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1. Un vagabond et un magicien (1/3)

An 2045 du Troisième Âge

25 ans après la chute d'Anchior


Batagasc jeta un regard à l'homme de l'autre côté de la table. L'heure était tardive à l'Auberge des Trois Chemins, les bougies usées et leurs flammes frémissant d'un courant d'air persistant. La plupart des clients s'étaient enfuis dans leurs chambres et seuls quelques irréductibles demeuraient attablés. 

Si ce n'eut été pour l'amour du jeu, Batagasc aurait depuis longtemps délaissé l'endroit lui aussi. Le magicien qu'il était n'était pas friand des interactions sociales, mais il s'adonnait volontiers à celles-ci pour gagner son pécule. 

Il avait déjà reçu le repas et le gîte pour ses talents de conteur en début de soirée ; tout le monde raffolait d'histoires de dragons et de héros, d'autant plus quand le dragon en question terrorisait la région depuis de nombreuses années. 

Ce soir-là, après ses anecdotes, il avait voulu augmenter la largeur de sa bourse en jouant aux dés, avec de multiples adversaires ; un seul demeurait. 

C'était un mercenaire du nom d'Hamon, venant de l'ouest et n'ayant comme roi et loi que l'argent. Argent qu'il perdait depuis une bonne heure au profit de Batagasc.

Le hasard des dés n'était jamais conseillé pour détrousser un magicien, encore aurait-il fallu être averti de la sorcellerie.

Batagasc était rusé, aussi parfois il laissait Hamon empocher quelques tours, l'incitant à parier davantage au suivant. Sans doute, comme les nombreuses occasions où il le fit auparavant, Batagasc aurait-il pu s'en sortir, mais ce soir-là il se montra bien trop téméraire et ses gains bien trop gros. Le sourire qu'il afficha en récupérant ses pécules eut le don d'énerver Hamon, loin d'être un homme patient. Le détroussé l'attrapa au col, enrageant de se faire plumer de la sorte.

— J'ignore quel est ton secret, mais personne n'est aussi doué aux dés, dit Hamon.

Sans doute n'aurait-il jamais découvert le mystère de Batagasc sans ce geste, car tirant ainsi le vêtement, il fit déborder de sa cachette un collier. C'était une pierre étrange, mais singulière, que nombre de mercenaires et de marchands connaissaient pour ce qu'elle était vraiment. Tous ceux pourvus du don de magie en possédaient une et plus elle brillait, plus son détenteur disposait de magie à utiliser.

— Voyez-vous ça ? ricana Hamon en crispant davantage ses poings. On dirait que ta chance vient de tourner, tricheur.

Le sourire de Batagasc s'effaça promptement et le vert de ses yeux fut vite absorbé par l'abime en leur centre.

— Je suis certain que nous saurons régler ce différend entre gens de bonnes manières, dit-il.

Sa requête rencontra une réponse rapide et douloureuse quand son corps fut jeté contre une table voisine, la renversant.

— Fais chier, dit-il en voyant la pierre à son cou perdre sa dernière lueur.

— Semblerait bien qu'on va pouvoir discuter sans ta magie, ricana Hamon. Je vais me faire une joie de te tailler en pièces !

Il ne fallut pas longtemps pour que Batagasc se trouvât lancé hors de l'auberge par les deux hommes accompagnant Hamon. La nuit était tombée et la terre était froide et vaseuse des pluies de printemps récentes. Tentant de se relever Batagasc se retrouva à nouveau au sol par un coup de pied traitre et soudain, ses cheveux bruns se mêlant à la boue.

Se mettant sur le dos, il fixa Hamon et son épée dégainée et prête à l'occire. Là, il eut un petit rire.

— Peut-on savoir ce qui te faire ricaner, lâcha Hamon en plaçant la pointe de sa lame à quelques centimètres de la gorge de Batagasc.

— Je repensais juste à une vision d'un de mes amis, sourit le magicien. Il m'a prédit jadis que je mourrais transpercé d'une flèche et entouré de flammes. Et je vois que vous n'avez pas d'arc. Voilà qui me rassure.

Hamon jeta un œil à ses deux comparses avant d'éclater de rire.

