
Chapitre 24 : La maladresse de Samantha.
Nous arrivons devant l'école un peu en avance. Leïla aborde mes doutes à propos de Téo. En logeant chez moi, c'est l'occasion idéale pour elle de prendre un de ses cheveux afin de savoir si je suis réellement son père. En effet, j'avais oublié ce détail. Au moins, je serai fixé dans quelques jours. Elle fera le nécessaire de son côté pour que ça aille vite.
Elle veut m'aider, car je l'aide aussi, mais je sens bien qu'elle est un peu stressée de venir chez moi. Dix minutes avant que l'école s'ouvre, je reçois un appel de Samantha. Leïla décide de se taire et entend à mes côtés :
— Salut mon amour. Tu as passé une bonne journée ?
— Euh... Oui. Elle a été assez particulière.
— Comment ça ?
— Je t'expliquerai quand tu rentreras à la maison.
— Justement. Je ne vais pas pouvoir rentrer ce soir.
— Vraiment ?
— Oui, il y a un collègue qui s'est absenté et il était de garde cette nuit...
— Et tu dois le remplacer comme toujours, je coupe, exaspéré.
— Je sais que ce n'est pas drôle pour toi, mais entends bien que quand nous arrivons à la période de Noël, c'est difficile à l'hôpital.
— C'est compliqué pour tout le monde, Samantha ! À quelle heure vas-tu rentrer ?
— À six heures, normalement.
— Six heures ! Mais tu as commencé ce matin à 10 h ! Tu ne tiendras jamais le coup !
— Je sais, mais on m'accorde des pauses d'une heure toutes les six heures. Là, c'est juste pour cette fois. Demain, je ne pourrai pas, car j'aurai besoin de récupérer. Cependant, je risque de travailler de nuit, cette semaine.
— Super, je lâche.
— Tu devrais être content, je serai à tes côtés durant ta semaine de repos.
— Je n'ai pas prévu de rester à la maison, mais plutôt de sortir, car aujourd'hui, cette journée m'a quand même fait du bien.
— Tu vois, j'avais raison ! Tu devais t'aérer l'esprit.
Devais-je lui dire que j'invite Leïla chez nous, ce soir ? Je ne peux pas me permettre de le lui cacher, mais en lui disant, elle risque d'y songer toute la nuit, à son travail. Elle va se poser des questions. Une nouvelle fois, je pense à elle et non à moi. Mais aujourd'hui, j'ai envie d'être sincère. Je ne veux pas me sentir coupable de quoi que ce soit à son égard.
— J'ai quelque chose à te dire.
— À quel propos ?
— C'est dommage que tu travailles cette nuit, car j'ai invité une personne à dormir chez nous.
— Tu as invité quelqu'un ? répète-t-elle. C'est qui ?
— Ça va te paraître dingue, mais ce matin, j'ai rencontré Leïla, celle qui présente la météo sur BFMTV.
— Tu déconnes ? Celle dont tu as rêvé l'autre nuit ? Il me semble que c'est le même prénom, non ?
Et merde ! Pourquoi ne peux-tu pas retenir ta langue dans ta bouche de temps à autre ? Leïla hausse les sourcils et attend ma réponse. Je ne sais plus du tout où me mettre. Je devais le prévoir tôt ou tard. Samantha a toujours été parfaite pour me placer dans des situations très délicates.
— Oui, c'est le même prénom. Mais j'ai décidé de l'accueillir chez nous, car elle a quelques petits soucis de voitures. Ça devrait être résolu d'ici quelques jours.
— Je suis sûre que tu as passé la journée avec elle ! Tu m'étonnes qu'elle ait été assez particulière.
— Samantha ! Inutile d'en rajouter, car elle est à côté de moi. Nous attendons Téo devant son école.
— Oh, pardon ! Tu lui passeras mon bonjour en tout cas.
— Elle te le passe aussi.
— Bon, je te laisse, je dois y retourner. À demain, mon chéri.
— À demain.
Je raccroche. Je sens que Leïla à de nombreuses questions à me poser. Cela lui brûle les lèvres. La pluie commence à faire son apparition. Il ne manque plus que ça. Encore cinq minutes à attendre. Je reste scotché quand je l'entends me déclarer :
— Elle te trompe, c'est évident.
— Pardon ?
— Je ne suis pas du genre à juger. Mais je suis une femme. Au son de sa voix, il est évident qu'elle te trompe.
— Si c'est le cas, je n'ai...
— Plus qu'à la quitter ! coupe-t-elle. Tu sais, tu n'as qu'à te rendre à l'hôpital ce soir pour vérifier si elle est bien à son service.
— Je n'ai jamais fait ça. J'ai toujours préféré lui faire confiance.
— Et c'est bien ça ton problème. La confiance se base dans les deux sens. Elle sait que tu ne la surveilleras pas alors elle en profite.
— Comment peux-tu savoir qu'elle me trompe ?
