Chapitre 23
Colin a une sœur?
Je dévisage toujours la jeune fille devant moi. Elle est vraiment mignonne avec ses grands yeux bleus et ses cheveux foncés. Elle porte le même kangourou rouge que la semaine dernière et un jean foncé. Elle est plutôt grande et mince et plus je la regarde, plus je vois des ressemblances avec Colin.
— Au fait, moi c'est Becca, Becca Porter, me dit-elle.
— Marie, Marie Bédard.
— Tu peux recommencer à respirer, m'explique-t-elle un mince sourire aux lèvres. Je ne suis pas une menace pour toi.
— Je vois bien le lien familial, réponds-je en me relaxant un peu. Je ne savais pas que Colin avait une sœur.
Becca me considère un moment.
— Lui non plus, sourit-elle timidement. Il l'a appris il y a deux semaines, quand j'ai laissé une lettre à son appartement. J'ai su que j'avais un demi-frère il y a quelques mois à peine et c'était par pur hasard.
Elle se gratte le nez et s'appuie au mur briqueté avant de poursuivre son histoire.
— J'ai grandi à San Francisco. Mon père est musicien dans un club de jazz et ma mère, notre mère, travaille dans une librairie de Mission District, relate Rebecca en fixant un point imaginaire. Il y a environ six mois, je fouillais dans le grenier à la recherche de vieilles photos pour un travail en généalogie et je suis tombée sur des portraits de maman quand elle avait mon âge.
Elle prend une pause et m'observant, puis reprend.
— J'étais super excitée, je n'avais jamais vu ces photos, explique-t-elle. J'en ai trouvé certaines avec deux petits garçons que je ne connaissais pas. J'ai donc pris la boîte avec moi et je suis redescendue pour en parler avec elle.
Au fil de l'histoire racontée par Rebecca, je comprends avec horreur que la mère de Colin a refait sa vie à San Francisco, probablement après la mort de Joshua, en tentant d'effacer toutes traces de son passé. Après un séjour de plusieurs mois en désintox pour régler ses problèmes de dépendance, Helen Spencer a rencontré Curtis Porter dans un bar — ironie quand tu nous tiens — et l'a épousé l'année suivante. De leur union est née Rebecca, qui a reçu tout l'amour et toutes les attentions auxquels Colin et Josh n'ont jamais eu droit.
Becca a dû insister auprès de sa mère durant des semaines pour avoir des réponses. Helen était on ne peut plus réticente à parler de son passé, ce qui est compréhensible. Elle a finalement tout raconté à la jeune fille qui a fait quelques recherches avant de retrouver Colin grâce aux réseaux sociaux des Nightmareden et au site Web de Carter Corp.
Son récit me met vraiment en colère. Je ne peux concevoir qu'une mère ait pu effacer sa première famille pour en fonder une seconde.
Ce n'est pas la faute de Rebecca.
— Ça fait longtemps que tu le connais? demande-t-elle.
— Colin? Non, je suis arrivée à New York il y a à peine six mois.
— Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait ce genre de réaction en apprenant mon existence, déclare la petite brune, un soupçon de déception dans la voix.
Connaissant un peu le background familial du métalleux, je ne suis pas particulièrement surprise de l'accueil qu'il a réservé à cette demi-sœur qu'il ne connaît pas.
— Je suis très mal placée pour te donner des conseils, argumenté-je. Tu as vu comment il a réagi en me voyant.
— Justement...
— Désolée Rebecca, je ne peux rien faire, souris-je contrite. Je vais rentrer, il commence à se faire tard. Ça m'a fait plaisir de faire ta connaissance. Bonne chance!
Tu vas en avoir besoin.
En rentrant chez moi, je me remémore les deux dernières semaines et j'en ressors avec encore plus de questions. Si ce n'était que sa sœur, pourquoi m'a-t-il traitée de la sorte? Pourquoi ne pas m'avoir expliqué simplement? Pourquoi me tenir à distance? J'en ai marre!!!
On parle de Colin...
Il ne fait confiance à personne...
Moi non plus...
Je caresse distraitement Grisgris qui s'est lové sur moi en regardant mon cell. J'y suis peut-être allée un peu fort avec lui. Non, il a été ignoble! Il faudra tout de même que je tente de régler la situation puisque le concert-bénéfice approche. Je soupire, lasse, et vais dans ma chambre. Je ne ferai rien de plus ce soir, aussi bien me coucher et tenter de dormir.
***
Je mets les touches finales aux allocutions et aux textes qui seront prononcés par Ryan et le maître de cérémonie la semaine prochaine. Pour une fois, je suis plutôt satisfaite du travail. Tout est prêt et la pratique générale aura lieu dans quelques jours. Ça me rappelle que je dois communiquer avec Colin pour replacer les choses.
— Eh Princesse, tu m'écoutes?
— Non, désolée Matt, je faisais le tour de ce qu'il reste à faire d'ici la générale. Qu'est-ce que je peux faire pour toi?
Le graphiste s'installe devant moi avec son dossier. Il a l'air fatigué, mais il est vrai que nous ne comptons plus les heures travaillées depuis quelque temps.
— Je voulais m'assurer des échéanciers pour la clôture des dons en ligne, dit-il en sortant le tableau. Je sais qu'ils pourront le faire sur place avec l'application square*. Je veux seulement que tout soit fait dans le bon ordre.
— C'est parfait et c'est tout à ton honneur. Je suis vraiment contente de ton travail Matt, les choses sont presque prêtes, réponds-je en souriant.
Mon ami m'observe un moment et semble hésiter.
— Il y a autre chose? interrogé-je.
Il fourrage sa crinière ébouriffée en souriant un peu embarrassé.
— T'as euh... t'as reparlé à Colin depuis... ben tu sais, tente-t-il mal à l'aise.
— Pas encore non. Je comptais le faire aujourd'hui.
— J'ai comme l'impression que j'ai pas trop aidé la situation, poursuit-il.
Je le regarde en souriant. Il dit vrai, en partie, mais ça reste surtout un malentendu et un manque de communication entre le guitariste et moi. Je ne peux pas en vouloir à Matt qui n'est même pas au courant de ce qui s'est réellement passé entre nous.
— Disons que t'as la bonne habitude de te mettre les pieds dans les plats, mais dans ce cas-ci, c'est pas ta faute. Faut que je règle ça avec Colin directement.
— Ok Princesse! Je suis là au besoin.
— Je sais et j'apprécie Matt.
Mon collaborateur se relève et me sourit avant de retourner dans son bureau. Pensive, je soupire doucement en prenant mon téléphone.
MARIE
[Salut!
On peut se voir ce soir?]
COLIN
[T'as qu'à passer chez moi.]
Évidemment.
MARIE
[Je serai là vers 19 h 30.]
Je repose le cell et retourne à mes textes.
***
Je suis à l'extérieur de son immeuble et je fais les cent pas pour tenter de calmer mes nerfs. Je ne suis pas ici pour m'engueuler, je suis ici pour faire la paix et recadrer les choses. Je consulte ma montre pour la vingtième fois en autant de minutes. Il est déjà 19 h 45 passées. J'appuie sur la sonnette. Les secondes s'égrènent à une vitesse douloureusement lente.
Mais il le fait exprès ou quoi?
La porte s'ouvre finalement et pour la première fois depuis que je viens chez lui, il porte un t-shirt avec son pantalon de coton. Ses cheveux sont attachés et il pose sur moi un regard circonspect qui en dit long. Il s'efface pour me laisser entrer et me frôle au moment où il me devance pour aller au salon.
— Salut!
— Tu voulais m'voir? fait-il, le visage complètement fermé. Je t'écoute.
Je souffle, étonnée par sa froideur.
Tu t'attendais à quoi?
Je m'éclaircis la gorge en tentant de refouler la frustration qui grandit en moi.
— J'ai rencontré Rebecca.