— On dirait bien que ton ami avait tort après tout.

— Sans doute, gloussa Batagasc.

Hamon s'apprêtait à abattre son fer quand une voix sur le seuil de l'auberge le stoppa.

— Avant de le trucider, j'aurais quelques questions à lui poser !

Tous fixèrent l'inconnu qui les interrompait. C'était un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux noirs, longs et bouclés. Il portait un manteau de laine et sous lui un vieux plastron de cuir sans armoiries ou emblème. À sa ceinture, ornée de runes mystérieuses, se distinguait le pommeau d'une épée, toujours au fourreau.

— T'es qui toi ? pesta Hamon.

— Personne dont tu dois te soucier, sourit l'étranger en plongeant ses yeux bleus dans ceux d'Hamon. Je veux seulement lui parler avant que vous le pourfendiez. J'escomptais le faire quand vous aviez terminé de jouer aux dés pour ne pas vous déranger.

— Attends ton tour, ricana Hamon. Je te laisserai sa tête si tu désires tant lui parler une fois que j'en aurais fini.

— Je préférerais lui parler tant qu'il peut me répondre. Notre ami commun détient une direction dont j'ai besoin.

L'un des hommes d'Hamon se plaça devant l'intrus, sa main droite crispée sur la petite hache qu'il tenait.

— Tu ne comprends pas quand on te cause ? Casse-toi ou on pourrait bien s'occuper de toi aussi.

— Je crains de devoir insister, dit l'étranger en hochant poliment le menton.

Sa réponse fit rire Hamon et ses amis. Celui se trouvant face à l'inconnu reçut un signe d'Hamon pour passer à l'acte et son arme se leva, mais n'eut guère le temps de s'abattre.

L'attrapant au col, l'inconnu lui mit un coup de tête et avant qu'il ne récupère de sa stupeur ; il empoigna sa hache et enfonça son manche dans son ventre avant de le frapper à plat avec le métal, l'assommant une fois pour toutes.

Son geste déploya l'esprit revanchard des autres qui s'élancèrent sur lui sans attendre. Esquivant une lame, l'étranger saisit le bras de son ennemi, le fit perdre l'équilibre et ainsi au sol d'un coup de pied il le fit s'évanouir. Hamon fut plus robuste, mais non moins facile à vaincre pour l'étranger. Ce dernier bougeait avec une aisance rare, laissant l'épée du mercenaire fendre l'air. Usant de ses poings et de son coude, il le trappa plusieurs fois dans la mâchoire et l'abdomen jusqu'à ce qu'il s'écroule avec ses deux compères dans le domaine des songes.

Quand Hamon fut à terre, l'homme, haletant, se dirigea vers Batagasc et lui tendit sa main pour l'aider à se relever.

Batagasc accepta la paume avancée et se remit debout, intrigué.

— Je vous dois une fière chandelle, Ser ?

— Dites-moi où se trouve l'antre du dragon qui terrorise ces contrées et nous serons quittes, soupira l'inconnu.

— Votre fameuse question ? s'amusa Batagasc. Croyez-moi, vous devriez oublier cette idée. Venez donc avec moi, je vous paye à boire pour m'avoir sauvé la vie.

Ce disant, Batagasc fit un pas vers l'auberge, quand le plat d'une épée contre son torse le fit se stopper.

— Cessez de tergiverser Magicien, lâcha le vagabond.

Observant le fer contre sa poitrine, Batagasc ravala sa salive. Il scruta l'acier et y lut des inscriptions dans un langage ancien et oublié de beaucoup. C'étaient là des lettres dorées au message terrifiant pour celui qui les comprend.

— Voilà une lame que peu eurent le privilège de voir, dit-il d'un ton apeuré. Veillez à ne point me couper avec. Où diable l'avez-vous dénichée ?

— On me l'a offerte.

Dévisageant plus en détail son sauveur, Batagasc parut songeur un instant

— Un manteau fait avec un coton de première qualité, des bottes de cuir lacées à la manière des fées, et une ceinture d'armes ornées de runes andariques. Vous arrivez de Carla — il marqua une pause, jaugeant la réaction de l'inconnu — votre visage me dit quelque chose. Nous sommes nous déjà rencontrés ?

