TOME UN - Chapitre 3.
Note de l'auteur : Je tenais à m'excuser pour cette longue absence injustifiée. Disons simplement que quelques échecs personnels m'ont forcé à m'éloigner pour prendre soin de moi et me retrouver. J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira et sachez que je travaille de nouveau sur la suite de cette histoire. Bonne lecture à vous, et encore désolée !
- CHAPITRE 3 -
Repère chronologique : 1er novembre 1981.
En s'approchant du lit, Remus constata avec soulagement que Lily et le petit Harry dormaient tous deux paisiblement. Cela le réconforta. Ainsi, comme ça, la jeune femme ne s'inquiétait pas pour son mari. Mais il se doutait que, dès son réveil, elle poserait beaucoup de questions. Heilen était partie dès son arrivée, s'empressant de rejoindre son amoureux après que le jeune homme lui eut confirmé que Sirius était sain et sauf, hormis quelques éraflures superficielles.
Le plus discrètement possible, il prit une chaise et s'installa près du lit. L'infirmerie était silencieuse à une heure aussi matinale. Hormis un élève qui dormait profondément à l'autre bout de la pièce, Lily et son fils étaient les seuls occupants. Mrs Pomfresh n'avait pas rechigné à lui ouvrir, alors qu'il avait toqué à la porte, portant une note du professeur McGonagall à l'intention de sa collègue. L'infirmière avait simplement annoncé qu'elle se trouverait dans son bureau s'il désirait quoi que ce soit. Remus l'avait remerciée avant de rejoindre son amie.
Au loin, une chouette hulula, le ramenant quelques années en arrière, à toutes ces matinées qu'il avait passées, confiné dans sa chambre, à attendre que les effets de la pleine lune ne se dissipent pour pouvoir reprendre le cours normal de sa vie. Du moins, si le mot normal pouvait qualifier la vie du lycanthrope qu'il était depuis l'année de ses douze ans. Mais, adolescent, il avait voulu croire que c'était possible et ses espoirs s'étaient renforcés quand James et Sirius étaient devenus ses meilleurs amis.
Les minutes s'écoulèrent et il profita de cet instant de répit. Les souvenirs de la bataille de la veille flottaient à la lisière de son esprit, mais il s'efforça de les repousser. Il n'avait pas eu le temps de dormir depuis, et il ne pouvait se laisser à l'inquiétude. Il avait fait la promesse à James de veiller sur sa femme et son fils, alors que les médecins l'emportaient à l'hôpital. Remus avait surpris leur conversation, alors qu'ils faisaient un bref compte rendu au professeur Dumbledore et les nouvelles n'étaient pas bonnes. Pas bonnes du tout même.
James était dans un état critique, très affaibli par les sortilèges de magie noire qu'il avait reçus du Seigneur des Ténèbres. Dumbledore et Sirius avaient tenté de s'interposer, mais le mage noir avait tenu bon, continuant de torturer inlassablement leur ami. Tout avait fini, après de longues et douloureuses minutes. James avait fermé les yeux, le teint blafard, couvert d'égratignures et de sang.
C'était la dernière image que le jeune homme avait de son ami.
Le soleil continua son ascension, et bientôt, la cloche retentit. Remus écouta avec nostalgie le son de son adolescence, éprouvant un instant le désir de revenir des années en arrière, où la seule préoccupation de leur groupe d'amis était de savoir quelle serait leur prochaine farce. Les Serpentard avaient toujours été leur cible préférée, mais les Poufsouffle n'étaient pas en reste non plus, s'amusant sans cesse de subir les méfaits des Maraudeurs, tel qu'ils s'étaient surnommés. Un faible sourire éclaira son visage. Il dut s'assoupir un moment, car, lorsqu'il rouvrit les yeux, la tête appuyée sur le lit de Lily, il entendit des bribes de conversation.
Il se leva pour tirer le rideau qui les protégerait du regard des curieux, constant que quelques élèves avaient investi les lits de l'infirmerie, Mrs Pomfresh s'activant d'un patient à l'autre, les bras chargés de fioles en tout genre. Il se souvient qu'à son époque les cours du professeur Mormonsang avaient peu de succès. Combien de stratagèmes James et Sirius avaient-ils mis au point pour échapper au cours de soins aux créatures magiques ? Combien de boules puantes avaient-ils lancé dans la petite salle qui les accueillaient tous, durant l'hiver ? Cela le fit rire une fraction de secondes, puis il retourna s'asseoir près de son amie.
