Ayant une fois de plus interrogé le grand Dieu Larousse, celui-ci m'a révélé qu'une famille était un « ensemble de personnes qui ont des liens de parenté par le sang ou par alliance ».

Hum. Ça se voit que ce n'est qu'un dictionnaire... Si seulement c'était si simple.
Moi, je dirais plutôt que la famille c'est « tellement de gens que tu les connais pas tous, et qui se battent constamment pour rien ».

Bref, ma famille c'est un sujet complexe.

J'ai l'immense horreur - que les gens confondent souvent avec le mot "honneur" - d'être la petite dernière.
Comprenez : j'ai un grand frère et une grande sœur.

Cap'tain, un petit état des lieux, s'il vous plaît !
Tout de suite, général !

Sujet numéro uno : la grandus soeurus fragilus. Cette espèce - dont le nom sera abrégé en GSF - a l'insupportable particularité d'avoir une forte tendance à la geignantise et à la flemmardise.
Ne se contentant pas d'être constamment en train de se plaindre et d'en faire des caisses, elle occupe aussi une place privilégiée au sein du coeur des autres membres de la famille.
Bref, elle est bien loin du cliché de la grande soeur au métier trop cool hyper-complice avec sa cadette.

Pour sa défense : le GFI et sa sœur ont six ans d'écart.

Sujet numéro deuzio : le grandus frèrus insupportablus. Cette espèce - dont le nom sera abrégé GFI - est particulièrement lunatique et colérique. Il est fortement déconseillé de l'approcher sans être armé et muni d'un gilet pare-balles. Ne se contentant pas de râler et de grogner à longueur de journée, le GFI se verra aussi exécuter le moindre de ses désirs par sa génitrice, tant celle-ci manque de fermeté.
Bref, il est bien loin du cliché du grand frère surprotecteur envers sa cadette.

Pour sa défense : heu... j'avoue, je sèche.

Enfin bon, vous voyez le tableau ?

Et encore, si c'était qu'eux...

Pas plus tard qu'aujourd'hui, qu'hier ou que demain - comprenez : tous les jours - ma génitrice favorite a savamment critiqué mon géniteur préféré. Comme d'habitude...

Il est vrai que douze ans, c'est court pour digérer une rupture. C'est encore trop récent pour qu'elle tourne la page, vous voyez...

Pour sa défense : il y a eu tromperie de la part de l'autre partie.

Message des enfants : on n'y est pour rien, alors arrête de nous rabâcher ça tous les jours !!!

L'autre partie, tiens ! Parlons-en, de l'autre partie !

Ce cher géniteur est donc marié a une douce marâtre, de plus ou moins quatorze ans de moins. Et, oh, rage ! Oh, désespoir ! Oh, pas encore vieillesse ennemie, justement !

À même pas soixante ans - loin de là -, les membres de ce charmant couple mènent une vie de vieux, rythmée par les thés et tisanes, balades avec le chien adoré et autres visites régulières aux parents de madame.

Pour leur défense : heu... encore une fois, je sèche...

Message des enfants : papa ? On existe, tu te souviens ?

Je ne vais pas vous parcourir le reste de ma si unie et aimante famille, il y en aurait pour des heures.

Sachez simplement que ma génitrice déteste tout le monde du côté de mon géniteur ; que celui-ci vit en quasi-otarsie avec sa femme ; que ma grand-mère maternelle est une vieille raciste aigrie ; que ma grand-mère paternelle et ses filles ne se supportent pas mais sont toujours ensemble ; que mes cousins à un certain nombre de degrés se battent depuis des années ; et que j'aime tout le monde, donc que j'ai parfois l'impression d'être au milieu d'un champ de mine, à esquiver des obus.

Bref.

Malgré tout ce que j'ai pu dire dans cette partie, évidemment, j'aime ma famille.

Parce que c'est ma famille, justement.

Et même si j'ai parfois l'impression qu'ils vont me rendre folle, je sais que je peux compter sur eux.

Enfin, c'est malheureux à dire, mais si je peux plutôt passer par mes amis, je choisis mes amis.

Faut pas abuser, quand même.