Un rayon de soleil
[NDA : la musique en média que j'avais écouté pour écrire cette petite nouvelle grandement (voire totalement) inspiré d'un comic déjà existant sur Underfell, oui j'écris à 2h du matin, no comment]
Je me tiens debout, et oui, je suis encore debout, comme une statue de pierre, je ne me suis pas encore effondré sous le poids écrasant de la vie. Non, je ne suis pas tombé, pas encore. L'air frais de la forêt ne m'atteint plus, et ne m'atteindra probablement plus jamais. Le monde paraissait vide et sans couleur maintenant, mais pouvait se montrer plus terne et sombre que le noir absolu-même. Sans couleur et noir. Quel drôle de mélange et de sensation. Tout est bien trop silencieux pour que je ne puisse rester aussi calme que ça. Et moi, égaré, perdu, seul, je ne comprenais pas. Il... Il se tenait là pourtant, juste devant moi. Où est-il à présent ? J'ai l'impression que mes petites jambes étaient prêtes à me lâcher à tout moment si je ne faisais pas vite quelque chose et que mon crâne risquait d'exploser à tout moment. Mais non, pendant que la mort chante dans la forêt comme une triste noirceur recouvrant les éclats d'une âme, pendant que le vide prenait place comme lorsqu'on remplissait un verre avec de d'eau, pendant que cette étrange ombre s'avançait dans ma direction, moi je reste debout sans réaliser ce qu'il se passait. Je ne réalisais rien pour être honnête. Je ne peux pas. Je ne comprends pas. Je n'y arrive pas. Pourquoi me sens-je si invisible, pourquoi si fatigué, pourquoi si... Triste ? Je ne saurais décrire ces mélanges de sentiments en fait, c'est pas comme si j'avais ouvert les orbites et que j'étais étalé au beau milieu de la route de neige menant au village, et que je me suis levé sans rien faire ensuite. Je me suis levé, comme ça, me contenant de me poser des questions sans agir.
Non, je me suis redressé tranquillement et je me suis tenu là, pendant tout ce temps. Je n'ai pas encore bougé, non, j'attendais de mieux distinguer la silhouette qui se dessinait au travers cette épaisse brume et qui s'agrandissait au fil qu'il s'approchait. Cela m'intriguait pour une seule et unique raison. Là, se tenait une tout autre silhouette, une toute autre personne auparavant. Je crois me souvenirs qu'il s'agissait d'un enfant. Innocent ? Doux ? Clément ? J'en doute. Tout ce dont je me souviens c'est qu'il s'est approché de moi et que lors cet instant bien précis, mon esprit a fait une pause dans le temps, comme s'il ralentissait ou pire, comme s'il s'arrêtait définitivement. Je pouvais encore voir la brillance de son arme qui me renvoyait le reflet d'un monstre que je n'aurai jamais voulu connaître, qui n'aurait jamais dû naître, qui n'aurait jamais pensé être aimé, qui... n'aurait jamais... Trouver la force de survivre ici... Qui... était une honte aux yeux des autres... Et son sang... Qui méritait amplement de s'imprimer sur le métale... S'imprimer comme de l'encre sur une feuille de papier vierge...
Personne, je dis bien personne, parmi tous les habitants de mon village, ne me connaissait vraiment comme me connaîtrait mon ami la dépression. A part peut-être mon Boss, le chef de la garde royale, mon petit frère, mon maigre rayon de soleil dans la vie de tous les jours. C'était bien lui, cette silhouette qui jusqu'alors était indistinguable dans ce brouillard épais et qui avançait la tête baissée, la bouche entre-ouverte sans savoir si il devait hurler ou garder le silence, les poings serrés, se retenant de perdre l'équilibre à tout moment devant ma petite personne, devant l'ordure que j'étais.
Après mainte et mainte minute à se fixer mutuellement, mes jambes réussirent finalement à effectuer un mouvement mécanique pour me déplacer en direction de mon frère. Pourtant, jamais je réussis à le toucher, même en tendant la main faiblement dans sa direction, et ce fut là le moment où je compris que je ne pourrais plus jamais le toucher, plus jamais sentir ses coups. Je me retourne et le regarde ramasser une veste noire à fourrure qui trônait jusque là dans la neige. Il la serra dans ses mains. Son visage n'était pas visible de là où j'étais, je pouvais donc difficilement deviner l'expression qu'il avait empruntée avant qu'il ne tourne les talons et ne s'éloignent d'une pas pressant, faisant passer ses bras dans les manches de la veste qu'il venait de ramasser, poussiéreuse à souhait.