Lily avait dû se réveiller, car le petit Harry dormait désormais confortablement sur le lit médical, blotti contre la poitrine de sa mère, qui le tenait fermement. Le visage de la jeune femme était détendu et Remus aurait souhaité qu'il en soit ainsi pour toujours. Par le passé, il avait trop souvent vu le visage de son amie se déformer sous la peur, la colère, l'incompréhension et la terreur. Il n'était pas prêt à supporter sa tristesse quand elle saurait dans quel état se trouvait son mari.
Il espéra que Sirius avait tenu parole et qu'il était bien à l'hôpital. Il avait promis de le prévenir sur le champ si l'état de James se dégradait. Dumbledore l'avait suivi, mais il était peu probable qu'il ait pu rester. A peine les médecins partis que les villageois de Godric's Hollow avaient accouru, alertés par les bruits des combats. La nouvelle ferait sûrement la une de la Gazette le soir-même. Et le directeur allait devoir convaincre la ministre de taire au maximum les circonstances de la bataille, pour ne pas donner de raisons supplémentaires à Voldemort de croire que Harry était l'enfant de la prophétie.
Remus n'y avait pas repensé depuis, mais il lui paraissait tout bonnement improbable que cette prophétie concerne le fils de ses amis. Jamais, contrairement à James et Sirius, il n'avait douté de la véracité de la divination, même s'il devait admettre que le côté excentrique de leur professeure lui faisait perdre en crédibilité. Mais il savait que Dumbledore n'aurait jamais mis en danger le petit Harry pour parvenir à ses fins. Le vieil homme avait plus de cœur que tous réunis et se servir d'un innocent ne lui ressemblait pas.
Bien sûr, pas une seconde il ne pensait que la prophétie ne pouvait concerner le petit Londubat. Il ne connaissait pas personnellement Franck et Alice, qui avaient une année de plus que lui, mais le jeune homme assistait parfois aux réunions de l'Ordre, avec sa mère Augusta Londubat. Son épouse avait cessé de venir depuis qu'elle avait eu son fils. Remus comprenait parfaitement son choix.
Mais un enfant, capable de mettre fin au règne du plus puissant mage noir que l'Angleterre n'ait jamais connu ? C'était improbable ! Et un bébé de surcroit, à peine capable de se nourrir seul. Certes, des années pouvaient s'écouler, néanmoins cette idée paraissait impossible à croire.
Pourtant... pourtant Dumbledore n'aurait pas pris de telles dispositions s'il n'y avait pas cru une seconde. Certes, certains le qualifiaient d'illuminé, car il n'avait de cesse de proférer qu'il y avait du bon dans chacun et qu'il continuait de penser qu'il y avait une chance de ramener Tom Jedusor sur le droit chemin, mais... Remus poussa un profond soupir en se massant les tempes, sentant venir une violente migraine.
La fatigue l'affaiblissait plus que de raison. Il tenta de se reposer de nouveau, mais l'agitation qui gagna l'infirmerie vers la pause déjeuner l'empêcha de trouver le repos tant espéré. En début d'après-midi, le professeur McGonagall vint prendre des nouvelles.
—Professeur, l'accueillit-il.
—Monsieur Lupin, répondit-elle avec un hochement de tête.
Remus esquissa un faible sourire.
—Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle.
—J'ai connu mieux, admit-il. Des nouvelles du professeur Dumbledore ?
—Pas la moindre, se désola-t-elle. Mais nous en aurons bien assez vite, croyez-moi. Cette histoire fera la une des journaux des semaines durant.
—Je sais, soupira-t-il avec lassitude. Ce n'est que le début du cauchemar.
McGonagall approuva.
—Vous allez devoir rester unis dans cette épreuve, ajouta-t-elle avec sollicitude. Mrs Potter aura besoin de votre soutien.
Remus acquiesça, coulant un regard vers son amie. Lily dormait toujours, mais une petite ride d'inquiétude barrait son front.
