Nocturna toqua d'un air timide à la porte de la chambre royale. Elle prit un regard apeuré.
- Hummm... C'est toi Falaise ? demanda la voix ensommeillée de Ruby en ouvrant la porte de sa chambre.
- Oui, ... maman. Je n'arrive pas à dormir.
- Viens là.
Ruby écarta une patte pour que son fils puisse venir se blottir contre elle. Nocturna se roula en boule contre le cœur de sa "mère". Tout se passa très vite. Trop vite. Soudain, la lune capta le reflet de la lame que, d'un geste fluide, Nocturna venait d'enfoncer dans le cœur de la reine. Les yeux de cette dernière s'écarquillèrent par la surprise et la douleur. Un flot de sang jaillit de sa gorge. Nocturna s'écarta. Elle passa sa patte devant son museau et retrouva sa véritable apparence.
- Toi ? parvint à articuler silencieusement Ruby, agonisante.
Deux gardes arrivèrent en courant. Deux gardes. Deux gestes. Deux tas de poussières.
- Moi ! répondit Nocturna en fixant la reine dans les yeux. Tu te souviens ? Devant toi, devant Scarlet, j'ai juré. J'ai juré ma revanche, j'ai juré ma vengeance. Devant vous deux, j'ai juré sur mon âme que vous péririez.
- Tu n'as plus d'âme. Depuis longtemps. Plus longtemps que tu ne le penses.
- Tu n'en auras bientôt plus non plus. Sauf que moi, je serai toujours vivante.
- Et si je survis ?
- Tu ne survivras pas.
- Une lame... Je pourrais guérir mais ça me laissera une jolie cicatrice.
- Ce plan, je le prépare depuis des dizaines d'années. Tu es naïve. Ce petit détail, je l'avais prévu. Comme les autres. Cette lame, comme tu dis, n'est pas quelconque. Non seulement elle est faite pour que, si tu veux la retirer, cela t'arrache la chair, mais elle est aussi induite de venin, crois moi, mortel. Et en plus d'être mortel, il te fera mourir dans d'atroces souffrances. Mais c'est une substance très dure à se procurer, malheureusement.
- Bon programme. Quoi d'autre ?
La respiration de Ruby était saccadée. Elle prenait conscience qu'elle avait sous-estimé les sentiments. Les sentiments sont très puissants et ils poussaient Nocturna à la vengeance. Car les sentiments qu'avait ressenti Nocturna ressortaient et lui dictaient cruauté. Ruby n'avait aucune chance face à pareille puissance. Nocturna se redressa.
- J'ai fini ma tâche. Mon serment. Je suis libérée. Je vais de ce pas m'en a...
- LE POUVOIR DU SANG !!
Nocturna d'un bloc se retourna. Il y avait pensé. Tout était fichu. Par aucun moyen on ne pouvait contrer le Pouvoir du Sang. Falaise, le vrai, arriva en courant. Les ombres s'enroulaient autour lui, sans l'empêcher d'avancer.
- Maman, tu te souviens de ce vieux bouquin que je lisais et que toi, tu ne voulais pas parce que ce n'était que des vieux mythes ? Ce n'en était pas. C'était vrai. Vraiment vrai.
- Que...
Ruby lutta pour rester debout. Nocturna, son cauchemar pendant des dizaines d'années, avait hanté ses rêves, longtemps. Ruby, à une période, se réveillait toutes les nuits à minuit pile en sortant d'un cauchemar où Nocturna la tuait dans d'atroces souffrances. Au fil des années, la reine avait réussi à se convaincre qu'elle avait péri depuis longtemps. Son inconscient avait vu la réalité. Le sang s'écoulait sa blessure. Nocturna n'avait pas menti, le venin la brûlait.
- Le pouvoir du Sang, reprit Falaise, est très puissant. J'ai trouvé un peu de sang de toi, Nocturna, dans une étagère. J'en ai prélevé quatre gouttes . Si on en prend trop, on est écrasé.
Nocturna regarda autour d'elle. Aucun échappatoire.
- Une pour me libérer des ombres. Une pour soigner Maman, une pour éviter que je me décompose sous tes serres du mal, Nocturna, et une dernière pour te chasser.
- NON ! Hurla Ruby.
Trop tard, le serment prononcé, il s'effectua. Juste avant que Nocturna soit obligée de partir, à cause de la dernière goutte, elle leur dit :
- J'ai juré. C'est un serment indéfectible. Je te tuerais Ruby. Même s'il faut que je meure pour ça à tes cotés. Et le pouvoir du sang n'est plus un échappatoire. A cinq gouttes, j'aurais la force de revenir tuer Ruby. Et si vous en utilisez plus pour m'en empêcher, le poids sera trop lourd à porter. Et tant que j'y suis, toi aussi, pathétique Falaise, je te tuerai.
Elle s'envola par une fenêtre. Le sort l'empêchait ne serait-ce que de se retourner, mais, un jour elle reviendrait. Et ce jour là, le sang coulerait abondement et ce serait la fin.