Instinctivement, je lui emboitais le pas d'un pas rapide sans m'arrêter, sans ralentir, sans me fatiguer malgré ses grandes jambes. Il se pressa de rentrer à la maison, peu après avoir traversé le village entier à présent vide de toute forme de vie, le village où nous habitions depuis au moins quinze longues années de terreur, de meurtre et d'envie de suicide. Une fois pénétré dans le bâtiment, je balayais rapidement du regard le salon où je me trouvais à présent, par reflexe. Rien n'avait changé depuis mon départ de ce matin, à l'aube, lorsque je m'étais éclipsé de l'habitat pour accomplir mon travail de sentinelle. Je fis un petit pas peu confiant en avant et me retourne brusquement, ayant cette horrible vision de mon frère se laissant glisser lamantablement contre la porte d'entrée à présent fermée, le bois ralentissant sa déscente jusqu'au parquet en bois foncé. Le petit rayon de soleil que seul moi voyait en lui s'était effacé, laissant sa place à une légère bruime qui rapidement, se transforma en une averse sans nom qui dégringolait sur ses pommettes osseuses et rougies. Ses pupilles semblaient rivées vers le sol, ses mains empoignant fermement la veste en cuire qu'il avait vêtue. Je voyais dans ses larmes rouge sang semi-transparente le reflet d'une âme déchirée, brisées en une infinités de morceaux qui sont eux-mêmes brisés en une infinité de morceaux, cassés sous les coups des années qui s'enchainaient une à une jusqu'à cette douce délivrance que j'avais finalement atteinte, mais dont l'on m'interdisait l'accès pour l'instant. Mon frère avait l'air d'avoir peur, il était anéanti, impuissant et brisé. Jamais je ne l'avais vu dans un tel état d'affolement et je crois que cela était la pire des enfers que je pouvais connaître, de le voir dans cette désespérance indescriptible, même si au fond de moi, je savais parfaitement que je le méritais et que par la même occasion, j'étais pris au piège. Pris au piège entre le monde des vivants et le monde des morts. Ah ce que je brûlais d'envie de savoir ce qu'il m'attendait derrière cette barrière infranchissable, que me l'on interdisait l'accès... Je ne comprenais pas ce qui m'empêchait de partir, cela me frustrait. Mais pour être sincère, je me préoccupais plutôt de mon frère. Jamais je n'aurai pensé que mon absence lui ferait si mal, que cela le détruirait à ce point-là, c'était comme si je ne le reconnaissais plus, ou pire, que je ne le connaissais pas tout compte fait...
[. . .]
Lorsqu'il fit le premier pas, il n'hésita pas à lui envoyer son attaque la plus violente pour essayer d'en finir au plus vite, enchaînant rapidement attaque après attaque. Mais l'enfant ayant accumulé trop de LoVe grâce à cette détermination qu'il usait à mauvaise escient, il était bien trop puissant, même qu'il n'avait pas le droit d'utiliser cette magie, ce pouvoir si puissant que je jalousais tant. C'était injuste. Mais même dans ce grand hall, l'humain ne faisait preuve d'aucune clémence. Je voulais faire quelque chose à part me tenir adossé à ce foutu pilier en pierre, mais je ne pouvais pas, je n'en avais pas le droit. Je détaillais alors attentivement chacun de leurs gestes, chacune de leurs attaques, essayant de deviner leur action, certaine prévisibles, d'autres surprenantes. Ils étaient forts, tout les deux, il n'y avait pas à dire. Mais la moindre erreur de l'un d'eux pouvait leur coûter cher, voire leur être fatale et ce fut bien le cas, malheureusement, lorsque déconcentré par la fatigue, l'enfant n'hésitait pas une seule seconde à brandir son arme en direction du squelette qui reprenait son souffle, baissant sa garde par la même occasion. Jamais il ne s'était battu aussi longtemps. Lorsque le couteau entra en contacte avec ses os, mon frère se figea sur place, et moi de même par la même occasion, jurant terres et mers pour ne pas avoir eu la possibilité empêcher ça.
Je pouvais à présent sentir la satisfaction de l'humain, entendre le monde s'écrouler, toucher à la défaite, voir le silence qui nous englobait tous comme de vulgaires bulles de savons. J'allais finalement atteindre cet au-delà, ce monde où l'impossible devient possible, où tous les sens s'entre-mêlaient comme des ficelles. C'était mon unique chance, et je le sus dès l'instant où je me suis précipité vers mon frère pour le rattraper alors qu'il tombait. L'impacte au sol ne se ferait jamais ressentir, mise à part le contacte avec l'être que je tenais bien trop fermement dans mes petits bras. Ses orbites s'ouvrirent lentement et laissèrent échapper de fines gouttelettes qui vinrent ruisseler malgré lui sur l'arc-en-ciel qu'étaient ses joues tandis que moi, je souriais, heureux de l'avoir finalement auprès de moi pour un nouveau départ. Le monde s'était bel et bien arrêté, il n'y avait que lui et moi, plongeant dans l'au-delà. Le petit rayon de soleil avait réussi à percer derrière cette pluie, et l'arc-en-ciel ne fit que provoquer une seconde averse, mais sur mes propres joues osseuses.
Nous étions finalement réunis, à nouveau et pour toujours.
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