—Racontez-moi ce qu'il s'est passé, demanda McGonagall en faisant léviter une chaise dans sa direction.
Le jeune homme attendit qu'elle se soit installée avant de commencer son récit, essayant tant bien que mal de n'omettre aucun détail, même si certains événements paraissaient flous dans son esprit. Il raconta la découverte de Sirius, le fait que Peter était devenu un mangemort, l'arrivée de ses acolytes, le départ de Lily et Heilen, leur décision de rester, le combat. L'arrivée de Voldemort et sa confrontation avec le professeur Dumbledore avant que tout ne vire au drame...
Il revit la douleur dans les yeux de son ami, il entendit de nouveau ses cris qui se répercutaient en écho tout autour d'eux, il se souvint des tentatives désespérées de Dumbledore et Sirius pour arrêter Voldemort. Et puis ce silence soudain, le râle de James et la haine qui faisait rougeoyer les yeux du mage noir. La marque des ténèbres flottant au-dessus du manoir des Potter.
—Pourquoi ? finit-il par demander. Pourquoi a-t-il choisi les Potter ?
McGonagall l'observa une longue minute avant de lui répondre et il sut qu'elle n'avait pas de bonnes nouvelles à lui annoncer.
—Il n'a pas choisi les Potter, fit-elle avec gravité. Il a aussi fait attaquer les Londubat. Franck et Alice se trouvent dans un état critique à Ste Mangouste. Ils ont été torturés par un groupe de mangemorts.
—Neville ?
—Le petit garçon est sain et sauf, Augusta s'occupe de lui à l'hôpital.
Remus soupira.
D'un profond soupir de lassitude, alors qu'à ses côtés, Lily commençait doucement à se réveiller.
Merlin, quand ce cauchemar allait-il prendre fin ?
[...]
Sirius eut bien du mal à trouver le sommeil, bien qu'Heilen lui eut conseillé de faire une petite sieste avant qu'ils ne retournent à l'hôpital. Les médecins qui avaient pris son ami en charge leur avaient recommandé de partir, qu'attendre là-bas ne servirait à rien, hormis à attiser la curiosité de la masse de journalistes qui s'étaient agglutinés devant les portes de l'établissement.
C'était donc à contre-cœur qu'ils avaient obtempéré, et dès qu'ils avaient franchi le seuil de leur appartement, elle lui avait ordonné d'aller dormir, promettant de le réveiller au moindre appel de l'hôpital. Non sans mal, Sirius avait cédé, désireux de profiter d'un instant de répit pour pouvoir oublier tout ce qu'il venait de passer, mais le sommeil tant attendu ne vint pas.
Un soupir lui échappa. Et les souvenirs se frayèrent un chemin derrière ses paupières closes, se mélangeant en un maelstrom de couleurs qui lui retourna l'estomac, mais il distingua nettement la souffrance qui défigurait le visage de son meilleur ami. Il entendit de nouveau ses hurlements, terribles sons qui emplissaient tout le vide autour d'eux. Il se souvint de la douleur qu'il avait ressenti, et cette colère, cette profonde et insupportable haine à l'égard du mage noir.
Dumbledore et lui avaient tenté de s'interposer, mais c'était comme si Voldemort avait réussi à créer un champ de protection invisible autour de lui. Leurs sorts n'avaient fait que l'effleurer, sans jamais l'atteindre et il avait continué de torturer James, inlassablement.
Puis, tout s'était arrêté. Les mangemorts et leur maître s'étaient enfuis, ne laissant dans leur sillage que dévastation et cette horrifiante tête flottante au-dessus du manoir. Alertés par les cris et les bruits des combats, les villageois avaient accouru, ne pouvant que constater l'ampleur des dégâts.
Une bonne partie du premier étage du manoir s'était effondré. De mémoire, Sirius savait que seule la chambre de Harry était restée intacte, mais le reste n'avait pas supporté la violence des sortilèges qui rebondissaient sur les pierres de la demeure. Jamais ses amis ne pourraient retenir vivre dans le manoir, qui avait déjà été témoin de terribles souffrances, mais dont ils étaient parvenus à en faire leur foyer en dépit de tout.