— Serge ! Descends un peu sur Terre ! Ce soir, tu m'invites chez toi et ça ne la dérange même pas ! Elle a même rigolé sur le fait que tu aies pu passer la journée avec moi. Mais quelle femme accepterait ça ? On peut ne pas être jaloux, mais quand même ! Jamais je n'accepterai une situation comme ça si nous vivions ensemble !
Elle a certainement raison. Pourtant, elle ne connaît pas Samantha. Je sais bien qu'elle a une attitude qui parfois me dépasse dans sa manière d'être. En tout cas, là où je suis content, c'est qu'elle ne soit pas présente à mes côtés. Je ne sais pas comment j'aurais pu me comporter en présence de Samantha, avec tout ce que j'ai vécu aux côtés de Leïla, aujourd'hui.
— Que ferais-tu à ma place ?
— Je ne le suis malheureusement pas. Et je n'ai pas à t'influencer. Cependant, tu as rêvé de moi, l'autre nuit ?
— Je m'attendais bien à ce que tu me poses la question, tôt ou tard ! Samantha a toujours le chic pour me mettre dans des situations...
— Ah ! Mais je comprends mieux pourquoi tu as dit « Leïla » lorsque tu m'as sauvée. Tu as réellement rêvé de moi ! Mon Dieu, pourquoi fantasmes-tu sur moi ?
— Ce n'est pas du tout ce que tu crois !
— Je ne crois rien du tout ! Mais, j'ai peur que tu m'aimes pour ce que je ne suis pas ou parce que tes rêves t'ont montré quelque chose qui n'est pas réel.
— C'est ce que je me disais hier ! Cependant, c'est assez troublant de te rencontrer aujourd'hui et avec tout ce qu'il s'est passé...
— Pourquoi as-tu rêvé de moi ? répète-t-elle.
— Les rêves, ça ne se contrôle pas.
— Oui, mais tout de même !
— Alors, pour faire vite avant que Téo ne dévoile la mèche...
Je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase que la cloche de l'école sonne pour avertir de la fin des cours. Leïla ne me laisse pas sortir de la voiture et souhaite plus que tout à ce que je termine ma phrase :
— Ton petit garçon peut attendre cinq minutes ! Mais moi, non. Je veux savoir ce que tu allais me dire.
— En fait, tous les matins, avant de partir au travail, je regarde la météo. Non pas pour savoir le temps qu'il fait, mais parce que j'aime te regarder. Ton sourire, c'est le rayon de soleil qui embellit ma journée.
— Mon Dieu ! Je n'imaginais pas que je te faisais de l'effet à ce point.
— S'il te plait, ne me juge pas. Je ne veux surtout pas que tu penses que ce que je ressens pour toi ne soit pas sincère.
— Comment veux-tu que je le prenne ? Pourquoi m'avoir caché ça ?
— Tu crois que c'est facile à dire ? Si je t'avais avoué brutalement toutes ces choses-là, tu te serais enfuie ! Non ?
— J'espère que tu ne m'aimes pas juste parce que je suis belle et que je passe à la télévision !
— Comment peux-tu penser une chose pareille ? Ce matin, quand je suis tombé sur toi, je me suis demandé si je ne rêvais pas une nouvelle fois. Oui, bien sûr, ça m'a fait drôle de t'avoir réellement face à moi. Et maintenant, ça me le fait encore plus de t'accueillir dans mon domicile. Mais rassure-toi, je n'ai aucunement l'intention de te faire le moindre mal. Je pense que j'ai déjà bien assez de choses à régler comme ça, dans ma vie. Tu ne crois pas ?
— En vérité, c'est réciproque, mais à l'inverse de toi, je ne t'ai malheureusement jamais eu dans mes songes.
— Ce n'est pas grave.
— Cela dit, je ne regrette pas notre rencontre.
— Moi non plus.
— Bon, tu devrais aller chercher ton fils. Il va finir par s'impatienter.
Je la regarde dans les yeux. Je m'en moque s'il y a des parents qui m'aperçoivent. J'ai envie de l'embrasser et c'est ce que je fais. Elle ne me repousse pas, accepte cette étreinte. J'avais besoin de me rassurer sur ses sentiments à mon égard.
— C'est dangereux de faire ça, ici.
— Je m'en fiche. J'en avais besoin avant que Téo ne revienne.
— Tu ne comptes rien lui dire ?
— Les enfants sont loin d'être idiots. On a beau leur mentir, ils perçoivent des choses que les adultes ne veulent pas voir ou affirmer.
— Allez, va le chercher, je t'attends.
Je quitte la voiture, file à l'entrée de l'école. Je dis bonsoir à un professeur qui se situe au niveau du portail. Je vois Téo qui vient vers moi, en courant. Il est content que je sois là et je suis heureux de le retrouver. C'est drôle, mais il m'a quand même manqué, aujourd'hui. Pourtant, j'ai cette boule dans la gorge qui demeure et qui me rappelle cette question : « Si j'apprends que Téo n'est réellement pas mon fils, que se passera-t-il après ces huit années ? Pourrions-nous continuer à nous voir ou devrais-je sortir brutalement de sa vie ? ».
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