Je déprimais sérieusement, un œil sur la télé, l'autre sur mon pot de glace pour en évaluer le niveau. C'était le deuxième que je m'enfilais en moins d'une heure. À ma décharge, le premier était un sorbet aux baies rouges de 85g de chez Häagen Dazs donc ça ne comptait pas. Ce n'était pas moi qui le disais : c'était les magazines féminins que je passais bien trop d'heures à lire. Dans leur rubrique conseils minceurs, des charlatans soi-disant diplômés en diététique recommandaient de privilégier des sorbets aux fruits si vraiment on ne pouvait pas se contenir et craquait sur un dessert. C'était moins calorique, semblait-il.

J'étais donc là, avec mon deuxième pot en moins d'une heure. Je n'avais pas fait dans la demi-mesure cette fois. J'engloutissais cuillère après cuillère un délicieux mélange glacé à la vanille avec des morceaux de pâte à cookies et des pépites de chocolat. De temps en temps, je roulais des yeux ou gémissait. C'était bon à ce point. Franchement, qui avait besoin d'un partenaire quand quelqu'un avait eu la brillante idée de rassembler les meilleures friandises de la planète dans une glace ? Pas moi, en tout cas. J'avais mon fidèle pot de glace, quelques autres en stock dans le congélateur, et c'était largement suffisant. Au moins je n'avais pas à m'inquiéter de savoir si mes gourmandises étaient encore secrètement amoureuses de leur ex ou si elles me menaient en bateau.

— Tu ne vas pas me tromper, hein ? ai-je marmonné en mettant le pot à la hauteur de mes yeux.

J'étais à la limite d'un coma alimentaire – un de ceux induits par un excès de sucre – et ça me procurait tout autant de plaisir qu'un cunni. Il y avait un terme médical pour ça, le coma induit par le sucre, pas le cunni. J'étais sûre que si Josh était là, il pourrait m'éclairer avec sa science pompeuse.

Mon portable s'est mis à sonner avec la photo de mon frère à l'écran. J'ai mis mon film sur pause en me saisissant de l'appareil.

— Luke ! me suis-je faussement enthousiasmée.

— Laisse-moi deviner : tu es en train de t'empiffrer devant une comédie romantique à la con.

— Hé ! Ne me juge pas. Josh et Maddie m'ont brisé le cœur.

— Cette excuse est périmée : c'était il y a trois mois, vingt-huit jours et quatorze heures.

Soit environ le temps que j'avais passé à squatter la chambre vacante de son appartement. Comme Luke semblait en pétard et que généralement, il ne m'appelait que pour me prévenir qu'il s'apprêtait à rentrer en bonne compagnie, je me suis activée pour mitiger le bazar que j'avais créé entre vendredi dix-huit heures et samedi même heure.

— J'ai parlé à maman, ça ne peut pas continuer comme ça, Lily. Tu as largement eu le temps de faire ton deuil de ta relation.

— En même pas quatre mois ?! me suis-je offusquée. J'ai passé huit ans de ma vie avec lui !

— Josh est un connard, je ne comprends pas pourquoi tu as autant de mal à l'oublier.

Dans le genre passif-agressif, Luke excellait. J'ai croisé les bras sur ma poitrine, vexée par son insensibilité.

— Écoute, je suis presque à la maison. On va avoir une vraie discussion toi et moi.

Sur ces mots, Luke a raccroché. Paniquée, j'ai continué à ranger à la hâte avant de filer sous la douche. Inutile de lui donner l'opportunité d'utiliser ma dégaine et mon odeur corporelle comme arguments supplémentaires. Et comme on avait déjà touché du doigt ce sujet quelques fois, je me suis empressée d'imprimer les preuves que j'avais les choses en main.

***

Voilà, premier petit segment d'introduction où on découvre notre belle Lily en train de broyer du noir...

Je posterai le prochain segment jeudi soir :)

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Mille mercis d'être là ♥️