Les médecins étaient arrivés, prenant James en charge, et Sirius les avait suivis à l'hôpital, tandis que Remus se rendait à Poudlard sur les conseils de Dumbledore, alors que lui-même s'occupait de trouver une version qui serait rendue officielle pour le ministère. Il était impensable que la communauté magique découvre que le Seigneur des Ténèbres s'en était pris au petit Harry Potter car celui-ci représentait, vraisemblablement, leur seul espoir de vaincre Lord Voldemort.
Non, le secret devait être gardé. Hormis quelques membres, Dumbledore n'avait pas divulgué la nouvelle, tant que rien n'aurait été mis en place pour vérifier la véracité de la prophétie. Il avait simplement informé Sirius et Remus qu'il allait mettre Maugrey et Kingsley au courant, afin d'avoir des informations directes depuis le ministère de la magie.
Sirius lâcha un nouveau soupir, et comprenant qu'il serait incapable de dormir, décida de rejoindre sa compagne qui sirotait tranquillement une tasse de thé dans la cuisine. Elle se leva à son approche, et Sirius l'enlaça longuement, heureux de l'avoir près d'elle dans cette épreuve. Heureux d'avoir un pilier, un soutien dans une période aussi compliquée, alors même que le monde alentour était en train de partir en vrille.
Bien sûr, si une année auparavant, quelqu'un lui avait dit que ce petit bout de femme deviendrait le centre de son univers, il n'y aurait pas cru. Sa réputation de coureur de jupons n'était pas une légende, mais quand il avait fait la connaissance de Heilen, un soir, alors qu'elle prenait un verre avec des amies dans un bar, Sirius avait compris qu'il ne pouvait pas simplement profiter de sa présence le temps d'une nuit. Non, dans son sourire, il avait entrevu quelque chose qui lui avait donné l'envie de la découvrir plus, de la connaître.
Et bien que peu de personnes pensaient que leur relation allait durer, Sirius avait réussi à s'ouvrir avec elle. Il lui avait confié de nombreux secrets que seuls James et Remus connaissaient. Et quand elle lui avait dit qu'elle l'aimait pour la première fois, il avait compris. Qu'elle était la femme de sa vie et qu'il ne pouvait pas la laisser filer. Ils avaient rapidement emménagé ensemble, quelques semaines avant la naissance de Harry, et depuis, la jeune femme partageait tous les moments de son quotidien et de celui de ses amis. Il avait même été heureux de voir l'alchimie qui s'était créé entre elle et Lily et depuis, Heilen faisait partie intégrante de leur groupe.
—Comment tu te sens ? souffla-t-elle, la tête nichée dans son cou.
Il réfléchit de longues secondes avant de répondre :
—Fatigué, admit-il. Et terrifié.
Il réprima un sourire en la sentant déposer un léger baiser dans son cou.
—Je suis heureux que tu sois là, avoua-t-il lorsqu'ils se séparèrent.
Heilen sourit et il l'embrassa, puisant dans sa présence toute la force dont il aurait besoin pour faire face aux épreuves qui les attendaient.
—Des nouvelles de l'hôpital ? demanda-t-il, alors qu'elle lui servait une tasse de thé.
—Non, aucune, répondit-elle. Mais Remus a appelé. Lily est réveillée. Ils vont déposer Harry chez les Weasley avant de nous rejoindre pour que nous allions voir James.
—Comment va-t-elle ?
—Elle n'a pas prononcé le moindre mot, soupira Heilen.
Sirius avala une gorgée de sa boisson. Une boule se forma dans son estomac, mais il s'efforça de boire son thé jusqu'au bout. Il n'avait rien avalé depuis la veille et il ne pourrait pas se permettre de se laisser aller devant Lily. La jeune femme allait avoir besoin de lui, d'eux, durant les jours, voire, il le craignait, durant les semaines à venir. Il ne fallait pas être un grand médecin pour savoir que les séquelles d'un sortilège impardonnable pouvaient être profondes et irréversibles.
Il fallait simplement espérer que la détermination à survivre de leur ami suffirait à le maintenir en vie.
—Ne pense pas à ça, Sirius, souffla Heilen en tendant la main par-dessus la table pour serrer ses doigts. James est un battant, je sais qu'il s'en sortira.
—Oui, mais...
