Chapitre unique : Un vent d'espoir...
Au lendemain de l'enterrement du Croc Blanc, je restais allongé sur mon futon malgré l'après-midi bien avancée. Les paroles de ses anciens coéquipiers ne cessaient de me hanter. D'après eux, mon père était le seul responsable de sa propre chute.
Je ne pouvais pas les croire... Je ne le voulais pas. J'avais besoin de mettre un nom sur celui qui avait causé cette solitude soudaine, de lui rejeter ma colère et ma tristesse, et ce nom devait être celui de la personne que j'ai le plus aimé ? Le héros qui était mon monde...?
Cet entremêlement de sentiments me vidait de mon énergie, bien que je n'avais bougé d'un pouce.
Soudain, quelqu'un frappa à la porte d'entrée. À sa voix, je reconnus cet autre homme que j'avais croisé ce jour de pluie. Il m'avait évité de tomber dans une flaque alors que je perdais connaissance. C'était la seule personne qui m'avait semblé amicale, la veille.
Je pensais aller lui ouvrir pour savoir ce qu'il aurait à me dire, cependant, mon corps était lourd et je n'arrivais pas à me lever. Ma voix, quant à elle, était si sèche que le simple fait de respirer me brûlait.
Je croyais qu'il s'en irait, qu'il repasserait plus tard, ce que tout le monde faisait en général. Pourtant, je l'entendais entrer et se diriger vers moi sans aucune hésitation.
"Kakashi !!! s'écria-t-il en me voyant. Est-ce que ça va ?! As-tu mangé ? À moins que tu n'aies soif ?"
Il me bombardait de questions en tout genre, comme paniqué. Je ne savais pas quoi lui répondre, donc je ne disais rien.
Cet homme aux cheveux blonds prit l'initiative de m'hydrater et de me nourrir, puis il posa sa main sur mon front en m'affirmant que j'avais de la fièvre.
"Pourquoi... êtes-vous... venu...? murmurais-je lentement.
— Je voulais savoir comment tu allais depuis hier, et on dirait que j'ai bien fait de passer. Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, mais je m'appelle Minato. Je connaissais ton père parce qu'il travaillait mon sensei, mais je n'ai jamais eu l'occasion de converser longuement avec lui. Ça ne m'empêchait pas de l'admirer...
— ... Est-ce que c'est... uniquement de sa faute...?
— Pardon ? fit-il d'un air étonné.
— ... Nan, rien..."
Cette question m'avait échappé. Je préférais ne pas la répéter car je connaissais déjà sa réponse. Comme tous les autres, il m'affirmerait que mon père avait choisi de faire ça et que personne ne l'y avait forcé...
J'aurais voulu avoir l'avis d'un proche de mon papa, d'un vrai ami à lui.
Et la coïncidence voulut que Minato-san me proposa :
"Demain, Jiraya-sensei et moi devons rendre visite à Tsunade-sama et, de ce que je sais, Sakumo-sama et elle étaient connus pour être meilleurs amis. Est-ce que tu veux nous accompagner ? Enfin, si ton état te le permet..."
Cela me redonna assez d'énergie pour sourire et acquiescer.
Son avis à elle me semblait plus pertinent à écouter. Elle ne jetterait pas la pierre sur mon père sans raison, elle ne le désignerait pas comme l'unique coupable de cette situation, n'est-ce pas ?
L'homme aux yeux azur restait toute la soirée avec moi. Sa compagnie était appréciable, surtout comparé aux dernières journées passées.
Je remarquais qu'il était assez hésitant dans ses gestes, surtout lorsqu'il s'agissait d'interagir avec moi. Il avait aussi insisté pour soit rester dormir, soit m'inviter à me rendre chez lui et sa femme pour la nuit.
J'acceptais de quitter mon domicile familial. Récupérant des vêtements en prévision du voyage hors du village, je lui emboîtais le pas sans une once de méfiance. En cet instant, j'avais confiance en lui parce qu'il était le seul à essayer de m'aider.
En arrivant chez lui, je fus surpris par la chaleur que dégageaient la couleur des murs, la température des pièces, ou même l'aura de sa femme. J'avais l'impression que mon corps se réchauffait auprès d'un feu de cheminée, et c'était si agréable...
