Un café, par pitié !
Jimin n'est jamais en retard. C'est l'apanage de Taehyung. Mais, ce lundi matin, le rideau de fer ne grince pas à l'heure habituelle, les lycéens ne voient pas le tapis à l'effigie de la tour Eiffel sur le trottoir, ni le bel employé aux cheveux blonds s'affairer à l'intérieur de la boutique.
"Toc Toc Toc"
— Hyung ? Jiminie hyung ?
Jungkook, les cheveux en bataille, les yeux encore bouffis de sommeil, s'inquiète. Dans la chambre de Jimin, il entend des objets tomber et des jurons.
D'abord, il a trouvé Jimin bien matinal et a grogné en plaquant un oreiller sur son visage. Avant de réaliser.
"Lundi ! On est lundi ! Mais quelle heure est-il ?"
Le jour traversait les rideaux, et, en cette saison, Jimin part travailler alors qu'il fait encore nuit.
Jungkook déteste les imprévus, les accidents quels qu'ils soient et les retards. Même si cela ne le concerne pas.
Son cœur a battu la chamade, il s'est expulsé de son lit comme un beau diable et le voilà à toquer à la porte de Jimin sans oser rentrer.
— Hyung ? Je peux entrer ? insiste-t-il.
— Arghhhh ! Non, pas ça ! Mais où je l'ai mise ?
N'y tenant plus, Jungkook entrouvre la porte, laisse passer prudemment sa tête. Un objet non identifié vole sous son nez. Jungkook sursaute et recule d'un pas avant de se décider à entrer.
C'est un chaos sans nom. Les tapis et les vêtements qui recouvraient le sol ont disparu sous de nouvelles montagnes d'habits et d'accessoires. Jimin, encore en sous-vêtements, fourrage, comme possédé par un esprit rageur, dans le dernier tiroir de sa commode, à quatre pattes.
Jungkook rougit. Il rougit parce qu'il surprend Jimin dans une drôle de position. Et Jungkook est un homme plein de vigueur qui apprécie les jolies courbes. Son esprit lui envoie un rappel à l'ordre :
"C'est Jimin. C'est ton hyung, ton ami."
Maintenant, c'est la consternation puis l'hilarité qui le prennent. Il étouffe son rire d'une main.
Jimin se retourne, les joues en feu, les yeux hagards.
— C'est une catastrophe ! Je n'ai rien à me mettre ! Absolument rien !
Jungkook se dit que Jimin pourrait habiller la moitié de la ville avec tout ce qu'il possède. Il retient avec peine sa remarque moqueuse. Jimin est à présent assis en tailleur et Jungkook jurerait que Jimin est sur le point de fondre en larmes.
Ça, Jungkook, n'aime pas. Il ne sait pas consoler avec des mots. Il lui faudrait agir.
"Je vais lui faire un bon petit déjeuner. NON ! Il est super en retard. Alors, heu, un câlin. Jimin adore les câlins. Pfff, vu son état, je risque de me faire remballer..."
Et pendant qu'il se torture à trouver une idée, Jungkook ramasse les vêtements un à un, les plie, les suspend, les range. Il trouve les vêtements de la veille abandonnés sur le lit et les jette dans le panier à linge sale.
Jimin le regarde s'affairer comme un petit bourdon dans un jardin au printemps. Il pleurniche à présent.
Jungkook soulève le coin d'un rideau, observe le ciel.
— Il va encore neiger aujourd'hui.
Sans plus réfléchir, il ressort un pantalon de velours côtelé beige et le gros pull tressé blanc qu'il lui a ramené de son stage d'été en Irlande. Encore une paire de chaussettes bien chaudes, et un tee-shirt à manches longues très doux, et le voilà accroupi devant Jimin qui renifle.
Jungkook commence par les chaussettes puis le tee-shirt. Jimin se laisse habiller comme un petit enfant. Cela rappelle des heures plus sombres à Jungkook. Celles où il devait baigner, habiller et déshabiller son ami qui se laissait faire comme un pantin désarticulé et sans âme. Il se rassure en disant qu'aujourd'hui, Jimin, au contraire, est bien vivant. Il laisse seulement ses émotions déborder. Et son nez...
— Mais, Hyung ! Rrroooo... attends, bouge pas.
Jungkook ramène la boîte de mouchoirs et s'accroupit de nouveau.
— Allez, souffle.
Jimin se laisse d'abord faire avant de terminer seul. Puis il en attrape un autre pour essuyer ses yeux, avant de les jeter à même le sol.