—Il n'abandonnera jamais sa femme et son fils.
Le jeune homme l'espérait de tout son cœur.
Ils restèrent silencieux de longues minutes durant, chacun sirotant son thé l'esprit occupé par les événements de la veille et sur les épreuves qui les attendaient. Sirius s'efforça de ne pas penser à la trahison de Peter, sinon, il aurait été bien incapable de résister à son envie de vengeance. Mais Dumbledore avait raison : le garçon avait dû être pris par les mangemorts et se lancer à sa rechercher, c'était se jeter dans la gueule du loup et signer son arrêt de mort. Et en cet instant, ses amis avaient trop besoin de lui pour qu'il mette ainsi sa vie en danger.
Remus et Lily les rejoignirent en début d'après-midi, et le jeune homme serra longuement la jeune femme dans ses bras, alors qu'elle laissait enfin libre cours à la souffrance qu'elle avait tant bien que mal retenue devant son fils. Ses sanglots résonnèrent dans l'appartement, sa douleur les enveloppa et Sirius s'efforça de murmurer des paroles de réconfort à son oreille. Lui comme elle ne devait pas perdre espoir, James allait s'en sortir et leur revenir.
—Merci d'avoir été là, souffla Lily à Heilen lorsqu'elle se fut enfin calmée.
Les deux femmes s'enlacèrent et Sirius accepta l'accolade de son ami sans rechigner, comprenant qu'il n'était pas seul à devoir supporter le poids de cette douleur.
—Dumbledore a envoyé un hibou au professeur McGonagall, dit Remus. Kingsley et d'autres Aurors nous attendent à l'hôpital. Ils ont installé un système de protection devant la chambre de James.
—Les rumeurs vont aller bon train, avec ça, s'agaça Sirius.
—C'est déjà le cas, répondit son ami. Les villageois ont vu la marque des ténèbres.
—Mais ce n'est pas le moment de se préoccuper de ça, fit Heilen. Allons voir James.
Lily acquiesça.
Sirius récupéra sa cape et ils prirent la direction de Ste Mangouste, déambulant dans les rues animées du Chemin de Traverse, lequel portait encore les couleurs vives d'Halloween. Ils prirent la direction du Chaudron Baveur, qui leur permettrait de rejoindre le monde moldu et ainsi se diriger vers l'entrée non-magique de l'hôpital.
Une foule compacte de journalistes avaient envahi la rue, rendant tout accessible à l'hôpital impossible. Sirius constata avec colère qu'ils n'avaient même pas pris la peine de dissimuler leurs capes de sorciers et les moldus qui traversaient cette rue ordinairement peu fréquentée, les observaient avec curiosité, certains les désignant même du doigt en murmurant.
—Comment allons-nous faire ? fit Heilen lorsqu'ils décidèrent de se cacher dans une ruelle voisine.
Ni Lily ni aucun d'entre eux n'était prêt à affronter les questions incessantes des journalistes. Il était hors de question de leur donner le moindre indice sur ce qu'il s'était passé.
—Kingsley faisait partie de la surveillance de James, annonça Sirius. Nous pourrions le contacter.
Remus acquiesça, et s'éloigna de quelques pas pour lancer un patronus, qui porterait un message à leur ami, pour les prévenir de leur présence.
—J'espère que le professeur Dumbledore saura quoi faire, marmonna Heilen en observant les journalistes, à une dizaine de mètres.
Sirius l'enlaça, sans répondre. Car, qu'aurait-il pu lui dire ? Lui-même avait encore du mal à prendre la pleine mesure de cette histoire. Depuis l'attaque, il avait l'impression que les éléments ne faisaient que se morceler plus encore à chaque seconde qui passe.
—Kingsley arrive, indiqua Remus.
Il les rejoignit et ils attendirent en silence l'arrivée de l'Auror.
Accompagné de trois collègues, il parvint à ouvrir une brèche dans la foule, sous un brouhaha de questions auxquelles il ne prêta pas attention et il leur fit signe de le rejoindre.
Sirius prit Lily par la main et se plaça devant elle lorsqu'ils se trouvèrent contraints à passer parmi les journalistes. Les questions fusèrent, les flashs des appareils photos illuminèrent le ciel gris de cette journée.