"Tu ne nous présentes pas, Minato ? demanda la jeune femme aux cheveux rouges, la tête penchée sur le côté.
— Oh, je te présente Kakashi. Kakashi, voici Kushina.
— ... Quelle précision... Bref, bienvenue, Kakashi ! Tu es ici chez toi !
— Euh... Merci.
— Je vais aller vous réchauffer le repas !
— En fait... On a... déjà dîné..."
La voix de Minato-san était toute timide. Redoutait-il quelque chose ? Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi. Le visage doux et souriant de Kushina-san s'était assombri et un démon semblait avoir pris possession de son corps.
"Comment ça, vous avez déjà dîné...? Je t'avais pourtant prévenu de rentrer manger à la maison... Ça fait deux heures que je t'attends sagement en écoutant mon ventre gargouiller... Tu vas donc me faire le plaisir de te mettre à table et de manger ce que je t'ai préparé !!!"
Son mari se dépêcha de s'asseoir à la table, les mains entre les genoux. Il se fit de nouveau grondé pour ne pas s'être lavé les mains. Il s'exécuta, puis un regard terrifiant se posa sur moi. Elle était un peu moins fâchée. Arborant un sourire forcé, elle m'incitait à imiter son conjoint. Ne voulant me risquer à empirer son état, j'en fis de même et me forçais à avaler ce repas de géant.
Minato-san et moi étions aussi plein l'un que l'autre. Kushina-san, elle, était ravie que nos assiettes soient vides et partait joyeusement dans la cuisine pour faire la vaisselle.
Ne sachant que faire, puisque je lavais habituellement les bols moi-même, je passais ma tête dans l'encadrure de la porte donnant sur la cuisine pour lui proposer mon aide.
"Tu veux m'aider ? Si tu veux ! En tout cas, tu es bien élevé !"
Kushina-san parut regretter sa dernière phrase car elle se mordait la lèvre inférieure en fronçant les sourcils. Au début, je ne voyais pas du tout pour quelle raison. Finalement, je fis le rapprochement avec l'éducation, et donc les parents.
C'était dommage que cette simple expression faciale me ramenait sur terre.
Ce couple avait réussi à me faire oublier mes soucis, et même si j'avais eu un peu peur au début, cette soirée était amusante. J'espérais que, plus tard, nous puissions revivre ce genre de moment où je pouvais mieux imaginer la vie de famille que les autres enfants pouvaient avoir.
En silence, nous finissions d'essuyer les derniers couverts. On m'indiqua ensuite la chambre que j'allais emprunter pour la nuit. Je ne m'attendais pas à ce qu'une pièce inoccupée soit plus meublée que ma propre chambre. Il fallait dire aussi que la majorité de nos effets personnels étaient rangés dans le salon et non dans nos chambres. C'était peut-être une des raisons pour laquelle je trouvais que cet appartement était bien accueillant. L'espace était ouvert et peu encombré, laissant assez d'air à tout le monde, contrairement à chez nous... chez moi...
Je me décidais d'arrêter ces comparaisons farfelues pour me préparer à dormir.
Je mentirais si je disais avoir passé une bonne nuit. La fatigue devait se lire sur mon visage au vu de la réaction de mes hôtes lorsque j'entrais dans le salon. Ils avaient l'air un peu inquiets, si bien que Kushina-san se demandait si c'était une bonne idée que Minato-san me prenne avec lui pour sa mission.
Il lui assura que tout irait bien et que je n'aurais même pas à courir puisqu'il me porterait sur son dos.
Mon cerveau bloqua sur ce dernier détail. Il voulait que je grimpe sur son dos ? La seule personne sur laquelle je m'étais reposé dessus de cette manière était mon père. En même temps, je ne connaissais pas grand monde, mais ça me gênait qu'un ninja ait à me porter comme un fardeau.
"Si je vais vous ralentir, alors il vaut peut-être mieux laisser tomber... Vous en avez déjà assez fait pour moi avec cette soirée. Je ne voudrais pas, en plus, être un poids pour vous...
— Il est hors de question que je renonce. Je sais que ça te tient à cœur de rencontrer Tsunade-sama, et tu ne seras pas un poids, ne t'inquiètes pas."
Il s'approcha de moi et me caressa la tête. Ses yeux brillants m'apaisaient, je n'opposais pas de résistance et entamais mon petit-déjeuner. Kushina-san avait eu la gentillesse de me le préparer, elle m'avait même dessiné un sourire sur mon omelette. Le moral de nouveau gonflé à bloc, j'étais prêt à partir en quelques minutes.
Minato-san et moi nous dirigions vers la porte principale, située au sud du village. Là-bas, nous y retrouvions Jiraya-sama. Il n'avait pas l'air surpris de ma présence puisqu'il nous faisait un grand sourire.
J'étais impressionné par sa taille et sa carrure. Il était aussi beaucoup plus ouvert que Minato-san. Il ne s'était d'ailleurs pas gêné pour rigoler au moment où je prenais place sur le dos de son élève.
Durant une bonne partie du trajet, le Sannin avait un débit de paroles inarrêtable. Généralement, il parlait de ses missions. Il évoquait de temps à autre mon père :
"Vous savez, j'ai jamais été très proche de Sakumo. Je le trouvais... un peu trop proche de Tsunade, et ce depuis que nous étions enfants. Ces deux-là étaient toujours ensemble quand nous n'étions pas en trio.
— Mais vous deviez souvent être en trio avec Orochimaru-sama, non ? Donc au final, vous passiez plus de temps avec elle que lui, sensei...
— ... C'est vrai... mais c'était moins le cas, à l'époque ! Ça me rappelle que quand Tsunade m'a annoncé sortir avec quelqu'un, je n'ai pas attendu de connaître son nom pour foncer chez Sakumo. Je lui ai dit "Tu m'avais promis ne pas avoir de sentiment pour elle, alors pourquoi vous sortez ensemble ?!"... puis j'ai vu sa petite-amie derrière lui... Hahaha ! C'était un moment assez gênant ! Après ça, Tsunade m'a fait une morale dont je me souviendrai encore longtemps...!
— Cette petite-amie, c'était ma mère ?
— Ouaip.
— Et... elle ressemblais à quoi ? murmurais-je.
— Pour tout te dire, je ne m'en souviens pas. Je ne l'ai vu qu'une fois et très brièvement. Tsunade devrait en savoir plus."
Plus je l'écoutais et plus j'avais hâte de rencontrer Tsunade-sama. On me mit toutefois en garde : quand elle buvait, elle pouvait avoir un sale caractère. Le problème était qu'elle se retrouvait souvent saoule depuis qu'elle avait quitté le village.
Ce n'était qu'à cet instant que je m'interrogeais sur pourquoi elle vivait en dehors de Konoha. Elle n'était pas traitée de déserteuse, pourtant, elle ne devait pas partir souvent en mission.
Je ne m'attardais pas longtemps sur ces questions et me laissais bercer par les histoires de Jiraya-sama.
Trois jours s'étaient écoulés. Nous arrivions enfin au Pays des Sources chaudes. La première chose que nous avions faite était de réserver une chambre dans une auberge. Celle que le Sannin avait choisie se trouvait coller à des bains publics d'où les denses vapeurs s'envolaient.
Ils me proposaient de se reposer un coup ou d'entamer les recherches immédiatement. Je pris la deuxième option car, même si je n'allais pas beaucoup servir, trouver Tsunade-sama était plus important qu'une sieste. De plus, j'avais eu le temps de m'assoupir plusieurs fois sur leur dos.
Je n'avais pas compris pourquoi, mais Jiraya-sama nous avait emmené dans toutes les salles de jeux d'argent. Moi, j'étais obligé de rester dehors, à attendre leur retour qui était plus ou moins long.
Sans succès.
Il nous proposait ensuite de chercher dans les bains. "Si elle ne joue pas, alors elle doit s'y prélasser !"...
Minato le retenait discrètement, il pensait sûrement que ce serait une perte de temps.
Heureusement, avant que l'on ne parvienne à y entrer, la femme que l'on recherchait fit son apparition.
"Qu'est-ce tu fiches ici ??? T'es pas censé être... Hic ! En mission, Ji-ra-ya ??? brayait-elle.
— On... On a besoin de te parler, en privé. répondait-il d'un ton sérieux.
— Tu veux v'nir dans ma chambre ??? Suis-moi !!!"
À part Tsunade, on était tous embarrassés par son attitude... bruyante.
Une fois au calme, Jiraya-sama lui chuchotait des choses.
"Alors, tu peux me faire ça ? finit-il.
— Mouais. Et j'gagne quoi, en échange ? Un p'tit versement ?
— Ma reconnaissance éternelle.
— ... Bon, donne-moi l'échantillon, que j'm'y mette.
— Minato.
— Vous êtes sûr qu'elle est en état...? se méfiait-il en tendant un petit flacon.
— J'ai pt'être bu quelques verres, mais chuis pas sourde ! beuglait-elle en récupérant la fiole. Maintenant, laissez-moi tranquille."
Les deux adultes sortaient de la pièce pour descendre à l'accueil. Je ne les suivais pas, hésitant entre partir et poser quelques questions à cette amie de mon père.
"Tu veux ma photo, gamin ?
— Non-non ! Je... C'est vrai que vous connaissiez mon père ?"
Elle se retournait et me fixait quelques secondes.
"T'es le fils de Sakumo, Kakashi, c'est ça ? Oui, je l'connais. J'le connais même très bien ! On traînait presque toujours ensemble ! C'était la bonne époque !
— ... Je vois...
— ... Pour tout te dire, Dan et moi, nous rendions souvent visite à tes parents. Ils formaient un si beau couple... C'était si drôle de les taquiner sur leur timidité !
— Dan, c'est votre petit-ami ?
— Oui, tu te rappelles de lui ? Ce serait étonnant parce que la dernière fois qu'on t'a vu, t'étais encore un bébé...
— Je ne m'en rappelle pas... C'est Jiraya-sama qui m'a parlé un peu de vous. Attendez... Vous m'aviez déjà vu ?!
— Bien sûr ! Sakumo voulait que je sois ta mar... enfin... Comme on lui rendait souvent visite, on a forcément fini par te rencontrer aussi.
— Pourquoi vous avez arrêté de venir, alors ?
— ... Dan a été grièvement blessé. Je lui ai administré les premiers soins et... je n'ai pas réussi à le sauver... Je ne servais plus à rien en tant que médecin, alors j'ai quitté le village une fois la guerre terminée.
— ... S'il est mort... c'est pas de votre faute, hein ???"
Ma voix tremblait, et je n'arrivais pas à la contrôler. Pour moi, sa situation et la mienne étaient similaires. Je ne voulais pas que mon père soit le responsable de sa propre mort... C'était la raison de ma présence ici, trouver quelqu'un qui me dirait : "Ce n'était pas de sa faute"...
Pourtant, la conversation partait dans une direction qui ne me plaisait pas. Tsunade-sama ne semblait pas en vouloir à Dan-san de s'être mis en danger... Elle en voulait à elle-même... Elle se sentait responsable... Moi non plus, je n'avais pas réussi à aider mon père, même si je ne savais pas comment j'aurais dû m'y prendre.
"Peut-être que si j'étais arrivée plus tôt, j'aurais pu le sauver..."
Alors qu'elle s'étirait, je me repassais ce mois dernier en boucle pour savoir ce que j'aurais pu faire.
Mon père s'était isolé dans sa chambre depuis sa mission. Il ne sortait même plus pour manger, alors je lui déposais son repas devant sa porte.
Aurais-je dû entrer ?
Il allait parfois aux toilettes. Il m'évitait, mais au moins, je pouvais le voir.
Aurais-je dû lui parler ?
Aurais-je dû l'enlacer ?
Et quand son regard vide se posait sur moi, je baissais la tête en croyant avoir fait quelque chose qui ne lui plaisait pas.
Aurais-je dû lui sourire ?
Aurais-je dû l'encourager ?
Aurais-je dû lui montrer qu'il était tout pour moi...?
"De toute façon, rien ne le ramènera alors... soupira-t-elle.
— ... c'est à cause de moi...? S'il n'est plus de ce monde, c'est parce que je n'ai rien fait...?
— Allons... tu ne te rappelais même pas de lui, comment ve-
— Mon père... la coupai-je. Il s'est tué dans sa chambre. Il ne m'a rien dit. Il m'a laissé tout seul ! Si j'ai fait quelque chose de travers, pourquoi il ne m'a pas grondé ? Il me détestait ? Et pourquoi il m'a laissé le voir dans cet état ?!"