— Je pense que je m'en souviendrai. Vous n'êtes pas quelqu'un qu'on oublie avec aisance. Comment savez-vous que je viens de Carla ?

— Les lacets, expliqua Batagasc. Les Fées d'Anchior utilisent le lacet en Z, celles de Carla usent du H.

Jetant un œil à ses bottes, l'inconnu eut un petit rire, constatant la véracité de ce fait.

— Ravi d'avoir pu vous arracher un sourire, lâcha Batagasc. Désormais, rangez cette maudite lame, vous pourriez blesser quelqu'un.

— Cela dépend. Me conduirez-vous à l'antre du dragon ?

— Pourquoi diable désirez-vous trouver ce monstre ? soupira Batagasc. Vous êtes jeune et plutôt bellâtre de surcroit. Profitez de la vie et arrêtez de vouloir y mettre un terme avec ce genre de défis. Tous les mois, un autre aventurier se prend pour un héros. Aucun d'eux ne rentre jamais. Laissez donc ce dragon là où il est.

L'étranger eut un râle et rangea son épée au fourreau.

— Si j'en crois le récit que vous faisiez à vos auditeurs voilà quelques heures, vous êtes revenu vous.

— Moi c'est différent, maugréa Batagasc.

— Moi aussi. Et de toute façon qu'en avez-vous à faire ? Nous ne nous reverrons probablement jamais. Je ne demande qu'une direction.

— Très bien, très bien, pesta Batagasc. Il vous suffit de passer la maison des Lanbois à l'ouest et de suivre le sentier violet. Après ça, vous arriverez sur l'ancienne grotte de l'ermite froussard. Le dragon est là-bas.

L'étranger marmonna entre ses lèvres, l'esprit lointain, avant que Batagasc ne reprenne.

— Et vous n'avez rien compris à ce que j'ai dit, n'est-ce pas ?

— Je...

— Laissez tomber. Combien avez-vous ?

— Pardon ?

— Combien avez-vous ? répéta Batagasc, agacé. Déliez donc votre bourse. Je suis un individu prêt à aider dès lors qu'on me paye convenablement. Et je n'ai surement pas envie d'être présent quand ces bougres vont revenir à eux.

L'homme gloussa avant de dénouer le cordon de sa bourse pour en sortir quelques pièces d'argent. Il les tendit à Batagasc.

— Rajoutez-en deux, ricana Batagasc. J'ai bien insisté sur le convenablement.

L'étranger s'exécuta, soupirant.

— Maintenant, emmenez-moi au hurleur, dit-il en rangeant sa richesse.

— Je vous conduirai jusqu'au pied de son antre, mais vous vous démerderez une fois là.

Tous deux allèrent retrouver leurs montures attachées près d'une auge et avant de détacher la sienne, Batagasc alla délier celles qu'ils savaient être à Hamon et sa bande, puis les fit s'enfuir d'une tape vigoureuse.

— On n'est jamais trop prudent, dit-il à l'inconnu qui avait déjà enfourché son destrier.

Grimpant enfin sur le sien, le magicien jeta un dernier regard aux mercenaires qui commençaient à recouvrer leurs pensées au sol. Puis il talonna son cheval et l'étranger le suivit vers l'ouest.

Ils s'engouffrèrent dans les Bois-Gris alors que l'aube ne dormait qu'à quelques heures dans leur dos. La lune, pleine et lumineuse, fut chandelle à leurs yeux et les ombres des pins et des frênes frissons à leur nuque, pour tous les dangers que les ténèbres occupaient dans l'inconscience de l'esprit.

— Vous ne m'avez toujours pas donné votre nom, dit Batagasc après un temps.

— Vous pouvez m'appeler Tolto.

— Tolto ? s'amusa Batagasc. Vraiment ?

— Qu'y a-t-il de drôle ? s'intrigua le bellâtre.

— J'ignore comment s'est passée votre enfance, mais vos parents devaient être des sacrés farceurs pour vous baptiser gros pouce en Andari. Ils m'en paraissent d'une taille raisonnable vue d'ici.