—Laissez-les passer, cria Kingsley en écartant deux journalistes téméraires.
—Mrs Potter ! Mrs Potter ! Mrs Potter, par ici ! hurlait la foule.
—Poussez-vous, grogna Sirius en repoussant une femme.
Celle-ci émit un couinement agacé lorsqu'il lui attrapa fermement le bras pour la faire reculer, mais ne tenta pas de le questionner.
Enfin, ils parvinrent à rejoindre l'hôpital, s'engouffrant en toute hâte à travers la devanture moldue qui protégeait les lieux. Le silence se fit brusquement lorsqu'ils émergèrent dans le hall.
—Tout le monde va bien ? demanda Kingsley lorsque lui et ses collègues les eurent rejoints.
Remus acquiesça.
—Venez, fit Kingsley.
Ils le suivirent à travers un dédale de couloirs. Ils croisèrent de nombreux soignants, qui les observèrent avec curiosité, se demandant certainement pourquoi ils étaient escortés par des Aurors. Quelques patients sortirent même de leur chambre pour observer cette étonnante procession. Ils prirent l'ascenseur, débouchant au niveau des maladies incurables.
Lily frémit lorsqu'un cri s'éleva d'une des chambres. Sirius serra doucement sa main, en signe de soutien, et la fit avancer à la suite de Kingsley.
Deux autres Aurors gardaient l'accès de la chambre de James. Un homme en blouse blanche patientait à leurs côtés. Kingsley le salua et le soignant vint à leur rencontre.
—Bonjour, je suis le docteur Gidéon. C'est moi qui m'occupe de Monsieur Potter, annonça-t-il d'une voix chaleureuse. Mrs Potter... ?
Lily se redressa et serra la main tendue du médecin.
—Venez, ajouta-t-il. Allons discuter dans la chambre.
Sirius retint son souffle lorsque l'homme ouvrit la porte. Son cœur manqua un battement et il laissa Lily avancer la première.
James dormait paisiblement sur un lit médical. Son teint était pâle et de grosses cernes violettes encerclaient ses paupières. Un tube transparent sortait de son cou, dans lequel s'écoulait un étrange liquide violet, que le soignant présenta comme étant un puissant antalgique.
—Comment va-t-il ? demanda Remus.
—Je ne vais pas vous mentir, son état reste encore très préoccupant, fit le docteur Gidéon. Le sortilège que Monsieur Potter a reçu est un puissant sort de magie noire et s'il a été classé impardonnable, c'est qu'il y a de très bonnes raisons. Sur l'aspect physique, hormis quelques muscles atrophiés au niveau des jambes, Monsieur Potter ne présente aucune séquelle grave. En revanche, après un examen plus approfondi, nous pensons que certaines facultés mentales de Monsieur Potter auront pu être profondément touchées.
—Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda Sirius.
—Notre cerveau est constitué de différentes zones qui occupent chacune des fonctions spécifiques, expliqua le médecin. Votre ami a subi de graves lésions dans certaines d'entre elles, notamment celle contrôlant la motricité. Nous craignons que cela ait eu un impact sur ses facultés à se déplacer et à se mouvoir.
—Ce qui signifie ?
—Que si les dommages sont aussi profonds que nous le craignons, Monsieur Potter pourrait perdre l'usage de certains de ses membres, voire qu'il soit désormais incapable de marcher.
Un silence de plomb s'abattit dans la chambre, à peine rompu par le gémissement que lâcha Lily fasse à ces terribles nouvelles. Son corps céda sous son poids et Sirius la rattrapa in extremis.
—Je suis désolé, s'excusa le docteur Gidéon. Je sais que ce ne sont pas les nouvelles espérées, mais sachez que nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider Monsieur Potter.
Remus le remercia et il les laissa.
—Je veux le voir, souffla difficilement Lily. Amène-moi près de lui...
Sirius l'aida à se redresser et après avoir glissé un bras autour de sa taille, l'aida à franchir la distance qui la séparait de son mari.
Un sanglot lui échappa lorsqu'elle posa la main sur la joue glacée de son mari.
Sirius se fit la promesse d'un jour venger son meilleur ami.
Il retrouverait Peter, et le moment venu, il le tuerait.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro