est-ce qu'il t'a vu ? me demande Leïla.
— Pourquoi ?
— Parce que s'il t'a vu alors il me retrouvera en suivant simplement Samantha.
— Et même si c'était le cas, que ferais-tu ? Tu partirais ? Regarde ! Tu peux t'en aller à l'autre bout du pays, il continuera à te poursuivre.
— Serge ! Écoute-moi, je n'ai aucunement envie de te mettre en danger.
— Ne comprends-tu pas que je le suis déjà avec Samantha ? Le mal est fait. Bordel, pourquoi agit-elle ainsi avec moi ? Mais, qu'est-ce qu'elle a dans son crâne ?
— Je l'ignore, mais ils se sont bien trouvés, car elle est aussi malhonnête que lui. Téo n'a vraiment pas de chance.
— Imagine si je ne suis pas son père. Que va-t-il devenir ?
— À ce propos, j'ai récupéré un cheveu à lui. Il m'en faut un à toi sauf si tu ne veux pas savoir.
Bien sûr que j'ai envie de savoir, mais tout me tombe sur la tête en même temps à quelques semaines de Noël. Qu'ai-je demandé sincèrement à Dieu pour vivre ça ?
Je lui donne quelques cheveux et je la vois les intégrer dans un petit sac. Elle me déclare qu'elle s'en occupera dès demain. J'essaye de m'apaiser en lui disant qu'il faut appeler Téo afin qu'il vienne manger et je lui rajoute :
— Leïla ! Je veux être très clair avec toi. Il est hors de question à ce que nous laissions nos vies se faire manipuler par ce taré. OK ?
— Je...
— Non, Leïla. Je t'aime et mon cœur, je sais pour qui il bat en ce moment. Si j'aimais autant Samantha, je chercherais plutôt à la retrouver, mais je n'en ai aucune envie tellement elle me dégoûte.
Elle baisse les yeux et n'affirme rien. Je découvre qu'elle a ce petit côté têtu qui l'incite à vouloir sans cesse me protéger, quoi que je dise, ou que je fasse.
Téo vient nous rejoindre et constate que tout va bien entre nous. Leïla n'a pas pleuré. Elle n'est pas comme sa mère qui laisse toujours tomber des montagnes de larmes dès que je hausse le ton de la voix. Demain, elle va pouvoir sangloter pour une bonne raison, mais je n'agirais pas devant Téo. Je le ferai quand il sera à l'école.
En filant vers le sapin, Leïla sort l'étoile d'un sac qu'elle a achetée au marché de Noël. Avec Téo et mon aide, elle la met en haut puis lui déclare à ma grande surprise :
— Téo, tu vois, maintenant que ton sapin est terminé, eh bien, tu peux te permettre de faire un vœu pour Noël.
— Ah oui !
— Tout à fait. Sais-tu lequel faire ?
— Oui. Que tout le monde soit heureux pour Noël.
— Euh... Normalement, ce n'est pas à dire. C'est à bien garder au fond de soi, ajoute Leïla.
— Eh bien, il t'a devancé et je crois qu'on ne peut pas souhaiter de meilleurs vœux.
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