Je ne savais plus ce que je disais. Tout sortait aussi abondamment que mes larmes. Je n'arrivais pas à réfléchir.
J'étais recroquevillé sur moi-même, et Tsunade-sama vint me serrer dans ses bras.
Sa chaleur me rassurait, sa voix était devenue douce. Pendant un instant, je me disais que ça devait être ça, d'avoir une mère qui nous console... jusqu'à ce qu'elle me murmure :
"Il s'est suicidé...? Tu n'y es pour rien, dans tout ça. C'est uniquement de la faute de Sakumo..."
Tout d'un coup, l'espoir qui m'avait porté jusqu'ici me refroidit si violemment... Elle venait de prononcer les mots que je redoutais d'entendre.
Peut-être qu'elle ne me disait ça que pour m'empêcher de me faire du mal, cela n'en restait pas moins douloureux.
"Certains pensent que l'amour, c'est mourir pour celui ou celle qu'on aime. Ce sont des idioties, à quoi bon laisser un cadavre pour cette personne à part pour la rendre malheureuse...? Non, le vrai amour, c'est de vivre pour elle, de survivre..."
Qu'est-ce qu'elle voulait me dire ? Que je ne devais pas mourir ? Ou que mon père ne m'aimait pas assez pour... vivre...?
Au vu de ses intentions, ça avait l'air d'être la première option. Malgré tout, toutes ces informations se mélangeaient dans ma tête.
D'abord, elle me disait que je n'avais rien fait de mal. Ensuite, que mon père ne tenait pas assez à moi pour rester...
La tête en ébullition, les joues sèches et la voix cassée, je repoussais lentement l'adulte en prétextant aller dormir. Elle allait me retenir, mais ne fit rien.
Je sortais en titubant un peu, vagabondant dans les rues peu peuplées de ce village.
J'avais l'impression d'être dans un rêve, un autre monde. C'était comme si je flottais, ou que je coulais.
"C'est de sa faute", cette phrase se répétait sans cesse dans mon esprit. Je ne parvenais pas à réfléchir au-delà de ça.
Si on m'avait présenté un autre point de vue, il aurait été facile pour moi de rejeter la faute sur le village, cette entité que je connaissais si peu. Mais cela n'avait pas été le cas, on ne m'avait montré qu'une seule chose : le Croc Blanc de Konoha est le seul fautif dans l'histoire.
J'avais froid, tellement froid... Avec toute cette chaleur que Tsunade-sama, même Minato-san et Kushina-san m'avaient partagée, tout cet espoir qu'ils m'inspiraient, je tremblais. Je ne voulais pas croire en cette vérité.
Il valait peut-être mieux que je la fuis, puisqu'elle me blessait tant, non ?
Cela faisait plusieurs minutes que j'errais dans les ruelles quand Minato-san, qui devait me suivre depuis le début, décida de m'arrêter en me prenant par les épaules, le visage grave et les lèvres entrouvertes. Il allait probablement me dire quelque chose d'important, mais avant qu'il ne puisse prononcer un seul mot, je sentis une forte douleur au bras.
Un kunai venait de s'y planter.
"Croc Blanc de mes deux !!! Comment qu't'oses te pointer ici ??? braillait un ninja ivre. C'est d'ta faute si ma femme m'a quitté... V'nez les gars, on va le tuer !!!"
Deux de ses camarades sortirent de la taverne, de l'autre côté de la rue.
J'étais tétanisé. Je regardais les projectiles s'élancer dans ma direction, contrés aisément par le ninja de Konoha qui m'accompagnait. Il riposta en fonçant sur eux, une arme dans chaque main.
Et pendant qu'il s'éloignait un bref instant de moi, un quatrième ennemi me plaqua sur le sol, prêt à m'égorger. Il me souffla :
"Désolé, mais je dois obéir aux ordres..."
Puis, ce fut le trou noir.
Je me réveillais quelques temps plus tard.
Aucun de mes muscles ne répondait. Mes yeux ne s'ouvraient pas, ce qui me laissait dans l'obscurité la plus totale. Je pensais être mort, mais pourquoi entendrais-je mon cœur battre si c'était réellement le cas ?