Un éclair traverse ses iris bleutés, il ne dure qu'une fraction de seconde, mais j'ai le temps de m'en apercevoir. Je décide de foncer, puisque je sais qu'il est déstabilisé un minimum, et je laisse toutes mes bonnes intentions dehors.
— Avec tout ce qu'on s'est dit Colin, t'as pensé que ce serait trop simple si tu m'en parlais et me disais la vérité, commencé-je pour lancer les hostilités.
— J't'ai pas menti...
— T'as raison, t'as pas menti, t'as rien dit du tout. Tu m'as laissée dans le noir complet.
Il fronce les sourcils en me toisant, j'ai touché quelque chose là. Il s'avance, un sourire mauvais étirant ses lèvres charnues.
— Mais t'as pas cherché à savoir, crache-t-il.
— C'est une blague Spencer? DEPUIS QUAND T'APPRÉCIES QU'ON FOUILLE DANS TA VIE? rétorqué-je l'index planté dans son torse. J'PENSAIS QU'IL N'AVAIT BESOIN DE PERSONNE LE GRAND COLIN SPENCER.
Il se rapproche. Je sens son souffle chaud sur mon visage. Je défaille alors que je me retrouve plaquée dos à la porte. Son regard me transperce, il affiche un sourire tordu, presque sadique quand il me susurre d'une voix rauque et enrouée :
— T'as donc toujours pas compris qui je suis alors?
— J'commence à avoir une vague idée oui...
— Ça te rend folle hein? insiste-t-il en plaçant une jambe entre les miennes de façon à ce que nos bassins se touchent.
— Enfoiré!
— Oh allez, tu peux faire mieux que ça Chaton, murmure-t-il son sourire s'élargissant.
— Joue-la arrogant autant que tu veux, mais je sais que dans les faits, t'es vraiment mort de peur!
— Vas-y, j'te donne une deuxième chance...
— MERDE COLIN, qu'est-ce que tu veux?
— TOI MARIE, c'est toi que je veux!
Mon cœur rate un battement et se serre. Mes mains deviennent moites et ma raison me quitte momentanément quand il prend mes mains pour les mettre sur sa poitrine.
— Quoi? chuchoté-je.
Colin comble le reste de la distance entre nous. Ses yeux se posent sur mes lèvres tandis qu'il prend mon visage dans ses mains et qu'il m'embrasse avec fougue. Ce baiser est urgent, violent et fait taire mes doutes. Je suis consciente que tout ça est temporaire lorsque j'ancre mes mains à sa nuque pour approfondir notre étreinte et que j'ouvre la bouche afin de laisser glisser ma langue sur la sienne.
Rapidement, je me retrouve délestée de mon chemisier. Le chanteur a délaissé ma bouche au profit de mon cou et ses mains s'affairent à détacher mon jean. Je m'arque sous ses caresses et lui ôte son t-shirt en laissant mes ongles griffer la peau de son dos. Il gronde et se tend avant de descendre mon pantalon et de mettre sa main sous ma dentelle. Je le sens sourire contre mon épiderme quand sa main glisse sur ma vulve humide.
— T'es déjà prête pour moi Chaton, feule-t-il contre mon oreille.
Je gémis quand deux doigts s'enfoncent dans mon vagin. Embrasée, je glisse ma
main dans son pantalon et prends sa verge tendue. Je la caresse avec vigueur et il durcit encore plus. Je vois passer un éclair de désir et de luxure dans ses yeux au moment où il me retire ce qu'il me reste de vêtements.
— Viens par là.
Il me dirige vers le divan et m'invite à m'agenouiller. Il prend place derrière moi, ses longs doigts viennent caresser mon dos et mes hanches pendant que je me cambre. Puis, un bruit de tissu qui tombe, une enveloppe métallique qu'on déchire et Colin qui s'insinue profondément en moi en un seul coup de reins, les ongles plantés dans ma chair.
Oh merde!!
J'étouffe un cri quand qu'il prend un sein d'une main et que de l'autre il caresse mon clitoris gonflé. Des frissons courent sur ma peau au moment où ses longs cheveux viennent me chatouiller, qu'il me relève contre lui et qu'il reprend possession de mes lèvres. Il accélère la cadence de ses va-et-vient et je sens croître le plaisir au fond de moi alors que je me contracte doucement autour de lui.