Jungkook jette un regard noir à Jimin qui fait la moue. Jungkook déteste le désordre et les mouchoirs sales qui traînent. Il s'empresse de les ramasser, de se lever d'un bond pour se diriger vers la salle de bain. Au passage, il glane ce qui lui semble n'avoir de place que dans une poubelle.
— Non, pas ça ! s'écrie Jimin en se précipitant vers lui.
Jimin lui arrache des mains un papier froissé.
Jungkook ne comprend pas pourquoi ce morceau de papier n'irait pas à la poubelle avec les dizaines d'autres. Jimin est parfois une énigme pour lui. Il souffle et hausse les épaules avant de quitter la chambre.
Lorsque Jungkook revient avec une brosse à cheveux dans les mains, il s'attend à trouver Jimin enfin habillé. Mais celui-ci est assis sur le bord de son lit, les jambes ballantes. Il a défroissé le papier et le lit.
— T'es pas vrai ! râle Jungkook. Allez, debout !
Il lui enfile le pantalon, puis le pull. Sans trop de ménagement.
— Aïe ! proteste Jimin qui émerge du pull.
Quelques petits cheveux flottent dans les airs. L'électricité statique s'amuse avec la chevelure blonde. Jungkook pouffe de nouveau. Cette fois, Jimin ne chouine plus, il boude. Ses lèvres se pincent et s'avancent pour former un petit bec, alors que ses yeux se réduisent à deux fentes. Jungkook pense que c'est un exploit tant ses paupières sont bouffies d'avoir pleuré. Il ne se laisse pas impressionner pour autant et brosse doucement la chevelure folle.
— Voilà. Tout beau. Et super en retard !
— Je ne veux pas y aller.
— C'est nouveau, s'agace Jungkook en tirant la couette pour refaire le lit.
— Je suis affreux ce matin.
— Fallait pas pleurer pour rien...
— Alors c'est vrai ? Je suis si horrible que ça ? Il faut que je me maquille ! Mes boucles d'oreilles !
Jimin tourne et vire dans la chambre, choisit un bracelet et met ses boucles d'oreilles, reprend son manège et s'arrête au milieu de sa chambre, les bras le long du corps, les épaules tombantes.
"Quoi encore ?" s'impatiente Jungkook.
— Je ne peux pas y aller.
— Pourquoi ?
— C'est la lecture ce soir.
Jungkook ne saisit pas. Il croise ses bras sur son torse et secoue la tête.
— Oui, et ?
— C'est la remise des prix ! Le résultat du concours !
"Oh, putain ! Le concours ! Jimin ! Le professeur Kim Namjoon !"
Parfaitement réveillé à présent, Jungkook reconnecte les morceaux. Jimin est nerveux.
— Ha ! C'est génial !
Jungkook se mettrait bien une claque, là, tout de suite maintenant. Il n'a rien trouvé de mieux à dire.
— Non ! C'est pas génial ! s'énerve Jimin.
Il reprend son manège dans la chambre, ses va-et-vient. Jungkook commence à avoir la nausée.
"Il me faut un café !"
— Mais si...
"Putain, Jungkook, tais-toi ! Tu vois bien que tu ne fais qu'empirer les choses."
— Mais non ! J'ai lu la dernière lettre ! Et tu sais quoi ? Hein ?
Non, Jungkook ne sait pas. Il ne sait plus. Il réfléchit à mettre en œuvre sa technique de dernier recours. Il ne voit pas d'autre issue. Il entend bien Jimin baragouiner les mots "petit prince", "renard", "s'attacher" et "tout faire foirer" mais cela n'a aucun sens ; ce ne sont plus que des sons.
Jungkook a besoin de calme.
Jimin doit aller au travail.
Les jambes de Jungkook prennent la décision pour lui. Il fait les quelques pas qui le séparent de son ami, se baisse, enroule ses bras autour de ses jambes, et fait basculer Jimin sur son épaule.
— HÉ ! JUNGKOOK ! REPOSE-MOI TOUT DE SUITE !
Jungkook est en pilote automatique. Il sent à peine les petits poings qui s'abattent en rafale dans son dos et les jambes qui s'agitent en vain. Il attrape la sacoche de Jimin restée sur le canapé, le manteau et le bonnet sur la patère au passage. Il ouvre la porte d'entrée, dépose son paquet fulminant et rougissime, lui colle sac, bottines, manteau et bonnet dans les bras et referme la porte.
— Je... Tu...
— Bonne journée, Jiminie hyung !
"Enfin le calme !"
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