J'étais perdu. Je ne savais pas où j'étais, si du monde m'entourait, ce qui allait se passer... Je ne savais pas non plus si j'étais assis, allongé, debout... Hormis mon cœur, mon corps semblait être déconnecté de moi.
Ce temps dans ma sorte de bulle me permit de réfléchir à tout ce qui s'était passé, de me remémorer les paroles que j'avais pu entendre ces derniers jours.
Si tout le monde, même des inconnus, pensaient que mon père avait tort, c'est qu'ils devaient avoir raison... Leur vérité devait être la réalité, et me battre contre ça ne me ferait que du mal... Tsunade-sama l'avait dit, je n'y suis pour rien.
Au même moment, des voix se rapprochaient :
"... -rête de te prendre la tête, Minato...
— Mais je n'ai pas réussi à le protéger, sensei ! Ce n'est qu'un enfant ! Il n'aurait jamais dû vivre une situation aussi traumatisante !
— Il était peu probable que vous tombiez sur des ninjas d'Iwa alors que nous sommes à l'opposé de leur pays, qui puis est avec le poison dont nous cherchions l'antidote... Heureusement que leur produit n'est pas mortel en soit et que ça ne cause qu'une paralysie générale des muscles, organes vitaux exclus.
— Je n'ai pas su le réconforter et il s'est enfui à cause de moi... J'ai donc aussi ma part de responsabilité... J'espère que l'antidote que j'ai confectionné agira rapidement...
— ... Si je ne l'avais pas amené ici, rien de tout ça ne serait arrivé..."
À entendre les trois adultes, eux aussi avaient l'impression d'être fautif alors qu'ils ne l'étaient pas du tout.
Je reprenais peu à peu possession de mon corps, je ne bougeais cependant pas. Je réfléchissais à comment les apaiser.
Leur dire que ce n'est pas de leur faute ne marchera pas, surtout de la part d'un enfant. Alors, comment faire ?
Si je faisais semblant de ne plus avoir de souvenir à partir de notre arrivée, est-ce qu'ils oublieront ce qu'il s'est passé ?
C'est bien ce que les adultes font quand ils sont dans une situation compliquée, n'est-ce pas ? Ils disent qu'ils ne s'en rappellent pas, que ce soit vrai ou faux.
C'est plus facile...
On pourra faire comme si rien ne s'était passé, et personne n'aurait de problème.
Je ne voulais pas leur causer des ennuis, je ne devais pas... Ils avaient été bienveillants avec moi, alors ce serait la moindre des choses.
En me levant, je levai mon bras pour me frotter les yeux, comme si je me réveillais normalement. Je parcourais la salle du regard, croisant celui des adultes qui affichaient une mine à la fois surprise et inquiète.
Avant que quelqu'un ne prenne la parole, je souriais en m'exclamant :
"Oh, bonjour ! Je m'appelle Kakashi Hatake. Vous devez être Tsunade-sama !
— Tu... Tu ne te souviens pas de moi...? se risquait-elle.
— Hum... Non, désolé. Je ne connais votre nom que parce que Jiraya-sama m'a parlé de vous en chemin.
— Et tu te rappelles de ce qu'on a fait hier ? m'interrogea Minato-san.
— Euh... On, enfin, vous avez couru une bonne partie de la journée pour qu'on arrive ici, non ?"
Je n'étais peut-être pas très crédible, mais j'étais assez persuasif pour qu'ils n'évoquent pas ce petit... accident.
Le ninja blond me proposa ensuite de rentrer avec lui ou avec Jiraya-sama, sachant qu'il irait bien plus vite grâce à un de ses jutsus.
Je préférais rentrer avec le Sannin car nous avions moins de chose à nous dire et que je n'avais pas envie de rester avec celui qui m'avait gonflé d'espoir.
Je ne voulais plus aimer pour ne pas souffrir de la perte des autres.
Je ne voulais pas être aimé pour ne pas faire souffrir les autres.
Le vent d'espoir qu'on m'avait chaudement insufflé s'était refroidi, et je décidai qu'à partir de cet instant, mon cœur serait aussi froid que la glace.
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