— Laisse-toi aller Marie... ronronne-t-il.
Je me liquéfie à ses mots et me laisse envahir par un orgasme violent qui me libère de toutes mes tensions. Colin râle derrière, se tend et mord mon épaule au moment où il me rejoint. Nous retombons sur le divan, essoufflés et repus. Il m'attire à lui et emmêle nos jambes pendant que j'essaie de redescendre sur terre et de donner un sens à ce qui vient de se passer.
— Ça va, j'ai pas été trop brusque? m'interroge le grand brun en me mordillant le cou.
— C'est maintenant que tu me l'demandes? souris-je en me retournant vers lui et en passant la main sur sa joue. Je ne me suis pas plaint, mais merci de t'en soucier.
Le chanteur me fixe de ses prunelles azur pendant ce qui me semble être une éternité, comme s'il tentait de mémoriser chacun de mes traits.
— Je sais que tu dois avoir un tas de questions Chaton, mais pour l'instant on reste comme ça et on ne parle pas ok?
Il est beau, les cheveux en bataille, le regard brillant et la peau couverte d'une mince couche de sueur. Je lui souris et pose délicatement mes lèvres sur les siennes.
— Tu ne pourras pas éternellement tout repousser sous prétexte que tu me fais de l'effet Spencer.
— J'te fais de l'effet? me nargue-t-il en m'offrant un sourire malicieux.
— Tu me fatigues!
Colin rit, un rire grave et sincère qui détend tous ses muscles d'un coup. Il me serre encore plus fort contre lui et embrasse mes cheveux avant de prendre une grande inspiration.
— Becca est la raison pour laquelle je suis parti de chez toi si rapidement la dernière fois.
— C'est ce que je me suis dit quand je lui ai parlé. Qu'est-ce que ça t'a fait d'apprendre que tu as une demi-sœur de quoi, 20 ans? demandé-je doucement.
Sa main caresse tendrement mon flanc et il sourit en voyant la chair de poule recouvrir ma peau.
— Je lui en veux d'avoir refait sa vie loin de moi. Même après plus de vingt ans, elle n'est toujours pas intéressée à savoir ce que je suis devenu. En plus, elle a eu un autre enfant. Comment suis-je censé développer un lien avec Becca? La seule bonne nouvelle dans tout ça, c'est qu'elle est clean.
— Je suis désolée Colin, je me doute que tout ça doit être assez difficile à digérer.
— Je sais que j'ai agi comme un imbécile avec toi Marie, continue le guitariste. Si je t'avais appelée, tu m'aurais trouvé dans le même état que la veille de l'anniversaire de Josh. J'arrive pas à bien gérer ce genre de choses et j'ai tendance à vouloir le faire seul et à ma manière.
Je le contemple longuement, étudiant chacune des parcelles de son visage en tentant de trouver les mots justes, mais je n'en suis pas capable. Je fais donc la seule chose qui me vienne alors à l'esprit. Je l'embrasse et tente de lui faire comprendre que je suis là pour lui.
— On pourra en reparler, indique-t-il avant de se lever. Pas ce soir... viens, on va se coucher.
— On? répété-je en arquant un sourcil pince-sans-rire.
Colin me tend la main en m'offrant un demi-sourire.
— À moins que tu ne souhaites être traitée comme une groupie, ironise-t-il.
Je secoue la tête et attrape sa main en roulant des yeux. Je le suis vers sa chambre quand les mots de Matt me reviennent en tête « Colin n'est pas fait pour être en couple. »
— Dis Spencer...
— Mmhm?
— Tu pourrais me parler de Sandra ou était-ce Sarah.
Je le sens se raidir, mais son ton est doux quand il reprend.
— Je vais devoir parler avec le bouffon...
***
*Square : application servant à faire des paiements/dons par carte de crédit à partir d'un téléphone intelligent.
Entêre : Les sœurs Boulay - Mappemonde
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