— Vous maitrisez donc l'Andari, rit Tolto. Vous êtes décidément plein de surprises magicien.

— J'en déduis que ce n'est pas votre véritable nom ?

— Vous déduisez bien. Mais le vôtre est-il vraiment Batagasc comme vous le prétendez ?

— Tolto, sourit amèrement l'enchanteur après quelques secondes de silence. Je devrais pouvoir vous désigner ainsi pour le peu de temps que nos chemins convergeront. Ce qui à la vue de vos délires héroïques devrait s'avérer de courte durée.

— Nous verrons bien, gloussa Tolto.

Ils chevauchèrent le reste de la nuit, ainsi qu'une grande partie de la journée suivante. En fin d'après-midi, ils établirent leur campement en amont de leur parcours près d'un arbre tombé durant l'hiver. Ils trouvèrent quelques branches mortes et sèches pour alimenter un feu et les entassèrent. La magie de Batagasc épargna la tâche de l'allumer à Tolto, ce qui ne lui déplut pas.

— Si je vous avais eu avec moi durant tous ces jours de pluie où j'essayais d'user de mes silex, ma tâche aurait été plus aisée.

— Ne vous y habituez pas trop, rétorqua Batagasc. À la vue de votre mission, vous ne me verrez plus très longtemps. Ni personne d'ailleurs.

S'essuyant sur le tronc de l'arbre mort, à moins de deux mètres du feu de camp, Tolto fouilla sa besace. Il sortit une miche de pain qu'il tendit à Batagasc, ainsi qu'un bout de lard fumé qu'il trancha deux fois avant de lui en donner également.

— Votre manque de confiance à mon égard est surprenant, sourit Tolto. Je vous ai tout de même sauvé la vie.

— Vous avez combattu trois mercenaires sans grande cervelle, ricana le magicien. Ce n'est pas comparable à un dragon.

— Tout ce qui saigne est mortel, dit Tolto en rangeant son couteau pour sortir une seconde miche de pain pour lui-même. Et je dispose d'un atout de taille — ce disant il tapota la paume de l'épée à sa ceinture — à en juger par le regard que vous aviez en la voyant, vous maîtrisez le nom de cette lame et ce dont elle est capable.

Batagasc soupira en jetant un œil au fourreau à la ceinture de Tolto. Il avait observé les runes gravées sur la lame, il savait parfaitement quel nom elle portait, mais il se refusait à le prononcer à voix haute. De plus, cela pouvait bien être une imitation, qu'en savait-il réellement ? Les mythes de l'ancien temps avaient le don d'attirer quelques escrocs jouant sur la nostalgie de leurs victimes. Il était courant de trouver d'ancestrales reliques sur les marchés du monde sans autre fondement que la foi crédule sur leur provenance. L'épée connue sous le nom de Rulmoãr n'avait pas été aperçue depuis plus de mille ans, mais ses légendes étaient nombreuses. Les morts l'entourant également.

— Même si c'est la lame à laquelle je pense, cela reste un bout de ferraille. Donnez une épée à un paysan n'ayant jamais combattu, cela restera un paysan.

La nuit tomba bientôt et après quelques discussions, chacun alla se coucher non loin du feu chaleureux. Un vent du nord soufflait entre les arbres, froid et humide, glissant depuis les Mont-Blanc pour givrer la terre et les quelques plantes précoces qui prirent le printemps de court.

Tout comme jouer aux dés, s'assoupir la bourse pleine auprès d'un magicien n'est pas chose conseillée. Batagasc attendit deux bonnes heures pour s'assurer que Tolto dormait bien, bien, sournoisement il se leva etse dirigea vers la besace de son compagnon pour la fouiller. Il finit par dénicher la bourse, emplie de pièces d'argent, et la glissa dans sa poche avant de silencieusement ranger ses affaires et de marcher à pas feutrés vers son cheval afin de l'enfourcher. 

Il s'apprêtait à délier les rênes de sa monture de l'arbre où il l'avait attaché, quand une douleur s'empara de l'arrière de son crâne et le fit tomber inconscient. 

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